Star Trek Voyager
Saison Virtuelle 9
9.09 Mariage de Convenance
Dernière mise à jour :20 décembre 2002
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9.09 couverture 'Mariage de Convenance'
NOUVEAU: Couverture en français
Episode 9.09 - MARIAGE DE CONVENANCE
Par: Jeffrey Harlan (lead_ink@yahoo.com)
Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"En temps de crise, des alliances inattendues se forment parfois."
 
Espace Profond, Habitat de Sycorax
Date Stellaire 56305.7
21 Avril 2379, 15 heures 47 minutes
Les plaisirs du chaos contrôlé, telles étaient les racines de son pouvoir. L'agressivité des mâles les rendait faciles à contrôler. Une arme qu'elle n'avait qu'à pointer dans toutes les directions désirées et nulle part en particulier. Les autres femelles s'en remettaient à elle par crainte. Elle avait la vision et un besoin impitoyable de l'accomplir et rien ne pourrait l'empêcher d'arriver à son but. Elle observait les progrès de leurs conquêtes. De sa place dans le Royaume, elle sentait le chaos qu'elle tissait petit à petit à travers toute la galaxie. La sensation était enivrante.
Un petit vaisseau en approche attira son attention. Ne désirant pas que ses 'alliés' se sentent jamais trop à leur aise, elle garda toutes ses armes en alerte, braquées sur le navire. Elle imagina leur malaise et sourit, sachant qu'ils seraient à bout de nerf, facile à contrôler, facile à mener vers le cercle dans lequel elle désirait qu'ils sautent. Des rayons tracteurs s'élancèrent et attrapèrent le vaisseau, le guidant vers le hangar qui avait été préparé à cet effet. Sycorax observa en silence les deux humains, des marionnettes sans importance de l'organisation avec laquelle elle s'était alliée, faire un pas à l'extérieur. Si elle avait été idiote, Sycorax aurait été insultée de leur refus d'envoyer à elle quelqu'un de plus important. Cependant, elle n'était pas arrivée à ce contrôle absolu du Royaume en agissant comme une idiote. Peu importe l'importance qu'avait la Section 31, toutes les personnes qu'ils envoyaient n'étaient que des insectes pour elle, trop petits pour qu'elle les prenne en considération. Pourquoi devrait-elle s'occuper des positions, élevées ou non, qu'ils avaient chez eux ? De toute façon, ils étaient en dessous d'elle, et des êtres inférieurs à West étaient plus susceptibles de révéler quelque chose s'ils planifiaient quelque chose contre elle.
Pour elle, le spectacle continua quand deux femelles, encore dans leurs corps charnus, guidèrent les humains dans une salle sans décor, fixant les deux agents avec des regards froids en leur disant d'attendre. Elle remarqua que la température de leur corps s'était élevée, un signe évident de nervosité. La patience n'était pas leur plus grande qualité. Pas plus qu'elle ne l'était pour Sycorax, mais pour ceci elle avait tout son temps. Elle contrôlait la situation et elle pouvait se permettre d'attendre. Cela permettrait de faire en sorte que les humains se sentent encore plus décontenancés.
Kelley faisait les cents pas, ne réalisant pas, s'en moquant également, qu'il faisait exactement ce que Sycorax attendait de lui. Il pouvait sentir son coeur battre la chamade dans sa poitrine, entouré par les murs d'une salle sans décor. Dans le silence oppressant, son esprit criait 'échappes-toi', ce qui était impossible tant qu'ils n'avaient pas complété leur mission ici. Il estimait que le plus tôt serait le mieux. Il reporta son attention vers son partenaire, Collins, et concentra ses pensées sur la situation présente dans l'idée de contrôler le besoin primitif de 'combattre ou fuir' que son corps ressentait en ce moment.
"Combien de temps penses-tu qu'il faudra avant que les Sernaix nous fournissent les spécifications techniques complètes de la technologie de la lumière froide ?" demanda Kelley. La tension était évidente dans sa voix. Il ouvrit la bouche pour continuer, mais un regard sur Collins, qui le fixait, lui intima ces deux mots. La Ferme.
Une voix tonnante remplit l'espace et l'air vibra autour d'eux quand le son s'étendit partout. "Les informations seront vôtres seulement quand je sentirai que vous avez rempli pleinement votre part de notre entente, humains. Et pas avant."
Ils se regardèrent l'un l'autre, sachant que Sycorax ne leur ferait pas la 'grâce' de sa présence aujourd'hui. Collins prit la parole, portant son attention dans la direction d'où sa voix semblait venir. "Comme vous voudrez, Sycorax. Nous accepterons votre jugement en cette matière, cependant nous avons besoin de votre assurance que vous limiterez vos attaques dans le Quadrant Alpha à la liste de cibles approuvées d'avance que nous vous avons fourni."
Celui-ci avait du talent. Presque aussi talentueux que West, mais pas totalement. L'avantage qu'elle maintenait sur ces pitoyables humains tellement retreints rendait leurs tentatives de lui cacher quoi que ce soit risible. Tout était évident pour elle d'ici, allant de la plus petite nuance dans leur langage jusqu'au battement de leur coeur. Le pouvoir qu'elle maintenait de sa position avantageuse était enivrant. Penser qu'ils pourraient s'attendre à ce qu'elle s'abaisse à se joindre à eux avec cette coquille de chair pathétique qu'elle avait déjà habitée était également risible pour elle. Sa voix exprimait de l'ennui et cette fois elle la projeta du côté opposé de la salle, faisant pivoter stupidement les humains pour lui faire 'face' une fois de plus. "Oui, je sais ce que vous voulez. Vous l'avez abondamment fait comprendre. Je n'arrive toujours pas à voir ce que mon peuple a à gagner, en les retenant comme je le fais."
"Peut-être que votre peuple n'y gagne rien, Sycorax, mais VOUS y gagnez quelque chose." Collins garda sa voix égale et froide, en dépit de la nervosité naturelle qu'il ressentait. "La Section 31 s'est montrée utile jusqu'à maintenant. Aussi longtemps que vous respecterez les termes de notre accord, nos agents vous amèneront toutes les informations que vous désirez, de tous les niveaux du gouvernement que vous voudrez. Nous serons vos yeux et vos oreilles dans tous les endroits que vous souhaitez connaître."
La position de sa voix changea une nouvelle fois, arrivant maintenant d'en dessous eux, faisant vibrer le plancher comme durant un tremblement de terre. C'était une voix de pouvoir, la voix d'une déesse ou du diable lui-même. "Ainsi, vous allez m'aider à venir à bout de tout objectif que je choisirai dans votre quadrant et en échange, vous maintiendrez la sécurité de vos petits mondes."
"C'est effectivement notre intention", répondit Collins, tentant de garder son équilibre avec un peu de dignité.
Le tremblement s'arrêta et sa voix devint presque un ronronnement plaisant. "Alors cela suffira."
Les deux agents comprenaient bien les mots qui étaient sous-entendus : 'Pour l'instant.'
 
***
 
Romulus, Quartiers Généraux du Tal Shiar
Date Stellaire 56307.6
22 Avril 2379, 8 heures 25 minutes
Koval tr'Doowrom s'assit dans un fauteuil très confortable. Il était assis face à la fenêtre surplombant la magnificence de Ra'tleihfi avec son obélisque et ses piliers ornés des oiseaux devenus le symbole des Rihannsus. Les Romuliens, comme ils étaient appelés par la Fédération. Il présidait le Tal Shiar. Il avait le pouvoir. Et il craignait qu'il ne puisse jamais échapper au fait que c'était la Section 31 de la Fédération qui l'avait mis à ce poste.
"Il semblerait", dit derrière lui Xor tr'Sharien, un autre membre de la hiérarchie du Tal Shiar, "que la Section 31 ait formé une alliance avec les Sernaix."
"Intéressant", dit un troisième, Radaik tr'Annhwi. "Et tout en étant en guerre avec eux, rien de moins."
"Nos contacts dans la Fédération", continua Xor, "indiquent que cette alliance a débuté peu après le retour du Vaisseau Stellaire Voyager. Le but ultime de la 31 reste nébuleux, mais il semblerait bien qu'ils aient l'intention d'obtenir quelques-unes voir l'intégralité des technologies avancées des Sernaix dans l'idée d'obtenir un avantage sur les Rihannsus et les autres puissances du Quadrant."
"Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise, bien sûr", dit Koval, faisant toujours face à la grande fenêtre de ce bureau... Son bureau.
"On pourrait s'imaginer que cela va de soi, Directeur", dit Radaik.
"Ne prenez jamais pour acquis ce qui semble évident, Radaik tr'Annhwi", le réprimanda Koval, tournant la tête vers ses compagnons. "D'autres pourraient croire quelquefois que l'opposé pourrait vouloir dire la même chose."
"Je m'appliquerai à m'en souvenir", répondit Radaik, mais son ton montrait sa frustration envers les paroles du Directeur. Koval se fit une note mentale de surveiller celui-ci de plus près. Cela pourrait devenir dangereux pour sa vie si quelqu'un avait une raison de suspecter les circonstances qui avaient abouti à son accession au poste de Directeur.
"S'ils parvenaient à leurs fins", continua Xor, "cela représenterait sans nul doute un changement irréparable dans l'équilibre des forces avec la Fédération. Quelque chose doit être fait pour éviter une telle catastrophe."
"Oui, oui", dit impatiemment Radaik, "mais quoi ?"
"Peut-être", suggéra Xor, "devrions-nous prendre contact avec les Sernaix."
 
