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Episode 9.13 - ROI DES ROIS I: TENEBRES VISIBLES
Par: Zeke (quiproquo@lycos.com)
Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"La nouvelle alliance de Janeway pourrait bien être sa plus grave erreur."

La Caverne est longue et obscure. A l'intérieur, il y a des sons, le son d'un murmure jamais prononcé, le son d'une promesse jamais faite, le son d'un arbre tombé jamais entendu. Tout ce que l'on voit est l'obscurité et les ombres d'une obscurité encore plus profondes.
Un homme très vieux est debout dans cette obscurité. Son souffle est le son le plus fort qu'il peut entendre. L'immobilité est terrifiante, et c'est ce qu'il veut.
Alors de l'obscurité plus profonde sort une petite voix. C'est une voix dénuée de passion ou de chaleur, une voix plus froide que l'espace. Et c'est la voix d'un enfant.
"Toutes les histoires", dit l'enfant, "ont une fin."
"Oui", dit le vieil homme.
"Une histoire sans une fin n'a pas de raison d'être. Elle est confuse, sans but, démente. Une histoire doit arriver à une fin. Cette histoire doit finir."
"Oui", dit le vieil homme.
"Cette histoire arrivera à sa fin."
Le vieil homme est silencieux.
"Je vais y mettre fin."
Le vieil homme prend sa dague et la donne à l'enfant. "Alors vas-y", dit-il.
Il y a un moment de silence, puis l'enfant enfonce profondément la dague dans la poitrine du vieil homme. C'est une lame à deux tranchants qui pénètre les deux chambres parallèles de son coeur, coupant le flot pourpre qui préservait sa vie. Il s'effondre sur le sol, aveuglé par la douleur.
L'enfant se détourne. Il sort d'un pas sûr de la caverne le long du sentier qu'on lui a montré, sachant qu'il le mènera vers le prochain pas qu'il doit faire, à l'extérieur, vers Sulor.
Tandis que les dernières étincelles de sa vie s'éteignent, le vieil homme fait quelque chose qu'il n'a pas fait depuis trente-neuf ans.
Il sourit.
 
***
 
Un marché avec le diable, pensa Catherine Janeway. A quand remontait la dernière fois ?
Pendant que ses officiers de commandement prenaient place un à un, elle pensa à la manière qu'ils réagiraient à la décision qu'elle venait de prendre. Ce n'était pas facile. Elle ne pouvait qu'espérer qu'ils le prendraient bien. Ils suivraient ses ordres, elle n'en avait aucun doute. Mais elle voulait leur soutien volontaire si c'était possible.
Le Capitaine Janeway observa son équipe autour de la table. Paris et Kim s'échangeaient des mots d'esprit, comme d'habitude. Torres leur offrait ce regard standard de 'oh vous deux, vous êtes incorrigibles'. Seven et Chakotay débattaient ensemble de quelque chose sur le planning de travail. Le Docteur semblait plus ou moins satisfait. Tuvok... même elle ne pouvait dire exactement ce qui passait par la tête de Tuvok. Néanmoins, elle ne doutait pas que son ami télépathe fût déjà au courant de la teneur de cette réunion et à quel point le capitaine était inquiète.
Elle ne pouvait s'empêcher de sourire à cette pensée, mais juste un instant. Il était temps d'être sérieux et professionnel. C'était le moment de laisser tomber la bombe. "Messieurs", commença-t-elle, "nous avons un problème majeur. Ce nouveau Voyager est une prouesse étonnante de technologie, mais il est loin d'avoir la puissance dont nous avons besoin pour affronter une flotte de Sernaix. Et c'est le vaisseau le plus avancé dont Starfleet dispose. La Fédération ne survivra pas à la guerre des Sernaix sans alliés puissants."
Chakotay prit la parole. "Nous nous sommes déjà alliés aux races les plus puissantes du Quadrant Delta et Starfleet reçoit l'assistance militaire des Klingons, des Romuliens, des Cardassiens et des Ferengis. Même le Dominion pourrait s'être finalement joint à l'effort de guerre. Qui d'autre avez-vous en tête, Capitaine ?"
"Nous avons besoin d'aide à un niveau supérieur à celui des tous les empires que vous venez de mentionner. Ce dont nous avons besoin est un allié dont la technologie est bien au-delà de la nôtre et dont les forces sont assez nombreuses pour fournir une vraie résistance."
"Oh mon Dieu", murmura Paris, son visage devint pâle.
Capitaine Janeway hocha la tête. Il n'était plus utile de continuer de tourner autour du pot. "Je crois que notre meilleur espoir de survie est d'étendre l'Alliance à la Force de Constructif Borg."
Chakotay et Tuvok s'assombrirent visiblement. Seven resta impassible, ainsi que le Lieutenant Kim, mais Torres et Paris étaient tous les deux clairement perturbés. Ils avaient le droit de se sentir ainsi, se rappela Janeway. Ils étaient tous des survivants des conflits Borgs. Ils savaient à quel point ils s'en étaient tirés de peu, quelquefois. Je dois les aider à passer au travers.
"Croyez-moi", commença-t-elle, "je n'aime pas plus que vous les Borgs. Ce dont nous devons nous rappeler est que ces gens ne sont plus des drones. De ce que nous savons du Constructif, ce sont simplement des individus qui possèdent la technologie Borg. Ils doivent voir les Sernaix autant comme une menace que nous."
"Et vous pensez qu'ils vont vouloir travailler avec nous ?" demanda Chakotay en se frottant le menton.
"Oui. Nous en savons plus sur les Sernaix qu'eux, alors nous avons quelque chose qu'ils désirent. Ce qui nous donne une base pour une alliance."
"Quand une espèce inférieure a quelque chose que veut les Borgs", dit Seven, "ils le prennent."
"Mais ce ne sont plus des Borgs, Seven", répondit le Capitaine, ajoutant une touche maternelle à son ton. "Ils sont libres de prendre leurs propres décisions, de choisir leur propre voie."
Seven la fixait cette fois. "Quand je suis devenue un individu, la voie que j'ai choisie a été de redevenir Borg. Je ne trouvais aucun intérêt dans l'humanité et j'aurais pu ne jamais en trouver si je n'avais pas été obligée de rester sur le Voyager. Les membres du Constructif étaient seuls, non restreints et pleinement aux commandes d'un navire Borg. Nous ne devons pas supposer qu'ils agiront différemment du Collectif."
"Notre précédente rencontre avec le Constructif ne peut pas être considérée comme un signe positif", ajouta Tuvok.
"Vous avez tous deux de bons arguments, mais j'ai bien peur que nous n'ayons pas le choix. Les Borgs sont notre meilleur espoir de victoire dans cette guerre."
"Capitaine, nous ne pouvons pas leur faire confiance !" Protesta B'Elanna. "La dernière fois que nous avons travaillé avec les Borgs, ils avaient planifié dès le départ de nous frapper dans le dos ! Je peux ne pas savoir comment sont ces nouveaux Borgs, mais je sais ce qu'ils étaient. Ils ont tous l'honneur d'une âme de Pakled en ce qui me concerne."
"Nous n'avons pas besoin qu'ils soient honorables", répondit le Capitaine. "Tout ce dont nous avons besoin est qu'ils reconnaissent cette menace commune et qu'ils nous aident à la défaire. Je ne dis pas que le Constructif est quelque chose avec quoi nous devons nous sentir à l'aise, mais c'est le moindre des deux maux."
"Je ne peux qu'être d'accord avec le Capitaine à ce sujet", dit Kim. "Nous avons été chanceux jusqu'à maintenant contre les Sernaix. Il faudra plus que ce dont nous disposons pour les vaincre."
Le Capitaine Janeway hocha la tête. "Avec de la chance, nous n'aurons pas à travailler bien longtemps avec le Constructif. Tout ce dont nous avons besoin est de repousser les Sernaix dans leur retranchement. Tôt ou tard, ils devront se replier dans leur Royaume."
"Alors laissez-moi être direct", dit Paris. La dureté de son ton sarcastique obtint l'attention de tout le monde. "Après des années d'attaques constantes, les Borgs nous laissent enfin tranquilles. Et maintenant, nous irions à leur rencontre ?"
Elle ne pouvait pas le nier. "C'est cela, Monsieur Paris. Mais..."
"Non. Pas de 'mais.' C'est ce que nous ferons. Nous allons emmener ce vaisseau, la seule chose qui peut contenir les Sernaix, et l'offrir aux Borgs pour qu'ils puissent l'accrocher à leur mur. Nous allons leur demander s'ils aimeraient saisir la chance parfaite d'avoir notre technologie et tuer ceux qui les ont blessés le plus. Allez-vous leur dire s'il vous plaît ?"
"Calmez-vous, Lieutenant."
Paris sauta sur ses pieds. "Que j'aille en enfer si je le fais ! C'est exactement ce que veulent les Borgs ! Ce vaisseau contenant de la technologie Sernaix. Ne pensez-vous pas qu'ils vont vouloir ajouter ses particularités aux leurs ? En ce moment, le Voyager peut s'occuper d'un cube, peut-être même de deux. Est-ce que nous pouvons faire face à toute la damnée flotte Borg sortant de transdistorsion juste au-dessus de nous parce que nous leur aurons dit où nous allions être !"
Torres attrapa son mari par le bras. "Tom "
Il la repoussa. "Capitaine, j'ai vu les Borgs tuer certains de mes amis. J'étais là quand ils se sont servis de nous pour combattre l'Espèce 8472 pour ensuite nous trahir. Je vous ai emmenée dans l'Unicomplexe pour sauver Seven après qu'elle ait été capturée. Je les ai regardés vous laisser transformer et la femme que j'aime en zombies ! Dieu tout puissant, n'avez-vous encore rien appris ?"
Assez était assez. "Monsieur Paris, asseyez-vous. Vous vous êtes montré clair."
"Mais vous allez le faire tout de même." Paris secoua la tête de dégoût, puis il la regarda dans les yeux. "Très bien, Capitaine. Faites-le. Mais cherchez-vous quelqu'un d'autre pour vous conduire là-bas."
Sans entendre son renvoi, il sortit de la salle.
Torres soupira. "Je vais lui parler."
"Je pense que nous le laisserons se calmer", dit le Capitaine Janeway, fulminant encore. "Maintenant, s'il n'y a pas d'autre objection..."
Elle fit un tour de table du regard. Personne d'autre ne semblait vouloir argumenter.
"Très bien. Chakotay, avertissez l'équipage. Tuvok, informez votre personnel de ce que nous savons du Constructif et faites en sorte qu'ils soient près. Seven, vous êtes celle qui a travaillé la plus proche de Xale, aidez Tuvok. B'Elanna, vous et Harry ferez des diagnostics et des vérifications personnelles des tous les systèmes offensifs et défensifs." Elle fit une pause. "Si les craintes de Monsieur Paris se concrétisent, je veux être prête. Disposez."
 
