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Episode 9.18 - LA TEMPÊTE SE LÈVE, II
Par: Kira (kira4747@yahoo.com)
Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Kes pourrait bien détenir la solution d'un vieux conflit."

Le vaisseau stellaire de la Fédération U.S.S. Spector dérivait de côté dans les gaz tourbillonnant de la nébuleuse. Aucune lumière n'était visible des fenêtres et les longues nacelles aérodynamiques étaient éteintes. La coque était couverte de marques de brûlures et des sections de la section soucoupe manquaient, laissant les gaz de la nébuleuse envahir les ponts intérieurs.
La passerelle était sombre, éclairée seulement par le clignotement pourpre des lumières de l'alerte rouge. "Statut", aboya le Capitaine Elizabeth Haskell, regardant au-dessus de son épaule et repoussant une grosse mèche de cheveux traînant sur son front. Elle avait une profonde entaille sur la joue et le sang coulait de ce côté de son visage.
Le Lieutenant Abbot aux Opérations s'essuya le front avec sa manche. Le soutien vital est réduit au minimum et la chaleur sur la passerelle augmente. "Les moteurs de distorsion sont inopérants. Douze des relais de puissances sont inopérants. Brèche dans la coque des ponts 8 à 11... Le rapport des pertes arrive toujours. Vingt-trois membres d'équipage sont dans un état critique... Onze autres sont manquants et présumés perdus dans la brèche de la coque."
Haskell ferma brièvement les yeux, se permettant un court instant pour penser aux vies perdues avant de se tourner vers la navigation. "Aucun signe de nos poursuivants, Lieutenant ?"
Le Lieutenant Darton fit un inventaire concis des lectures sur sa station. "Non, Madame. Je ne peux pas les voir sur les senseurs. Mais il est difficile d'avoir une lecture claire dans ce potage."
"Ce n'est pas comme si nous avions pu les voir venir la première fois, de toute façon", commenta le Commandeur Friesen, le Premier Officier. "Potage ou pas."
"C'est à cause de leur coque de lumière froide", dit Darton. "Rien n'apparaît sur les senseurs jusqu'à ce qu'ils soient juste au-dessus de vous. C'est alors que, BOUM ! Nous sommes encerclés par les Sernaix."
"Je recherche toute perturbation dans la nébuleuse", interrompit l'Enseigne Watson depuis la station scientifique. "Leurs vaisseaux peuvent se cacher à nos senseurs, mais ils ne peuvent éviter de laisser une piste."
Le Capitaine Haskell se leva de son fauteuil et se tourna vers la station tactique, s'adressant à l'Enseigne en poste. Son chef de la sécurité ayant été tué dans une attaque Sernaix, il y a de cela quelques jours, le jeune qui l'avait remplacé avait été forcé d'apprendre sur le tas. "Aucun signe des autres vaisseaux, Monsieur Wallace ?"
Il regarda ses lectures et secoua lentement la tête. "Non, Madame."
Haskell pâlit. Il y avait eu cinq autres vaisseaux en patrouille avec eux. "Rien ?"
Wallace retourna à ses lectures. "Je lis quelques signatures de puissances parasitées...."
"Aucun signe de vie ?"
"Non, Madame."
"Mais... le Adelphi était juste derrière nous", dit Darton au pilotage.
Haskell fixa les gaz bleu-gris tourbillonnants sur l'écran principal et resta silencieuse.
"Ils doivent être parvenus dans la nébuleuse à temps", supposa Abbot.
"Qu'allons-nous faire ?" demanda Wallace. "Rester simplement ici en attendant qu'ils fondent sur nous ?"
"Nous ne pouvons rester indéfiniment ici, Monsieur Wallace", dit le Capitaine. "Je doute que la nébuleuse soit un écran aussi efficace pour leurs senseurs qu'elle l'est pour les nôtres."
Une alarme se fit entendre à la console de pilotage. "Nous n'aurons pas à attendre longtemps pour le découvrir", dit Darton. Il fit pivoter sa chaise pour faire face au reste de l'équipage de la passerelle. "J'ai une faible lecture sur les senseurs. Trois éclaireurs venant droit sur nous."
Haskell prit sa chaise. "Abbot, envoyez un appel de détresse. Wallace, levez les boucliers et activez toutes les armes."
"Les boucliers de la poupe sont baissés", rapporta Wallace. "Les boucliers avant sont à trente neuf pour cent. La moitié de nos lance-torpilles sont inopérants. Les banques de phaseurs..."
"Donnez-moi tout ce que nous avons, Enseigne", ordonna Haskell. Elle agrippa les bras de son siège. "Aux stations de Combat. Si nous devons être abattus, ce sera en combattant."
 
***
 
L'Amiral Nechayev et l'Amiral Paris se tenaient côté à côte dans les Quartiers Généraux de Starfleet, examinant les lectures tactiques devant eux. "Ils semblent n'avoir aucune stratégie", observa Paris.
"Nos analystes sont d'accord avec vous", répondit Nechayev. "Les attaques sont plus proches de la Terre que toutes les offensives précédentes, mais n'y a aucune stratégie apparente."
"Cela signifie qu'ils n'avancent pas vers la Terre", observa l'Amiral Ross en se joignant à eux.
"Il semblerait que non", souscrit Paris. "Du moins, pas encore."
"Les Sernaix parcourent le quadrant en attaquant tout ce qu'ils croisent", émit Nechayev en hypothèse.
"J'aurais tendance à être d'accord", dit Ross. "Ces attaques au hasard sont sûrement ce qu'elles sont. Nous ne pouvons pas commencer à chercher une raison derrière chaque mouvement que font les Sernaix."
"Mais nous ne pouvons pas ignorer la possibilité qu'il y a là plus que ce que nous voyons", ajouta Paris.
Ross hocha la tête en assentiment et présenta une tablette à chacun des amiraux. "Les toutes dernières informations. Nous avons perdu deux autres postes avancés et huit autres vaisseaux stellaires, et six autres sont portés manquant."
L'Amiral Paris examina les informations de sa tablette et retourna à l'affichage tactique lorsque les nouveaux rapports de batailles apparurent sur la carte. "Ils sont venus à bout de tout ce que nous avons mis sur leur chemin." Il se tourna vers ses deux compagnons. "Comment pourrons-nous les arrêter ?"
Ni l'un ni l'autre des amiraux n'avaient de réponse et ils continuèrent à fixer d'un air sombre l'affichage devant eux.
 
***
 
Journal de bord du Capitaine, Date Stellaire 56625.3. Avec Kes à bord, nous avons quitté La Nouvelle Ocampa et mis le cap sur l'Habitat de Sycorax. Nous devrions arriver dans moins de dix heures. L'alliance rapporte une augmentation d'activité Sernaix dans tout le quadrant... Cette nouvelle opportunité pourrait s'être présentée d'elle-même juste au bon moment.
Le Capitaine Janeway allait et venait devant les fenêtres de la salle de réunion. "Je veux que ces boucliers soient améliorés dans les trois heures."
"Je les aurai dans deux", répondit B'Elanna.
"Bon travail." Elle s'arrêta de faire les cent pas et se tourna pour faire face à son personnel. "Nous allons au coeur du territoire Sernaix. Je veux être prête." Elle fit une pause et tapota de ses doigts la tasse de café qu'elle avait dans les mains avant de s'approcher de la table, posant ses bras sur le dossier de la chaise. "Selon Harry, Sycorax perd le contrôle des bandes Sernaix. Cela signifie que leur comportement devient imprévisible."
"Ne l'était-il pas déjà avant ?" dit Tom. Certains des présents eurent un petit sourire, heureux de cette relâche de tension.
"Mis à part le sarcasme de Monsieur Paris", dit Tuvok avec son détachement habituel, "nous devons procéder avec prudence."
"Je suis d'accord", dit Seven en ajoutant son grain de sel. "Sans un leader, les bandes Sernaix perdront tout sens des ordres."
Catherine hocha pensivement la tête et se tourna vers le nouveau venu à la réunion qui restait étonnamment silencieux. "Oz ?"
"Je pense que vous avez probablement raison", concourra le Sernaix holographique, prenant la parole pour la première fois depuis que Janeway avait commencé la réunion. "Sans Sycorax pour les contrôler, les bandes feront deux choses l'une. Soit ils vont tomber dans le chaos, attaquant tout ce qui les intéressera...."
"Ou ?" l'incita B'Elanna.
"Ou les mâles s'organiseront et iront sur des cibles spécifiques. La Terre. L'Espèce 8472. Les Borgs." Il fit un lent tour de table. "Le Voyager."
Les membres de l'équipe de commandement se regardèrent les uns les autres. "Et laquelle de ces deux options pensez-vous être la plus probable ?" demanda Tuvok.
Oz prit un moment pour y penser. "La première." Il eut un sourire narquois. "Les bandes Sernaix ne sont pas reconnues pour leurs sens de l'organisation. Jusqu'à maintenant, c'était le rôle de la Gestion du Cadre."
"Nous ferions mieux d'être sur nos gardes", dit Janeway, retournant à son siège.
"C'est plus que probable", acquiesça Oz.
"La seule chose que nous devons faire est d'aller jusqu'à l'Habitat", poursuivit-elle. "Le reste sera entre les mains de Kes."
Tom sourcilla. "Alors... tout ce que nous devons faire est de nous enfoncer profondément dans le territoire ennemi, d'éviter leurs plus puissants vaisseaux qui seront probablement en surnombre à dix contre un, si ce n'est pas cent contre un, atterrir aux portes de Sycorax, et espérer que Kes puisse faire le genre de chose qu'elle dit faire avant qu'on nous fasse voler en éclats." Le reste de l'équipe le regarda, ne le trouvant pas drôle. Tom leur retourna leur regard, puis haussa les épaules. "Je voulais juste m'assurer."
Le Capitaine eut un rictus et regarda lentement autour de la table. "Quelque chose à ajouter ?" La salle resta silencieuse. Elle se pencha en avant, les yeux scintillant de confiance. "Je crois vraiment que nous pouvons y arriver. Je suis persuadée que le destin de tout le quadrant, de toute la galaxie, pourrait se jouer ici même", dit-elle, tapant des doigts sur la table. Elle croisa le regard de chaque officier tour à tour. "Et je n'arrive pas à trouver un meilleur moyen d'y parvenir." Elle sourit légèrement. "Vous pouvez disposer."
Pendant que l'équipe sortait, Tom regarda Harry sortir en fronçant les sourcils. Son ami s'était montré inhabituellement silencieux et discret durant la réunion et il avait parlé seulement quand on lui avait posé une question directe. Quand Harry disparut de l'autre côté de la porte, Tom glissa un regard sur sa gauche et vit que Seven le regardait s'en aller avec inquiétude. Après quelques secondes, elle remarqua que Tom l'observait et se retourna vers lui en sourcillant, faisant clairement comprendre qu'elle était, elle aussi, aussi mystifiée que lui par l'attitude silencieuse d'Harry.
 
