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Episode 9.17 - LA TEMPÊTE SE LÈVE, I
Par: Kira (kira4747@yahoo.com)
Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Lentement mais sûrement, la Guerre Sernaix menace de mener la galaxie dans une spirale fatale."

Sycorax saisit une vue large de la galaxie dans un sentiment de frustration grandissant, regardant la scène sur sa bulle d'observation devant elle. Les étoiles et les systèmes planétaires s'étendaient devant elle comme des grains de sable sur une plage à l'infini. Observant les batailles qui avaient lieu dans toute la galaxie, elle voyait ses bandes se faire défaire et repousser, ces mortels insignifiants obtenant victoire sur victoire.
Au début, quand ils avaient quitté la Phase, elle avait regardé ses bandes s'étendre dans toute la galaxie, chassant, détruisant et propageant le chaos. Maintenant, c'était eux qui étaient poursuivis et chassés par ces mortels, reculant devant leurs forces combinées. Apparemment, elle les avait sous-estimés.
Les mâles s'agitaient. Ils n'avaient pas l'habitude d'être battus ou de battre en retraite. En fait, les Sernaix n'avaient encore jamais rencontré un ennemi qu'ils ne pouvaient pas détruire. Les Ayreths étaient formidables... Mais c'était précisément la raison pour laquelle ils devaient être évités.
Elle avait pensé qu'attaquer cette nouvelle race, celle que les humains appelaient 8472, tiendrait les mâles occupés, leur donnerait un nouveau défi. Au lieu de cela, cela avait été un désastre. Une erreur. Sycorax n'aimait pas faire d'erreurs. Et les mâles n'aimaient pas reculer sous de nouveaux assauts. Quelque chose devait être fait pour les contrôler et, aussi longtemps qu'ils étaient battus, elle ne pouvait pas utiliser leur désir de destruction pour les manipuler. Ils se fatigueraient bientôt de battre en retraite devant l'ennemi et ne pourraient plus être manipulés facilement. Elle devrait leur trouver de nouvelles cibles, quelque chose qui les garderait sous son contrôle.
Elle prospérait dans le chaos, en avait un grand besoin... Mais ceci était différent. Ce n'était pas le chaos enivrant de sa création imposée sur des êtres sans défense, sur les mondes sans conséquences qui l'entouraient. C'était le chaos sur son monde, son Royaume.
Inacceptable.
 
****
 
Pour la première fois depuis des semaines, peut-être même depuis plus longtemps, regarder l'affichage tactique sur l'écran de la Cartographie Stellaire faisait apparaître un sourire sur les lèvres de Catherine Janeway.
Les points jaunes représentant les vaisseaux Sernaix et qui dominaient tout l'écran il n'y avait pas si longtemps après avoir submergé tout le quadrant comme un essaim de fourmis, n'existaient maintenant plus qu'en nombre réduit, séparés en petits groupes et entourés par ceux qui représentaient les vaisseaux de l'Alliance. Devores, Krenims, Vidiiens, Kazons, l'Espèce 8472... Tout le quadrant semblait s'être réveillé d'une profonde torpeur et s'être levé pour combattre un ennemi commun. Même les Ayreths leur étaient venus en aide quand ils avaient eu besoin d'eux.
Le vent avait définitivement tourné en leur faveur. Leur alliance, dans laquelle elle était entrée avec une grande réticence, s'était révélée avoir la faveur de tout le monde. Les Sernaix subissaient de lourdes pertes et perdaient du terrain sous les forces combinées de l'Alliance et ils battaient en retraite. Ils étaient en déroute. Exactement ce que Catherine aimait. Jouer la défense n'était pas sa plus grande force... Bien qu'elle eût certainement acquis beaucoup de pratique durant ces huit dernières années. La meilleure défense était une bonne offensive, c'est ce que son instructeur de tennis lui avait toujours dit.
Ses pensées revinrent au sujet du jour quand Kashyk, qui se tenait près d'elle, reprit la parole. "Il y a toujours de grands contingents de vaisseaux Sernaix là, là et là", dit-il, pointant différents endroits sur l'écran.
Talat, le commandant Krenim qui se tenait de l'autre côté de Janeway, s'approcha de l'écran les mains croisées dans le dos. "Nous avons plusieurs vaisseaux près de ce système", dit-il, pointant l'un des groupes de vaisseaux Sernaix.
"Vous seriez sérieusement surpassés en nombre, Commandant", observa Tuvok.
Talat serra la mâchoire et continua à fixer l'écran. "Il y a des vaisseaux Vidiiens à moins de cinquante années-lumière de là. Ils pourraient nous aider."
"Nos vaisseaux sont nécessaires là où ils sont", contra le Capitaine Vidiien Lem, pointant un système dans l'autre direction. "Nous avons engagé la bataille contre un grand nombre de vaisseaux Sernaix. J'ai bien peur que nous ne puissions pas nous priver d'un seul vaisseau pour le système que vous indiquez."
"Ce n'est qu'à vingt années-lumière du Passage du Nord-Ouest", observa Capitaine Janeway. "L'espèce 8472 a toujours un grand contingent de vaisseaux là-bas."
Un instant de silence tomba dans la salle. Janeway et Talat se regardèrent dans les yeux, chacun essayant de prendre le dessus sur l'autre et refusant de céder du terrain.
Plusieurs secondes tendues passèrent avant que le silence pesant ne soit brisé.
"Je préférerais", dit lentement Talat, "recevoir l'assistance des vaisseaux Vidiiens."
Janeway le regardait froidement, ne cédant pas un centimètre. "Nous ne pouvons nous permettre de les retirer."
Leurs yeux se fixèrent toujours en silence jusqu'à ce que Kashyk s'approche de Talat.
"Je pense qu'il serait pour le... mieux... si vous vous conformiez à la suggestion du Capitaine Janeway", dit-il, son ton trompeusement docile.
Talat leva la tête vers la contrepartie Devore. "Comment pouvons-nous être certains que nous pouvons compter sur eux ?" grogna-t-il.
"L'Espèce 8472 a autant de raisons que vous de vouloir contenir la menace Sernaix, Commandant", intervint Janeway.
"C'est ce que vous aviez dit des Borgs."
Ses yeux se rétrécirent. "Ce fut un mauvais calcul", dit-elle d'une voix dangereusement basse.
Un côté de la bouche de Talat s'incurva dans un rictus presque imperceptible. "Espérons que vous n'ayez pas fait un autre... mauvais calcul, Capitaine." Il se retourna vers le grand écran. "Vous pouvez contacter l'Espèce 8472 et leur fournir les coordonnées. Nos vaisseaux attendront leur arrivée."
Le Capitaine Janeway garda les yeux fixés sur Talat pendant encore quelques secondes avant de relâcher lentement son souffle et lancer un regard vers Chakotay. Ce dernier comprit et avança vers l'écran tactique.
"Que faisons-nous du groupe de vaisseaux Sernaix dans ce secteur ?" demanda-t-il, utilisant la console pour agrandir une autre section du Quadrant Delta essaimée de vaisseaux Sernaix. "Il y a de petits contingents de vaisseaux Devores et Kazons, mais ils sont surpassés en nombre et sont repoussés. Ils ont besoin de renforts."
"Ce n'est pas très loin du monde d'origine des Ayreths", observa Lem.
"La question est de savoir s'ils nous aideront si nous le leur demandons ?" dit Kashyk avec un sourire narquois.
"C'est peu probable", grommela un autre Devore.
"Les Ayreths semblent agir selon la volonté de leur agenda", fit observer diplomatiquement Tuvok.
"En d'autres termes", dit Lem avec un semblant d'amusement, "ils s'en moquent."
"Au contraire. Je crois que les Ayreths viendront si les Sernaix deviennent une menace sérieuse. Ils l'ont fait par le passé."
"De toute façon", intervint Janeway, "je ne pense pas qu'on puisse compter sur eux à chaque fois que nous décidons un mouvement. Il y a des vaisseaux Krenim et Devore dans le secteur adjacent. Les Sernaix ne nous donnent pas beaucoup de problème dans cette région et vous devriez être en mesure de vous passer de quelques vaisseaux pour aller les aider."
Elle posa son pouce sur l'écran de la console d'accès à l'ordinateur central et l'image sur l'écran frontal s'étrécit pour montrer une fois de plus la presque totalité du Quadrant Delta. Le Capitaine atteignit les contrôles pour manipuler l'affichage, mais avant de pouvoir saisir toute commande, Chakotay posa sa main sur la sienne. Elle leva la tête et le vit se pencher au-dessus de son épaule.
"Catherine", dit-il d'une voix basse qui n'irait pas plus loin que ses oreilles, "il se fait tard." Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il poursuivit avec un soupçon de sourire. "Tu ne vas pas gagner cette guerre ce soir. Et tu auras les idées plus claires après une bonne nuit de sommeil."
Ils se dévisagèrent, chacun lisant dans l'autre comme dans un livre ouvert. Une centaine de fois, un millier de fois, ils étaient passés par là. Chakotay savait qu'il avait gagné, ou plutôt, qu'elle avait décidé d'abandonner, quand il vit l'étincelle d'amusement dans ses yeux.
Elle se tourna vers l'assemblée des membres de l'alliance. "Messieurs, pourquoi ne remettrions-nous pas cela à demain ? Nous pouvons faire les déploiements dès maintenant et décider du reste quand nous nous serons tous frais et dispos."
Il y eut un murmure général d'assentiment et ils commencèrent à sortir. Tuvok lança un regard vers le Capitaine pour voir si elle voulait qu'il reste, mais elle le congédia aussi d'un geste.
Elle regarda les portes se refermer en glissant derrière la dernière personne qui quittait la salle. Quand elle regarda Chakotay, elle remarqua qu'il lui souriait. "Quoi ?"
Le sourire s'épanouit. "J'aime te regarder dans ton élément, c'est tout."
Elle répondit à son sourire. "Oh ? Et quel est cet élément ?"
"Etre aux commandes. Prendre en charge. Régler les disputes. Faire en sorte que l'alliance fonctionne. C'est ce pourquoi tu es née."
Elle se retourna vers l'affichage tactique. "Nous pouvons gagner ceci, Chakotay. La balance penche enfin en notre faveur. Mais..."
"Mais c'est assez ?" termina-t-il.
Elle soupira audiblement en observant l'écran devant elle. "Je souhaiterais le savoir."
 