***
 
INDEX DE TEMPS 9432798-231-2. DETECTION DANS LA GRILLE 4782 PAR LE CUBE J12 D'UN NAVIRE DE LA FEDERATION DES PLANETES. CLASSE-VOYAGER. CLASSIFICATION NCC-74656-A. DENOTE COMME LE NAVIRE ALIEN 8E7CA. EFFECTIF EQUIPAGE 261. TECHNOLOGIE A S'APPROPRIER. APPROCHANT LE CUBE J12 A 597,2 MILLIERS DE KILOMETRES PAR SECONDE. ARMES OPERATIONNELLES, NON ACTIVEES. ACTION NON NECESSAIRE.
INDEX DE TEMPS 9432798-231-9. RECEPTION D'UNE TRANSMISSION AUDIO PAR LE CUBE J12 DANS LA GRILLE 4782 : SOURCE DE LA TRANSMISSION AUDIO : NAVIRE ALIEN 8E7CA. DUREE 33,2 SECONDES. PROCEDURES CODEES TRIVIALES. DESTINATAIRE VISE : CITOYEN 0 DE LA FCB. TRANSMISSION REDIRIGEE. AUTRE ACTION A DETERMINER.
INDEX DE TEMPS 9432798-232-4. LE NAVIRE ALIEN 8E7CA N'EST PLUS DANS LA GRILLE 4782. METHODE : PROPULSION DE TRANSDISTORSION/COURANT DE GLISSE. BANQUE DE DONNEES MISE A JOUR. ACTION : NON NECESSAIRE.
INDEX DE TEMPS 9432798-237-1. DETECTION DANS LA GRILLE 4782 PAR CUBE J12 : NAVIRE FCB. CLASSE 6. CODE 000. RECONNU COMME LE NAVIRE 0 DU FCB [VAISSEAU AMIRAL]. EFFECTIF EQUIPAGE 1503. APPROCHANT LE CUBE J12 A 2,16 KILOMETERES PAR SECONDE. ACTION : ERREUR. DIAGNOSTIC EN COURS. ERREUR. 9812312 F CREATION SOURCE 9823 FILIERE 213 EST VALIDEE X. 29 DFW ACTION 1242 Z ASSIMILATION 69237ISION.
ERREUR. ERREUR. ERR
FCB CUBE J12 INCLUS. REVISION TOTALE : 35 NAVIRES / 29127 DRONES. OBJECTIF COMPLET A 9,21%.
 