***
 
Dans un coin retiré du Quadrant Alpha, un petit vaisseau de patrouille s'écrasa violemment sur la surface de l'unique lune de la planète Kesprytt. L'ombre qui couvrait la surface pleine de cratères de la lune fut remplacée par une boule de feu immense, mais la lune redevint sombre quand la poussière et les débris retombèrent lentement sur la surface, une partie de la carcasse du vaisseau toujours enflammée.
D'autres vaisseaux de patrouille Prytts encerclaient la lune et ouvraient le feu de leur pitoyable armement sur deux éclaireur Sernaix qui attaquaient leur monde d'origine. Les éclaireurs ignorèrent ces petits navires agaçants, concentrant leurs feux sur les cités de la planète en dessous d'eux.
Un groupe de vaisseaux contrôlés par les Kes, l'autre race de la planète, se joignirent bientôt à la bataille qui avait lieu de l'autre côté. Leurs torpilles, comme l'armement des Prytts, ne se montrèrent pas assez provocantes pour que les éclaireurs se donnent la peine de riposter.
Un secteur vide de l'espace entre Kesprytt et la naine jaune au centre de leur système fut distordu par la formation d'un corridor de courant de glisse Sernaix. Trois nouveaux éclaireurs émergèrent, suivis par un colossal Cuirassé Sernaix.
Le Cuirassé partit en direction du centre du système pendant que les trois éclaireurs mettaient le cap sur la planète. A la différence des vaisseaux qui tiraient sur la planète, ils ne considérèrent pas les vaisseaux de patrouille indignes de leur attention. Ils détruisirent sans effort tous les vaisseaux qui s'approchaient d'eux, ne laissant qu'une traînée de débris dans leur sillage en s'approchant de la planète.
Le reste des navires de patrouille se regroupa, formant un anneau serré autour de la planète dans une vaine tentative pour créer une derrière ligne de front. Les éclaireurs Sernaix poursuivirent leur attaque, ne prêtant aucun intérêt à la tentative désespérée de la race moins avancée de protéger leur foyer.
Quand il ne resta plus que trente ou quarante vaisseaux autour de Kesprytt, les éclaireurs s'arrêtèrent brutalement de tirer. Sans avertissement, les cinq vaisseaux firent simultanément demi-tour pour s'éloigner de la planète et sautèrent en courant de glisse. Le Cuirassé entra aussi en courant de glisse au moment où ses armes détruisirent l'étoile naine jaune. Il y eut un éclair aveuglant avant que l'onde de choc provoquée par la destruction de l'étoile commence à se propager à des vitesses inimaginables. Puis ce fut au tour des planètes extérieures d'être réduites à néant par son passage.
Les vaisseaux de patrouille n'eurent pas le temps de réagir. Ils surent à peine ce qui s'était passé quand l'onde de choc frappa, les vaporisant instantanément. La lune fut réduite en miettes, de même que la planète à peine une seconde plus tard. Quelques dizaines de secondes après la destruction de l'étoile, ce qui avait été le système Kesprytt était maintenant un champ de débris sans vie.
 
***
 
La planète Luvel 9 se mourrait.
Des faisceaux d'énergie la déchiraient comme si elle avait été faite de papier. La croûte se fissurait en toujours plus d'endroits. Des éclairs foncés foraient le manteau de la planète, soufflant inexorablement le noyau.
C'était une petite planète qui ne comptait qu'une centaine d'êtres intelligents. Elle était tellement éloignée de son soleil qu'elle ne pouvait supporter que les créatures les plus fortes, une race reptilienne au sang froid avec une technologie primitive qui vivait là, luttant pour survivre. Ce combat était maintenant terminé.
En des circonstances normales, il aurait fallu plus de temps à six vaisseaux Sernaix pour détruire une planète. Mais les circonstances ne l'étaient plus.
Les Sernaix étaient enragés, consumés par la soif de sang, et ceci ne parviendrait pas à les satisfaire même un instant. Ils rugirent de triomphe quand les morceaux de Luvel 9 se séparèrent. Plus ! Plus !
Le système Luvel avait un autre monde supportant la vie. La bande se dirigea vers la planète suivante pour se préparer à un nouveau festin.
Jusqu'à ce que....
Deux conduits de transdistorsion s'ouvrirent entre leur nouvelle planète cible et son soleil. Lentement, implacablement, deux cubes géants émergèrent selon une trajectoire d'interception des Sernaix.
La bande se réjouit. C'était là un bien plus grand prix, une cible qui riposterait. Les Sernaix gagneraient, mais ils devraient se battre pour y arriver. Cette bataille vaudrait une centaine de Luvel 9. Comme un seul, les vaisseaux Sernaix pivotèrent pour engager la bataille contre les Borgs.
En des circonstances normales, six vaisseaux Sernaix auraient été plus que suffisants contre deux cubes Borgs. Mais les circonstances ne l'étaient plus.
Un nombre incalculable de faisceaux Sernaix allèrent s'écraser sur la surface des cubes. Les énergies combinées auraient été suffisantes pour annihiler une ceinture d'astéroïdes. Les vaisseaux poursuivirent leurs tirs, oubliant toute retenue, lâchant toutes leurs furies et leurs haines sur les nouveaux arrivants ennemis.
Ils ouvrirent le feu jusqu'à ce que leurs réserves d'armement soient épuisées et qu'ils aient besoin de recharger. La violence s'arrêta et le système stellaire redevint sombre et sinistrement calme.
Les cubes étaient toujours là, indemnes.
Et ce ne fut que quand les Sernaix virent l'éclat noir des douze faces des deux vaisseaux cubes qu'ils réalisèrent pourquoi.
Pour la première fois depuis leur arrivée, les Borgs "remarquèrent" finalement les Sernaix. Un message se fit entendre sur tous les haut-parleurs des vaisseaux. "Je suis la Fin. Désactivez vos armes et rendez-vous. Je vais ajouter vos particularités biologiques et technologiques aux miennes. Toute résistance est futile."
Puis, finalement, les cubes ouvrirent le feu. Toujours en recharge, les Sernaix passèrent désespérément par toutes les manoeuvres d'évitement qu'ils connaissaient, mais ils commençaient à subir des dégâts massifs. L'un d'eux découvrit que ses moteurs étaient en train de surchauffer. Désespéré à l'idée de perdre leur immortalité, l'équipage connaissait encore le meilleur moyen de la perdre. Ils firent face au navire Borg le plus près et foncèrent dessus à pleine vitesse. Le moteur donna tout ce qui lui restait d'énergie. L'élan du vaisseau le poussa de plus en plus vite sur le cube ennemi...
...Jusqu'à ce que le vaisseau s'immobilise sur place, saisi par un rayon tracteur d'une force incroyable. Sur l'écran, l'équipage put alors voir que ses cinq navires compagnons étaient dans le même état. La bataille était terminée. L'ennemi était victorieux.
Une lumière verte scintilla dans tous les vaisseaux puis disparut, emmenant l'équipage avec elle. Leur temps de vie normal allait être allongé tant que leur énergie serait nécessaire.
Une seconde vague verte retira toute la technologie utile des vaisseaux. Leurs réacteurs de distorsion et les systèmes endommagés restèrent sur place.
Les deux cubes disparurent en un éclair dans les conduits de transdistorsion rouverts juste avant que six explosions de distorsion ne secouent le système. Les débris plurent sur le monde habité que les Sernaix avaient voulu prendre pour cible, transformant son atmosphère en une gigantesque boule de feu. En quelques minutes, il ne resta plus aucune vie à la surface. Une civilisation avait vécu et aucun espoir de renaissance n'existait plus.
La mort de ce système stellaire était consommée. La mort de la galaxie avait à peine commencé.
 