****
 
Miral étira ses bras vers son targ en peluche sur le sol devant elle, bien au-delà de sa portée. Elle étendit ses petits membres aussi loin qu'elle le put puis bougea les doigts en direction du jouet. L'animal rembourré, ignorant ses efforts, ne se déplaça pas. "Debout !" demanda-t-elle, agitant ses bras dans les airs.
Elle plissa le nez quand Toby resta là sans bouger et étira ses bras vers lui une fois de plus. "Debout !" ordonna-t-elle encore. Le jouet restait où il se trouvait.
Sa lèvre inférieure commença à trembler et elle se retourna pour regarder Tom, les yeux brillant de larmes. Elle pointa le targ. "Toby vient pas ?" demanda-t-elle de sa petite voix.
Tom soupira et se leva de sa chaise, récupérant le jouet. Il l'amena vers ses bras étendus, puis s'assit sur le sol près d'elle. Miral serra fort Toby contre sa poitrine, mais reposa sur son père ce même regard plaintif dans les yeux.
Il soupira une autre fois et caressa le dos de sa fille. "Je sais, chérie."
"Elle ne comprend pas, n'est-ce pas ?"
Il fut surpris par la voix de B'Elanna venant de derrière lui et se tourna pour la voir debout dans l'embrasure.
Il se retourna vers Miral. "Comment le pourrait-elle ? Cela doit être comme de perdre un bras ou une jambe. Elle ne comprend pas pourquoi le membre n'est plus là."
B'Elanna s'éloigna de l'embrasure et s'assit à côte de Tom sur le sol, caressant doucement son épaule. "C'est pour son bien."
Il soupira. "Son bien... ou le nôtre?"
"Elle vivra une vie normale de cette façon."
"Et si elle n'avait pas été faite pour avoir une vie normale ? Elle avait ce talent, cette capacité, ce don étonnant... et nous le lui avons retiré."
La voix de B'Elanna devint dure. "Elle n'aurait jamais dû l'avoir. Elle n'a pas eu ce choix."
"Et nous ne le lui avons pas laissé non plus."
"Elle n'était pas en mesure de le faire, Tom. Nous sommes ses parents, nous sommes supposés prendre des décisions dans son meilleur intérêt."
"Il y a une différence entre prendre une décision dans son meilleur intérêt et... et jouer à Dieu avec sa vie."
Elle s'écarta un peu de lui. "Et c'est ce que tu penses que nous avons fait ?"
Tom s'approcha de Miral, contente de jouer avec son targ, pour caresser une mèche de cheveux qui traînait sur son visage. "Je ne sais pas. C'était une partie d'elle. Comme le sont... ses cheveux. Ou ses yeux. Ou son sourire."
"Ca n'aurait pas fait partie d'elle si Harry et moi n'avions pas été kidnappés", rétorqua B'Elanna.
Tom eut un soupir pesant.
Elle s'approcha, posa doucement sa main sur sa joue et le fit se retourner pour lui faire face. "Tom. Nous avons eu cette discussion au sujet de changer Miral bien avant qu'elle naisse... mais peux-tu honnêtement me dire que tu ne crois pas qu'elle sera mieux comme elle est maintenant ? Que ça n'aurait pas été plus difficile pour elle ?" Sa voix commençait à vaciller en repensant au stress qu'elle avait subi en devant composer avec les talents de sa fille durant les derniers mois. "Que nous n'avons pas fait le bon choix ?"
Tom la tira vers lui, l'enveloppant de ses bras. "Bien sûr que non", dit-il doucement.
Elle enroula ses bras autour de son cou et la serra contre elle, les larmes lui piquant les yeux.
"Je suppose que je suis désappointé que ma fille n'ait pas de super pouvoirs", railla Tom après un court silence.
B'Elanna rit malgré ses larmes puis s'écarta de lui pour observer Miral qui s'amusait, heureuse de jouer avec son jouet, l'innocence sur son visage.
"C'est pour son bien, Tom."
Il s'approcha de Miral et la prit dans ses bras, souriant quand elle couina de plaisir.
"Je sais", dit-il, serrant sa fille. "Je sais."
 
****
 
"C'est absurde ! Comment pouvons-nous rester ici à ne rien faire pendant que les Sernaix détruisent nos navires ?"
Le Directeur Koval tr'Doowrom du Tal Shiar ignora la saute d'humeur de Radaik tr'Annhwi et garda son regard fixé sur le panorama à l'extérieur de la fenêtre.
Radaik était découragé par son impassibilité supérieure. "Dix de nos Oiseaux-de-Guerre ont été détruits près de la Zone Neutre, et pourtant vous influencez les militaires pour qu'ils n'envoient pas de renforts. Pourquoi ne devons-nous pas combattre les Sernaix ?"
Koval resta sans bouger devant la fenêtre.
Xor tr'Sharien se pencha avec les mains croisées devant lui. "Nous pouvons faire plus, Directeur. Beaucoup plus."
Koval se détourna de la fenêtre. Un côté de sa bouche était tordu vers le haut, montrant un rictus qui en disait long. "Pourquoi combattre un puissant ennemi quand nous pouvons nous en faire un allié ?"
Les autres se regardèrent, inquiets. "Vous voulez envoyer plus de monde à la mort pour tenter de négocier une alliance avec les Sernaix ?" demanda Radaik.
Les yeux de Koval se rétrécirent. "Je le ferais si je pensais que cela servait au mieux les intérêts de l'Empire... mais ce ne sera pas nécessaire."
"Alors quoi ?" demanda Nemek tr'Valorem, l'un des plus jeunes membres dans la hiérarchie du Tal Shiar. "Nous n'avons reçu aucun message de notre taupe dans la Section 31."
Koval sourit et finit par prendre son siège. "L'Amiral Warhol coopérera avec nous."
"Nous n'avons aucune assurance de cela", dit Radaik. "Il pourrait déjà avoir informé la Section 31 de son interrogatoire."
"Il ne ferait pas ça. La Section 31 le considérerait compromis à l'instant même où il mentionnerait notre implication."
"Même s'ils savaient qu'il était compromis, il pourrait leur fournir des informations", intervint Xor.
Koval secoua la tête. "Warhol coopérera avec nous."
Nemek fixa de directeur avec incrédulité. "Vous avez confiance en un agent des services secrets de la Fédération ?"
"Je n'ai pas dit que je lui faisais confiance, Nemek", dit Koval dédaigneux. "J'ai dit qu'il coopérerait avec nous."
"Et vous ne nous avez donné aucune raison de le croire", dit Radaik. Il écarta ses mains et eut un sourire condescendant. "Si vous preniez le temps de nous expliquer pourquoi vous avez choisi de mettre le sort de l'Empire entre les mains de nos ennemis, alors peut-être que nous pourrions nous montrer plus... compréhensifs."
Cette insubordination faisait bouillir Koval. "Je n'ai pas besoin de vous expliquer mes raisons. Tout ce que vous avez besoin de savoir est que j'ai un moyen de... d'influencer l'Amiral Warhol."
"Le torturer ne garantira pas qu'il coopérera par la suite", pointa Radaik.
"J'ai d'autres moyens... des contacts... qui ont tout intérêt à ce que notre alliance se fasse. Nous serons inclus dans l'alliance de la Section 31 avec les Sernaix." Il sourit en lui-même, ignorant les expressions incrédules autour de la table. "Et quand ce sera fait, nous nous assurerons de maîtriser la technologie de la lumière froide avant eux."
La confiance de Koval était loin d'être contagieuse et les autres Romuliens autour de la table se lançaient des regards inquiets. Si le directeur poursuivait dans son comportement irrationnel, quelque chose devrait être fait.
 