***
 
"Seven ?"
"La vitesse de transmission subspatiale Borg est sans égale, Capitaine. Votre message atteindra cet Ankin Rotor dans quelques instants."
Janeway sourit. Sa protégée semblait toujours un peu fière de la technologie Borg. Elle se tourna vers Tuvok. "Si et quand nous recevrons une réponse, transférez-là dans mon bureau. Je serai là-bas si vous avez besoin de moi."
Quand Janeway quitta la passerelle, Chakotay se glissa aisément dans le fauteuil du Capitaine. Leur routine se passait depuis longtemps de signal verbal. Il commença à regarder les lectures sur le bras de la console. La passerelle resta silencieuse pendant environ trente secondes.
"Alors", dit Harry de sa console des Opérations, "que pensez-vous qu'il arrivera ?"
Chakotay répondit, "Ma supposition ? Nous allons rencontrer Rotor, ferons une pause et passerons les six prochains mois à être nerveux. Mais nous gagnerons la guerre."
"Il est illogique d'assumer que les forces des Borgs seront suffisantes pour repousser l'invasion Sernaix", contra Tuvok.
"Si c'est le cas, je doute qu'aucune force physique n'y parvienne. Nous devrons approcher cette menace d'une manière complètement différente pour y parvenir."
Harry toussa. "En fait, les gars, je parlais de Tom."
"La déclaration de Monsieur Paris était l'équivalent d'une démission", répondit Tuvok. "Néanmoins, s'il se rétracte, il est toujours possible que le Capitaine Janeway passe par-dessus cet incident."
"Vous l'avez entendu, Tuvok. Il était sérieux."
"Alors nous devrons accepter avec regret la perte de ses talents de pilote."
"Ne renonçons pas tout de suite à Tom", dit Chakotay. "Il ne prend pas bien les mauvaises nouvelles, c'est une de ses faiblesses, mais je doute qu'il voudra toujours renoncer à sa carrière pour ça après qu'il se sera calmé."
"Même dans cette éventualité", leur rappela Tuvok, "le Capitaine Janeway pourrait décider de relever Monsieur Paris ou d'exercer une forme de châtiment. Il est coupable de manquement au protocole et a remis en question l'autorité du Capitaine."
"Allons, Tuvok", dit Harry. "Après tout ce qu'elle et Tom ont traversé, ne pensez-vous pas que le Capitaine serait plus enclin à pardonner que vous ne le pensez ?"
"Peut-être", répondit simplement le Vulcain. Puis il reprit. "Nous recevons un signal subspatial sur une fréquence interplexée. Source, l'espace du Constructif."
"Rotor", dit Chakotay. "Transférez-le. Passerelle au Capitaine Janeway. Il semblerait que votre lettre ait été lue."
 
***
 
Catherine Janeway n'aurait pas dû devoir rechercher son timonier. Mais c'est ce qu'elle faisait en ce moment même et il n'était pas nécessaire d'utiliser le système de localisation du vaisseau. Elle savait où il se trouverait.
Le capitaine de Voyager entra dans l'environnement français familier du bar de Sandrine, toussant en réaction aux odeurs authentiques. Avec un regard rapide autour de la salle, elle trouva l'homme seul en train de jouer au billard à une des tables du fond. Elle se dirigea vers la table et s'immobilisa d'un côté, observant Tom Paris entrer les boules les unes après les autres avec une précision effrayante. Rien n'aiguise mieux son talent que l'émotion forte, pensa-t-elle. Je peux le battre facilement dans ses bons jours. En ce moment même, je n'aurais aucune chance.
La dernière boule tomba dans la poche de côté, puis la boule blanche disparut ainsi que les quinze boules déjà dans les poches. Un instant plus tard, elles réapparurent en formation prête à être cassée. Tom se pencha et donna le premier coup de la nouvelle partie. En alignant la queue, il se tourna vers Janeway et demanda, "Vous avez essayé le porto ? Sandrine vient juste d'ouvrir une Fonseca de 2359 qu'elle gardait en réserve. Une bonne année."
"Une autre fois." Janeway tenait en main une tablette électronique. "Il y a dix minutes, nous avons reçu un appel du Constructif. Ankin Rotor a accepté ma proposition. Les arrangements que nous avons faits sont tous ici."
Tom prit la tablette électronique et jeta un il rapide sur son contenu, puis la déposa et reprit sa partie. "Cela me semble assez solide", dit-il. "Vous ne devriez pas avoir de problème avec la sécurité."
"J'en conclus que vous n'avez pas changé d'idée."
"Je suis désolé, Capitaine, vraiment. Mais c'est un enfer dans lequel je ne vous suivrai pas. Pas une nouvelle fois."
"Vous réalisez que cela signifie la fin de votre carrière, et probablement une sentence de prison."
Tom hocha misérablement la tête et la balle blanche rebondit. "Ouais. Je sais."
"Tom... Pourquoi faites-vous cela ? Pourquoi maintenant ?"
"Vous voulez dire si je voulais partir, pourquoi pas la dernière fois que nous avons joué à tondre Les Borgs ?" Tom se leva et regarda Janeway. "Parce qu'il n'y avait que moi. Quand il n'y avait que ma vie que je mettais en péril, cela ne me dérangeait pas. Si j'étais mort, cela aurait été pour des gens auxquels je tenais." Tom retourna à la partie. "Ce n'est plus le cas. Il n'y a plus seulement moi."
"Miral est déjà en danger rien qu'en étant dans ce vaisseau", lui rappela Janeway.
"Et je trouvais cela 'acceptable' avant que nous décidions d'y rajouter un danger encore plus grand. Je veux être avec ma famille, Capitaine, mais pas si nous faisons en sorte d'être tué." Tom donna un coup. Une boule fut frappée et alla ricocher sur une autre. "Je sais que je n'arriverai pas à changer d'idée à ce sujet, alors je n'essaye même pas. Je souhaite, je le souhaite réellement, pouvoir rester avec vous. Je suis toujours prêt à mourir pour ce vaisseau et son équipage. Mais ma fille aura une vie longue et heureuse et ses parents l'accompagneront tout le long. C'est une chose que je ne veux pas menacer, pas comme ça."
Tom donna un autre coup. La boule blanche prit une trajectoire en zigzag, frappant quatre boule en séquence et les faisant tomber parfaitement. Mais quand elle ralentit, la balle dévia sur plusieurs bandes, puis sur la boule 8, laquelle tomba dans un bruit sourd dans la poche du coin.
"Vous avez perdu", dit doucement Janeway.
Tom se redressa et posa la queue. Il s'assit sur une chaise le long du mur. Janeway le suivit, mais resta debout.
"Monsieur Paris", demanda-t-elle, "depuis combien de temps nous connaissons-nous ?"
"Huit ans et six mois, aujourd'hui même." Quand les sourcils de Janeway se levèrent, il expliqua. "Quand vous êtes arraché d'un seul coup de l'autre côté de la galaxie, vous avez tendance à vous rappeler la date."
"Très bien. Depuis le temps, combien de fois vos talents de pilote nous ont-il sauvé la vie ?"
"Une fois ou deux", dit Tom en souriant.
Janeway hocha la tête. "Sans le moindre doute, vous êtes le meilleur pilote avec qui j'ai jamais servi. Et vous êtes plus que ça. L'équipage a confiance en vous et dépend de vous plus que vous semblez le réaliser. Vous êtes leur ami d'une manière dont je ne peux l'être. Tom, si vous partez maintenant, les chances de survie de ce vaisseau dégringoleront."
Tom secoua la tête. "Elles sont trop basses pour pouvoir dégringoler. Le Voyager doit déjà combattre les Sernaix. Ajouter les Borgs n'est rien moins que du suicide."
"Non, Tom. Cela pourrait être du suicide, mais cela pourrait aussi être notre seule chance de survie. Je ne peux le prouver dans un sens ou de l'autre, tout ce que je peux faire est de soupeser les options que j'ai, en choisir une et espérer contre toutes les cotes que j'ai choisi la bonne. C'est le travail d'un capitaine." Elle prit un moment de pause. "Huit ans et demi, c'est un long moment pour me regarder faire mon travail. Est-ce que le fait que nous soyons toujours en vie ne suggère pas que je le fais bien ?"
"Vous êtes un capitaine brillant", répondit Tom. "Je n'ai jamais suggéré le contraire. Servir sous vos ordres a changé ma vie."
"Alors je vous demande de me faire une fois de plus confiance. Je crois que je peux nous allier au Constructif. Si j'ai raison, cette guerre, le plus grand risque pour la vie de votre fille, pourrait finalement arriver à un renversement. Je ne vous mentirai pas, le danger est grand. Mais je compte sur vous pour nous en sortir. Je peux nous faire passer aux travers. Et je ne peux le faire sans vous."
"Capitaine, je ne peux..."
"Avez-vous confiance en moi, Tom ?"
"Oui", répondit-il sans hésiter.
"Alors faites-moi confiance pour nous faire passer au travers de cette nouvelle épreuve. Je crois qu'une alliance est possible avec le Constructif. Ce qui augmenterait nos chance de mettre fin à cette guerre, laquelle représente le véritable danger pour votre fille. Je nous mets en danger, mais essayer de gagner cette guerre seuls est un danger encore plus grand. J'ai besoin de vous pour cela." Janeway présenta une main. "M'aiderez-vous, Lieutenant ?"
Pendant un long moment, Paris sembla profondément déchiré. Puis, finalement, il se leva, prit la main offerte et la serra.
"Bien, Monsieur Paris", dit Janeway. "Très bien. Merci."
"Pas de problème", répondit-il, mais avec l'ombre d'un doute dans la voix.
Janeway se tourna pour partir. Elle fit deux pas puis se retourna. "En passant, Tom..."
"Oui ?"
L'expression de la femme devint subitement froide comme la pierre. "Ce que vous avez fait à la réunion était indéfendable. Je le laisserai passer pour cette fois. Mais si jamais, je dis bien jamais, vous faites une cascade comme celle-là une autre fois, la sortie impressionnante ne sera pas la seule chose que vous récolterez. Est-ce clair ?"
"Oui, Madame", dit rapidement Tom.
"Bien."
Sans un mot de plus, Janeway quitta le holodeck. Tom regarda la table de billard qui s'était à nouveau réinitialisée. Il soupira et mit fin au programme. Il était temps de se mettre au boulot.
 