***
 
Les notes gazouillantes du saxophone d'Harry Kim se changèrent brusquement en un crissement aigu. Harry soupira et baissa son instrument. "Ordinateur, pause de la musique d'accompagnement." La percussion qui l'accompagnait s'arrêta.
Il prit une grande respiration et reposa ses doigts sur les touches du saxophone. "Reprends l'accompagnement." La mesure reprit de plus belle. Harry prit une profonde respiration et posa le bec sur ses lèvres. Juste au moment où il s'apprêtait à faire vibrer la hanche pour débuter le morceau, la sonnerie de ses quartiers retentit.
"Ordinateur, pause de l'accompagnement", grinça-t-il. "Entrez."
Les portes de ses quartiers glissèrent pour s'ouvrir et Tom entra. "Tu aurais dû rester à la clarinette, Harry. Je parie qu'ils peuvent entendre cette imitation de jazz à deux ponts d'ici."
Harry lança un regard à son ami et posa le saxophone. "Mille merci, Tom."
"A ton service." Tom regarda les quartiers vides. "B'Elanna a dit qu'elle et Seven allaient travailler avec Oz dans l'Ingénierie. Je me suis dit que je pourrais te tenir un peu compagnie."
"Pas si tu continues à insulter mon talent musical", marmonna Harry.
Tom gloussa, prit un siège en face de son ami et devint sérieux. "En fait, je pensais que tu serais un peu nerveux."
Harry le regarda, soupçonneux. "De quoi parles-tu ?"
"Allons, Harry. Nous sommes en chemin vers l'Habitat de Sycorax. Ta dernière visite n'était pas exactement un congé sur Risa." Comme Harry restait silencieux, il ajouta, "je n'arrive pas à m'imaginer que tu sois très enthousiasme d'y retourner."
Il se raidit. "Que penses-tu que je doive faire à ce sujet ? Menacer de démissionner si le Capitaine ne change pas d'avis ?"
Le commentaire toucha sa cible. Tom s'adossa légèrement et ses lèvres se séparèrent, mais rien n'en sortit. Il semblait avoir perdu le fil de sa pensée. Immédiatement pris de remords, Harry souhaita ne pas l'avoir vexé. "Tom, Je..."
Tom leva sa main pour l'arrêter. "Ca va. Je sais que tu n'approuves probablement pas ce que j'ai fait... Tu pensais peut-être que j'abandonnais quand les choses se corsaient. Mais il y une différence entre quand les choses se corsent et quand ça devient du suicide. Je pense toujours que c'était une erreur de vouloir faire alliance avec les Borgs."
"Tu ne penses pas que cette fois-ci soit aussi une erreur ?" demanda Harry circonspect. "Voler vers le coeur du territoire Sernaix ?"
"Tu es celui à bord de ce vaisseau qui ait la meilleure connaissance des Sernaix", rétorqua Tom. "C'est à toi de me le dire."
Harry se leva de sa chaise et commença à tourner en rond dans la pièce. "Tu ne sais pas comment c'est là-bas", dit-il finalement. "De quoi elle est capable."
"Tu as raison. Je l'ignore."
Harry s'arrêta de faire les cents pas et se tourna vers son ami. "C'est risqué, je peux te le dire. Quelque chose à mal tourné, réellement mal tourné, dans le Royaume. Les bandes sont hors de contrôles... Et il est impossible de prédire ce que Sycorax peut faire quand elle est désespérée." Il prit une profonde respiration. "Je peux le sentir..." Il fit une pause, ne sachant plus quoi dire. "Je ne sais pas comment l'expliquer. Je peux sentir... Chaos. Désordre. Rébellion."
"Dans le Royaume ?"
Harry hocha la tête. "Je ne peux l'expliquer. C'est comme une intuition, à part que je sais que j'ai raison. Les Sernaix sont plus dangereux maintenant qu'ils ne l'ont jamais été avant." Tom le fixa en silence. "C'est risqué", répéta-t-il doucement après quelques secondes.
Tom se pencha en avant et posa ses coudes sur ses genoux. "Ecoute... Je sais que je suis la dernière personne qui devrait dire ça après... Et bien, après les Borgs... Mais de mon point de vue, ceci est différent. Je pense que le Capitaine a raison pour Kes. C'est un risque... Mais qui pourrait mettre fin à la guerre. Ici, maintenant." Il observa Harry pendant quelques secondes puis se leva. "Miral pourrait grandir dans une galaxie où les peuples ne se détruiront pas les uns les autres. Ca vaut ce risque."
Harry restait contemplatif à ne rien dire, alors Tom soupira et se dirigea vers la porte. Il avait déjà posé un pied à l'extérieur quand la voix d'Harry l'arrêta.
"Ca semble être un travail pour le Capitaine Proton."
Tom rit et fit demi-tour pour regarder Harry debout devant la porte de ses quartiers. "Ca ne serait pas une aventure sans Buster Kincaid", lui répondit-il.
Harry se fit une grimace. "C'est bien. Je ne voulais pas en faire partie de toute façon."
Quand l'expression choquée de Tom s'estompa, Harry avait déjà fermé les portes et retournait dans ses quartiers.
 
***
 
"J'espère que vous et vos collègues réalisez dans quoi nous embarque votre capitaine."
Seven of Nine répondit à Oz sans quitter des yeux son travail. "J'ai pleine confiance dans le plan du Capitaine Janeway. Et si je ne me trompe pas, vous faites partie de cet équipage. Elle est par conséquent aussi votre capitaine."
"C'est assez juste", gloussa Oz avant de redevenir sérieux. "L'Habitat de Sycorax a plus que probablement les capacités défensives les plus puissantes conçues par les Sernaix. Pensez-vous vraiment qu'un vaisseau puisse passer aux travers ?"
Seven s'arrêta de travailler et se tourna vers Oz, pensive. "En cinq ans et demi, j'ai appris que même avec toutes les chances contre elle, les plans du Capitaine Janeway avaient l'habitude de prévaloir."
"Les coups de chances se terminent un jour ou l'autre", rétorqua-t-il.
Elle leva un sourcil. "Je pense que son plan est bien pensé."
"Je partagerais votre confiance si je pensais que le Capitaine Janeway savait dans quoi elle s'embarquait."
Seven plissa les yeux. Oz était connu pour ne pas partager volontairement les informations. "Expliquez."
"Tout ce qu'elle sait est que Sycorax a convoqué la déesse des Sernaix. Elle ne sait pas pourquoi ou comment, et pourtant elle croit qu'elle pourra l'utiliser pour manipuler Sycorax."
"Savez-vous pourquoi Sycorax a convoqué cette déesse ?" demanda précisément Seven.
"J'ai mon idée."
Elle roula des yeux d'exaspération. "Auriez-vous l'obligeance de partager cette idée ?"
"Sycorax veut ce qu'elle a toujours voulu. Ce que chaque Adimha veut."
Seven décida de jouer le jeu au lieu de tenter d'obtenir une réponse directe de l'hologramme. "La puissance."
"Précisément", dit Oz, enthousiasmé. "C'est tout ce qui la motive."
"Sycorax va tenter de manipuler Kes pour qu'elle la serve ?" insinua Seven.
"Je ne sais pas", admit Oz. "Mais nous n'aurons pas à attendre longtemps pour le découvrir. Nous n'aurons qu'à attendre de voir si votre capit..." Il se reprit en gloussant. "Si le pari du Capitaine Janeway se révélera payant."
Seven le regarda minutieusement, tentant de déterminer s'il avait tout dit. Quand il devint évident qu'il ne lui dévoilerait plus d'autres informations, elle retourna à son travail.
 