***
 
Quelque part sur Terre
Date Stellaire 56310.6
23 Avril 2379, 10 heures 43 minutes
L'Amiral Alistair Warhol passa sous le porche et entra dans une salle brillamment éclairée. Il n'était pas le premier à arriver. Plusieurs autres invités avaient déjà pris place et attendaient. Mais il n'était pas non plus le dernier. Il entendait des bruits de pas dans le couloir derrière lui. Il choisit un des sièges de l'autre côté du grand bureau en chêne qui dominait la salle et s'assit avec les autres pour attendre l'arrivée des retardataires.
Quelques instants plus tard, tout le monde était assis et attendait anxieusement que la réunion commence. Leur hôte les regarda, l'un après l'autre, puis commença à parler.
"Bonjour", dit finalement Monsieur West. "Nos derniers envoyés sont de retour de leur rencontre avec la grosse dame en personne. Elle semble inhabituellement réceptive à nos propositions." Ses yeux observèrent une fois de plus ses invités avant de poursuivre. "Néanmoins, nos plans continuent d'aller de l'avant. Une fois que nous aurons obtenu leur technologie de la lumière froide, que ce soit depuis sa source ou grâce aux scientifiques de la Fédération, nous serons en mesure d'agir à ce moment-là. Nous briserons les ponts avec les Sernaix et assainirons le coup mortel. Une fois que nous aurons la technologie de la lumière froide, personne ne pourra s'opposer à la Fédération."
"Et si les Borgs l'obtenaient en premier ?" Demanda Warhol. Il regretta aussitôt la question en voyant le changement d'expression sur le visage de West.
"Qu'est-ce qui vous fait penser qu'ils la veulent ?" Demanda West d'un ton bas qui mais clairement audible dans le silence oppressant de la salle.
"Juste une impression", dit Warhol un instant plus tard, choisissant maintenant ses mots avec plus de prudence. "Nous savons que les Borgs se sont intéressés à toutes les nouvelles technologies qu'ils rencontraient. Pouvons-nous nous permettre de risquer la possibilité que cela n'ait pas changé ? Nous savons déjà qu'il y a des vaisseaux Sernaix éparpillés dans toute la galaxie."
West fustigea Warhol du regard un long moment dans un silence absolu, le jaugeant, l'évaluant. Il était évident qu'il suspectait quelque chose, mais qu'il n'avait rien pour confirmer quoi que ce soit. Sa réaction ne pouvait pas simplement avoir été provoquée par les rumeurs sur les Borgs, même si elles semblaient venir de nulle part. D'un autre côté, être soupçonneux à outrance était l'apanage des hauts placés dans la hiérarchie de la Section 31.
"Peut-être avez-vous raison", dit finalement West. "Mais à l'heure actuelle, c'est au-delà de notre contrôle. Si plus tard cela devient un problème, nous nous occuperons d'eux."
"Voulez-vous que nous concevions des plans d'urgences", demanda quelqu'un d'autre dans la salle, Kelley. "Afin d'être parés à cette éventualité ?"
"Ce serait prudent", admit West, avant de reporter son attention vers un autre de ses invités. "Monsieur Collins, avons-nous reçu de nouvelles informations en provenance de nos contacts sur Romulus ?"
La crise momentanée était passée. Warhol décida qu'il devrait être plus prudent à l'avenir. West devait en soupçonner le moins possible sur la vérité, sur la visite qu'il avait reçue de Ankin Rotor, qui les avait potentiellement compromis lui et toute la 31. Et la Section n'acceptait pas de tels risques plus longtemps qu'il n'était nécessaire.
 
***
 
Quelque part sur Cardassia Première
Date Stellaire 56310.7
23 Avril 2379, 11 heures 35 minutes
Gul Makret se tenait devant les autres membres rassemblés de l'Ordre, surveillant leurs langages corporels qui trahissaient leur nervosité grandissante tout en ruminant les informations qu'il leur avait fournies. Leurs murmures augmentaient en intensité à chaque fois que quelqu'un posait sa tablette électronique et qu'ils se regardaient les uns les autres puis regardaient Makret. C'était la crise la plus significative à laquelle ils faisaient face depuis la résurrection de leur organisation suite à la chute du Dominion. Gul Makret prit son temps en attendant l'opportunité de prendre le contrôle du chaos qui grandissait dans la salle, sachant que cette opportunité, convenablement exploitée, pourrait devenir le point tournant du retour d'une Grande Union Cardassienne et assurerait le piédestal de son propre pouvoir de cette organisation.
La tension dans la salle atteint son paroxysme et il frappa comme une vipère surprise dans son nid. "Vous voyez maintenant que la Section 31 tente de briser l'équilibre des puissances dans le Quadrant Alpha. Pour élever la Fédération au-dessus des autres puissances de ce Quadrant. Il est de notre plus grand intérêt de les arrêter maintenant, de s'attaquer à l'alliance qu'ils ont formée avec les Sernaix et de la retourner pour forger la nôtre à la place."
Gul Timur se leva lentement. De tous dans la salle, il était le seul qui ne montrait aucun étonnement à la nouvelle de l'alliance de la Section 31. "Les humains ont un dicton. Quand vous couchez avec les chiens, vous attrapez leurs puces. Notre dernière alliance avec un agresseur aurait dû nous enseigner de n'avoir confiance qu'en nous-mêmes. La Section 31 n'a pas appris de nos erreurs. Laissons les humains faire leurs propres gaffes. Nous n'avons pas besoin de refaire les erreurs du passé."
Makret ricana. "Vous parlez comme un vieil homme. La technologie des Sernaix fera de ceux qui la contrôle la puissance dans ce quadrant. Aucune autre race ne pourra s'opposer à eux." Il se retourna et se mit à faire les cents pas devant les autres membres de l'Ordre Obsidien, ses gestes étant calculés pour faire monter la tension d'un autre cran dans la salle. Puis il se tourna à nouveau et s'adressa à eux. "En dépit des paroles nobles de la Fédération, nous savons tous que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils nous mettent le grappin dessus. Pour nous 'amener dans leur giron', ou pour nous détruire complètement. Si notre but est de reformer la Grande Union Cardassienne, alors nous ne pouvons pas permettre que la Section 31 et la Fédération contrôlent cette technologie."
"Qu'est-ce qui vous fait croire qu'avec son alliance, la Section 31 contrôlera cette technologie quand tout ce qui aura été demandé sera fait ?" Demanda Timur. Sa voix était basse, mais attirait toute l'attention seulement par son timbre.
Makret pivota sur lui-même et fixa Timur d'un regard qui se voulait intimidant, mais le Cardassien plus âgé se contenta de l'observer d'une expression hébétée et impérieuse. Gul Makret écarta une fois plus l'intervention du vieil homme et s'adressa au reste de l'assemblée. "Le risque est grand, mais la récompense, si nous réussissons, est tout aussi grande. Cette technologie fera de Cardassia la puissance à laquelle elle a toujours été destinée."
Les murmures devinrent des hochements de têtes approbateurs et Makret se tourna pour lancer à Timur un sourire de suffisance. Timur ne montrait toujours aucun signe qu'il était impressionné par l'homme plus jeune. En fait, son regard exprimait tout le contraire, sans aucune soumission ni prétention. "Bien sûr, si nos envoyés venaient à échouer, il n'y aurait pas de seconde chance, aucun retour en arrière possible. Nos ressources auront été gaspillées et nous devrons nous concentrer à nouveau exclusivement à la reconstruction de notre monde." Son regard se promena sur la salle, évaluant l'expression de chacun des autres membres. "Et peut-être serons-nous meilleurs pour cela."
Un silence les enveloppa, puis Timur se leva de manière royale et les laissa à leur machination.
 