***
 
Le Secteur 9382D ressemblait beaucoup à n'importe quel autre secteur. Qu'il n'ait pas été réclamé par aucun empire majeur surprenait jusqu'à ce que quelqu'un balaye ses secteurs soeurs : 9832A, dominé par un trou noir binaire, et 9833D, qui était tellement imprégné de radiations que rien de vivant n'avait pu subsister là depuis 500 siècles. Les limites du Secteur 9382D en faisait une région stratégiquement inutile. Et un lieu parfaitement neutre pour une réunion.
La flotte du Voyager arriva en premier. Les vaisseaux des races du Quadrant Delta étaient à ses flancs de tous les côtés en glissant dans le courant pour arriver dans le Secteur 9382D, armes activées.
Quelques minutes plus tard, les Borgs arrivèrent. Il n'y eut qu'un seul vaisseau, un cube tactique de Classe 6 qu'Ankin Rotor avait choisi comme vaisseau amiral.
En dépit des peurs de la part des parties non-Borgs impliquées, personne n'ouvrit le feu. Le Capitaine Janeway accepta d'être téléportée dans le cube de Rotor pour la première ronde de négociations. Le moral commença à s'améliorer quand on réalisa la puissance Borg et son utilité dans la guerre. Le pacte Borg/AQD contre Sernaix démarrait sans heurt.
Indétectable aux fréquences conventionnelles, le mince faisceau d'une transmission venant du cube cibla la baie cargo du Voyager.
 
***
 
Le cycle de régénération de Seven of Nine était terminé. Elle sortit de l'alcôve, énergisée et ragaillardie. Sans attendre, elle se dirigea vers une de ses consoles et commença à regarder son travail du prochain quart. Elle pressa le bouton pour relire les notes qu'elle avait fait la dernière fois.
Puis s'immobilisa.
Pendant un long, long moment, Seven resta suspendue dans le temps. Ses yeux ne bougeaient pas, son souffle était absent. Les notes sur sa tablette électronique continuaient de défiler à toute vitesse puisque son doigt pressait toujours le bouton de déroulement.
Puis, soudainement, elle tomba sur le sol et reprit son souffle. Lentement, elle se releva. Son expression montrait de la panique, mais celle-ci disparut graduellement. Finalement, elle se reprit pleinement, abandonna la console sur laquelle elle s'était soutenue et se dressa à nouveau de toute sa grandeur.
Un par un, Seven fit jouer ses muscles et étira ses membres comme si elle les utilisait pour la première fois. Elle fit un pas, prit quelques profondes respirations et sembla apprécier la saveur vivifiante de l'atmosphère du Voyager. Sa bouche prit un sourire dangereux. Puis elle reprit son air habituel d'efficacité et elle sortit de la baie cargo.
La tablette électronique restant sur le sol où elle était tombée.
 