****
 
Les pas de l'Amiral Warhol résonnaient dans le couloir de l'édifice sans nom et sans fenêtre en se dirigeant vers sa destination. Le rythme des échos l'aidait à mettre de l'ordre dans ses idées et se préparer pour la réunion. Il devait se calmer, il devait se concentrer... Il devait se contrôler. Un mauvais pas, une erreur... et les dégâts pour lui-même et son poste seraient irréparables. Ou même fatal.
En approchant de la porte double qui ouvrait sur la salle de conférence, il pouvait déjà entendre les voix monter de ton. Apparemment, les débats avaient déjà commencé.
"Il n'y a rien qui prouve qu'ils soient au courant de quoi que ce soit", disait quelqu'un quand les portes s'écartèlent pour laisser Warhol entrer dans la salle.
"Nous ne pouvons nous permettre de prendre des risques !" s'éleva une voix opposée.
Warhol ignora le débat et prit un siège. Il ferait connaître assez tôt son opinion quand la réunion commencerait.
"Ce bureau s'occupe des risques, messieurs", tonna la voix de M. West de l'autre côté de la salle en entrant par l'autre porte. Son ton de commandement ramena instantanément le silence dans la salle et ceux qui étaient debout s'assirent en vitesse.
"Néanmoins", continua West, "Le risque n'est pas toujours justifié." Il se tourna vers Collins et Kelley. "Avez-vous une idée de ce que sait Sycorax ?"
"Il est impossible d'en être sûr", dit Collins. "Elle sait cacher son jeu, mais il se pourrait bien qu'elle en sache beaucoup plus qu'elle ne nous en dit."
"Elle nous suspecte probablement", dit West pensivement. "Sycorax est loin d'être stupide. Elle sait que nous ne l'aidons que pour protéger nos intérêts. Les intérêts de la Fédération."
"La question est", intervint Brock, "va-t-elle agir selon ce doute ?"
"Et que ce soit le cas ou non, nous ne pouvons pas prendre le risque qu'elle le fasse", ajouta Kelley.
"Qu'en est-il de l'Espèce 8472 ?" demanda Warhol. "Savons-nous ce qui est arrivé ?"
"Elle ne nous a pas donné de plus amples informations depuis notre dernier contact", dit West.
"Au moins, nous savons qu'elle a mordu à l'hameçon", dit Seagal. "Peu importe le résultat, c'est une menace de moins pour la Fédération."
"Précisément." West regarda autour de la table. "Est-ce qu'il y a quelque chose d'autre que nous devons considérer ?"
"Qu'en est-il des Romuliens ?" demanda Brock.
Warhol se retint de se tourner vers Brock pour lui demander pourquoi il avait évoqué les Romuliens. "Quoi ?" questionna-t-il, sa voix trompeusement calme.
Brock fronça les sourcils à la question de l'Amiral. "Le Tal Shiar s'est montré plus docile envers les Sernaix que nous ne l'avions anticipé. Nos dernières informations indiquent que plus d'une dizaine d'Oiseaux de Guerre ont été détruits près de la Zone Neutre, mais le Tal Shiar semble les retenir. Ils les maintiennent près de leur monde, restant sur la défensive."
"Qu'est-ce qu'il y a d'étrange à cela ?" demanda Seagal, en fronçant les sourcils.
"Peut-être rien", dit Brock. Il regarda autour de la table. "A moins qu'ils sachent quelque chose que nous ignorons. Le Tal Shiar doit avoir ses raisons pour ne pas s'en prendre aux Sernaix."
Warhol observa en détail l'homme à côté de lui, cherchant à déterminer ce qu'il voulait insinuer par son commentaire.
"Nous nous inquiéterons des Romuliens plus tard", interrompu West. Warhol glissa un regard en direction du bout de la table et remarqua le regard inquisiteur dirigé sur lui. "Koval coopéra avec nous, c'est dans ses intérêts."
"Et s'il ne le fait pas ?" demanda Brock.
West répondit sans quitter Warhol des yeux. "S'il devient un risque... Nous nous occuperons de lui."
Warhol soutint le regard sans cligner des yeux, comprenant très clairement la menace sous-jacente. 'Vous ne passez pas la moitié de votre carrière dans les services secrets sans savoir comment ne pas suer sous la pression', pensa Warhol. West pouvait se douter qu'il se passait plus de choses que Warhol n'en disait, mais il ne pouvait certainement pas le prouver. Non pas qu'il eût vraiment besoin de le prouver... mais Warhol faisait en sorte de ne pas en donner assez à West pour qu'il agisse selon ses doutes.
Comme l'Amiral ne réagissait pas, West reporta son attention sur le groupe. "Assez parlé des Romuliens. Nous devons prendre une décision au sujet de Sycorax."
Brock se pencha en avant, posant ses coudes sur la table. "Il y a trop d'inconnues. Les Borgs, l'Espèce 8472, le Tal Shiar, l'Ordre Obsidien..."
"Et Janeway", interrompit Warhol.
"Et Janeway", acquiesça Brock. "Tant que nous n'aurons pas plus d'informations, nous ne pourrons pas prendre le risque d'être découvert."
"Je suis d'accord", dit West. "Nous continuerons de jouer le petit jeu de Sycorax... pour l'instant. Ce qui veut dire que nous devrons lui donner quelque chose qu'elle veut."
"Et nous savons ce qu'elle veut", dit Seagal.
West acquiesça d'un hochement de tête et se tourna vers Brock et Kelley. "M. Brock... M. Kelley... Préparez une réunion avec l'Adimha. Vous savez quoi faire."
 
****
 
Cinquante-huit virgule six pour-cent.
Ankin Rotor écoutait le crescendo dans sa tête. Il pouvait sentir l'augmentation du nombre. Il ajoutait des drones à un taux moyen de trois par minute.
Il leva son bras et sentit des milliers de Borgs faire instantanément la même chose. Il pouvait voir à la fois à travers tous leurs yeux. Il pouvait parfaitement personnifier n'importe lequel d'entre eux sans qu'on s'en aperçoive jamais.
La technologie Sernaix avait été la clé. Quand il l'avait assimilé, Rotor avait découvert un moyen d'étendre le rayon de ses opérations. Il n'avait plus à intercepter personnellement chaque cube pour l'assujettir. Il pouvait envoyer d'autres cubes pour le faire à sa place. Son taux de puissance grandissait et augmentait exponentiellement. Ce n'était pas suffisant. Mais bientôt... très bientôt... ce le serait.
 
****
 
Pour la deuxième fois, Kelley se retrouvait dans l'imposante chambre sombre de l'Habitat de Sycorax. Le silence était oppressant et la chambre était surchauffée. L'air autour de lui semblait se serrer sur sa peau.
Les yeux de Kelley sondaient dans toutes les directions, cherchant dans l'obscurité autour de lui. Il n'avait pas cru que ce serait possible, mais il se sentait encore plus nerveux durant cette rencontre qu'il ne l'avait été durant la dernière. Une goutte de sueur roula lentement sur son front, il l'essuya du revers de son bras.
Brock pouvait entendre la lourde respiration de sa contrepartie dans l'obscurité. Il envoya un coup de coude ferme dans les côtés de Kelley. "Qu'est-ce que vous êtes, un cadet ?" siffla Brock. "Calmez-vous."
 