***
 
Terre, Quartier Général de Starfleet
Date Stellaire 56311.0
23 Avril 2379, 14 heures 13 minutes
L'Amiral Warhol entra dans la grande salle sombre. Au centre se trouvait une massive table ovale ouverte en son centre, conçue pour recevoir un grand nombre d'officiers dans les réunions importantes. Un podium relativement modeste surplombait la table à l'avant, avec gravé devant lui l'insigne en forme de flèche qui était, depuis plus d'un siècle maintenant, l'emblème représentant Starfleet. Sur un côté de la salle se trouvaient des tables plus petites flanquées d'intendants qui s'occupaient des breuvages et des hors d'oeuvres.
Warhol s'assit à sa place habituelle en tête de la table, à trois sièges du podium. D'autres amiraux composant la Division de Commandement de Starfleet arrivaient encore, mais presque tout le monde était déjà présent.
Warhol dirigea son attention vers la porte quand l'Amiral William Ross, maintenant à la tête de la Division du Personnel, et qui était accessoirement une épine dans le pied de la Section 31 depuis des années, entra et s'assit en échangeant des salutations avec les Amiraux Paris et Patterson. Ensemble, ces trois-là avaient complètement compromis les plans de la Section concernant l'équipage du Voyager. Mais la Section était parfaitement capable de s'adapter et de nouveaux plans étaient en marche pour prendre en compte chaque changement de circonstances. Malheureusement, cela faisait longtemps que l'Agent Barton ne s'était pas manifestée. D'un autre côté, cela faisait tout aussi longtemps que le Voyager ne s'était plus manifesté non plus. Peut-être y avait-il là une connexion, mais mieux valait imaginer le pire. Barton pouvait avoir été neutralisée d'une manière ou d'une autre et le Voyager être toujours au large ou simplement incapable de les contacter pour le moment.
Une fois que tous les amiraux eurent pris place, une Andorienne, avec les épingles de Lieutenant Commandeur à son col, se leva et occupa le podium.
"Mesdames et Messieurs", annonça-t-elle. "Le Commandant en Chef." Tous les amiraux se levèrent, à peu près en position de garde à vous, quand l'Amiral de la Flotte Brackett entra et prit la place de son adjudant sur le podium, laquelle se retira dans un coin de la salle.
"Repos", dit Brackett. Après que tout le monde se soit assis, elle continua. "Comme vous êtes sans nul doute déjà au courant, le conflit avec les Sernaix continue à tourner en notre défaveur. Ce n'est qu'une question de mois avant que leurs forces parviennent à nous déborder, estropiant et détruisant en grande partie nos capacités défensives. Et nous avons soudainement perdu tout contact avec le Vaisseau Stellaire Voyager à la suite d'une mission dans ce qui est maintenant devenu le coeur du territoire Sernaix. Nous ne sommes pas certains de savoir si c'est dû à des interférences, hostiles ou autre, ou à la destruction du vaisseau. Concernant la planification de notre tactique, nous devons considérer le Voyager comme perdu jusqu'à ce que les communications soient rétablies. Amiral Nechayev, pouvez-vous nous donner les derniers développements tactiques ?"
"Depuis que les Sernaix ont établi leur périmètre", commença l'Amiral Alynna Nechayev depuis son siège près de Warhol, "une grande partie du Quadrant Alpha et une partie du Quadrant Bêta ont été effectivement coupés du reste de la galaxie."
"Coupés ?" Questionna l'Amiral Bennett, à la tête du JAG, confus. "Comment leur est-il possible d'isoler un Quadrant tout entier ? A ce que j'ai pu comprendre, nous avons au moins dix fois plus de vaisseaux qu'eux et nous avons déjà de grandes difficultés rien qu'à tenter de défendre les frontières de toute la Fédération."
"Leurs vaisseaux", répondit Nechayev, "lesquelles voyagent typiquement en 'bandes' d'au moins une demi-douzaine, sont éparpillés dans toute la région, mais leur capacité à se déplacer en vitesse de courant de glisse rend impossible à tout vaisseau, à l'exception du Voyager, de les distancer. Et avec leur immunité contre la plupart de nos armes, additionnée de leurs propre arsenal capable de détruire des planètes entières d'un coup, n'importe lequel de ces vaisseaux peut détruire nos convois avec une grande facilité."
"Vous semblez les décrire comme s'ils étaient invincibles", observa l'Amiral Cobum de la Division Logistique.
"Je vous l'accorde", concéda Nechayev. "Nous avons eu des victoires notables. Il y a quelques jours, l'Enterprise a poussé deux corsaires à le pourchasser dans un champ d'astéroïdes. L'un d'eux a été détruit dans une collision avec un astéroïde et l'autre après que l'Enterprise l'ait piégé dans l'atmosphère de Galorndan Core jusqu'à surcharger les unités de réfrigération du corsaire. Les deux manoeuvres étaient extrêmement dangereuses."
"Quelles sont nos chances ?" Demanda Cobum. "Pouvons-nous les vaincre ?"
"De la manière dont se passent les choses", dit Nechayev d'un air néfaste, "à moins que quelque chose de radical ne se produise, la Fédération pourrait tomber en quelques mois. Nous sommes à leur merci et, pour le moment, ils se sont contentés de jouer avec nous. Nous n'avons aucune idée du temps que cela durera."
"Nous avons perdu beaucoup de monde", interrompit Ross, "dans leurs attaques contre nos postes avancés, nos vaisseaux et nos complexes. Nous devons trouver un moyen de reconstruire nos forces, et vite, avant de perdre la guerre simplement à l'usure."
"Peut-être", commença pensivement Nechayev, "pourrions-nous commencer l'entraînement accéléré des cadets les plus prometteurs. De jeunes officiers juniors exceptionnels pourraient prendre part à des tactiques d'entraînement avancées, et les cadets pourraient se joindre à eux pour compléter leur entraînement. Ce qui pourrait nous aider à la longue."
"Si ça sauve des vies, je suis pour", dit Ross.
"Je suis d'accord", dit Brackett. "Occupez-vous en, Amiral."
 
* * *
 
Terre, Académie de Starfleet
Date Stellaire 56313.6
24 Avril 2379, 13 heures 01 minutes
Le Cadet Icheb marchait en direction de sa chambre dans un des dortoirs du campus de l'Académie de Starfleet, un paquetage de voyage réglementaire pendu à son épaule. Son compagnon de chambre le regarda, indifférent.
"Hé, Itchy", dit le Cadet Caleb Fromme, un humain aux cheveux roux, avec un petit sourire en coin sur le visage.
Icheb fit demi-tour. "Où ai-je déjà entendu cette... appellation ?" Demanda-t-il.
Fromme fit un pas en arrière, levant les mains en signe moqueur de reddition. "Un gars est venu ici, il a une semaine, pour te voir", expliqua l'humain. "Je l'ai trouvé assis à ton bureau et il a dit qu'il cherchait 'Itchy.' Je lui ai dit que je ne savais pas où tu étais et je suis reparti. Quand je suis revenu, il était parti."
"Tu lui as dit que tu ne savais pas où j'étais ?" Demanda Icheb incrédule.
"Ouais", répondit Fromme. "Je me suis dit que tu lui devais du latinum ou autre chose."
"Tu ne lui as pas dit la vérité", dit Icheb. "Tu savais très bien que j'étais à un entraînement de vol autour d'Io."
"Et après ?" Dit Fromme. "Alors, tu sais de qui je parle ? Un humain grand et mince avec des cheveux bruns ? Il portait un uniforme de cadet, mais je ne l'ai pas reconnu..."
"Oui, je le connais", répondit Icheb. Ce devait être... Secrètement, Icheb était heureux qu'il n'y ait pas d'équipements de surveillances visuels dans les dortoirs, ce qui aurait donné lieu à plus de questions qu'il ne désirait y répondre de la part de personnes avec des épingles d'amiral sur leur col...
"Ne m'appelle pas 'Itchy'", continua-t-il. "Je devrai aussi rapporter cet incident."
"Alors j'avais raison", conclut Fromme d'un air satisfait.
"Je me référais à ton mensonge", dit Icheb, puis il cita le credo du cadet. "'Nous ne devons pas mentir, tricher ou voler, ni tolérer ceux d'entre nous qui le faisons.'"
"J'essayais simplement de te protéger", argumenta Fromme. "Pour ce que j'en sais, il aurait pu être une autre personne haïssant les Borgs comme c'était le cas pour moi avant que je te connaisse mieux. En outre", ajouta-t-il avec un éclair malicieux dans l'oeil, "si tu veux me prendre au mot, techniquement, je ne savais pas où tu étais. Précisément."
Icheb retourna l'argument de son compagnon de chambre dans sa tête. Bien que le Lieutenant Paris aurait appelé cela "couper les cheveux en quatre", il décida que cela ne valait pas la peine d'être rapporté. Avec un petit soupir presque imperceptible, il posa son paquetage sur son lit et activa le terminal sur son bureau.
Icheb regarda la liste de ses messages. Etant nouveau venu dans le Quadrant, il avait peu de correspondants et donc peu de messages dans la liste affichée sur l'écran. La majorité venait de ses professeurs, la plupart concernant un travail à remettre qu'il était sensé avoir terminé pour compenser ses absences pendant l'entraînement de vol. Mais il y en avait un qui attira son attention, venant du commandement des cadets. Il ouvrit le fichier.
Le visage du Capitaine Keegan Williams, connu en général par tous les cadets et plus spécifiquement par une poignée d'entre eux, apparut sur l'écran. Le commandant était, comme ce qui semblait être une très grande majorité dans Starfleet, un humain. Il avait la peau pâle, les yeux bleus et les cheveux foncés. Il passait inaperçu et cependant était reconnaissable.
"Cadet Icheb", commença l'enregistrement. "Je réalise que quand vous aurez ce message, vous n'aurez pas eu autant de temps pour vous préparer que vos autres compagnons de classe, mais c'est inévitable. A la lumière de la crise à laquelle fait actuellement face la Fédération, ainsi qu'à votre capacité maintes fois démontrée pour apprendre rapidement et réagir promptement, vous avez été sélectionné pour joindre un groupe d'une dizaine de cadets pour un entraînement avancé et accéléré.
"Vous ferez vos bagages" poursuivit l'enregistrement, "et vous vous rendrez en Salle de Téléportation Six dans le Hall Robert April à la date stellaire 56316 à 14 heures 30. Ce qui vous donne environ vingt-quatre heures pour vous préparer. Bonne chance et bon voyage, Cadet. Williams terminé." L'enregistrement prit fin et l'image disparut de l'écran.
 