***
 
Quatre points lumineux clignotèrent au milieu du couloir Borg. Chacun se divisa en de plus petits et commença à s'étendre verticalement, faisant scintiller l'air qui les entourait. Au sein de cette lumière, les atomes et les molécules commencèrent à tourbillonner, organisés méticuleusement par la technologie de rayon tracteur la plus précise connue. Puis la lumière se dissipa, et tout ce qui resta fut quatre officiers de Starfleet aux regards intimidants armés de fusils d'assaut de Type-2. Devant eux se trouvaient six humanoïdes avec de la technologie Borg semblant placée au hasard sur leurs corps.
Un des gardes fit des gestes vers les trois autres et ils se mirent en place de chaque côté du couloir. Le premier tapa sur son badge. "Munro à Voyager. Nous sommes en place."
"Compris", arriva la voix de Tuvok par leur système de communication. "Tenez-vous prêt."
Une fois de plus, les lumières bleues apparurent, quatre cette fois, et se transformèrent en formes humanoïdes. Un moment plus tard, le Capitaine Catherine Janeway se tenait dans le couloir avec Tuvok et deux autres aliens derrière eux.
"Capitaine", dit le Borg de tête. "Nous nous rencontrons enfin en personne."
Janeway hocha la tête. "Directeur Ankin Rotor, je présume."
"Oui. Voici quelques-uns de mes conseillers en chef. Ils m'assistent dans la définition de la politique du Constructif."
Le Capitaine fit un geste vers les trois hommes qui l'accompagnaient. "Voici Kryshkan de l'Empire Devore, Pelias de la Nouvelle CommunautéVidiienne et mon officier tactique, Tuvok de Vulcain."
"Et quatre membres armés du personnel."
"Désolé pour les formalités", dit Janeway avec un léger sourire. "Vous comprenez."
"Oui." Rotor fit une pause et réfléchit un moment. "Capitaine, je propose que nous résolvions le problème de confiance en nous rencontrant seuls. Je vais renvoyer mes aides et vous pourrez renvoyer vos gardes sur votre navire. Au cas où cela vous rendrait mal à l'aise, je suggère que vous gardiez une arme sur vous."
Janeway plissa le front. "Une offre généreuse. Etes-vous sûr de me faire confiance ?"
"Le Constructif est anxieux de prouver qu'il est l'ami de la paix galactique", dit Rotor. "Nous ferons toutes les concessions qui aideront."
"Très bien", dit Janeway. "Tuvok..."
"Compris." Tuvok se tourna vers les gardes. "Monsieur Munro, nous retournons sur le Voyager, mais gardez votre équipe prête en cas de besoin."
Il était évident que Munro n'aimait pas cela, mais il donna des ordres aux autres gardes puis donna son fusil au Capitaine. Tuvok contacta le vaisseau. Un moment plus tard, tous disparurent à l'exception de Janeway. Elle hocha la tête en direction de Rotor avec un regard qui voulait dire, 'Bon à votre tour'.
Rotor ne bougea pas ni n'ouvrit la bouche, mais les cinq personnes à ses côtés se tournèrent immédiatement et commencèrent à s'éloigner. Ils se déplaçaient en rythme et précisément à la même vitesse. Quand les bruits de pas diminuèrent, Rotor fit un geste pour que Janeway le suive. Le Capitaine et le Directeur marchèrent ensemble vers le coeur du cube Borg.
 
***
 
"Les informations que vous avez requises, Commandeur." Seven remit une tablette électronique à Chakotay, qui la parcourut.
"Cela semble correct. Merci, Seven."
Seven hocha la tête et quitta la passerelle. Chakotay réfléchit un instant, intrigué pour une raison dont il n'était pas sûr. Quelque chose semblait... déplacé durant cet échange avec Seven, mais quoi ? Cela le harcela assez pour qu'il décide de la suivre. "Tom", dit-il. "Prenez la passerelle. Je n'en ai pas pour longtemps."
Quand Chakotay se dirigea vers l'ascenseur, Tom s'extirpa de la console de timonerie et s'installa dans le fauteuil de commandement. Son regard resta cependant fixé sur le cube Borg qui occupait l'écran principal du Voyager.
 
***
 
"Puis-je vous offrir un breuvage ?"
Janeway sembla surprise de l'entendre. Visiblement, elle voyait toujours les citoyens du Constructif comme des drones Borgs. "Un café, si vous en avez", dit-elle.
Ankin Rotor envoya une commande mentale vers le distributeur de nourriture le plus proche, choisissant soigneusement les ingrédients. Le distributeur téléporta une tasse de café sur la table devant Janeway. "Efficace", commenta le Capitaine avec admiration, prenant le breuvage.
(Rotor se déplaçait dans le couloir du Holodeck Deux. "Seven ?" vint une voix derrière lui. Il se retourna et répondit, "Y a-t-il autre chose, Commandeur ?")
Quand Janeway prit une gorgée de son café, Rotor admira sa capacité à retenir une réponse émotionnelle par égard à la diplomatie. Il n'aurait même pas vu le léger changement d'expression s'il ne l'avait pas précisément recherché. "Est-ce acceptable, Capitaine ?" demanda-t-il.
Janeway sourit et dit, "Délicieux."
Intéressant, pensa Rotor. Je peux le mettre à mon avantage. Il simula, du mieux qu'il pouvait, le geste humain de se frapper le front. "Je suis terriblement désolé, Capitaine. J'ai oublié que vous préfériez votre café noir. Un moment."
La tasse de Janeway scintilla brièvement et la couleur de son contenu s'assombrit. Etonnée, elle prit une autre gorgée. Cette fois le café était noir.
("Je me demandais juste si tout allait bien", dit le Premier Officier. "Vous ai-je donné une raison de vous inquiéter ?" demanda Rotor. "Ce n'est pas ça..." répondit-il. "C'est juste une impression que j'ai. Je pensais que je devais vous le demander.")