***
 
Le Sénateur Tomak tr'Valkris regarda avec inquiétude dans les deux directions de la rue désertée de la capitale Romulienne avant d'entrer dans la ruelle sombre. Une fois protégé dans l'ombre, il baissa prudemment son capuchon, révélant son visage.
"Vous vous faufilez comme une vieille femme, Tomak."
Le sénateur pivota sur lui-même, surpris. Il se détendit et souffla profondément quand Koval tr'Doowrom sortit de l'obscurité et s'avança vers lui. "Je dois être prudent, Directeur. Si j'étais découvert...."
"...Alors le Tal Shiar s'occuperait du problème", dit calmement Koval.
"C'est facile à dire pour vous. Si le Proconsul ou le Sénat venait à connaître mon implication avec le Tal Shiar, ma vie serait en danger."
"Nous vivons des temps dangereux."
Tomak évalua le dirigeant du Tal Shiar avec circonspection. "En effet." Comme Koval n'ajoutait rien, le sénateur jeta un oeil une fois plus sur la ruelle avant de continuer. "Que voulez-vous de moi ?"
"Mes contacts avec les militaires deviennent incertains. Ils ne sont plus fiables. Je dois m'assurer que le gouvernement n'attaquera pas les Sernaix."
"Mais Pourquoi ? Nous avons déjà perdu de nombreux vaisseaux. Les pertes augmentent et pourtant..."
"Ne vous inquiétez pas de cela", le coupa Koval, montrant son humeur une fraction de seconde. "J'ai mes raisons."
La curiosité de Tomak fut piquée. "Vous avez des informations ?"
"J'ai des... contacts", dit mystérieusement Koval. "Des contacts puissants."
Tomak le dévisagea. "C'est bon à entendre, Directeur... mais que va-t-il se passer entre-temps ? Est-ce que les vaisseaux défendant nos frontières doivent continuer à combattre désespérément en infériorité numérique ?"
Koval plissa les yeux. "Comme je vous l'ai déjà dit, ne vous inquiétez pas de cela. Le Tal Shiar veillera à ce que l'Empire ne s'effondre pas."
Le sénateur resta silencieux, mais il était évident qu'il n'était pas satisfait. "Très bien", dit-il finalement. "Je m'assurais que..." Il remarqua que Koval ne le regardait plus. "Directeur ?"
Koval ignorait son compagnon et fixait intensément le toit d'un des édifices qui entourait la ruelle. Il vit l'éclair d'un mouvement et, réalisant ce que cela signifiait, se mit vite à couvert contre le mur.
Tomak n'eut le temps que d'ouvrir la bouche pour interroger Koval sur son étrange attitude avant que la charge tirée du toit ne frappe le sol et n'explose, le tuant instantanément.
Koval se releva lentement, secouant la tête pour améliorer sa vue brouillée. Il pouvait sentir le sang qui descendait sur son visage par une coupure sur son front et il avait l'impression que son bras était cassé, mais il ne ressentait aucune autre blessure.
Plongeant la main dans les plis de son manteau, il en retira un disrupteur et tourna un regard furieux vers le toit de l'édifice où il avait aperçu les assassins. Mais ils étaient partis. Toutefois, il n'était pas sage qu'il restât là. Ses attaquants pouvaient toujours être dans les parages, attendant de terminer leur travail. Il ne prit le temps que de regarder une dernière fois le corps de Tomak avant de se retourner et de s'enfuir.
En sortant rapidement de la ruelle, boitant un peu, son expression devint furieuse. Il semblait qu'il ne pouvait plus se fier à personne. Pas même aux membres de sa propre organisation....
 
***
 
La Panique.
Sycorax avait l'habitude d'utiliser ce mot quand des mondes étaient attaqués par ses bandes qui apportaient la destruction et le chaos. Elle n'avait jamais imaginé appliquer ce mot pour elle-même... Mais le moment était approprié et elle la ressentait. Aucune des bandes ne lui obéirait. Tout son pouvoir sur eux avait disparu.
L'anarchie avait submergé le Royaume. Les bandes erraient dans la galaxie, cherchant à détruire, se déplaçant sans but précis et attaquant tout ce qui croisait leur chemin. Tous ses plans, toute sa puissance... Tout lui avait glissé entre les doigts. Son alliance avec la Section 31, quelque chose qu'elle avait considéré comme une distraction, s'était montrée être une erreur coûteuse. Et son dernier pari de puissance en convoquant la déesse n'avait rien donné.
Elle fut tirée de ses pensées quand un vaisseau approchant l'Habitat fut détecté. Sa panique s'évapora et fut remplacée par une furie contre l'intrus. "Le Voyager", siffla-elle.
Ils avaient perturbé la Phase, s'étaient alliés avec l'Abomination, avaient volé la technologie Sernaix, secouru l'Elu de ses griffes et ralliés le Quadrant Delta contre ses bandes... Et maintenant, ils allaient payer.
"Activez toutes les armes !" aboya-t-elle à l'Esprit de l'Habitat. Sa rage s'intensifia en voyant le Voyager se rapprocher. "Détruisez-les."
 
***
 
"Ils ouvrent le feu", rapporta Tuvok. Le tir des armes de l'Habitat frappa les boucliers la seconde suivante, secouant toutes les cloisons et faisant perdre l'équilibre à presque toute l'équipe de la passerelle.
"Maintenez le cap, Monsieur Paris", ordonna le Capitaine au-dessus du bruit.
"Oui, Madame."
"Les boucliers sont à soixante quatre pour cent", rapporta Tuvok. Ils furent touchés à nouveau par une autre salve et le plancher chancela sous leurs pieds. "Quarante neuf pour cent."
"Nous ne pouvons pas en supporter plus !" hurla Tom au-dessus du vacarme.
Le Capitaine Janeway fut projetée de côté sur son siège quand un autre tir Sernaix les toucha. Une fois son équilibre recouvré, elle se leva et se tourna vers les Ops. "Ouvrez un canal."
"Canal ouvert."
Le Capitaine se tourna face à l'écran principal, agrippant la balustrade quand le Voyager vacilla sous elle. "Ici le Capitaine Catherine Janeway du Vaisseau Stellaire de la Fédération Le Voyager", dit-elle, la fermeté de sa voix ne trahissant pas leur situation funeste. "Cessez votre attaque."
L'écran principal resta vide et seul le son des armes de l'Habitat martelant les boucliers du Voyager continua à se faire entendre.
"Cessez vos tirs", répéta le Capitaine. Elle tourna son regard vers Kes. "Scannez notre vaisseau. Vous verrez que nous avons quelque chose que..."
Le Capitaine Janeway ne termina jamais sa phrase. Kes et elle disparurent abruptement dans les tourbillons verts des faisceaux téléporteurs Sernaix.
Chakotay se tourna vers Tuvok. Le Vulcain fit son rapport avant que Chakotay n'ait la chance de le lui demander. "Elles ont été téléportées sur l'Habitat."
"Pouvez-vous vous verrouiller sur elles ?" demanda Chakotay en se tournant vers les Ops.
"Négatif", rapporta Harry.
"Continuez d'essayer", lança le premier officier.
Harry retourna à sa console sans répondre. Un silence de mort tomba sur la passerelle quand ils réalisèrent que les choses n'étaient plus entre leurs mains.
 