* * *
 
Espace Profond, Habitat de Sycorax
Date Stellaire 56316.4
25 Avril 2379, 13 heures 33 minutes
L'effet de distorsion disparut de l'écran seulement pour laisser apparaître devant eux l'Habitat à l'aspect sinistre. Les yeux de Makret s'écarquillèrent et il lutta pour reprendre le contrôle de ses émotions. Quelque chose dans de ce monstre noir sur fond noir devant lui avait réveillé ses instincts primitifs. Ne voulant pas que son aide, se tenant à côté de lui, puisse voir la peur que l'habitat avait réveillée en lui, il baissa une fois de plus son masque d'indifférence sur ses traits et fixa d'un regard glacial le subalterne toujours en état de choc. "ƒtablissez une communication..."
Il s'interrompit en découvrant l'ondulation irréelle d'un système de camouflage Romulien apparaissant sur l'écran. Makret fronça les sourcils, "Qu'est-ce que..."
"... Par le nom de Ch'Rihan, que font les Cardassiens ici ?" siffla Sepel en se concentrant sur le petit transport Cardassien qui se tenait sur le côté tribord de l'Habitat.
Les mains de son aide volèrent sur la console, allant fouiller dans la vaste étendue de connaissances de la base de données du Tal Shiar. D'une voix calme, il annonça. "C'est le vaisseau courrier Cardassien N'toth." Son regard resta impassible quand il continua sa description. "Il est commandé par Gul Makret."
Sepel retourna son attention sur l'écran, les lèvres plissées de dégoût. "Maudit Obsidien..."
"... Shiar." Makret appuya sur le dossier de sa chaise et ses doigts se raidir quand son regard passa du dégoût aux soupçons. "La question est, sont-ils venus parce qu'ils savent ce que nous planifions, ou est-ce une pure coïncidence ?"
Son aide l'observa quand le Gul se leva et reporta son attention vers la station spatiale devant lui. "Poursuivons notre plan comme prévu et ne nous occupons pas de ces vautours Romuliens. Ouvrez une fréquence d'appel avec la station."
Avant que son aide ne puisse ouvrir un canal, une voix basse et sinistre remplit la cabine. "Vous enfreignez le territoire Sernaix." La curiosité piquée de Sycorax était la seule chose se tenant entre les deux vaisseaux, ses occupants et leur complète annihilation. "Si vous donnez de la valeur à vos existences, vous devrez avoir de bons arguments pour me convaincre de ne pas envoyer l'Adimh le plus près sur vous."
"Avec tout le respect qui vous est dû, il serait idiot de votre part de limiter vos options à la négociation avec un seul partenaire..." Makret prit le ton mielleux d'un négociateur Cardassien.
"... Il y a d'autres puissances dans ce quadrant qui sont également intéressées par la technologie pour laquelle la Section 31 négocie." La voix de Sepel était d'un calme logique en exprimant l'intérêt de son gouvernement pour cette technologie. Son peuple pouvait ne pas avoir adhéré uniquement aux principes de la logique, mais ils savaient utiliser cet outil quand c'était nécessaire. "ƒventuellement, la Section 31..."
"... vous trahira. S'ils sont près à trahir les leurs, comment pouvez-vous alors leur faire confiance ?" Makret ouvrit ses bras tout grand, saisissant la chance que la dirigeante Sernaix soit en mesure de voir son geste. C'étaient des gestes spécialement choisis pour instiller et gagner la confiance.
Sycorax pouvait à peine retenir sa joie. Il existait des espèces tellement amusantes, cachant leurs intrigues avec d'autres intrigues. Un spectacle simpliste, mais globalement assez divertissant. Le fait que leurs critiques fussent si facilement interchangeables ne faisait qu'ajouter un côté amusant à leur bouffonnerie. La même réponse vint simultanément des deux navires. "Il est évident que je ne leur fais pas confiance. A leur place, je ferais exactement la même chose." Sentant tout particulièrement leur peur, elle laissa passer quelques secondes pour qu'elle monte en eux. "Néanmoins, vous m'avez intéressée avec vos offres." Deux petits hangars s'ouvrirent dans l'habitat et des rayons tracteurs attrapèrent et retinrent les navires, les tirant vers le monstre. "Vous pouvez continuer à plaidoyer votre cause à bord de mon navire."
Elle observa du Royaume les deux minuscules vaisseaux attirés dans le ventre du sien, engloutis dans son gigantisme. Cela pourrait être une distraction plaisante pendant quelques heures, ou au moins jusqu'à ce que cela ne l'amuse plus.
 
***
 
Terre, Académie de Starfleet
Date Stellaire 56316.5
25 Avril 2379, 14 heures 26 minutes
Trouver le hall où il devait se présenter ne fut pas un problème. Icheb traînait un gros paquetage noir sur son épaule en pénétrant à l'intérieur de l'immense Hall Robert April pour se retrouver au milieu de la cohue d'une quantité impressionnante de cadets bruyants et curieux. Chacun, sans nul doute, avait été beaucoup mieux préparé que lui, le laissant perplexe quant à la nature particulière de cette mission. La brièveté du message du Capitaine Williams l'avait intrigué. Le cadet approcha d'un individu d'apparence soignée se tenant droit et dont le paquetage gisait avec sa sangle pliée à ses pieds tandis qu'ils attendaient les ordres. Alors, contrairement à tout le monde dans le hall, et avec cette seule raison l'incitant, Icheb s'approcha et s'éclaircit sa voix pour obtenir son attention.
"Excusez ma curiosité..." Un cou fin sur des épaules tendues se retourna pour lancer vers Icheb un regard précis de la part de sa familière collègue, T'Kara, dont les yeux bruns le fixaient impassiblement à travers la courte distance qui les séparait. "Salut, T'Kara."
"Salutations, Icheb." Froide et réservée, la Vulcaine était l'exemple même du sang froid, une île dans une mer de sourcils retroussés et d'yeux brillants de curiosité, dont faisant preuve un bon nombre de cadets qui se ruaient et remuaient dans la grande salle de téléportation. Icheb examina brièvement les lieux, découvrant qu'ils étaient beaucoup plus spacieux que ce qu'il avait connu sur le Voyager, et sentit pourtant un léger pincement à la pensée de la salle de téléporteur plus petite du Voyager. Le Capitaine Janeway se serait à quelques reprises sentie heureuse d'avoir un tel espace caverneux quand elle avait dû affronter certains dilemmes.
"Salutations", répondit-il, adoptant aisément le ton formel, observant les yeux de T'Kara balayer la région tumultueuse sans la moindre expression. Etre mal à l'aise ne faisait évidemment pas partie de son comportement, mais lui n'était pas immunisé. Tant de corps, pressés les uns contre les autres dans la hâte... Seven of Nine n'aurait pas "été une fan" de telles choses, comme l'aurait exprimé Tom Paris... et il ne l'était pas non plus. "Que savez-vous de cette mission ?"
"J'ai également reçu peu d'informations." T'Kara regarda vers le plateau du téléporteur où plusieurs cadets avaient fait de la place pour deux autres personnes. "Cependant, puis-je vous suggérer d'aller à l'avant de la file si vous désirez être mieux informé, quand le commandeur arrivera ?"
En avançant vers elle dans la foule, Icheb ne pouvait s'empêcher de sentir une légère admiration pour la franche détermination de la cadette Vulcaine. Personne ne se mettait en travers de son chemin, une présence naturelle de commandement créant un aura invisible. Seven avait aussi possédé ce talent, se rappela-t-il, ainsi que le Capitaine Janeway. Cela venait avec le temps, avec l'expérience, et peut-être avec une formation stricte à la logique.
"T'Kara... pourquoi avez-vous choisi de vous joindre à Starfleet ?" lui demanda-t-il, observant la manière dont elle se déplaçait avec facilité dans la foule, arrivant enfin à bon port près du téléporteur de couleur azur. Une grande partie de la salle était encombrée de conteneurs cargo et de consoles de téléportation et Icheb se réfugia près de l'une d'elles, déposant son paquetage à ses pieds et attendant la réponse de T'Kara. Son amie hésita, puis après avoir expiré, elle répondit.
"C'était le souhait de mon père, S'Rol. Il voulait que je sois admise à Starfleet pour suivre les pas de l'Ambassadeur Spock, sachant comme moi que des années parmi les humains lui avaient permis de devenir plus tolérant envers les caprices des émotions et les attitudes illogiques des non-Vulcains. Je dois admettre... que le temps que je passe parmi vous... m'intrigue."
"Puis-je vous demander de quelle manière ?"
Un 'chut' collectif traversa la salle quand on entendit le sifflement de l'ouverture des portes à l'extrémité sud, laissant entrer un trio de silhouettes imposantes. Deux d'entre elles se frayèrent un chemin dans la foule, leurs têtes chauves brillant sous l'éclairage du plafond. Une voix stridente mit fin aux chuchotements et Icheb pivota, profitant de sa haute taille pour regarder par-dessus la mer de têtes. Il était assez grand, en fait, mais l'était-il suffisamment ?
"Garde à vous !"
"Repos !" Une voix attira leur attention un instant plus tard. Elle était rugueuse comme si elle avait tenté à maintes reprises de se faire entendre dans une foule. "Cadets et Cadettes ! Nous vous avons réuni ici aujourd'hui pour une mission qui sera cruciale dans votre développement pour devenir des officiers de Starfleet..."
"C'est Nimembeh", murmura une jeune femme intimidée. Icheb tourna la tête pour lui lancer un regard de réprimande. Le Commandeur Nimembeh était bien connu pour être le grand ennemi de nombreuses personnes, le Commandeur Chakotay et le Lieutenant Kim faisant partie de la liste, remarqua l'ancien drone. Pendant que Nimembeh continuait de parler sur l'estrade depuis l'autre côté de la salle, Icheb commença à prendre mentalement des notes sur les points importants du long discours. Parmi eux, il y avait les techniques de survie auxquelles il avait déjà été familiarisé.
"La première étape de votre affectation sera les Montagnes Rocheuses. La Terre possède quelques-uns des environnements les plus sauvages. Il sera de votre devoir de survivre au milieu de ceux-ci. Mes adjoints, le Lieutenant Shikara et l'Enseigne Lohan, vous séparerons en équipes, attribuant à chacune un commandeur. Je ferai partie d'une équipe, les autres instructeurs iront avec ceux qui restent. Nous attendons de vous que vous vous donniez à fond."
Icheb sentit un léger tremblement à ces derniers mots, ne ressentant pas d'intimidation mais un sentiment d'incertitude. Les surprises n'étaient pas ce qu'il aimait le plus et il était certain qu'à cette occasion, il en aurait de nombreuses.
Les adjoints de Nimembeh commencèrent à faire l'appel, les dirigeant dans diverses sections de la grande salle. Icheb était à l'écoute, attendant que son nom soit appelé, puis il ramassa son paquetage et alla à l'endroit qu'on lui avait désigné. En l'espace de quinze minutes, les équipes furent séparées. Icheb fut heureux de découvrir que T'Kara faisait partie de son groupe.
Une par une, les équipes se dirigèrent sur le grand plateau de téléportation pour disparaître dans un effet de lumière éblouissant. A la fin, il ne restait plus que l'équipe d'Icheb, et Nimembeh et ses adjudants étaient les seuls à rester dans la salle avec eux.
"Je me joindrai à votre équipe", annonça Nimembeh. "Montez sur la plate-forme du téléporteur."
Les cadets s'empressèrent d'obéir et quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent au milieu d'une modeste clairière quelque part dans les Montagnes Rocheuses du nord de l'Amérique. Icheb prit un moment pour admirer le paysage autour de lui. Il ne savait pas quand il aurait à nouveau une telle opportunité.
"Vous venez juste de survivre à l'écrasement de votre navette", commença Nimembeh. "Une rencontre avec une tempête ionique non répertoriée sur les cartes a mis hors service votre moteur de distorsion et les systèmes de navigation. Vous êtes parvenus à lancer un appel à l'aide avant de faire une tentative d'atterrissage sur une planète de Classe M, mais il faudra au moins une semaine avant que l'aide n'arrive. Vous n'avez que vos bagages personnels et l'équipement de survie standard de la navette pour survivre. Malheureusement, un champ d'amortissement électromagnétique généré par les dépôts de minerai des montagnes empêche le bon fonctionnement de vos phaseurs, tricordeurs et communicateurs. Cadet Thelev, vous êtes le commandant ici. Maintenez votre équipe en vie."
 