"Honnêtement c'est très important pour moi", dit Rotor. "Je comprends que vous souhaitiez garder vos opinions négatives pour vous dans ces circonstances, pour éviter 'de faire des vagues' sur quelque chose comme un breuvage, mais ce n'est pas ma manière de faire les choses. Si quelque chose vous inquiète, même minime, parlons-en, s'il vous plaît."
Janeway déposa sa tasse de café. "Très bien. J'accepte votre offre. Ce qui m'inquiète est votre ouverture. Pourquoi l'hospitalité, les bonnes manières ?"
"Je souhaite faire une bonne impression, Capitaine. Le Constructif a besoin de devenir un citoyen galactique de valeur. Comment pourrait-il l'obtenir si son Directeur n'est pas un hôte accommodant ?"
("Je vais bien, Commandeur", dit Rotor. "Cependant, si vous êtes inquiet pour ma sécurité, je me présenterai à l'infirmerie à la fin de mon quart.")
"Ce n'est pas tout à fait ce que je voulais dire", dit Janeway en fronçant les sourcils. "Vous savez dans quelle position nous sommes. Franchement, l'AQD a besoin de votre aide plus que vous avez besoin de la nôtre. Je m'attendais à des négociations difficiles. Mais vous n'en prenez pas avantage. Pourquoi ?"
"Là !" Rotor sourit. "L'honnêteté que j'admire tant. Capitaine, je connais le genre de personnes avec qui vous avez travaillé jusqu'à maintenant. Ce sont des seigneurs de guerre aux esprits bornés avec plus de munitions que d'intelligence, bon à suivre des ordres mais avec qui il est frustrant de s'entendre. Je n'ai jamais eu l'intention d'être ce genre de dirigeant. Je ne vous demande que de me donner le bénéfice du doute et de croire que je veux rendre la procédure le plus douce possible pour chacun d'entre nous."
"Désolé", dit Janeway. "C'est un peu tôt pour que je vous donne le bénéfice du doute sur quoi que ce soit. Néanmoins... Je dois admettre que vous semblez sincère."
"Vous avez des difficultés à me faire confiance, je ne vous en blâme pas. Vous avez énormément blessé les Borgs, mais ils vous ont blessé aussi."
"C'est presque ça, mais vous n'y êtes pas. Ce n'est pas ce que les Borgs mon fait, c'est ce qu'ils ont fait à mon peuple. Les souffrances que vous avez infligées aux mondes de la Fédération sont incalculables."
Rotor se permit de laisser sortir un peu de colère. "Capitaine Janeway, vous pourriez aussi bien nous juger seulement sur notre apparence. Nous n'étions pas responsable de ce que nous avons fait en tant que Borgs."
("Non... non, ça va, Seven. Je suis sûr que c'est mon imagination.")
("Aucune excuse n'est nécessaire. J'apprécie que vous... vous inquiétiez pour moi.")
"Je m'en excuse", dit Janeway, mais son expression ne changea pas.
"La galaxie refuse d'accepter que nous ne sommes plus des drones Borgs", continua Rotor. "Même si nous avons combattu le Collectif bien avant qu'il ne soit détruit. Si nous ne pouvons pas gagner votre confiance en ayant combattu un fléau, nous le ferons en en combattant un autre."
(Y aurait-il quelque chose entre le Commandeur Chakotay et cette Seven of Nine ? Rotor parcourut plus profondément le balayage des données du noeud cortical. Hum... ils se sont engagés dans une romance, courte mais sérieuse, et sont des amis proches maintenant. Une attention plus soigneuse sera nécessaire avec....)
"Les Sernaix."
"Notre puissance est votre seule chance de les battre. Votre foi est notre seule chance de mettre fin à la persécution et la peur. Ensemble, nous réunirons les humanoïdes et les cyborgs pour inaugurer une nouvelle ère de paix. Pensez-y, Capitaine. La paix de notre vivant. Combien de générations peuvent en dire autant ?"
Janeway lança à Rotor un regard soupçonneux. "Il n'est pas nécessaire de me convaincre, Directeur. Cette alliance est nécessaire, qu'elle soit désirable ou non."
(Chakotay réfléchissait, apparemment toujours incertain de la manière de réagir dans cette situation. Mais finalement, il se contenta de conclure. "Vous savez que vous pouvez venir me voir si vous avez besoin de parler de quelque chose." "Bien sûr", dit Rotor, tentant de sourire légèrement.)
"Alors c'est entendu", sourit Rotor. "Nous commencerons à régler les détails demain matin."
"J'aurai bien sûr l'autorisation d'amener les représentants des autres races."
"Bien sûr."
"Bien. Alors nous sommes d'accord." Janeway se leva, Rotor présenta sa main et le Capitaine la serra.
(Le petit sourire juste au bon temps, cela sembla calmer un peu le Premier Officier. Il hocha légèrement la tête et reprit la direction de l'ascenseur. Rotor se dirigea vers le laboratoire d'Astrométrique pour le début du nouveau quart.)
"Au nouveau commencement", dit Rotor.
Janeway hocha la tête et s'apprêta à partir. Elle fit quelques pas vers la porte, puis se retourna vers Rotor. "Une question", dit-elle.
"Certainement."
Le Capitaine plissa les yeux. "Si l'alliance est si importante pour vous, si c'est la meilleure chance pour votre peuple d'être reconnu... Pourquoi ne m'avez-vous pas contactée avant ?"
Intelligente, pensa Rotor. Il baissa un moment la tête. "Je ne pouvais pas prendre ce risque, Capitaine. Certaines parties sont déterminées à nous détruire. Il était possible que vous fassiez partie du nombre."
Janeway ne semblait pas convaincue, mais elle ne posa pas d'autre question et sortit. Un moment plus tard, Rotor entendit le doux bruit du téléporteur du Voyager.
("Paris à Seven", vint une voix à travers le communicateur de Rotor. "Le Capitaine est de retour à bord. Je pense qu'elle veut vous rencontrer pour discuter de quelque chose." "Très bien", répondit Rotor. "Merci de me le rappeler.")
Rotor sourit.
29,130 anciens drones Borgs sourirent avec lui.
 