***
 
Quand le brouillard vert du faisceau téléporteur eut disparu, le Capitaine Janeway se retrouva dans une immense chambre sphérique. L'Habitat, pensa-t-elle immédiatement, son cerveau fonctionnant à toute allure.
"Capitaine ?"
Catherine se tourna sur sa gauche et vit Kes debout à ses côtés. "Kes. Ca va ?"
L'Ocampa hocha la tête puis regarda vers le plafond de la chambre. "Elle est ici."
"Vous", beugla Sycorax, la voix résonnant dans toute la chambre. "Etes-vous la déesse ?"
Kes regarda le Capitaine Janeway. "Je suis celle que votre peuple considère comme une déesse, oui."
Ils pouvaient entendre la satisfaction dans la voix de Sycorax quand elle se remit à parler. "Je vous attendais."
Les yeux de Janeway flamboyèrent. "Cessez votre attaque !" exigea-t-elle aux murs vides. "Laissez mon vaisseau tranquille !"
"Pourquoi le ferais-je ?" la défia Sycorax.
"Parce que nous ne vous donnerons pas plus d'information si vous ne retenez pas vos tirs."
Il y eut une longue pause. Le premier son dans la salle fut Kes qui expirait profondément. "Ils sont en sécurité", dit-elle.
"J'ai épargné votre navire", fit écho la voix de l'Adimha. "Maintenant, donnez-moi la puissance d'une déesse !"
"Nous ne pouvons pas faire cela", dit calmement Janeway. "J'ai vu la destruction que vous et vos bandes êtes capables de faire. Et je connais la puissance du Pourvoyeur."
"Vous me donnerez le pouvoir de la déesse ou je le prendrai de force !" hurla Sycorax, sa voix réverbérant de fureur.
"Si vous pouviez le faire", contra Janeway, "vous l'auriez déjà fait."
"Je pourrais détruire votre navire sur un seul ordre", siffla-t-elle furieusement. "Je pourrais amener tout votre quadrant, toute la galaxie à sa perte. Je pourrais réduire votre Fédération en cendres."
Janeway resta indifférente. "Les menaces ne vous mèneront à rien, Sycorax."
"C'en est assez", dit Kes. "Arrêtez vos bandes. Mettez fin à cette destruction."
"Vous êtes de mortels insignifiants !" grogna-t-elle. "Vous ne pouvez même pas vous imaginer la puissance que je possède... et la puissance que je pourrais avoir. C'est au-delà de votre compréhension !"
"C'est terminé, Sycorax", dit fermement Janeway. "Rappelez vos bandes."
Il y eut un silence. Après quelques secondes, les yeux de Kes s'élargirent. "Elle ne le peut pas", dit-elle doucement. Lorsque le capitaine se tourna vers elle avec un regard interrogateur, elle poursuivit. "Harry était dans le vrai. Elle a perdu le contrôle des bandes. Ils ne l'écoutent plus."
"Les mâles sont devenus irrationnels !" cracha Sycorax. "Ils se sont adonnés au chaos et au désordre."
Les yeux de Janeway s'élargirent quand elle finit par comprendre. "C'est pourquoi vous vouliez le pouvoir du Pourvoyeur. Pour reprendre le contrôle des bandes." Sycorax ne répondit pas. Le Capitaine se tourna vers sa camarade. "Kes... Pouvez-vous contacter le Royaume ?"
Kes fronça les sourcils. "Je n'en suis pas sûre."
"Essayez." Janeway posa sa main sur l'épaule de Kes. "Si Sycorax peut utiliser le pouvoir du Pourvoyeur pour arrêter les bandes... Peut-être pouvez-vous en faire de même."
 
***
 
Le Lieutenant Commandeur Tess Allenby se leva lentement du sol de l'U.S.S. Sutherland, grimaçant quand les muscles de son épaule disloquée se tendirent encore plus.
"Manoeuvres d'évitements ! Séquence Bêta !" hurla-t-elle au-dessus des bruits sur la passerelle, tentant d'éviter de poser les yeux sur le corps sans vie du Capitaine étendu sur le sol, tout près.
"Bien, Monsieur !" cria le navigateur.
Les Sernaix étaient arrivés de nulle part. Le Capitaine avait été tué à la première salve, obligeant son Premier Officier à assumer le commandement. Le vaisseau était salement endommagé. Allenby ne savait pas combien de temps encore ils pourraient tenir.
"Est-ce qu'il nous reste des torpilles ?" demanda-t-elle, contournant le fauteuil du Capitaine.
"Seulement..." La voix de l'officier tactique s'éteignit et il plissa le front.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Allenby.
Il leva lentement les yeux de son affichage, une expression d'incrédulité sur son visage. "Ils se sont arrêtés."
Elle lui retourna le même regard incrédule. "Quoi ?"
"Ils se sont arrêtés. Ils restent... simplement là, sans bouger. Immobiles dans l'espace."
"Sur écran." Allenby se retourna vers l'avant de la passerelle quand l'image de deux vaisseaux Sernaix apparut. Comme l'avait dit l'officier tactique, ils restaient là sans bouger dans l'espace, ne faisant aucun mouvement agressif.
"Nous devrions les finir pendant que nous le pouvons", dit son navigateur quand elle se retourna. "Peut-être..."
Allenby secoua la tête, coupant court l'enseigne. "Ne mettez jamais en doute votre chance si vous voulez qu'elle se manifeste à nouveau, Enseigne. Sortez-nous d'ici, distorsion maximale."
 
***
 
Le groupe d'amiraux fixa d'étonnement la femme sur le moniteur devant eux. "Ils se sont... arrêtés ?" dit finalement l'Amiral Ross. "Pourquoi ? Comment ?"
"Nous ne le savons pas, Monsieur", répondit le Capitaine Haskell. A travers la transmission parasitée, ils pouvaient voir la passerelle durement endommagée derrière elle, mais la voix de Haskell était confiante. "Les trois éclaireurs qui nous ont attaqués et détruits tous les autres vaisseaux de notre patrouille se sont simplement arrêtés sans aucune raison."
"Est-ce que leurs vaisseaux ont subi un mauvais fonctionnement quelconque ?" demanda l'Amiral Paris.
"Nous ne le savons pas, Monsieur. Nous ne recevons aucune donnée indiquant une rupture de puissance. Mais de toute façon, nous n'obtenons pas vraiment de données. Si nous n'avions pas su où ils se trouvaient, nous n'aurions pas pu les voir."
"Quel est l'état de votre vaisseau, Capitaine ?" demanda l'Amiral Nechayev.
Le visage de Haskell s'embruma. "Nous avons subi de lourdes pertes, Amiral. Deux minutes de plus et je n'aurai plus été là pour vous parler." Elle prit une profonde respiration et carra ses épaules. "Mais nous sommes en un seul morceau. Quels sont vos ordres ? Devons-nous attaquer ces vaisseaux Sernaix ?"
"Négatif", dit Ross. "Pas tant que nous n'en savons pas plus. Ils peuvent toujours avoir toutes leurs capacités offensives et défensives."
"Ramenez votre vaisseau en lieu sûr, Capitaine", dit Paris. "Nous irons au fond des choses ici même."
"Compris. Haskell terminé."
Un des aides de l'Amiral Nechayev lui remit une tablette électronique. "Quoi que ce soit, ce n'était pas un incident isolé", dit Nechayev en lisant attentivement les informations. "Nous recevons des rapports similaires de tout le quadrant."
L'image de Haskell avait été remplacée par l'affichage tactique du Quadrant Alpha. "Quelle que soit la raison de l'offensive Sernaix", dit lentement Paris, "Il semblerait que ce soit terminé."
 
***
 
Kes ouvrit lentement ses yeux et inhala profondément. "C'est fait", dit-elle d'une voix anormalement calme.
"Ils vous ont obéi ?" demanda le Capitaine Janeway.
"Oui. Les bandes ont arrêté leurs attaques." Elle leva le regard pour rencontrer celui de Capitaine Janeway avec un sourire rassurant. "C'est terminé, Capitaine."
Janeway expira, un souffle qu'elle pensait avoir retenu pendant des mois. Elle se retourna vers le vide autour d'elles. "Vous l'avez entendue, Sycorax. C'est terminé. Vous n'avez plus rien à gagner en restant cachée."
Il y eut un court silence avant que la forme massive apparaisse dans un scintillement devant eux. Le Capitaine Janeway fut incapable de cacher son choc en voyant la masse énorme de Sycorax s'approcher d'eux, son corps supporté par des harnais anti-gravité.
"Vous !" siffla furieusement Sycorax en regardant le Capitaine Janeway dans les yeux. "Vous êtes celle qui a tout détruit ! Nous aurions pu avoir le pouvoir... Nous aurions dominé la galaxie !"
"J'ai vu ce que vos bandes ont fait au nom du pouvoir", rétorqua Janeway, ne flanchant aucunement sous le regard de Sycorax. "Vous auriez balayé toutes les civilisations, tout être vivant."
"Les ennemis méritent d'être détruits !" cracha Sycorax.
"Pourquoi les appelez-vous les ennemis ?" demanda Kes.
Kes semblait avoir un effet calmant sur l'Adimha. "Il y a de cela une éternité, au début, quand les Sernaix furent emprisonnés dans la Phase, l'Ennemi nous a empêchés de nous échapper. Ils nous ont enlevé la liberté et le pouvoir qui était le nôtre de droit, ont obligé nos bandes à se contenter des pitoyables amusements que nous trouvions dans la Phase."
L'expression du Capitaine s'assombrit. "Alors à cause de cela", dit-elle, la voix tendue, "vous avez décidé de balayer toute notre galaxie ?"
"Les bandes avaient assuré notre domination dans la Phase depuis longtemps", décria Sycorax. "Une plus grande distraction était nécessaire. Votre galaxie nous l'a fournie."
"Une distraction ?" répéta sans le croire le Capitaine. "C'est tout ce qu'était cette guerre pour vous ? Une distraction."
"Non", la corrigea Sycorax. "La guerre que nous avons étendue dans votre galaxie n'était qu'un autre pas vers une plus grande puissance." Sa bouche s'incurva en un sourire cruel. "Jouer avec la Section 31 était ma distraction."
Janeway devint instantanément tendu. "Que voulez-vous dire ?"
Sycorax rit, son ton malicieux faisant écho dans la chambre. "Vous êtes une pitoyable idiote... Vous n'étiez même pas au courant que votre peuple s'était retourné contre vous."
Il fallut quelques secondes pour que toutes les implications de cette déclaration s'insinuent en elle. Les yeux du Capitaine s'agrandirent avant d'être submergée par la fureur. "La Section 31", siffla-t-elle dangereusement. "Ils nous ont donnés en pâture aux loups."
"Notre alliance fut mutuellement bénéfique", dit Sycorax d'un air suffisant. "N'est-ce pas sur quoi se base la Fédération ?"
"Ils ont condamné à mort des milliers de citoyens de la Fédération", rétorqua Janeway, dégouttée. "Je savais que la Section 31 était ignoble, mais ça... Cela va au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer."
"Je ne comprends pas", dit Kes. "Pourquoi auraient-ils trahi la Fédération ?"
Les lèvres du Capitaine se serrèrent pour devenir une ligne mince et ses yeux s'enflammèrent. "C'est exactement ce que je voudrais savoir."
 