***
 
Espace Profond, Habitat de Sycorax
Date Stellaire 56316.7
25 Avril 2379, 16 heures 11 minutes
Sepel s'installa dans son siège et prépara le décollage. En dépit de l'aspect déroutant de la réunion qui avait eu lieu dans une salle vide dénuée de décoration et en dépit du fait qu'il avait négocié avec une voix sans corps, il estimait que les choses s'étaient très bien déroulées. Mieux qu'il ne s'y était attendu. Il hocha la tête vers son aide qui sortit la navette Romulienne de l'habitat et l'éloigna à distance de sécurité pendant qu'il préparait un rapport préliminaire pour le commandement du Tal Shiar. Il leva la tête, remarqua le courrier Cardassien qui s'éloignait lui aussi et il eut un léger sourire. Il doutait sincèrement que Makret soit reparti avec un rapport aussi prometteur pour ses supérieurs de l'Ordre.
Le petit vaisseau courrier ne lui avait jamais semblé aussi confortable depuis des années, mais Makret ne regrettait pas l'inconfort qu'il avait subi dans la station Sernaix, dans cette insupportable salle blanche. Sa place dans l'histoire Cardassienne était assurée, il n'avait aucun doute dans sa tête. Pendant qu'ils manoeuvraient pour atteindre une distance de sécurité afin d'activer leur moteur, le navire Romulien, visible sur l'écran principal, retournait vers son territoire, sans aucun doute avec des nouvelles moins positives à offrir.
A la surprise des deux navires, une ondulation chatoyante de jaune et de vert roula dans l'obscurité et révéla deux Corsaires Sernaix, les plus petits vaisseaux de la flotte d'invasion, mais plus que de taille contre les deux petits navires du Quadrant Alpha. "Vitesse maximale, maintenant..." Les yeux de Makret s'écarquillèrent en réalisant qu'il avait été trompé par la dirigeante des Sernaix.
"Boucliers pleine puissance, maintenant... Engagez le camouflage", hurla Sepel à son aide pendant que ses doigts volaient sur la console, essayant de tracer un cap de retour vers l'espace Romulien.
Sycorax observait avec un amusement renouvelé les deux vaisseaux inférieurs esquiver et rouler, tentant de surpasser ses guerriers assez longtemps pour s'échapper. A cet instant, ils devaient avoir découvert que les communications n'étaient plus possibles avec leurs secteur d'origine. Un autre tir des Corsaires détruisit les moteurs tribords de chaque navire. Les commandants des Corsaires suivaient ses instructions à la lettre. Prenant soin à ce que les deux navires soient endommagés exactement aux mêmes endroits. Il n'était que justice qu'ils soient détruits exactement de la même manière, puisqu'ils voulaient exactement les mêmes choses et qu'ils avaient fait les mêmes offres. Elle les regarda se faire découper lentement, une double version des dégâts jusqu'à ce que... Sycorax se sentit pleinement satisfaite de voir les éclairs bleus des explosions des réacteurs de distorsion des deux navires illuminant l'espace à l'extérieur de son Habitat.
Ils lui avaient donné quelques heures de divertissement plaisant.
 
***
 
Terre, Montagnes Rocheuses
Date Stellaire 56317.2
25 Avril 2379, 20 heures 41 minutes
"Icheb, T'Kara", appela Thelev, le Cadet Andorien à la peau bleue, quand les cadets eurent terminé de monter leurs tentes pour la nuit. "Préparez un feu pour nous fournir de la chaleur et de la lumière pour la nuit. Vous prendrez la première garde."
"Oui, Monsieur", dirent simultanément les deux cadets.
Ils se dirigèrent vers la clairière au centre du campement. Nimembeh s'était assuré que les cadets laisseraient libre cet espace pour des raisons de sécurité. La dernière chose dont ils avaient besoin était une étincelle s'échappant du feu de camp pour aller enflammer les tentes.
Il y avait un cercle de pierres au centre de la clairière, placé là sous les ordres de Nimembeh, et qui servirait comme protection, empêchant les flammes de s'étendre. A quelques mètres de là se trouvait une petite pile de bois ramassée par les cadets au début de la soirée. Icheb et T'Kara commencèrent à apporter de petites branche et brindilles vers le cercle de pierres pour allumer le feu.
Icheb plaça une poignée de brindilles et de bois d'allumage au milieu des pierres puis prit des bâtons plus ou moins droits qu'il avait mis de côté plus tôt. L'un d'eux avait une ficelle attachée d'une extrémité à l'autre et était attaché à sa contrepartie. C'était un autre élément de la leçon, les cadets devaient savoir comment faire partir un feu sans l'aide de leur technologie.
Icheb prit la paire de bâtons, comme cela avait été montré dans la classe durant le cours de survie plus tôt dans le semestre et posa le bâton libre dans le foyer, le faisant tenir à la verticale au-dessus du bois d'allumage. Il le tint en place sur un bloc de bois de la grosseur d'une paume de main. Il tint le second bâton perpendiculaire au premier à la manière d'un arc et commença un mouvement rapide de va et vient pour faire tournoyer le premier bâton et générer une friction contre le bois d'allumage, ce qui devrait finalement provoquer un échauffement et les étincelles nécessaires pour allumer le feu de camp.
Plusieurs minutes passèrent. Le bras d'Icheb se fatiguait rapidement, mais il devait continuer. Il n'y avait même pas le commencement d'une étincelle jusqu'à maintenant et il se sentait frustré. Il poursuivit son mouvement répétitif. Cela avait eu l'air assez facile durant la démonstration en salle de classe.
"Peut-être devrais-je prendre le relais", suggéra T'Kara. "Votre bras doit être assez endolori à présent, même en tenant compte les améliorations que vous fournissent probablement vos implants Borgs."
Icheb fit une pause, regardant la jeune Vulcaine. Elle avait raison, bien sûr. Il desserra sa prise et hocha la tête. T'Kara s'agenouilla à côté de lui et saisit l'instrument, puis se mit rapidement au travail avec le même mouvement de va et vient qu'Icheb, qui s'était mis de côté, avait appliqué.
Icheb s'assit sur une bûche servant de banc tout près du cercle de pierres, reposant les muscles qu'il admettait s'être fatigués. Au bout de cinq minutes, il y eut une bouffée de fumée dans le bois d'allumage. T'Kara mit rapidement l'instrument de côté et se pencha jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'à quelques centimètres de la pile de bois d'allumage fumante. Elle commença à souffler doucement jusqu'à ce qu'elle évente une flamme de taille décente.
Il lui passa quelques brindilles et quelques instants plus tard, deux autres morceaux de bois. Une fois que ceux-ci s'enflammèrent, il passa une petite bûche à sa collègue Vulcaine. Peu après, le feu était bien parti et ils s'assirent une fois de plus sur un banc fait de tronc d'arbre.
Il semblerait que j'ai besoin de... pratiquer", commenta Icheb.
"Il ne fait aucun doute que vous auriez généré la flamme, si vous aviez continué", répondit T'Kara. "La chaleur engendrée par vos efforts précédents a considérablement facilité ma participation."
"Peu importe", contra Icheb. "J'ai passé beaucoup plus de temps que la démonstration que nous avons observée au début de ce semestre n'a duré. Des efforts répétés amélioreront sans doute ma performance."
"C'est une évaluation logique", dit T'Kara.
"Vous n'avez pas encore eu l'opportunité de répondre à ma requête", dit Icheb après un moment de silence entre eux.
"De quelle manière ?" demanda T'Kara.
"La conversation que nous avions et qui fut interrompue lorsque le Commandeur Nimembeh est entré dans la salle du téléporteur", dit Icheb.
"Non", dit T'Kara. "Je reformulais votre question." Icheb fut sur le point de rire, mais parvint à s'arrêter à temps. Toute personne affirmant que les Vulcains n'avaient pas le sens de l'humeur n'en avait visiblement pas connu beaucoup.
"Alors", lança Icheb un instant plus tard. "Que trouvez-vous de si intriguant chez les non-Vulcains ?"
"Je souscris pleinement au traité de l'IDIC de Surak", commença T'Kara, avant de s'expliquer. "Une Infinie Diversité dans d'Infinies Combinaisons. Bien que nos nombreuses espèces aient souvent de fortes et immanquables différences, c'est cette même diversité qui nous rend plus fort en tant que groupe quand nous trouvons un terrain commun sur lequel nous pouvons travailler ensemble. Nous devons profiter de nos différences et de celle de nos voisins parce que c'est cette même diversité qui fait de chaque culture, chaque individu, ce qu'il est. Sans cette diversité, l'univers deviendrait un défi moindre à notre logique, à nos systèmes de croyances et à ce que nous sommes."
"Alors, vous prospérez dans le défi ?" Demanda Icheb.
"C'est la manière dont nous répondons aux défis dans nos vies qui nous définit", dit T'Kara. "Vous, par exemple, avez surmonté des obstacles et des défis qui rempliraient sans doute de modestie plusieurs de vos pairs à l'Académie. L'assimilation, par exemple, par les Borg et vous-même."
"Moi-même ?" Demanda Icheb, confus.
"Vous devez, en ce moment", répondit T'Kara, "par manque d'un meilleur mot, forcer votre propre assimilation dans la plus grande culture qu'est la Fédération. Vous devez choisir si vous honorerez la culture de votre naissance ou en adopter une autre, tandis que vous vous adaptez aussi aux myriades de cultures dans votre nouvelle demeure d'adoption. Je trouve un tel défi... fascinant."
"Icheb", lança soudainement derrière eux la voix grave de Nimembeh, "T'Kara, bon travail avec le feu."
"Merci, Monsieur", répondit Icheb, se tournant en se levant pour accueillir son officier supérieur, T'Kara faisant de même à côté de lui.
"Repos, cadets", dit Nimembeh, gesticulant gentiment ses mains foncées devant lui, leur indiquant de se rasseoir. "Continuez et détendez-vous pendant que vous le pouvez. Vous avez une longue semaine devant vous."
 