***
 
Journal de bord personnel enregistré par le Lieutenant Tom Paris.
Le Voyager est dans le Secteur 9382D depuis maintenant cinq jours. Les négociations semblent bien se passer, le Capitaine Janeway et les autres Commandants de la flotte ont passé une durée totale d'environ vingt heures à bord du cube.
Et j'attends toujours que la tuile nous tombe dessus. Peut-être suis-je paranoÏaque, mais 'mon instinct d'araignée me chatouille' par manque d'une meilleure manière de m'exprimer. Je ne peux m'enlever l'idée de la tête que le nouveau Constructif Borg ne fait que patienter. Qu'ils veulent quelque chose et, exactement comme la première fois où le Capitaine avait essayé ce plan, ils se retourneront contre nous aussitôt qu'ils auront eu ce qu'ils veulent.
Le même maudit cliché me trotte constamment dans la tête. 'Ceux qui n'apprennent rien de leurs erreurs passées sont condamnés à les répéter.'
Bon Dieu, comme j'espère me tromper.
 
***
 
Rotor travaillait dans la baie cargo quand le Lieutenant Kim entra. Le Borg se tourna vers lui. Voyant l'expression sur son visage, il réalisa qu'il devait s'occuper de cela avec prudence. Il fit un balayage rapide et profond du noeud cortical pour se rafraîchir la mémoire sur cet individu et la relation qu'avait Seven avec lui.
"J'ai besoin de concentration, Harry", dit-il, choisissant ses mots soigneusement. "Si nous devons discuter de quelque chose, je crois que cela pourra attendre un autre moment."
"Je pense que nous devons parler maintenant", répondit Kim. Rotor vit la colère sur son visage.
("Ce n'est pas que je m'objecte sur le principe au plan d'organisation du Directeur", dit Rgorin, "mais j'estime que les vaisseaux Krenims seraient mieux en poste plus près de notre territoire. Sans les moteurs de transdistorsion...")
"T'ais-je dérangé d'une manière ou d'une autre ?"
"Seven, tu m'as évité ces cinq derniers jours !"
Vraiment ? Rotor fit un calcul rapide. Il avait passé un total de 6,23 heures avec Kim dans cet intervalle de temps. Il le lui dit.
Harry roula des yeux. "N'essaye pas de jouer à ce jeu de chiffres avec moi. Tu sais très bien de quoi je veux parler. Depuis cinq jours, tu n'as été avec moi que quand nous étions en poste ou avec d'autres officiers. A chaque fois que nous avons été seuls, tu as trouvé une excuse pour partir. Je t'ai envoyé des messages pour te demander ce qui n'allait pas. Tu ne t'es même pas donné la peine d'y répondre !"
(Janeway reprit. "Je pourrais peut-être vous aider sur ce point. J'ai discuté avec Monsieur Rotor sur la possibilité d'adapter certains de vos vaisseaux avec des moteurs de transdistorsion. D'après les données que nous avons....")
Prendre le temps de vérifier les messages de Seven n'aurait peut-être pas été si inefficace, après tout. Et bien, c'était facile à esquiver, en tout cas. "Je m'excuse, Harry, mais je n'ai pas reçu tes messages."
"Tu n'as pas quoi ? Laisse-moi voir ça." Kim prit une des tablettes électroniques de Seven et tapa quelques touches.
(Pendant que Janeway parlait, Rotor envoya à son vaisseau un signal mental pour qu'il active un faisceau quantique précis. Le faisceau localisa rapidement les messages de Kim dans la base de données du Voyager et les effaça.)
Harry sursauta et reposa la tablette électronique. "Il semblerait que je te doive des excuses, Seven. Les messages ne te sont pas parvenu. Je ne peux pas les retrouver en mémoire. Il doit y avoir quelque chose de défectueux dans le système de mes quartiers."
"C'est acceptable", dit Rotor sans lever le regard.
Harry serra les paupières. "Mais il y a toujours le problème que tu m'évites. Ai-je fait quelque chose de mal ? Es-tu fâchée contre moi ?"
(Rgorin plissa des yeux. "Nous devons augmenter les défenses de nos planètes maintenant, pas après une attaque Sernaix. Nous n'avons pas le temps pour ceci.")
Il n'avait pas de temps pour ceci. Rotor opta de simplement mettre fin à la conversation. "Harry, si tu ne réalises pas ce que tu as fait, je n'ai aucun désir de te l'expliquer. Jusqu'à ce que tu le comprennes, je préférerais que tu me laisses tranquille."
La colère fut drainée du visage d'Harry et fut remplacée par une tristesse confuse. "Seven... Qu'ai-je...."
"S'il te plaît, laisse-moi terminer mon travail."
Découragé et incrédule, Harry quitta la pièce. Rotor retourna à la tablette électronique de Seven et sortit celle qui était cachée en dessous. Elle affichait le message PRET A TELECHARGER.
("Nous renforcerons vos défenses avec certaines de nos forces", répondit Rotor. "Capitaine, voudriez-vous distribuer ce que nous avons préparé ? J'ai besoin d'un moment." Janeway hocha la tête et s'avança dans la salle.)
Un outil médical dans la main et un miroir holographique devant lui, Rotor retira soigneusement un morceau de peau du front de Seven. Quelques commandes du tricordeur activèrent le sous-programme d'ouverture du port d'accès et du noeud cortical en dessous. Rotor prit une partie du câble optolinéaire, connecta une extrémité sur la tablette électronique et leva lentement l'autre vers son front.
(Rotor s'appuya contre le mur et s'accrocha. Dans tout son cube et aussi dans les autres qu'il avait ralliés à sa cause, les quelques drones qui étaient actifs cessèrent de l'être.)
Rotor plongea le câble dans son noeud cortical et...
(...fut secoué violemment pendant qu'un flot incroyable de données se déversait en lui. Il s'effondra...)
...sur le sol. A chaque seconde qui passait, deux milliers de kiloquads...
(...de données se déversaient dans sa base de données et ses banques de mémoires. La connaissance ! Les...)
...informations ! C'était étonnant... et maintenant c'était fait. Rotor débrancha le câble, il se remit debout et ré-attacha le morceau d'épiderme sur son front.
(Rotor se remit debout et retourna dans la salle de réunion.)
Il regarda autour de lui dans la baie cargo. Désormais, il n'y avait plus rien qu'il ne connaissât pas à son sujet. Chaque pièce, chaque molécule de toute l'histoire était à lui, prête à l'usage.
(Rotor regarda en direction de Janeway. Désormais, il n'y avait plus rien qu'il ne connaissât pas à son sujet. La moindre habitude, la moindre stratégie... il pouvait lire tout ce qu'elle avait inclus dans son journal. Il pouvait la prédire, même la personnifier parfaitement s'il en avait le besoin.)
Rotor finit de retirer toutes les preuves de ses activités et prépara sa prochaine action. Seven of Nine lui avait été bien utile, mais elle devenait maintenant un problème. La conférence était presque terminée. Le Voyager allait s'éloigner de plusieurs secteurs demain et les vestiges Borgs qui restaient sur Seven étaient trop faibles pour qu'il maintienne le lien à cette distance.
Elle ne lui était plus utile. A partir de ce moment, Seven of Nine n'était plus qu'un risque significatif à sa sécurité.
 
***
 
Chakotay décocha un crochet solide du droit. Momentanément secoué, son opposant recula, mais se reprit rapidement et se rapprocha. Chakotay envoya un autre crochet, cette fois-ci une bonne combinaison gauche-droit. Encore une fois, l'opposant recula mais revint. Ceci se poursuivit pendant près de dix minutes, Chakotay donnant coup après coup et son opposant revenant pour recevoir une nouvelle correction.
Petit à petit, le Premier Officier commença à se fatiguer. Chaque coup devenait plus faible que le précédent et la sueur perlait sur son front. Il prit finalement un moment pour reprendre son souffle. Par-dessus son halètement, il entendit quelqu'un entrer dans la salle et il se tourna pour lui faire face.
"On se fait vieux, fiston", constata Boothby en lui souriant.
"Je sais", répondit tristement Chakotay. "Il fut un temps où il me fallait une demi-heure pour être fatigué à ce point."
"Je parlais de moi, mais je suppose que c'est aussi vrai dans ce sens. Ce n'est pas facile, n'est-ce pas ?" Boothby s'assit sur le banc.
Chakotay laissa le punching bag et vint se joindre à lui. "Non", dit-il. "Ne m'interprétez pas mal. La quarantaine avancée est une phase de la vie comme toutes les autres, et j'ai hâte d'en profiter. Mais ce débordement d'énergie me manque."
"N'est-ce pas le cas pour nous tous."
Il y eut un moment de silence. Chakotay reprit finalement la parole. "Boothby, puis-je vous demander votre avis sur quelque chose ?"
"Tant que ce n'est pas la manière de graver vos initiales sur mon chêne."
Chakotay grimaça. "Ceci dit en passant, je n'en ai qu'une. Non, ce qui me tracasse est une chose qui se passe sur le Voyager. Le Capitaine Janeway a fait quelque chose que je décrirais comme... une décision controversée, récemment."
"De retour à ses vieilles habitudes, n'est-ce pas ?" demanda Boothby d'un sourire conspirateur.
"Quelque chose dans ce genre. Et cela affecte l'équipage. Tom a failli démissionner à la nouvelle et Seven semble se replier dans sa coquille de professionnalisme."
"Ce n'est pas le problème", dit le vieil homme. "Ce qui vous tracasse, c'est ce que cela vous fait. L'équipage compte sur vous pour que vous gardiez votre sang froid et Catherine compte sur vous pour la soutenir. Vous vous demandez comment vous pourrez foutrement joindre les deux choses."
Chakotay soupira. Bien que ce fut une version holographique, ce Boothby pouvait être tout de même frustrant par sa perspicacité. "Je ne peux pas dire que je sois en accord avec ce qu'elle fait", dit-il. "Je souhaiterais pouvoir l'être, mais je n'y arrive pas. Et je me sens malhonnête d'agir comme je le fais."
"Ils le savent, fiston. Ils ont servi avec vous depuis assez longtemps, ils peuvent deviner ce que vous ressentez. Ce qui est important, c'est que vous fassiez votre travail du mieux que vous le pouvez, maintenant. Ne soyez pas elle, soyez vous-même. Ils auront foi en vous si vous le faites."
Chakotay le ressassa un moment ; finalement il se leva. "Je fais mieux d'y aller. Merci de votre conseil, Boothby."
"A votre service."
"Fin du programme." Le gymnase se dissolva autour de Chakotay, disparaissant vite vers le néant. L'écran holographique qui avait créé son ensemble de boxe disparut, révélant son uniforme en dessous.
Chakotay vérifia son chronomètre de poignet. Treize heures quarante-quatre minutes. Il attendit....
"Veuillez préciser la nature de l'urgence médicale", fit une voix. Au centre de la salle, l'officier médical en chef du Voyager scintilla et prit existence. Il apprécia l'apparence mal fichue de Chakotay d'un froncement. "De la Boxe ? Encore ? Commandeur, combien de fois devrais-je vous le dire ?"
"Pas maintenant", dit le Premier Officier. "Je vous ai fait venir ici parce que je pourrais avoir besoin de votre aide. Ecoutez..."
 