*
 
"Est-ce que l'Adimh Jal vous a dit pourquoi il veut vous parler ?"
L'Adimh Nakat rit au commentaire de son Zvir. "L'Adimh Jal n'annonce jamais ce qu'il veut. Il s'attend tout simplement à ce que le reste d'entre nous se montre. Ce que nous faisons toujours."
Le Zvir fronça les sourcils comme si Nakat l'avait ridiculisé, mais ne dit rien.
Nakat fit vibrer son champ corporel pour qu'il ne se fusionne pas à celui de l'Adimh Jal, à dix milles années-lumière plus loin dans le Quadrant Delta. L'environnement holographique autour de lui changea et se transforma en une falaise surplombant un désert à perte de vue.
Il y avait là déjà presque une dizaine d'autres Adimhs joints à Jal, assis selon un grand cercle près du bord de la falaise. "C'est à quel sujet ?" demanda l'Adimh Levek. "Nos bandes devraient être en chasse en ce moment."
"Chasser ?" se moqua Nakat en se joignant au groupe. "Cela fait des mois que ma bande n'a pas fait l'expérience du frisson d'une bataille digne de cette dénomination."
"Votre bande n'est pas la seule", dit Jal. "C'est pourquoi je vous ai tous convoqué ici." Il regarda l'attitude suffisante des Adimhs assemblés autour de lui, amusé par leurs expressions contrariées et ennuyées. "Il est temps que nous prenions la chasse en mains."
 
***
 
Kelley prit une profonde inspiration. Ses yeux s'adaptaient graduellement à l'obscurité, devenant assez sensibles pour détecter quelque chose avec le nombre limité de photons qui voyageaient dans la pièce. Il put enfin voir Brock debout à côté de lui, ce qui le mit un peu plus à son aise.
"Les bandes sont agitées", fit la voix tonnante de Sycorax, les prenant par surprise. "J'espère que vous nous avez apporté quelque chose qui puisse arranger cette situation."
Les deux hommes se retournèrent lentement, mais comme à son habitude, Sycorax ne daigna pas apparaître devant eux et ils furent réduits à regarder la noirceur vide autour d'eux.
"C'est le cas", dit Brock.
"Bien. Les bandes ont soif de combat."
"L'Espèce 8472 ne s'est pas montrée un adversaire digne ?" demanda prudemment Brock.
C'est amusant d'observer les humains tenter d'être subtiles, pensa Sycorax. Elle se demanda si les lourdes pertes subies contre l'Espèce 8472 n'avaient pas justement été ce que voulait la Section 31... Mais comme elle n'avait pas l'intention de partager cette information, elle ne le saurait jamais. "Les bandes dans votre partie de la galaxie n'ont pas eu l'opportunité de combattre ce nouvel ennemi. Elles commencent à rechercher le combat."
Les yeux de Brock se rétrécirent. Elle avait éludé la question, mais il décida qu'il valait mieux ne pas pousser plus loin le sujet. "C'est pour cela que nous sommes ici."
 
***
 
"La Gestion du Cadre a outrepassé ses limites", grogna l'Adimh Vrel. "Nous devrions pouvoir décider nous-mêmes la manière de combattre nos ennemis."
"Si on nous avait laissé faire nos propres préparations, ce nouvel ennemi aurait été vaincu", dit l'Adimh Jivrad.
"Si on nous avait permis de détruire la Fédération immédiatement après avoir quitté la Phase, nous aurions été en mesure d'affronter ce nouveau défi à notre meilleur niveau", dit l'Adimh Drevk. "Faire face à ces aliens après avoir battu ces autres espèces primitives aurait été...."
"Enivrant", termina Jivrad.
"Au lieu de cela", acquiesça l'Adimh Vrel, "elle nous a éparpillés dans toute la galaxie et a donné à nos ennemis le temps de s'opposer à nous. Quand le vaisseau de l'Ennemi est entré pour la première fois dans la Phase, ses armes étaient impuissantes, sa technologie primitive. Ces délais leur ont permis d'utiliser notre technologie contre nous."
"Au moins, vous avez le droit d'attaquer les cibles de votre choix", contra l'Adimh Nakat. "Dans notre partie de l'espace, nous ne pouvons attaquer que les planètes qu'elles ont désignées."
"Nous aurions pu conquérir ce Quadrant en quelques jours", acquiesça l'Adimh Levek. "Au lieu de cela, l'Adimha perd son temps à jouer avec ces mortels."
 
***
 
Brock présenta un projecteur holographique de la grosseur de la paume de la main et pressa son pouce sur le rebord. Un grand affichage vertical fut projeté du petit engin et commença à tourner. Sur l'affichage se trouvait la grille d'une carte montrant les secteurs entourant la Terre.
"Nous avons compilé une nouvelle liste de plusieurs cibles proches de la Terre", expliqua Brock. Il pressa un autre bouton sur le projecteur et plusieurs emplacements s'illuminèrent sur la grille.
Sycorax sourit en elle-même quand elle considéra les nouvelles cibles pour ses bandes. Néanmoins, elle resta silencieuse pendant plusieurs minutes, laissant les humains dans le suspense.
"Vous en fournirez les données tactiques ?" demanda-t-elle finalement.
Brock eut un large sourire. "Bien sûr." D'une autre commande, une deuxième projection se superposa au-dessus de la grille. C'était un ensemble d'images de planètes et de bases stellaires avec déroulement des données sur le côté. "Nous espérons que cela suffira."
Sycorax s'amusa à les faire attendre avant de répondre. "Cela devrait fournir la distraction nécessaire."
 
***
 
"On nous a promis des bains de sang", rugit Nakat.
"On nous a promis des pillages", acquiesça Jivrad.
"Et que nous a t'on donné ?" demanda Jal.
"De petites conquêtes insignifiantes", grogna Vrel.
"Aucune dévastation. Aucune chasse", acquiesça Drevk.
Jal se dressa de toute son impressionnante grandeur et regarda les commandants Sernaix assemblés autour de lui. "Si nous voulons ce qui nous a été promis, nous devons le prendre par nous-mêmes."
Les autres Adimhs le regardèrent et le silence tomba.
"L'Adimha a perdu ses tripes pour le combat", dit Jal. "Elle s'est alliée avec l'Ennemi. Elle est devenue faible."
 
***
 
Sycorax se mit presque à rire. Ces pauvres humains étaient si prévisibles. Elle se régalait du pouvoir qu'elle avait sur eux... L'un des quelques facteurs sur lesquels elle avait toujours un contrôle absolu. Ces marionnettes insignifiantes seraient sous son contrôle jusqu'à ce qu'elle n'ait plus besoin d'elles.
Kelley bougea, mal à l'aise. Est-ce que Sycorax les avait vraiment crus, ou est-ce qu'elle ne faisait que s'amuser avec eux, les menant vers un piège quelconque ? Il regarda nerveusement Brock et se détendit un peu quand il vit l'expression confiante de l'autre homme.
Brock tentait de camoufler son sourire. Il ne s'était pas vraiment attendu à ce que Sycorax leur fasse confiance, mais étonnamment, elle l'avait fait. Pour la première fois en sa présence, Brock sentait qu'il avait la main haute. Tout se passait selon le plan. "Alors nous sommes d'accord ?" demanda-t-il, sa voix résonnant sur les murs.
Il y eut une petite pause avant que la voix de Sycorax tonne dans la chambre. "Nous sommes d'accord."
 
***
 
"Alors nous sommes d'accord ?" demanda l'Adimh Jal.
L'Adimh Vrel glissa un regard vers ses compagnons, puis se retourna vers Jal et parla en leurs noms à tous. "Nous sommes d'accord."
 