***
 
Romulus, Quartier Général du Tal Shiar
Date Stellaire 56318.1
26 Avril 2379, 4 heures 27 minutes
Koval s'assit dans son confortable fauteuil, regardant par la grande fenêtre la vue de la cité Ra'tleihfi dans un silence total. L'heure prévue pour le contact avec l'équipe envoyée chez les Sernaix était passée depuis longtemps. Ils faisaient partie des meilleurs du Tal Shiar et ils n'auraient jamais manqué de le contacter. Ce qui ne laissait qu'une conclusion. Ils avaient échoué. Il devenait évident qu'ils devraient employer une tactique différente pour retourner la situation à leur avantage. Mais laquelle ? Pour l'instant, Koval n'en avait aucune idée.
Soudain, tout disparut, son bureau, sa fenêtre et la vue sur la cité à l'extérieur. Koval doutait d'avoir été téléporté. Il avait fait personnellement l'expérience d'une grande variété de technologies de téléportation et elles avaient toutes une sensation physique distincte durant le transit. Quoi que se soit qui venait de se produire, cela ne provoquait pas la sensation physique habituelle. Et quoi que ce puisse être, c'était capable de passer outre les inhibiteurs de téléportation de son bureau ainsi que tous les autres de son édifice.
Il regarda autour de lui, tentant de situer ce qui l'entourait maintenant. Tout, absolument tout, était fait de métal, les plantes, les arbres, même le sol. Tout était formé le métal tordu. Et il n'y avait aucune forme de vie animale en vue. Peu importe ce que c'était, il n'était certainement pas dans Ra'tleihfi, pas même sur aucun des mondes jumeaux. Un holodeck, peut-être ?
"Bienvenue, Koval tr'Doowrom", tonna une voix derrière lui. Koval pivota sur lui-même. Là où l'instant d'avant il n'y avait rien sauf des plantes métalliques se trouvait maintenant un homme. Mais pas n'importe quel homme. Son corps était couvert de tubes et de ce qui ressemblait à une armure fait de plaques et d'implants de toutes sortes à moitié collés sur son corps. Il était immanquablement Borg.
"Qui êtes-vous ?" Demanda Koval. "Où m'avez-vous emmené ?"
"Mon nom est Ankin Rotor", annonça le Borg. "Je suis... le dirigeant du Constructif Borg."
"Alors les rapports étaient exacts", dit Koval. "Le Collectif n'existe vraiment plus."
"Il y a eu... des enclaves du vieux Collectif", dit Rotor. "Mais nous nous en sommes chargés. Quant à votre seconde question, je ne vous ai emmené nulle part. Vous êtes toujours dans votre fauteuil, assis dans votre bureau. Ceci n'est qu'une projection à l'intérieur de votre cerveau."
"Comment ?" Questionna Koval, abasourdi.
"Le Constructif compte plusieurs espèces télépathes dans ses rangs", dit Rotor. "Leurs capacités combinées, couplées avec la technologie Borg, me permettent de... vous rendre visite."
"Pourquoi ?" Demanda Koval.
"J'ai une proposition à vous faire", répondit Rotor. "De celles qui intéressent notre bénéfice mutuel."
"J'écoute", l'encouragea Koval.
"Je peux faire en sorte que le Tal Shiar s'infiltre dans l'accord que la Section 31 a fait avec les Sernaix", dit Rotor.
"Et qu'est-ce que vous y gagnerez ?" Demanda Koval. "J'ai de la difficulté à croire que vous faites cela par pure bonté de coeur pour les Rihannsus."
"C'est vrai", admit Rotor. "C'est vrai. L'avantage que gagnera le Constructif est simple, réellement. La Section 31 a l'intention de détruire les Sernaix dès qu'ils auront obtenu le contrôle de la technologie de la lumière froide. Le Constructif veut... empêcher que cela n'arrive."
"Pourquoi ?" Demanda Koval.
"Je... Nous avons nos raisons", répondit Rotor.
"Et si je refuse ?" Demanda Koval.
Rotor eut un sourire malveillant. "Ce serait... Inconvénient pour vous."
"Comment pouvez-vous nous aider ?" Demanda Koval.
"J'ai mes... entrées dans la direction de la Section 31", répondit Rotor, énigmatique.
Koval soupesa mentalement l'offre de Rotor. Après ce qui sembla être un débat interne qui dura une éternité, il conclut que c'était la chance qu'il attendait depuis si longtemps pour mettre fin une fois pour toutes à sa dette envers la Section 31.
"Il semblerait", dit finalement Koval, "que nous ayons un accord."
 
***
 
Terre, Montagnes Rocheuses
Date Stellaire 56318.4
26 Avril 2379, 7 heures 13 minutes
Icheb fut réveillé par un tintamarre métallique. En raison de ses implants Borgs, il n'avait en fait besoin que de peu de sommeil et était pleinement reposé. Il se retourna à moitié et débrancha les câbles reliés aux branchements de régénération près de la base de son dos, puis rangea vivement le régénérateur portable que lui et Seven of Nine avaient conçu pendant qu'ils étaient encore à bord du Voyager. Il s'habilla rapidement et s'assura que son uniforme était présentable avant de se retrouver dans l'air vivifiant du matin à l'extérieur de sa tente.
Icheb sentit l'air froid le frapper comme si c'était quelque chose de concret et enroula rapidement ses bras autour de son corps en commençant à frissonner. Il était le premier à être sorti et fut rejoint un moment plus tard par T'Kara qui sortait de sa tente à quelques mètres de lui. Son apparence était, comme toujours, immaculée, en contraste évident avec ses compagnons ébouriffés qui commençaient maintenant à sortir en chancelant de leurs tentes autour d'eux. Ils se rassemblèrent autour du feu de camp, lequel brûlait déjà bien. Nimembeh les attendait, toujours à frapper sur une casserole de métal à l'aide d'un bâton.
"Nous n'avons pas toute la journée, cadets !" Dit Nimembeh, appelant les retardataires. "Monsieur Thelev, quels sont vos plans pour le petit-déjeuner ?"
"Monsieur ?" Demanda Thelev.
"Le petit-déjeuner", répéta Nimembeh. "Qui le fera cuire ? Qu'allons-nous manger ?"
"Je... Je ne sais pas, Monsieur", répondit Thelev, les antennes du jeune Andorien tombèrent, résignées. Il savait ce qui allait suivre.
"Vous ne savez pas ?" Demanda Nimembeh. "N'êtes-vous pas le responsable, Monsieur Thelev ?"
"Oui, Monsieur", répondit Thelev.
"Pourquoi ne le savez-vous pas, alors ?" Demanda Nimembeh.
"Je n'étais pas préparé, Monsieur", répondit Thelev. "Je n'avais rien planifié d'avance, Monsieur."
"Très bien", dit Nimembeh. Puis il se tourna pour regarder les autres cadets qui s'assemblaient près d'eux. "Cadet Icheb, qu'avons-nous à manger ?"
"Monsieur", commença Icheb, "je ne crois pas que nous ayons eu des réserves de nourriture quand nous avons été téléportés."
"Ce n'était pas ma question, cadet", dit Nimembeh.
"Nous n'avons pas de nourriture, Monsieur", répondit Icheb.
"Faux", dit Nimembeh. "Regardez autour de vous. Tout ce dont vous avez besoin pour survivre est déjà là. Y compris la nourriture. Que voyez-vous, Cadet T'Kara ?"
"Il y a de nombreuses plantes comestibles communes à la Terre", répondit T'Kara. "Je dois admettre, néanmoins, que mes capacités à les identifier sont limitées."
"C'est la meilleure réponse que j'ai entendue ce matin", dit Nimembeh. "Et c'est la raison précise de votre présence ici, cadets. Vous devez apprendre comment survivre dans un environnement inhospitalier avec seulement le strict nécessaire. Ramassez votre équipement, nous partons en excursion dans quinze minutes."
 