***
 
Le front de Monsieur West se sillonna encore plus profondément quand il examina les informations devant lui. Ses yeux passaient à travers les données et formulaient des plans. "Je ne comprends pas", dit Monsieur Seagal à côté de lui. "Ils se sont arrêtés ?"
L'Amiral Warhol hocha la tête. "Tous les vaisseaux Sernaix à portée de senseurs restent immobiles dans l'espace."
"Qu'est-ce..." dit lentement West, se penchant sur l'affichage. "Qu'a-t-elle en tête ?"
"Peut-être qu'elle a tout simplement décidé de mettre fin à notre alliance", suggéra Seagal.
"Si c'était le cas, alors pourquoi auraient-ils arrêté leur attaque sur nous ?" s'interrogea Warhol.
Le silence tomba pendant que les trois hommes réfléchissaient au problème. "Le calme avant la tempête", dit West après un moment.
Seagal et Warhol se regardèrent, confus. "Monsieur ?" dit Seagal.
West s'éloigna abruptement de l'écran et se tourna vers les deux hommes. "Sycorax pourrait bien retirer ses bandes pour préparer l'attaque finale sur le Secteur zéro-zéro-un." Il fit une pause et prit une profonde respiration, puis observa avec attention ses compagnons. "Informez les autres. Nous devons nous préparer au pire."
 
***
 
Chakotay faisait impatiemment les cents pas sur la passerelle. "Chakotay à l'Ingénierie. Harry, quel est le rapport de la situation ?"
"Nous travaillons dessus", répondit Harry par le réseau de communications. "Oz est sur le point d'entrer en communication avec l'esprit de l'Habitat et de désactiver le champ d'amortissement."
"Entendu", dit Chakotay dans un grand soupir. "Gardez-moi au courant." Il arrêta son va-et-vient et se tourna vers le grand écran. "Je voudrais diablement savoir ce qui se passe là-bas."
"Commandeur", dit Tuvok, levant le regard de sa console. "Je détecte un conduit de courant de glisse en formation à cinq cents kilomètres à bâbord."
Chakotay se tourna pour faire face au Vulcain. "Sernaix ?"
Le chef de la sécurité sourcilla. "Cela ne semble pas l'être."
Seven, debout à son poste habituel derrière les fauteuils de commandement, se raidit. "Borg ?" demanda-t-elle.
"Incertain", dit Tuvok.
Chakotay grimaça. "Verrouillez les armes sur le conduit. Qui que ce soit, ils ne sont probablement pas de notre bord. Harry, avez-vous fait des progrès ?"
"Oz a accédé à l'Habitat et a neutralisé le champ d'amortissement", rapporta Harry. "B'Elanna a verrouillé le téléporteur sur elles au cas où nous aurions à les sortir de là."
Chakotay hocha la tête. "Bon travail. Chakotay à Janeway."
Il soupira de soulagement quand la voix de Catherine se fit entendre par le communicateur. "Ici Janeway."
"C'est bon d'entendre votre voix", dit-il. "Est-ce que tout va bien là-bas ?"
"Kes et moi contrôlons la situation."
"Nous détectons un conduit de courant de glisse près de l'Habitat."
Il put instantanément entendre un ajout de tension dans sa voix. "Sernaix ?"
"Nous ne pouvons..."
Tom l'interrompit depuis la navigation. "Un vaisseau en sort", rapporta-t-il.
"Sur écran", ordonna-t-il.
Ils reconnurent immédiatement le grand vaisseau quand il émergea lentement du conduit. Il y eut un silence sur la passerelle jusqu'à ce que la voix du Capitaine Janeway les sorte de leur surprise. "Chakotay, que se passe-t-il ?"
Chakotay répondit sans quitter des yeux l'écran principal. "Nous avons de la compagnie."
 