***
 
Réparer une bobine de plasma défectueuse, pensa Rotor. Les tâches de cette Seven of Nine étaient pénibles. Tant d'entre elles pourraient facilement être automatisées.
Une lumière rouge au bout de la bobine commença à clignoter, signalant qu'une surcharge potentiellement dangereuse était en progression.
Une idée lui vint en tête. Rotor sourit à l'efficacité de celle-ci.
 
***
 
"Catherine Janeway à tous les Commandants de vaisseaux de l'AQD", dit le capitaine. "Veuillez activer vos écrans sur la fréquence epsilon deux trois."
Ils s'exécutèrent. Janeway observa les petits écrans s'activer tout autour du centre de commande du cube de Rotor. Chacun arborait le visage d'un capitaine. L'un était humain, Chakotay naturellement, les autres étaient aliens.
Janeway leva sa tablette. "A la Date Stellaire 56493.5, l'Alliance du Quadrant Delta et la Force du Constructif Borg acceptent par cet accord d'unir et de consolider leurs forces jusqu'à ce que les flottes de la race connue sous le nom de Sernaix soient détruites ou rendues incapables de poursuivre leur agression sans provocation."
Le Chef Inspecteur Kashyk, qui avait saisi les notes sur un enregistreur Devore au moyen d'un clavier étendu, les remit à Janeway. Le Capitaine tapa soigneusement son code, signant officiellement le document. Il fut alors passé au Maje Tersa, au Directeur Rotor, au Capitaine Fedrek Lem et au Général Tarat, chacun d'eux le signant tour à tour.
"Nous sommes maintenant des alliés", dit Ankin Rotor.
"Nous sommes maintenant des alliés", fit en écho Janeway, cachant parfaitement son scepticisme.
Venant des écrans, il y eut des applaudissements, certains plus fort que d'autres. Le Capitaine Janeway ne put s'empêcher de remarquer que la passerelle de son vaisseau était la plus silencieuse de tous.
 
***
 
Tom Paris sonna à deux reprises à la porte d'Harry. Il n'obtint pas de réponse.
"Ordinateur, localise Harry Kim."
"Le Lieutenant Kim est dans ses quartiers."
"Es-tu sûr ?"
"Veillez reformuler."
"Peu importe." Tom tapa le code d'accès de la porte. Si Harry était là et ne répondait pas, c'est peut-être parce que quelque chose allait de travers.
La porte glissa pour s'ouvrir et Tom entra. Maintenant, son hypothèse se confirmait. Harry Kim était appuyé contre le mur et semblait terriblement perturbé. Et bien, cela se rapprochait pas mal à son état d'âme. Il s'approcha d'Harry et s'appuya sur le mur près de lui.
Pendant quelques minutes, il n'y eut que le silence.
"Longue semaine", dit finalement Tom.
"Tu peux le dire", dit Harry.
"Tu as l'air plutôt abattu, l'ami."
"Juste frustré. Elle est constamment sur mon dos... Mais les Borgs sont foutrement contradictoires. Pourquoi m'en soucierais-je seulement ?"
Tom roula des yeux. "Ne m'en parle pas." Puis il réagit..." Attends, tu as dit 'je'."
"Parlons-nous de la même chose ?" demanda Harry, confus.
"Je parlais de ce qu'organisait le Capitaine Janeway. Tu sais, le Constructif."
"Ah. Je parlais de Seven."
"D'accord." Puis il se posa des questions. "Quelque chose ne va pas entre toi et Seven ?"
"Apparemment", dit Harry dans un ton très fatigué. "Elle dit que j'ai fait quelque chose qui l'a offensée et elle ne veut pas dire ce que c'est."
"Je suis passé par là", répondit tristement Tom. Harry leva un sourcil. "Pas dernièrement, bien sûr. B'Elanna est une personne merveilleuse et elle ne me demande jamais quelque chose de déraisonnable. Non."
Harry gloussa. "C'est tout naturel."
"Il nous avions été dans une de ces sitcoms américaines du vingtième siècle", commenta Tom, "quelqu'un aurait dit 'Ah, les Femmes' et l'autre aurait été d'accord."
"Mais nous ne sommes pas au vingtième siècle et nous serions dans l'erreur de généraliser comme cela."
"Vrai."
"Ouaip."
"Mm-hum."
Harry se tourna vers Tom. "C'est quoi, une sitcom ?"
Avant qu'il puisse répondre, une voix désespérée sortit de son communicateur. "Monsieur Paris ! Seven a été blessée et elle est dans un état critique ! J'ai besoin de vous ici MAINTENANT !"
Tom et Harry échangèrent un regard horrifié. Puis, comme un seul homme, ils coururent vers la porte.
 
***
 
L'unité appelée Seven of Nine était maintenant sans intérêt, alors Rotor désactiva son lien avec elle. La manoeuvre avait été un succès. Pour un coup minimal en énergie, Rotor avait obtenu toute la base de données du Voyager et une connaissance personnelle de Janeway que seuls ses amis les plus proches possédaient. Le prix émotionnel pour Janeway serait énorme, bien sûr, mais Rotor ne pouvait se permettre que quelqu'un avec des connexions si profondes avec les Borgs reste sur le Voyager.
Pendant qu'il marchait avec Janeway, attendant patiemment qu'elle reçoive la nouvelle, Rotor lut d'autres dossiers qu'il avait capturés. Cet équipage avait une histoire intéressante. Des parties de cette histoire pourraient bien l'inspirer, lui donner de nouvelles idées sur la manière de remplir sa mission.
N'importe qui pouvait tuer un homme, mettre fin à une histoire. Ils étaient nombreux à pouvoir tuer une nation, une race, voir un monde. Mais un seul pourrait détruire l'Univers.
Ce traité était son premier pas. Avec le temps, le deuxième se révélerait de lui-même.
 
---------------

FIN.

Ecrit par: Zeke
version française: André
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Judy (version originale), Laurent (version française).

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