***
 
"Tu brûles la bougie par les deux bouts ?"
Surprise dans sa concentration, Capitaine Janeway sursauta et se tourna sur sa chaise. Regardant par-dessus de la rampe, elle vit Chakotay qui se tenait sur le bas niveau, illuminé par les lumières scintillantes autour de lui. Elle gloussa et posa une main sur sa poitrine. "Tu m'as fait sursauter", lui dit-elle, se levant de sa chaise pour venir s'appuyer sur la rampe.
"Désolé." Il montra le pot de café qu'il transportait dans sa main gauche. "Frais tout droit sorti du mess."
Son visage l'illumina d'un sourire à pleines dents et elle présenta sa tasse argentée usée, vide depuis longtemps. "Tu as lu dans ma pensée. Montes."
Il monta l'escalier de la reconstitution de l'atelier de Léonard de Vinci avec le pot dans une main et sa tasse à café dans l'autre. Il remplit la tasse de Catherine du liquide brun bouillant, puis il en versa dans la sienne. Elle enroula ses doigts autour du métal pour sentir la chaleur du café s'infiltrer et se retourna vers l'affichage tactique projeté sur le mur. Cette technologie créait un contraste flagrant parmi les modèles d'hélicoptères, de parachutes et autres artefacts de la Renaissance.
Debout derrière elle, Chakotay regarda l'affichage, puis Catherine dont le front était plissé par la concentration. "Est-ce que garder les yeux rivés dessus fait vraiment la différence ?"
Elle soupira. "Je continue à espérer que quelque chose me sautera au visage. Quelque chose qui mettra finalement fin à tout ceci."
"Une solution magique ?" blagua-t-il.
Elle le regarda par-dessus son épaule et lui tapa sur le bras d'une manière espiègle. "Ne ris pas. Quelquefois, la solution apparaît simplement de nulle part. Tu te rappelles quand nous avons découvert le Passage du Nord-Ouest la première fois ?"
Chakotay fronça les sourcils. "Comment pourrais-je l'oublier ?"
"Ce plan est né juste ici, fixant les ombres sur le mur. Alors ne rejette pas mon idée de fixer l'affichage tactique." Elle soupira et se retourna vers la projection, tapotant sa tasse de café avec ses doigts. "Jusqu'à maintenant, ça ne fonctionne pas."
Retenant un commentaire sur le succès qu'avait eu le plan auquel elle venait de faire référence, il s'assit sur le vieux divan Renaissance en face de l'affichage et l'attira en douceur pour qu'elle s'assoie à côté de lui. "Nous sommes toujours en bien meilleure position que nous ne l'étions, il y a quelques semaines ou même quelques mois."
"Je le suppose", concéda-t-elle. "Mais désormais, nous ne faisons que nous maintenir. Nous avons besoin de plus pour réussir à battre les Sernaix."
"Peut-être que les Ayreths..."
Elle le coupa d'un geste de la main. "J'en ai assez d'attendre qu'ils se montrent à la toute dernière seconde. Ils sont tellement difficiles à négocier, ils sont tellement..."
"Fuyant ?" proposa-t-il.
"Exactement."
"Ils pourraient être notre meilleure chance de gagner."
Elle souffla lourdement. "Alors, nous avons tous un gros problème."
Il posa une main sur son épaule et commença à lui masser. Elle plaça un de ses pieds sous elle sur le divan et s'appuya dos contre lui.
"Cela te fait te poser des questions", dit-elle doucement après quelques secondes.
"Quoi ?"
Elle fixa pensivement l'image projetée devant eux. "Si notre alliance a besoin de l'aide de l'Espèce 8472 ET des Ayreths pour renverser le vent... qu'est-ce que les Sernaix ont fait dans le Quadrant Alpha ?"
"Ils ont la Fédération toute entière pour leur faire face. Sans oublier les Klingons, les Romuliens..."
Elle tapa de ses doigts le bord de sa tasse à café. "J'ai un mauvais pressentiment à ce sujet." Elle sourit et posa sa main sur le côté de son visage, le regardant par-dessus son épaule. "Mais peut-être que je m'en fais pour rien."
Il posa sa main sur la sienne. "Tu as dû t'occuper de beaucoup de chose, récemment."
Elle rabroua. "C'est le moins qu'on puisse dire." Il y eut un silence pesant entre eux qui dura quelques secondes avant qu'elle ne soupire. "Comment cela va-t-il finir, Chakotay ? Est-ce que cela finira seulement ?" Ses yeux examinèrent chaque recoin de l'affichage, cherchant désespérément une solution. "Il doit y avoir quelque chose, un moyen...." Sa voix s'estompa.
"Tu trouveras, Catherine. Tu l'as toujours fait."
Elle soupira une autre fois, fixant les innombrables points multicolores sur l'affichage tactique devant elle. "J'espère que tu as raison. Pour notre bien à tous."
 
***
 
Sycorax regarda le vaisseau de la Fédération s'éloigner de son Habitat, puis se brancha sur le Royaume d'un geste de la main. Elle pouvait voir les passerelles des vaisseaux Sernaix partout dans la galaxie. Les Adimhs marmonnaient tous les uns avec les autres et le bruit de leur mécontentement remplissait le Royaume.
"Le temps de la destruction est venu!" dit-elle, sa voix tonnant dans tout le Royaume.
Quelques Adimhs l'acclamèrent, mais beaucoup restèrent silencieux et attendirent qu'elle continue.
D'un autre geste de la main, elle fit apparaître la carte du Quadrant Alpha. Les cibles indiquées par la Section 31 brillaient en rouge. Au-dessus de la projection, les images des systèmes et leurs avant-postes apparaissaient dans l'ordre.
"Voilà vos cibles !", beugla-t-elle. "Vos prochaines conquêtes ! Allez-y et détruisez-les !"
Il y avait toujours des cris d'approbations, mais moins qu'avant. Les murmures maugréant de mécontentement commencèrent à gagner en volume.
"Ces cibles ne sont pas dignes de nos bandes !" cria un des Adimhs.
"Nous devons attaquer leur planète mère !" hurla un autre. "Détruisons l'ennemi !"
"En temps utile", les assura Sycorax. "Nous détruirons l'ennemi en temps utile."
"Non !" insista un autre Adimh. "Nous devons les détruire maintenant ! Plus de délais !" Le Royaume résonna des cris de consentement.
"Silence !" beugla Sycorax.
"Nous avons évité l'ennemi depuis des mois, attaqué des petites cibles insignifiantes !" hurla un autre Adimh. "Il est temps de frapper le coeur de leur territoire ! D'amener la dévastation sur leur planète mère !" Le rugissement de l'assemblée des Adimhs augmenta encore.
Sycorax tenta de contrôler son malaise. Les mâles n'avaient jamais montré ce niveau d'insubordination auparavant. Elle avait toujours été en mesure de les contrôler et de les intimider sans difficulté. "Laissons souffrir l'ennemi pendant que nous détruisons leur galaxie !" hurla-t-elle. Pour la première fois, sa voix tonnante ne parvint pas à surpasser le bruit dans le Royaume. Certains des Adimhs, néanmoins, l'avaient visiblement entendue.
"Faisons-les souffrir MAINTENANT !" hurla l'un d'eux. Cette fois, les rugissements furent assourdissants.
"SILENCE !" hurla encore une fois Sycorax. Sa voix perdait de plus en plus son tranchant dominant face à la rébellion des Adimhs qui prenait de l'ampleur.
"Assez de ces alliances avec les mortels !" beugla un Adimh. Des cris d'acquiescement résonnèrent dans le Royaume.
"Assez de batailles pitoyables !" cria un autre. "Ils ne sont pas dignes des Sernaix !"
L'Adimh Jal regarda autour de lui, grandement satisfait de lui-même, et décida de faire entendre sa voix. "C'en est assez", cria-t-il, "de la Gestion du Cadre !"
Sycorax se tourna vers lui. La furie enflammait ses yeux. Dans les quelques secondes qu'il lui avait fallu pour décider ce qu'elle allait faire face à ce comportement inacceptable et horrifiant, elle constata qu'il était trop tard face à l'assourdissant rugissement d'accord qui remplissait le Royaume. Lorsque les rugissements devinrent un tonnerre de chaos, Sycorax regarda autour d'elle et fut incapable de cacher son horreur. Elle se débrancha du Royaume, craignant que sa prise sur eux s'affaiblirait encore plus si elle restait plus longtemps.
Les bandes avaient toujours été sous son contrôle absolu... Comment les choses avaient pu se dégrader à ce point sans qu'elle s'en aperçoive ? Il existait un moyen qui lui permettrait de reprendre le contrôle, de les obliger à lui obéir. Mais c'était un dernier recours....
 
***
 
Les doubles portes s'écartèrent devant M. West quand il entra d'un pas rapide dans la salle de conférence.
"Passez sur écran", ordonna-t-il en approchant de la table. Brock apparut sur le moniteur, en direct du U.S.S. Wellings après avoir quitté l'Habitat. "Au rapport", aboya West, ne prenant pas le temps de s'asseoir.
"Elle a accepté l'entente", l'informa Brock.
"Etes-vous parvenu à lui soutirer des informations ?"
Les épaules de Brock s'affaissèrent légèrement sous la défaite. "Non, Monsieur. Elle s'est montrée évasive, comme d'habitude."
"Aucune indication sur l'Espèce 8472 ou les Borgs ?"
"Aucun, Monsieur."
West fronça les sourcils et se pencha sur la table, se concentrant. Après quelques secondes, il secoua légèrement la tête en repoussant une idée, puis il retourna à l'écran. "Mais elle a accepté nos conditions ?"
"Affirmatif."
"Bien. West terminé."
L'écran devint noir et West se tourna vers Seagal à sa gauche. "Surveillez les cibles choisies. Je veux être informé aussitôt qu'elle bougera."
"Oui, Monsieur."
West regarda le reflet de la table de conférence sur l'écran noir dans le mur opposé. "Tenez-moi informé de la moindre déviation des Sernaix de notre arrangement."
Seagal hocha la tête et quitta la salle. West resta là, perdu dans ses pensés.
 