***
 
Le Capitaine Janeway était sur le point de répliquer quand le tourbillon d'un faisceau téléporteur attira son attention près d'elle. Quand la lueur verdâtre se clarifia, ses yeux s'élargirent en voyant la silhouette familière devant elle. "Orateur Mateth."
L'Ayreth hocha la tête en acquiescement. "Capitaine Janeway. Vous avez l'admiration de notre reconnaissance."
Catherine sourcilla. "Je vous demande pardon ?"
"Vous avez atteint la but de votre chemin."
Ses sourcils grimpèrent d'un autre cran. "De quel chemin s'agit-il ?"
Mateth étendit ses mains. "La tâche qui était devant vous. Vaincre les Sernaix."
"Je ne comprends pas."
Mateth sourit et, contrairement à l'habitude de son espèce, parla ouvertement. "Quand nous avons rencontré pour la première fois votre vaisseau dans la Phase, nous avons réalisé que vous, Catherine Janeway, pourriez être la clé, celle qui pouvait arrêter les Sernaix. Nous avons dissous la Phase et relâché les Sernaix dans la galaxie en pensant que vous y parviendriez."
"Vous...." Les yeux de Janeway s'élargirent en réalisant les implications. "Vous êtes ceux qui ont relâché les Sernaix ?"
"Pour qu'ils soient battus", expliqua patiemment Mateth, "ils devaient être relâchés."
La voix du Capitaine baissa d'une octave en regardant l'Ayreth. "Alors cette guerre", dit-elle lentement. "C'est à cause de vous ? Qui vous a donné le droit de..."
"C'était notre destinée", l'interrompit Mateth. "Notre dessein. Notre raison d'être."
Les yeux de Janeway s'agrandirent et elle hocha lentement la tête, se rappelant ce que lui avait dit Harry. "Le Pourvoyeur. Il s'est rendu compte de son erreur avec les Sernaix et a donné à votre peuple assez de technologie pour pouvoir les contrôler."
Mateth regarda Capitaine Janeway en souriant. "Pas simplement de la technologie. Celui que vous appelez le Pourvoyeur nous a enseigné la voie, il y a de cela une éternité."
"Enseigné la voie ?" répéta Kes.
"Il fut un temps", poursuivit-il, "où notre espèce était très semblable à la vôtre, Capitaine. Avant que les Nacènes... nous améliorent."
"Le Dieu", rugit soudainement Sycorax, "nous a trahis ! Il a trahi la déesse ! Il a créé l'Ennemi en faisant d'eux nos geôliers et en nous emprisonnant dans la Phase !"
"Cela ne devait pas être une prison", répliqua l'Ayreth. "Cela ne devait être qu'une mesure temporaire, en attendant que votre peuple apprenne à coexister avec le reste de la galaxie."
"La déesse nous a créés supérieurs au reste de la galaxie ! Le Dieu nous a retiré la puissance qui était nôtre de droit !"
Le Capitaine Janeway les interrompit quand elle commença à comprendre. "Notre espèce était très semblable à la vôtre", chuchota-t-elle. Puisque que Mateth ne répondit pas, elle poursuivit, les mots se bousculant dans sa bouche au fur et à mesure que son cerveau déduisait furieusement les conséquences de ces nouvelles informations. "L'ennemi' dont les Sernaix faisait toujours référence... C'était vous. Votre espèce avait l'apparence humanoïde jusqu'à ce que le Pourvoyeur vous modifie... C'est pourquoi les Sernaix nous ont pris pour l'Ennemi."
"Nous n'étions pas leur ennemi", dit Mateth, ne contredisant cependant pas non plus sa déclaration. "Nous étions leurs gardiens. Leurs professeurs."
"Pour ce que j'en ai vu", répliqua Janeway, "vous ne leur avez pas enseigné grand chose."
"Les Nacènes ont sous-estimé la tâche de réhabilitation des Sernaix. Ils nous ont enseignés que nous devions dissoudre la Phase quand les Sernaix seraient prêts à rejoindre le reste de la galaxie... Mais ils ne sont jamais revenus pour nous soutenir."
"Il vous a laissé tomber", cracha Sycorax. "Exactement comme il a laissé tomber la déesse ! Il était jaloux de nous, sa création à elle, et il nous a piégé dans la Phase par dépit pour elle !"
"Ce n'était pas par dépit", dit calmement Mateth. "Il a réalisé son erreur de vous avoir donné la technologie et a tenté de la rectifier en protégeant le reste de la galaxie de votre peuple."
"Mensonges", siffla-t-elle. "Rien que des mensonges !"
Ils l'ignorèrent et Mateth poursuivit. "Nous avons réalisé que la tâche était au-delà de ce que nous pouvions réaliser seuls... Nous étions en mesure de retenir les Sernaix, mais rien de plus. Alors nous avons attendu." Mateth sourit et étendit les mains. "Et il y a eu vous, Capitaine Janeway, arrivant dans la Phase. Nous avons alors réalisé votre potentiel. Vous étiez la clé pour enfin vaincre les Sernaix."
"Tout ce temps... Et vous n'avez même pas tenté de les aider ?" demanda Kes.
Le Capitaine Janeway posa ses mains sur ses hanches et secoua lentement la tête, répondant à la place de Mateth. "Vous avez fait ce que vous avez toujours fait. Vous êtes restés assis et avez attendu que la situation devienne désespérée au point où vous n'aviez pas d'autre choix de d'intervenir."
Mateth se raidit. "Capitaine, vous n'êtes pas en position pour juger les actes de mon peuple quand..."
"Mais au contraire, je le suis", l'interrompit-elle. "Les actes de votre peuple ont eu des répercussions dans toute la galaxie. Votre irresponsabilité et votre apathie ont mené à la mort on ne sait combien de peuples innocents."
"Nous avons contenu les Sernaix pendant une centaine de millénaires", répliqua Mateth. "Nous avons protégé la galaxie."
Le Capitaine Janeway s'apprêtait à répliquer, mais Kes s'interposa et posa sa main sur son épaule. "Ce qui est fait est fait", dit-elle doucement. Elle regarda Mateth. "Et nous avons des problèmes plus importants à régler."
Le Capitaine hocha la tête en signe d'acquiescement. "Comme par exemple que faire des Sernaix, maintenant."
"Peut-être", dit Kes, "devrions-nous suivre le plan initial du Pourvoyeur."
"Que voulez-vous dire ?" l'interrogea Mateth.
"Le Pourvoyeur croyait que les Ayreths pouvaient réhabiliter les Sernaix. Il devait avoir une raison pour cela." Kes regarda l'Ayreth quand un sourire s'épanouit sur son visage. "Peut-être avez-vous juste besoin d'un peu d'aide."
L'intérêt du Capitaine Janeway fut instantanément piqué. "Que suggérez-vous ?"
Kes se tourna pour faire face au Capitaine, ses yeux brillaient d'enthousiasme. "Ne voyez-vous pas ? Je peux aider les Ayreths et les Sernaix de la manière que le Pourvoyeur aurait dû le faire, il y a longtemps de cela." Comme le Capitaine ne trouvait rien à répondre, Kes continua. "C'est le seul moyen d'y mettre fin, Capitaine. Cela ne peut se faire autrement."
Janeway l'observa avec attention. "Vous avez raison. Il n'y a pas d'autre moyen." Elle se tourna vers Mateth. "Est-ce que vous et votre peuple êtes finalement prêts à faire ce que le Pourvoyeur attendait de vous ?"
Mateth hocha la tête. "Avec l'assistance de celle qui a le pouvoir des Nacènes, je crois que nous y parviendrons."
"Nous ne nous laisserons pas contrôler par vous !" lança Sycorax.
"Vous n'êtes pas en position de négocier", lui dit froidement Janeway. "Vos bandes ne vous écoutent plus. Elles sont sous le contrôle de Kes. Et en ce moment, le Voyager a pris le contrôle de votre Habitat."
"Impossible ! Vous n'avez aucun moyen de pouvoir..." Les rondeurs de sa peau autour de son visage se déplacèrent et ses yeux s'agrandirent d'horreur. "L'Abomination !"
"Il préfère le nom d'Oz", dit Janeway avec un rictus de satisfaction. Sycorax était trop furieuse pour répondre, alors elle continua. "Vous n'avez pas le choix. Kes a raison, cela ne peut se terminer que d'une seule manière. Votre peuple a besoin d'aide pour coexister avec notre galaxie."
Sycorax semblait prête à s'objecter une autre fois, mais Kes s'interposa. "Votre peuple vénère votre déesse", dit-elle. "J'ai le pouvoir qu'elle avait. Vos bandes vont me suivre, avec ou sans vous. C'est à vous de décider."
L'Adimha la fixa d'un regard malfaisant pendant plusieurs longues secondes. "Très bien", finit-elle par dire.
Kes et le Capitaine Janeway soupirèrent de soulagement avant que Kes ne se tourne vers Mateth. "Est-ce que vos vaisseaux vont m'aider à rassembler les bandes errantes ?"
"Bien sûr."
Elle hocha la tête. "Bien. Je resterai sur votre navire." Elle fit une pause quand quelque chose lui vint en tête. "Et pour Sycorax ?"
Il y eut un court silence. Les yeux du Capitaine Janeway s'illuminèrent quand un plan germa dans son cerveau. "Laissez-moi Sycorax."
 
***
 
Oz se tenait devant sa console dans l'Ingénierie et se tourna vers ses compagnons avec un sourire suffisant. "J'ai accédé à toute la base de données de Sycorax." B'Elanna, Harry et Seven se levèrent tous de leurs consoles et regardèrent vers Oz dans un silence étonné. Le Sernaix holographique gloussa. "J'en conclus que vous n'êtes pas intéressés par ce que j'ai téléchargé."
Cela les sortit de leurs rêveries et ils rejoignirent Oz à sa station. "Regardez ça", dit B'Elanna avec crainte, prenant la place d'Oz et faisant dérouler la base de donnée. "Il y a des schémas, des données tactiques, des lectures de senseurs..."
"Essayez d'ouvrir un des dossiers", suggéra Harry.
B'Elanna obéit et une série de symboles aliens brouillés remplit l'écran. "Les données semblent être encryptées", observa Seven.
"Là", dit B'Elanna. "Laissez-moi tenter de les passer dans nos algorithmes de décodages."
"J'ai bien peur que cela ne donne pas de bons résultats", fit observer Oz. Les trois autres officiers se retournèrent pour le regarder. Oz attendit patiemment le temps d'avoir toute leur attention avant de poursuivre. "Ce sont des encryptages Sernaix. Je doute que quoi que ce soit dans votre base de données ne fournisse de grands résultats."
Quand il devint apparent qu'il n'offrirait plus d'autres informations, B'Elanna soupira d'exaspération. "Et que suggérez-vous ?"
Le Sernaix holographique eut un large sourire suffisant. "Permettez-moi."
B'Elanna regarda vers Seven et Harry et roula des yeux avant de se déplacer. Oz approcha du panneau de contrôle et, en quelques secondes, les symboles distribués au hasard commencèrent à se ranger d'eux-mêmes sur l'écran, révélant des données accessibles. "Bien", dit Oz, sa voix remplie de satisfaction. "C'est un début."
"Qu'attendons-nous ?" dit Harry. "Regardons ce que nous avons."
En touchant un bouton, des images commencèrent à apparaître, formant une séquence rapide sur l'écran. Seven sourcilla. "Cela semble être des dossiers de personnels de Starfleet."
"Je ne comprends pas", dit B'Elanna. "Comment Sycorax pourrait avoir...." Leurs yeux s'agrandirent uniformément par le choc à mesure que les informations apparaissaient sur l'écran.
Seven, Harry, et B'Elanna durent se regarder les uns les autres, puis ils retournèrent à l'observation de l'écran sur lequel les données continuaient à passer. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda Oz.
Harry prit une profonde respiration et répondit à Oz sans quitter des yeux l'affichage devant lui. "Je pense que le Capitaine doit voir ça."
 