***
 
Trente minutes plus tard, les cadets se tenaient en demi-cercle autour de Nimembeh agenouillé sur le bord d'un sentier de colline.
"Ceci", expliquait Nimembeh, "est appelé un pissenlit. On le trouve en abondance sur toute la planète et il est facilement identifiable par ses petits pétales jaunes. Ses jeunes pousses de printemps sont en fait plutôt bonnes et sont meilleures crues." Il se leva puis regarda chacun à son tour les cadets rassemblés autour de lui avant de poursuivre. "Il y a de nombreuses choses que vous devez garder à l'esprit en cherchant des plantes sauvages comestibles. La première et la plus importante, c'est que vous devez être capables de la mâcher soit crue, soit après avoir été cuite pour la rendre plus tendre. Deuxièmement, elle doit être bonne pour vous. Si vous avez un doute sur le fait que la plante puisse être non-comestible ou empoisonnée, ne prenez pas le risque de la manger. Informez-vous si possible auprès de quelqu'un qui connaît la plante."
"Comment pourrions-nous reconnaître des plantes sur un monde inhabité ?" demanda l'un des cadets.
"Cela devient un peu plus difficile", admit Nimembeh. "La plupart des mondes de Classe M partagent des similitudes dans leur flore. A l'occasion, des plantes qui ressemblent à une variété comestible sur d'autres mondes sont empoisonnées, mais c'est rare. Dans la plupart des cas, une grande partie des plantes comestibles se ressemblent sur les différentes planètes."
Il fit une pause, attendant une autre question. Comme aucune ne venait, il poursuivit sa leçon. Il attrapa au-dessus de sa tête la branche d'un chêne et arracha une poignée de glands pour les montrer aux cadets. "Ce sont des glands. Des tribus indigènes humaines les auraient moulus et les auraient utilisés pour en faire de la farine et du pain. La farine était traitée avec de l'eau bouillie, ou même quelquefois laissée dans l'eau courante pour la débarrasser du goût amère du tanin des cosses."
Sans avertissement, une avalanche de pierres dévala la pente. Nimembeh et la plupart des cadets parvinrent à s'écarter à temps pour éviter d'être frappés, mais quelques-uns furent touchés par des petits rochers. Cependant, un cadet gisait face contre terre près de la pente, inconscient. Nimembeh s'approcha du cadet en courant, le tourna sur le dos et remarqua immédiatement le sang qui coulait abondamment de son cuir chevelu.
Nimembeh tapa sur son communicateur. "Nimembeh à l'Académie de Starfleet. Nous avons un cadet à terre. Il a une blessure à la tête due à une chute de pierres. Je recommande sa téléportation à la Section Médicale de Starfleet pour traitement."
"Bien compris, commandeur", répondit une voix venant de son communicateur. Un instant plus tard, le cadet disparut dans le scintillement familier d'un faisceau de téléporteur.
Nimembeh se leva puis regarda vers les cadets étonnés. "Où en étions-nous ?" Demanda-t-il. Il vit alors la branche du chêne. "Ah oui, les glands."
 
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Deep Space Nine
Date Stellaire 56322.2
27 Avril 2379, 16 heures 24 minutes
L'éclairage du couloir était ajusté au minimum, puisque c'était le quart de 'nuit' sur l'ancienne station spatiale Cardassienne. L'aspect de l'être était celui d'un visiteur Vulcain, n'attirant pas plus l'attention que tout autre Vulcain qui aurait pu se déplacer sur DS9.
Sa démarche était mesurée et il se déplaçait le long de l'anneau d'amarrage, faisant seulement une pause momentanée pour évaluer un ingénieur inspectant un circuit derrière un des panneaux d'amarrage. Voir un ingénieur de Starfleet réparer des circuits dans cette station spatiale n'était pas un spectacle inhabituel.
Dans l'obscurité relative du couloir, il n'était pas surprenant que l'ingénieur, absorbé par son travail, n'ait pas entendu les pas légers du Vulcain qui approchait dans son dos. Et quand les mains qui ressemblaient à celles d'un Vulcain agrippèrent la gorge de l'ingénieur et serrèrent, il ne fut pas plus surprenant qu'il ne se débâtât qu'un court moment pour finalement tomber mollement dans les mains de son assaillant.
 
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USS Enterprise NCC-1701-E
Date Stellaire 56322.2
27 Avril 2379, 16 heures 30 minutes
La noirceur du tube de Jefferies fut momentanément interrompue par un soudain éclair de lumière. Le silence fut brisé par un rugissement léger, la protestation de colère du subespace dû à cette infraction. Le vide fut remplacé par la forme accroupie d'un homme dans un uniforme semblant être fait d'un métal noir et de toutes sortes de teintes sombres. Ses épaules semblaient longues et pointues. Son visage à la peau olivâtre était entouré par des cheveux foncés et coupés courts, ce qui accentuait ses oreilles pointues.
Ayant pris un moment pour se familiariser avec son entourage, l'homme, un Romulien, commença à ramper dans les entrailles du vaisseau stellaire. En se fiant à l'information qu'il avait, sa cible devait être proche et à ce moment de la journée, elle devait être complètement isolée du reste de ses compagnons d'équipage.
 
***
 
"Monsieur, je capte quelque chose d'étrange sur nos senseurs internes."
"Qu'est-ce que c'est, M. Daniels ?" Demanda le Capitaine Jean-Luc Picard, pivotant dans son fauteuil du centre de la passerelle de l'Enterprise pour faire face à son chef de la sécurité. Le lieutenant qui servait à bord de l'Enterprise-E depuis plusieurs années ne s'était pas seulement distingué durant l'incident de Ba'ku, mais aussi quand les Borgs s'étaient emparés du vaisseau pendant qu'ils étaient retournés trois siècles dans leur passé.
"Je ne suis pas sûr, capitaine", admit Daniels. Il y a juste eu un blip dans un tube de Jefferies sur le pont vingt, il y a une minute."
"Hum", réfléchit Picard. "Envoyez une équipe de la sécurité sur place. Je ne veux prendre aucun risque, nous sommes trop près de la Zone Neutre."
 
***
 
Le Romulien observa la scène à travers la grille de ventilation, toujours accroupi à l'intérieur de tube de Jefferies. Il pouvait voir sa cible à moins de trois mètres de lui. Elle n'était pas sur ses gardes, elle ne soupçonnait rien. Pitoyable. Non, tout simplement pathétique.
Lentement, avec précaution, il commença à déloger la grille de son encastrement, faisant attention à ne pas faire de mouvements brusques qui attireraient l'attention de sa cible. Elle était assise à un terminal, son côté gauche face à lui.
Enfin, la grille se détacha. Il la retint, prenant soin de ne pas la laisser tomber. La tête de sa cible se détourna de lui. C'était sa chance.
Soudain, la porte siffla en s'ouvrant. La sécurité ! D'une manière ou d'une autre, ils avaient détecté la téléportation subspatiale qui l'avait emmené à bord malgré les boucliers du vaisseau stellaire ! Il n'y avait plus de temps à perdre. Il était vulnérable aussi longtemps qu'il restait où il était. Il ne pouvait pas remettre la grille en place pour retourner sur ses pas. Les hommes de la sécurité étaient sur leurs gardes, ils le remarqueraient. De toute façon, il devait y en avoir encore plus dans les conduits derrière lui. Après tout, c'est ce qu'il aurait fait.
Il laissa tomber la grille sur le pont et sauta vers l'avant, sortant en même temps son disrupteur de l'étui à sa hanche. Dans la même seconde, il prit sa cible par le cou, son arme pointée contre sa tête.
Les gardes de la sécurité ne s'étaient pas attendus à ce genre de manoeuvre d'un ennemi qui jusqu'alors leur étaient inconnu et ils hésitèrent. Durant le moment d'hésitation, le Romulien libéra assez longtemps le cou de sa cible pour frapper sur l'activateur de téléportation sur sa ceinture. Sa cible et lui disparurent dans un éclair de lumière et un faible rugissement sourd.
 
***
 
Dans un endroit inconnu
Date Stellaire 56324.6
28 Avril 2379, 13 heures 26 minutes
Alistair Warhol s'était réveillé entouré de Romuliens.
Il ne pouvait évidemment pas les voir. La salle était trop sombre pour voir quoi que ce soit. Mais après des décennies à travailler avec Starfleet, et la Section 31, Warhol connaissait les Romuliens. Il savait quand il était dans une salle remplie de Romuliens, couché dans le noir total avec les bras et les jambes attachés et son communicateur confisqué. Il était vrai qu'il se retrouvait dans cette situation particulière pour la première fois, mais l'un n'empêchait pas l'autre.
"Que voulez-vous ?" Demanda-t-il, gardant une voix calme.
Immédiatement, Warhol sentit des coups de gourdins. Celui-ci ne semblait pas particulièrement Romulien, mais les gourdins n'étaient pas très différents d'une planète à une autre. Warhol avait survécu à la torture à plus d'une occasion. Il était confiant sur le fait qu'il en serait de même ici. Il s'arma de courage et attendit que les coups s'arrêtent.
En fait, ils ne s'arrêtèrent pas. Pendant à peu près trente secondes, tandis que le barrage continuait, une voix se fit entendre : "Vous travaillez pour la Section 31 ! Vous savez ce que nous avons besoin de savoir ! Dites-le nous ou mourrez !"
Des amateurs, pensa Warhol. Les Romuliens n'ont pas envoyé des bourreaux expérimentés. Ils ne doivent pas disposer de beaucoup de temps, ce qui veut dire que c'est moi, et pas eux, qui ai l'avantage.
Les coups s'arrêtèrent et le silence revint à nouveau encore la salle. Les Romuliens attendaient que leur prisonnier parle. Après quelques instant, Warhol se lança. "S... Section 31 ?" Dit-il, ajoutant une dose de frousse dans la voix. "Je ne sais pas de quoi vous parlez."
Bien sûr, on le rua encore de coups. Un tortionnaire débutant ne savait jamais comment utiliser l'outil qu'était la violence, quand se retenir, ni quand l'administrer au bon temps. Warhol avait appris cela depuis qu'il était dans la Section. Il avait travaillé avec leurs bourreaux quand c'était nécessaire et avait appris rapidement que la subtilité et la précision fonctionnaient bien mieux que l'approche bon-flic/mauvais-flic. A peu près n'importe quoi, en fait, était plus efficace que "les coups jusqu'à ce qu'on parle."
"Je ne sais pas !" Cria-t-il encore. Son jeu de l'officier sans courage paniquant à la moindre douleur lui avait servi auparavant. Considérant le "talent" de ces Romuliens, pensa-t-il, ils allaient finir par le croire rapidement. Alors, ils devraient le renvoyer à Starfleet. Ils ne pouvaient pas se permettre d'attirer le genre d'attention que sa disparition provoquerait.
Ce fut à ce moment que Warhol vit la lumière. Et tout changea.
C'était une faible lumière verte et assez lointaine, mais il la reconnut immédiatement. Dans une salle pleine de Romuliens, cela ne pouvait signifier qu'une chose. Une sonde mentale. Il ne s'était pas imaginé qu'ils auraient de genre d'équipement avec eux. Ce qui signifiait que sa stratégie ne valait rien. Aucun humain n'ayant pas reçu un traitement spécial n'avait jamais été capable de résister à une sonde mentale Romulienne.
Warhol savait ce qu'il lui restait à faire. Sa connaissance ne devait jamais tomber entre les mains ennemies. Sans hésitation, il passa sa langue sur ses molaires du fond, cherchant celle qui relâcherait la toxine neurale à action rapide. Dès qu'il aurait délogé la molaire, il ne lui resterait que quelques instants à vivre.
C'est ce qui serait arrivé... Si elle avait été là.
Warhol tâtonna encore, mais il n'y avait rien. Son nécroliseur intra-dentaire avait complètement disparu. Comment ? Pensa-t-il. Elle était imperméable à tout balayage conventionnel... Où avaient-ils appris qu'il en aurait une ? Qui aurait fait ça ? Un ennemi de la Section, ou bien...
Mais il n'eut plus le temps pour penser. L'engin entra soudainement et durement en contact avec la tempe de Warhol. Il retint son souffle et attendit ce qui allait suivre. Personne n'était vraiment sûr de ce que l'on ressentait durant un balayage mental Romulien, mais Warhol savait qu'il était sur le point de le découvrir. Il s'arma de courage, s'attendant à de la douleur et de la violence.
Ce qu'il obtint fut inattendu.
La noirceur était partie. Le silence était total. Autour de lui, il y avait des plantes, des arbres sous un soleil brillant ainsi que le reflet du métal poli. Sous ses pieds, un globe scintillant réfléchissant une image déformée de lui dans son uniforme. Warhol reconnut l'endroit... Et sut ce qui allait suivre.
Toute son âme frissonna quand il regarda une nouvelle fois le visage d'Ankin Rotor.
 