***
 
La base stellaire 21 de la Fédération se déplaçait sans effort dans le vide de l'espace, propulsé par son élan tandis que la gravité de la géante gazeuse en dessous gardait la station dans une trajectoire sans fin.
Pendant que la base stellaire suivait son chemin, l'étoile naine jaune au centre du système commença graduellement à monter depuis l'horizon et l'ombre de la planète sur la base stellaire fut repoussée par la lumière du soleil.
Juste au moment où la dernière ombre venant de la planète disparut, une nouvelle ombre émergea sur les plaques grises de la structure lorsque quelque chose se déplaça dans l'espace entre la base stellaire et le soleil. Cette nouvelle silhouette fut bientôt rejointe par beaucoup d'autres, leurs contours s'agrandissant tandis qu'elles approchaient.
Les sept vaisseaux Sernaix dépassèrent la planète en éclair et s'approchèrent de la base stellaire, laissant à nouveau la lumière de la naine atteindre la station.
Ils commencèrent avec les vaisseaux stellaires. Le U.S.S. Hathaway fut détruit en trois tirs avant de pouvoir se désamarrer. La proximité de l'explosion causa des dommages sur la base stellaire. Les restes de la soucoupe du Hathaway pendaient mollement au port d'amarrage, les câbles desserrés se balançant sur les bords de coque déchirée. Les Sernaix se déplacèrent vers les vaisseaux stellaires restants, mais certains d'entre eux avaient eu le temps de quitter leurs amarres et furent en mesure de contre-attaquer.
Une paire de vaisseaux de classe Defiant, le Colorado et le Syracuse arrivèrent sur l'un des navires Sernaix par les côtés opposés, mitraillant la coque avec des torpilles qui furent absorbées sans causer de dégâts au photonium. Les tirs de représailles du navire Sernaix percèrent un côté de la coque du Syracuse, vaporisant instantanément le tiers du vaisseau. Les tirs suivants touchèrent le réacteur de distorsion et le navire explosa de l'intérieur, envoya des débris dans toutes les directions. Le Colorado bâtit en retraite, mais un vaisseau Sernaix se mit en travers de son chemin et le détruisit d'un seul tir.
Le Crazy Horse, un des vieux navires de classe Excelsior, déjà très endommagé par l'explosion du Hathaway et qui avait une nacelle manquante, se tourna péniblement vers le vaisseau Sernaix qui venait se détruire le Syracuse. Ses moteurs à impulsions se mirent lentement en marche, poussés au-delà de leur limite, et propulsèrent le vaisseau en avant. Les Sernaix réalisèrent trop tard l'intention de leur ennemi et ne purent rien faire d'autre que de regarder avec horreur le vieux navire de la Fédération les éperonner avec tout l'élan qu'il avait pu prendre. Le Crazy Horse explosa violemment et la coque Sernaix, incapable d'absorber autant d'énergie, se déchira sous l'onde de choc avant de se désintégrer entièrement.
La destruction d'un des navires attaquants ne suffit pas. Dans les cinq minutes qui suivirent, les treize vaisseaux stellaires qui avaient été amarrés furent réduits en un champ de débris flottants et l'anneau des vaisseaux Sernaix approcha lentement de la base stellaire.
Les réseaux de phaseurs et de lance-torpilles n'arrivèrent pas à ralentir, même un peu, l'attaque Sernaix. Les six vaisseaux déclenchèrent simultanément une pluie dévastatrice d'une puissance explosive formidable. Les sections de la base stellaire furent détruites les unes après les autres par des explosions ou encore vaporisées instantanément.
L'attaque fut brève. Quelques minutes plus tard, un des tirs Sernaix toucha le réacteur principal au centre de la station et la puissante onde de choc de l'explosion résultante souffla les débris de la base stellaire vers l'extérieur, détruisant tout sur son passage.
Les vaisseaux Sernaix tournèrent autour de leur oeuvre de dévastation avant de repartir lentement à la recherche de plus de destruction, pendant que le champ massif de débris qui avait été la Base Stellaire 21 était lentement attiré par l'attraction de la géante gazeuse.
 
***
 
L'aide de l'Amiral Paris faisait de son mieux pour rester à la hauteur de son supérieur pendant qu'ils se dirigeaient vers les Quartiers Généraux de Starfleet. "L'Amiral Hayes dit qu'ils ont reçu un appel de détresse à 8 heures 37", dit-il, présentant une tablette à l'Amiral.
Paris grogna et examina l'information. "Ils ont perdu le contact."
"Oui, Monsieur."
"Combien de vaisseaux stellaires avions-nous là-bas ?"
"Je ne sais pas, Monsieur. Au moins six."
"Les pertes ?"
L'aide glissa un regard sur la tablette. "Ils les estiment à au moins 3,500."
"Avons-nous des vaisseaux dans les environs ?"
"Je ne sais pas, Monsieur."
Paris hocha la tête en arrivant à l'ascenseur. "Niveau Quatre", ordonna-t-il quand les portes furent refermées. "Est-ce que l'Amiral Hayes a dit s'il y avait d'autres activités Sernaix ?"
"Je, euh, je ne sais pas, Monsieur. Il ne l'a pas mentionné. Il a juste dit que vous deviez vous joindre à lui immédiatement."
"Hum." Paris tapa la tablette sur la paume de sa main. "Ceci pourrait signifier une autre offensive Sernaix."
"Oui, Monsieur."
L'ascenseur s'immobilisa. Paris sortit et descendit le long du couloir, son aide faisant toujours de son mieux pour rester à sa hauteur.
Dès qu'ils eurent passé les portes de la salle de réunion, Paris vit qu'il n'était pas le premier arrivant. La salle était déjà remplie des membres du Commandement de Starfleet.
"Owen", l'accueillit l'Amiral Hayes, levant la tête de l'affichage tactique qu'il examinait. "Comme vous pouvez le voir, nous avons affaire à un gros problème."
Le visage de Paris s'embruma. "Plus que la Base Stellaire 21 ?"
"J'en ai bien peur." Hayes regarda autour de la salle pendant quelques minutes, prenant connaissance des officiers présents. "Nous ne pouvons attendre plus longtemps. Nous devons commencer."
Les Amiraux prirent place autour de la table de conférence ovale et Hayes hocha la tête en direction de l'Amirale Nechayev.
"A 8 heures 37 ce matin", commença-t-elle, "l'U.S.S. Magellan a détecté un appel de détresse venant de la Base Stellaire 21. Ils ont tenté de répondre, mais ont perdu tout contact à 8 heures 41. Le Magellan était à moins d'une année-lumière de là et a mis le cap... Nous avons perdu contact à 9 heures 03."
Il y eut un silence de mort autour de la table quand ils réalisèrent les implications.
"Ont-ils rapporté avoir engagé la bataille contre les Sernaix ?" demanda l'Amiral Ross.
"Nous pensons qu'ils ont essayé", répondit Hayes, "mais ils n'en ont pas eu le temps."
"Qu'est-ce que nous avons comme flotte déployée dans le secteur ?" demanda Paris.
"Le Lexington et l'Endeavor sont à seulement cinq années-lumière de là. L'Enterprise se trouve dans le secteur suivant. Nous leur avons aussi ordonné de mettre le cap pour aller enquêter."
"Est-il sage de les envoyer ?" demanda l'Amiral Warhol. "Ils pourraient ne pas pouvoir faire mieux."
"Nous ne pouvons pas ignorer la possibilité qu'il y ait des survivants", dit Ross.
Warhol était sur le point de répondre lorsqu'un moniteur à l'autre bout de la salle s'alluma et un commandeur de la flotte apparut sur l'écran. "Qu'y a-t-il, Grayson ?" demanda Hayes à son officier.
"Monsieur, l'Exeter vient juste d'intercepter un signal de détresse venant de l'U.S.S. Carolina."
"Mettez sur écran."
Le Capitaine Peterson de l'U.S.S. Carolina apparut sur l'écran. La passerelle derrière lui était sombre, éclairée seulement par les lueurs pourpres clignotantes de l'éclairage de l'alerte rouge. "Ici l'U.S.S. Carolina. A tout vaisseau dans les parages." Peterson s'accrocha quand son vaisseau fut secoué violemment et qu'une pluie d'étincelles apparut sur l'écran. "Nous sommes en orbite autour de Rubicon III et sommes attaqués par trois vaisseaux Sernaix. Ils attaquent la planète et..."
"Capitaine !" interrompu une voix en arrière plan.
Peterson regarda sur le côté et ses yeux s'élargirent d'horreur. "Mon Dieu...."
"Je détecte quatre autres Sern... non, neuf autres !" termina une voix derrière lui.
"Activez les torpilles et préparez..."
La transmission se perdit dans un brouillard statique puis le moniteur devint noir.
Il y eut un silence de mort autour de la table pendant quelques instants tandis que les amiraux gardaient leurs yeux rivés sur l'écran vide devant eux.
Hayes fut le premier à se reconcentrer sur la réunion. "Il semblerait que..."
Le Commandeur Grayson les coupa à nouveau depuis le moniteur. "Monsieur ? Trois de nos flottes déployées viennent juste de rapporter avoir engagé des batailles contre les Sernaix."
"Envoyez tous les renforts que vous pourrez."
"Bien, Monsieur."
"Et donnez-moi les données tactiques des tous derniers engagements."
"Oui, Monsieur. Je vous les passe."
L'écran redevint noir. Paris prit la parole, terminant le commentaire qu'Hayes avait commencé plus tôt. "Les Sernaix font une nouvelle offensive."
Hayes hocha la tête en acquiescement. "La question est, pouvons-nous les repousser ?"
Le même moniteur se ralluma pour montrer l'affichage tactique du Quadrant Alpha. Des points rouges clignotants marquaient les toutes dernières attaques.
"Ceux-là sont plus près de la Terre que n'importe quelle autre attaque précédente", dit Paris solennellement.
Pendant que le reste des amiraux fixait dans l'horreur l'affichage, l'Amiral Warhol plissa les yeux. Il secoua légèrement la tête et retourna son attention sur la conversation lorsque l'Amiral Nechayev prit la parole. "Je recommande que nous rappelions tous les vaisseaux à portée vers la Terre et installions un périmètre de défense."
"Ce qui laisserait les secteurs environnants vulnérables à une attaque", précisa Ross.
"Vous préfériez laisser la Terre vulnérable, Amiral ?" contra-t-elle.
"Bien sûr que non", rétorqua-t-il. "Mais peut-être pourrions-nous faire quelque chose de moins drastique."
"Nous rappellerons vers la Terre tous les vaisseaux qui ne font pas déjà partie d'un périmètre de défense", dit Hayes. "Nous ne pouvons pas laisser les secteurs environnants sans défense."
"D'accord", dit Ross.
"D'accord", dit Nechayev, avec réticence.
Hayes hocha la tête. "Bien. Informons la flotte."
Tandis que le reste des présents se levait et commençait à partir, l'Amiral Paris gardait le regard rivé sur l'affichage tactique. Un autre point rouge venait d'apparaître. Et un autre. Et un autre. Son front se plissa d'inquiétude. Si les Sernaix réussissaient à dévaster le Quadrant Alpha malgré la multitude de races avancées et de ressources qui coopéraient ensembles pour s'opposer à eux, alors que pouvait-il bien se passer ailleurs dans la galaxie ?
Si le Voyager était toujours là-bas, quelque part... Quelle chance pouvait avoir un vaisseau solitaire?
 