***
 
Le Capitaine Janeway sourit tristement, forcée une fois de plus de raccompagner Kes vers la salle du téléporteur. Elles venaient de refermer le cercle... Sa protégée partait une fois de plus pour poursuivre de plus grandes choses, pour devenir quelque chose qui était plus que ce qu'elle était. La douleur qui avait été son expression durant leur rencontre déplaisante, il y a des années de cela, avait disparu. Kes était la même personne qu'ils se rappelaient tous, et pourtant, elle était en même temps tellement plus.
"Vous avez une longue route devant vous, Kes", dit-elle avec un sourire affectueux quand l'Ocampa grimpa sur la plate-forme du téléporteur. "La réhabilitation des Sernaix n'est pas une mince tâche."
Kes hocha la tête solennellement. "Je suis sûre qu'avec l'aide de Mateth et de son peuple, nous y parviendrons."
"J'en suis également sûre."
"Et garder en main Sycorax ne sera pas non plus une mince tâche." L'expression de Kes devint sérieuse. "Soyez prudente, Capitaine."
"Oz a aidé B'Elanna et son équipe pour la... relocalisation de Sycorax", lui assura le Capitaine Janeway. "Nous serons en mesure de garder une main ferme sur elle aussi longtemps que ce sera nécessaire."
Kes hocha la tête. "J'espère que votre plan sera couronné de succès."
"Moi aussi." Elle regarda l'autre femme affectueusement pendant quelques secondes. "Prenez soin de vous, Kes."
Kes sourit, ses yeux d'elfe brillant de larmes, et elle descendit la plate-forme du téléporteur pour serrer le capitaine dans ses bras. "Prenez soin de vous, Capitaine. Et merci pour tout."
Catherine la serra aussi dans ses bras, se demandant si c'était pour la dernière fois. Les deux se séparèrent au bout d'un moment et Kes reprit position sur la plate-forme du téléporteur. Le Capitaine Janeway s'occupa elle-même des contrôles et initia la téléportation, regardant jusqu'à ce que le faisceau se dissipe complètement. Elle continua à fixer l'espace vide jusqu'à ce que les portes de la salle de téléportation s'ouvrent pour laisser entrer Chakotay. "Harry et les autres veulent te voir à l'Ingénierie", dit-il.
Prenant une profonde respiration, Capitaine Janeway se secoua intérieurement et, quand elle se retourna pour lui faire face, son masque de capitaine était fermement en place. Elle descendit des contrôles du téléporteur en face de lui. "Allons-y."
 
***
 
Ils restèrent silencieux pendant qu'une série d'images et de données apparaissait selon une séquence rythmique sur le moniteur. Le Capitaine Janeway se tenait avec une main sur la bouche, restant grimaçante et contemplative. "Combien en avez-vous trouvé ?" demanda-t-elle après quelques minutes.
"Nous sommes toujours en train de télécharger les données d'Oz", dit Harry. "Mais jusqu'à maintenant, nous avons trouvé une centaine de dossiers d'officiers de Starfleet travaillant pour la Section 31."
"Il semblerait que leur implication soit plus étendue que notre enquête précédente ne l'avait suggérée", dit Seven.
"Leurs tentacules s'étendent plus loin que tout ce à quoi nous aurions pu nous attendre", dit Chakotay. Le Capitaine ne répondit pas, se penchant en avant pour arrêter momentanément le cycle des images. Elle examina en silence le dossier du Commandeur Barton.
Harry glissa un regard sur B'Elanna et Seven. "C'est amusant que vous le mentionniez." Elle fit un pas vers la console et appela un autre dossier. L'image du Commandeur Barton fut remplacée par un autre visage connu.
Les yeux du Capitaine Janeway s'élargirent. "L'Amiral Warhol", siffla-t-elle.
Chakotay secoua la tête d'incrédulité. "Il travaillait avec eux pendant tout ce temps."
Ils restèrent silencieux puis B'Elanna prit la parole. "Qu'allons-nous faire ?"
Les yeux du Capitaine se rétrécirent de détermination. "Nous avons tout d'abord besoin d'informations. Seven, vous et Oz continuerez à décoder les données venant de l'Habitat. Nous devons découvrir à qui nous pouvons faire confiance... Ou, plus spécifiquement, ceux en qui nous ne pouvons pas faire confiance."
"Et ensuite ?" demanda Harry.
"Ensuite, Monsieur Kim", dit-elle, sa bouche s'incurvant en un sourire confiant, "nous allons battre la Section 31 sur son propre terrain."
 
***
 
Le Directeur Ankin Rotor observait la carte stellaire dans la salle de stratégie centrale et souriait. La mission s'était passée mieux qu'il ne l'avait rêvée.
Le "collectif" qu'il avait construit s'agrandissait à chaque unité de temps. Soixante et un pour-cent du Constructif était sous son contrôle direct et le reste avait confiance en lui et suivait ses ordres à la lettre. Plus important, le combat de Rotor avec la technologie Sernaix avait finalement été le succès qu'il avait su que ce serait. Avec leur technologie et un nombre grandissant de leurs citoyens assimilés, Rotor, à leur commandement, était plus fort que jamais.
"Je ne le fais pas pour moi, tu sais", commenta-t-il. "Ca n'a jamais été pour moi. J'ai des choses plus importantes en tête que mon pouvoir personnel."
Pavriqur ne lui répondit pas. Rotor ne s'était pas non plus attendu à ce qu'il le fasse. Le vieux Sulorien était désormais tellement plein d'amertume qu'il parlait rarement.
"Tu devrais m'être reconnaissant", poursuivit Rotor. "J'aurais pu te tuer, mais je t'ai laissé vivre. J'aurais pu faire de toi mon premier... Ajout, mais j'ai laissé ton esprit libre. Tu es le seul être sur ce vaisseau dont je laisse l'énergie se perdre. Tu es incapable de m'arrêter. Pourquoi ne pas abandonner cette résistance que tu offres pour te réjouir de ce que nous faisons ?
"Je construis un nouvel empire", dit le Directeur. "Ici-même dans cette chambre. Avec ce cerveau. Il n'y a jamais eu de civilisation comme celle-ci. N'était-ce pas ce que tu voulais faire ? Le Constructif a été établi pour faire nos propres frappes, pour réaliser nos visions personnelles. Je crois me rappeler avoir entendu dire 'construire une nouvelle galaxie sur les ruines de l'ancienne' ou quelque chose du genre. C'est ce que je fais. Tu es là. Installe-toi et regarde ton rêve devenir une réalité."
Pavriqur cracha sur le visage de Rotor.
"Bon tir", dit le jeune Sulorien. En parlant, son visage commença à briller de chaleur et la salive alien s'évapora en un instant. "Tu as toujours été comme ça. Tu m'as tout appris, au-delà de ce que m'avait enseigné Rwathorn Qum. Tu m'as appris le rôle d'un leader et le rôle d'un assistant. Nous pouvons avoir permuté nos positions, mais la sagesse détient toujours la vérité. C'est ta tâche maintenant de m'observer, d'apprendre ce que tu peux et d'incorporer ces leçons dans ton comportement pour que, si cela devient nécessaire, tu puisses prendre la direction."
Pavriqur resta muet.
"Bien sûr, cela ne sera pas nécessaire", ajouta Rotor en souriant. "Il ne restera plus personne à diriger après ma mort. Tu n'aurais pas pu envisager une telle chose quand tu m'as enseigné. Tu pensais que le rêve de Qum d'une fin propre de l'univers était une pure folie. Pendant un temps, juste un temps, tu es parvenu à me convaincre. Mais tout a finalement bien tourné."
Rotor gloussa. "Je souhaiterais qu'Axum soit ici pour voir ça. Je souhaiterais ne pas avoir dû le tuer avant d'être prêt à commencer à intégrer les drones. J'aurais aimé qu'il fut le premier. Après ce qu'il a fait à mon esprit, cela n'aurait été que justice, ne crois-tu pas ? Et bien, notre pire ennemi a peut-être disparu, mais nous en avons d'autres."
Un écran passa des images les unes à la suite des autres pendant que Rotor les énumérait. Sycorax. Une flotte de vaisseaux biologiques. Catherine Janeway. Korok. Un astéroïde. Une géante gazeuse. Un dignitaire Romulien. Un amiral de Starfleet. Mateth.
"Je trouve que cela m'aide à visualiser mes pensées", expliqua Rotor à Pavriqur. "Une image devant soi peut être plus nette qu'une image dans sa tête, même si les deux transportent les mêmes informations." Il fit une pause. "Mm."
Pavriqur se détourna. D'une pensée, Rotor activa un champ de force. Le captif fut obligé de se retourner en soupirant
"Ne sois pas si pressé de partir", dit le Directeur. "Je ne veux pas que tu manques ma plus grande idée. Ceci pourrait être le point tournant, tu sais. Il semblerait qu'une image prise dans le cerveau d'un certain humain et qui a vacillé sous la surface pendant quelque temps, ait choisi ce moment pour émerger."
Sur l'écran, un vaisseau voilé de la Fédération venait d'entrer en distorsion.
"Tout s'assemble, maintenant. Mon plan pour consumer la galaxie est enfin entré dans sa phase finale. La technologie Sernaix, les informations venant de mes drones, la base de données du Voyager , j'ai presque tous les morceaux. J'ai juste besoin du dernier morceau du casse-tête pour commencer à l'assembler. Et l'image sera merveilleuse à admirer. Veux-tu la voir ?"
Pavriqur leva la tête pour rencontrer celui de Rotor. La haine enflammait ses yeux.
Le Directeur se contenta de sourire. "Attache ta ceinture, mon vieil ami. C'est le début de la fin."
 
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FIN.

Ecrit par: Kira
version française: André
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Zeke (version originale), Laurent (version française).

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