***
 
Les yeux de M. West flamboyaient en examinant le déroulement sur l'affichage tactique devant lui. "Que diable fait-elle ?" demanda-t-il. Seagal, qui se tenait à côte de lui, croisa les bras mais resta sagement silencieux.
Les portes de l'autre côté de la salle s'ouvrirent, laissant entrer Warhol. "Quel arrangement vous avez fait là", cracha-t-il. "Je sors d'une réunion aux Quartiers Généraux. Les Sernaix attaquent des cibles non désignées."
"Nous le savons", rétorqua West sur le même ton.
"Nous observons la situation", ajouta Seagal.
"Observez ?" répéta Warhol incrédule. "Ils approchent dangereusement de la Terre. Cela ne peut pas continuer."
"Je suis d'accord", dit West. Il se tourna vers Seagal. "Appelez-moi Sycorax."
Seagal leva un sourcil. "Vous savez à quel point elle déteste que nous..."
"Maintenant", dit West d'un ton glacial.
Seagal ne répondit rien et se dirigea immédiatement vers la console de communication pendant que West retournait son regard fulminant vers l'affichage tactique du quadrant.
 
***
 
"Adimha ?"
"Quoi ?" demanda Sycorax à l'Esprit de l'Habitat.
"West tente de nous contacter. Il refuse d'attendre."
Jouer avec la Section 31 ne l'amusait plus, mais elle devait éviter qu'ils se retournent contre elle... Pour le moment, du moins. Au point où elle en était, elle n'avait rien à perdre à préserver l'alliance, surtout depuis qu'elle n'était plus capable de tenir sa part du marché. "Très bien."
Une projection holographique de M. West apparut devant elle. "Adimha", la salua-t-il. Elle remarqua immédiatement qu'il se montrait plus prudent qu'à l'habitude.
"J'espère pour vous que c'est important. J'ai une affaire urgente dont je dois m'occuper."
West fronça les sourcils. "Je pensais que nous avions un accord. Vos bandes attaquent des emplacements qui ne font pas partie de la liste des cibles approuvées."
Sycorax n'avait pas l'intention d'informer la Section 31 de sa faiblesse. "Je suis au courant. Les bandes se sont montrées trop zélées dans leurs attaques."
"Rubicon III était loin d'être près des cibles approuvées", contra-t-il.
"Un malentendu." Elle s'assura de faire comprendre qu'elle le disait sur un ton de menace... West ne devait pas se douter qu'elle n'était plus en mesure de mettre sa menace à exécution. Cela l'amusait presque de le voir se demander si elle lui mentait.
"Bien sûr", dit-il finalement.
A bout de patience, Sycorax fit disparaître la projection d'un geste de la main et retourna à ses pensées. Si elle n'arrivait pas à reprendre le contrôle des bandes rapidement, elle devrait avoir recours aux mesures drastiques.
 
***
 
M. West fixa intensément l'écran vide devant lui pendant de longues secondes avant de lever la tête vers Seagal et Warhol, qui se tenaient à côté de la console. "Elle ment", affirma-t-il avec certitude.
"Bien sûr qu'elle ment", cracha Warhol.
"Si elle a décidé de briser notre accord", dit Seagal, "Pourquoi continue-t-elle à faire semblant ? Si elle a décidé que nous ne lui sommes plus utiles, pourquoi tout ce jeu ?"
"Juste pour s'amuser à nos dépens ?" suggéra Warhol.
"Elle en est certainement capable." West se leva de sa chaise. Il se dirigea vers l'affichage tactique et croisa les bras en observant le tout dernier rapport sur l'activité des Sernaix à travers le quadrant. Finalement, il se retourna. "Il est tout à fait possible que Sycorax ait décidé que nous ne lui étions plus utiles", dit-il lentement. "Mais je ne peux pas me permettre d'agir sur ce genre de spéculation. Nous maintiendrons les apparences jusqu'à ce que j'ai une preuve définitive que Sycorax nous a doublé... ou jusqu'à ce que nous décidions que cela suffit."
 
***
 
Sycorax sentait ses derniers espoirs de contrôle disparaître. Le chaos s'étendait toujours parmi les bandes, dans le Royaume... Et elle devait y mettre fin.
Elle n'avait plus d'autre choix.
C'était le moment.
 
***
 
Harry Kim plissa les yeux en regardant l'écran devant lui lorsque les lignes de données semblèrent devenir floues. Il lui fallut quelques secondes pour qu'il comprenne que c'était sa vue et non pas l'affichage qui tournait. Il agrippa fermement les rebords de sa console.
Seven, qui travaillait à ses côtés, remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas. "Harry ?"
Il parvint à garder son équilibre, mais ses lèvres n'arrivaient pas à former un seul mot. Tout commença à s'assombrir et il se sentit comme attiré vers un autre endroit. La salle autour de lui semblait s'effondrer sous ses pieds. C'était une sensation étrange... Cela lui rappelait l'entraînement en gravité zéro sur le vaisseau stellaire d'entraînement Atlantic.
Il sentait qu'il était ailleurs, mais tout était toujours brumeux et il ne pouvait rien distinguer. Ses pensées semblaient s'enliser. Il lui était très difficile d'en formuler une clairement.
Lentement, il se rendit compte d'une autre présence. Une très grosse présence. Le Royaume, pensa-t-il soudain. Sycorax.
Ses pensées commencèrent à s'éclaircir et il prit conscience de tout ce qui l'entourait. Il était dans le Royaume, mais personne n'avait conscience de sa présence. Il pouvait tout sentir, tout voir. Il était partout.
Quelque chose l'attirait toujours... Il pouvait sentir que quelque chose d'important se passait. Il devait découvrir ce que c'était.
Il prit conscience de Sycorax. Elle était frustrée... Elle perdait le contrôle. Et elle voulait quelque chose. Elle appelait quelque chose. Ou quelqu'un, pensa-t-il. Moi ?
Après quelques secondes, il réalisa qu'il faisait erreur. Ce n'était pas lui que Sycorax voulait...
 
***
 
Le visage du Docteur se détendit un peu en continuant à scanner Harry avec son tricordeur. "Je pense qu'il revient à lui." Seven soupira de soulagement et, quelques secondes plus tard, les yeux d'Harry s'ouvrirent lentement.
"Lieutenant ?" dit le HMU. "Vous m'entendez ?"
Harry leva lentement la main vers son front pendant que Seven et le Docteur l'aidaient à s'asseoir sur le lit médical dans l'Infirmerie. "Ohhh", grogna-t-il. "Ma tête."
"Que s'est-il passé ?"
"Je..." Tout lui revint en un éclair. "Il faut que je voie le Capitaine", insista-t-il, sautant du lit médical. Il hésita, toujours chancelant, et il se serait effondré si Seven ne l'avait retenu par les épaules.
Le Docteur fronça les sourcils. "Lieutenant, je voudrais vous examiner plus sérieusement."
Harry se fit aider de Seven pour rester debout et secoua la tête résolument tandis que ses pensées se précisaient. "Non", insista-t-il. "Je dois voir le Capitaine."
Seven et le Docteur semblaient prêts à objecter une nouvelle fois, mais l'expression d'Harry était déterminée. Alors ils lancèrent un simple regard d'inquiétude et le laissèrent se diriger vers la sortie.
 
***
 
Le Capitaine Janeway regarda en silence, le léger sautillement de ses sourcils seul signe extérieur de sa surprise. Elle garda un regard évaluateur sur Harry quelques secondes de plus, glissa un regard bref vers Chakotay, puis revint à Harry. "Suspiria ?" répéta-t-elle, comme pour confirmer qu'elle avait bien entendu.
Harry hocha la tête.
"La compagne du Pourvoyeur ?" ajouta Chakotay sur le même ton.
"Oui, Monsieur. C'est la déesse des Sernaix. Sycorax tente de l'appeler."
"Savez-vous pourquoi ?"
"Elle perd son contrôle sur les bandes. Elle pense que Suspiria parviendra à les arrêter."
Le Capitaine Janeway se leva lentement de derrière son bureau et alla vers les fenêtres de sa salle de travail, regardant les étoiles familières du Quadrant Delta. "Est-ce que Suspiria a répondu à ce... A cette convocation ?" demanda-t-elle après quelques secondes.
"Non, Madame. Et elle ne le fera pas."
Janeway se retourna pour lui faire face. "Ah ?"
"Elle est partie."
Elle regarda Chakotay et, quand leurs yeux se rencontrèrent, elle vit qu'il était aussi surpris qu'elle. "Partie ?" répéta-t-elle. "Comment le savez-vous ?"
"Je sais seulement qu'elle est partie."
Chakotay se tourna vers Harry. "Si Sycorax perd le contrôle des bandes..."
"...Il n'y aura rien pour les empêcher de détruire tout ce qui se trouve sur leur chemin", dit Harry, l'expression chagrinée.
Soudainement, le Capitaine Janeway s'arrêta de faire les cents pas. Ses yeux s'illuminèrent. "Peut-être devrions-nous donner à Sycorax ce qu'elle veut."
Chakotay fronça les sourcils. "Catherine ?"
Elle traversa son bureau d'un pas rapide et entra sur la passerelle. Les deux hommes la suivirent. "Tom", dit-elle en approchant de la navigation. "Mettez le cap sur La Nouvelle Ocampa."
Tom la regarda, puis Chakotay et enfin Harry, comprenant qu'il lui manquait un élément. "Oui, Madame", répondit-il après quelques secondes, se retournant vers sa console avec une expression confuse.
Janeway posa ses mains sur ses hanches et regarda le couloir de transdistorsion se former sur le grand écran devant elle. Du coin de l'oeil, elle remarqua que Chakotay et Harry se tenaient toujours dans un coin de la passerelle et se tourna vers eux, amusée par leur expression mystifiée. "Monsieur Kim", dit-elle, un coin de sa bouche s'incurvant en un sourire. "Vous nous avez peut-être donné l'avantage dont nous avions besoin."
 
***
 
Le couloir de transdistorsion s'ouvrit près des limites du système binaire dans un magnifique étalement de couleurs, laissant finalement le Voyager retourner dans l'espace normal pour se diriger vers la quatrième planète en orbite autour des étoiles jumelles.
Le Capitaine Janeway se leva de son siège avec grâce et s'avança au centre de la passerelle et regarda le paysage aride de La Nouvelle Ocampa s'agrandir sur l'écran principal. "Mettez-nous en orbite synchrone, Monsieur Paris", ordonna-t-elle tandis qu'ils approchaient.
"Oui, Madame."
Le Capitaine se retourna et regarda l'ascenseur. "Chakotay, Tuvok, Harry, vous venez avec moi. Tom, vous avez la passerelle." Les trois hommes la suivirent dans l'ascenseur. "Pont quatre", ordonna-t-elle quand les portes glissèrent derrière eux.
Le doux vrombissement de l'ascenseur fut le seul son tandis qu'ils passaient plusieurs ponts. "Etes-vous sûre que c'est une bonne idée ?" demanda Chakotay en pesant chaque mot.
Janeway se tourna vers lui. "Hein ?"
Harry glissa un regard vers Tuvok, qui fixait le mur devant lui, faisant semblant de ne pas entendre leur conversation. Probablement un bon plan, pensa Harry. Il fixa le sol et tenta de le fusionner avec le mur arrière de l'ascenseur.
"Etes-vous sûre que c'est une bonne idée ?" répéta Chakotay.
"Ce pourrait être l'opportunité que nous attendions, Chakotay", répondit-elle. "Je ne pense pas que nous pouvons nous permettre de ne pas la saisir. Et si cela fonctionne..." Elle laissa l'idée en suspens et fut soulagée quand elle vit son sourire s'épanouir.
L'ascenseur s'arrêta et le Capitaine les mena dans le couloir vers la salle du téléporteur. "Descendez-nous directement devant les cavernes, Enseigne", ordonna-t-elle à la jeune femme au contrôle.
"Oui, Madame", répondit l'Enseigne Lang.
Les officiers se matérialisèrent dans la forêt qui entourait les cavernes des Ocampas. Les arbres autour d'eux offraient une bonne protection contre l'intensité brillante des puits de lumières qui perçaient un peu partout autour d'eux.
Une ombre sembla se déplacer. Elle se détacha et s'avança vers eux. Quand elle arriva tout près, l'ombre indéfinissable devint une silhouette à la forme humanoïde familière. "Capitaine Janeway", dit-elle. "Bienvenue."
Ils n'arrivèrent pas à voir distinctement le visage, mais reconnurent la voix. "Locin", reconnut le capitaine. "Nous sommes ici pour voir Kes."
Il se pencha légèrement. "Tout de suite."
Locin les guida dans les cavernes. Ils durent s'arrêter un moment pour que leurs yeux s'ajustent au degré d'obscurité. Kes les rencontra à mi-chemin de l'entrée. "Capitaine", les accueilla-t-elle. "C'est une plaisante surprise. Je ne m'étais pas attendu à vous revoir de sitôt."
"Nous avons besoin de votre aide", expliqua le capitaine. Elle glissa un regard vers Chakotay, puis se retourna vers Kes. "Nous pourrions avoir une chance de mettre fin à tout ceci."
 
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FIN.

Ecrit par: Kira
version française: André
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Zeke (version originale), Laurent (version française).

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