***
 
Terre, Montagnes Rocheuses
Date Stellaire 56325.4
28 Avril 2379, 21 heures 19 minutes
Le crépuscule tombait et le Cadet Thelev alimenta le feu de camp, ses antennes s'arquant vers la chaleur irradiante des flammes qui illuminaient sa peau bleue. Il se tourna vers la pile de bois pour choisir une autre bûche à jeter dans le feu et remarqua qu'il n'en restait que trois.
"Notre réserve de combustible se raréfie déjà", annonça Thelev.
"Je vais aller ramasser plus de bois pour le feu", dit Icheb, se levant du tronc d'arbre servant de banc. T'Kara, assise à côté de lui, se leva aussi.
"Je me joindrai à vous", déclara-t-elle. "Ensemble, nous trouverons plus de bois que vous seul."
Le Commandeur Nimembeh, assis silencieusement tout près, hocha la tête pour montrer son approbation. Les volontaires se retournèrent et quittèrent le site du camp, se dirigeant vers la lisière du bois la plus proche.
"Pourquoi vous êtes-vous proposée pour m'accompagner ?" Demanda Icheb à sa collègue après un moment de silence.
"Comme je l'ai dit", répondit T'Kara, "ensemble nous serons en mesure de trouver et de transporter plus de bois pour le feu que si vous aviez été seul."
"Etait-ce la seule raison ?" Demanda Icheb, tournant la tête vers la jeune Vulcaine en arquant un sourcil comme il avait vu le Commandeur Tuvok faire en nombreuses occasions.
T'Kara regarda vers Icheb, haussant elle aussi un sourcil. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais avant qu'elle puisse sortir un seul mot, il y eut un bruit derrière eux. C'était sans nul doute celui d'une explosion. Ils pivotèrent à temps pour voir les restes d'une massive boule de feu se soulever de l'endroit où se trouvait leur feu de camp. A cet instant, l'onde de choc de l'explosion les frappa eux aussi. Un souffle dur et chaud qui aurait fait du bien dans cette nuit où la température baissait rapidement et si les circonstances avaient été différentes. Immédiatement, tous deux se mirent à courir vers le campement.
Ce qui les attendait n'était rien de moins qu'une scène de carnage. Tous les cadets jusque-là assis autour du feu de camp et qui se détendaient après une longue journée, n'étaient maintenant plus que des corps gisants... Dans quel état ? Inconscients ? Morts ? Icheb entendit un gémissement et vit un des cadets bouger. Il se précipita près de son camarade au sol.
"Ils ont souffert de blessures graves", dit T'Kara. "Il est plus que probable que l'explosion émanait du feu de camp, radiant vers l'extérieur sans que personne ne s'y attende. Ceux qui étaient les plus près de l'explosion doivent être morts, mais je ne peux en être certaine pour le moment. Il semblerait que quelqu'un essai activement d'interférer dans notre formation."
Icheb tapa sur le communicateur de son uniforme. "Cadet Icheb à l'Académie de Starfleet. Urgence Médicale. Téléportez toute l'escouade immédiatement !" Il attendit un moment avant de sentir le chatouillement familier du téléporteur le cueillir. La scène devant ses yeux devint floue, puis fusionna pour devenir l'intérieur d'un complexe hospitalier, une demi-douzaine de docteurs et de nombreuses infirmières et infirmiers les attendant.
Icheb et T'Kara furent conduits plus loin par un interne Tellarite qui les saisit par le bras en marchant entre eux sans dire un mot. Ce qu'il exprimait était assez facile à comprendre. Laissez la place pour que ceux qui ont été entraînés pour ce genre d'urgence fassent leur travail sans être gênés. Il y avait plusieurs chaises contre le mur tout près et les deux cadets s'assirent en silence, leur attention portée sur le chaos qui s'offrait à eux.
"Bon sang !" cracha l'un des docteurs en se penchant au-dessus sur la forme brisée et ensanglantée d'un des cadets. "Stimulateur Neural !"
"Celui-ci a une hémorragie interne massive", appela un autre docteur. "Donnez moi un... Arrêt cardiaque ! Défibrillateur, maintenant !"
Des ordres venaient de tous les docteurs, suivis des réactions des internes qui les assistaient, se fondant dans le rugissement sourd d'une salle de tri d'urgence. Même avec ses implants qui pouvaient différencier les nombreuses voix et ordres du Collectif, Icheb avait de la difficulté à démêler les bruit qui agressaient ses oreilles, n'attrapant que des bouts de phrases.
"...fusionneur d'os !"
"Ce gosse a un..."
"Doux Jésus, je n'ai pas vu cela depuis des années..."
"Tout de suite, docteur."
"Allons, petit ! Ne meurs pas maintenant !"
"J'ai besoin de vingt centimètres cube de..."
Icheb tourna la tête pour voir comment T'Kara supportait cette tournure des événements. Son visage était passif, son expression restait neutre. Elle devait avoir vu sa tête se tourner vers elle du coin de l'oeil, car elle se tourna elle aussi pour le regarder. Il la regarda dans les yeux et découvrit ce qu'il s'attendait à voir, avec cependant assez de contrôle pour que cela ne se reflète pas sur son visage. Les émotions, à peine retenues, couvaient sous la surface.
T'Kara tourna sa tête vers un mouvement à la périphérie de son champ de vision. Icheb la regardait, ses émotions à lui clairement évidentes. La rage, la peur, la détermination... Son entraînement à elle ne lui aurait jamais permis d'afficher si ouvertement ses propres émotions, qui étaient pourtant si près de la surface. Il la regarda dans les yeux et son expression changea. Elle voyait maintenant... de la compassion.
 
***
 
Romulus, Quartier Général du Tal Shiar
Date Stellaire 56325.5
28 Avril 2379, 21 heures 47 minutes
 
"Warhol", commença Xor, "a craqué."
"Excellent", répondit Koval. Xor et Radaik s'assirent une fois du plus dans les fauteuils situés de l'autre côté de son imposant bureau. "Les informations qu'il nous a fournies seront sans nul doute utiles. J'en conclus que les procédures post-interrogatoires ont été appliquées ?"
"Naturellement, directeur", dit Xor. "Néanmoins, je ne comprends pas comment il a pu craquer si facilement. Nous avions à peine commencé la procédure d'interrogatoire."
"Ne vous en faites pas pour ça", le réprimanda Koval, espérant détourner son attention de son alliance avec Rotor, qu'il espérait garder secrète le plus longtemps possible. "Le plus important est qu'il nous a fourni les informations que nous voulions. Bientôt, nous pourrons nous lancer dans la phase suivante de l'opération."
"Et quelle sera la prochaine phase, exactement ?" Demanda Radaik.
"Warhol inclura le Tal Shiar dans l'accord que la Section 31 a avec les Sernaix", dit Koval, son ton indiquant que cette information aurait dû être évidente pour quelqu'un d'aussi haut placé dans la hiérarchie du Tal Shiar que Radaik. "S'il lui venait à l'esprit de nous trahir, nous n'aurions qu'à lui rappeler les conséquences si ses compatriotes venaient à soupçonner qu'il avait été compromis."
 
***
 
Terre, Département Médical de Starfleet
Date Stellaire 56325.5
28 Avril 2379, 21 heures 59 minutes
"Cadet Icheb, Cadet T'Kara", dit un homme avec un uniforme de Starfleet au col doré en s'approchant des deux cadets dans un des salons de l'hôpital de la Section Médicale de Starfleet. "Lieutenant Shawn Wallace, du Bureau des Enquêtes Spéciales." Il pointa du doigt l'homme qui se tenait en retrait à sa gauche. "Et voici mon partenaire, le Lieutenant Grodenchik."
"Monsieur", dit Icheb tandis que lui et T'Kara se levaient pour se mettre au garde à vous.
"Repos, cadets", dit Wallace. "Je suis ici pour vous poser quelques questions sur ce qui est arrivé à votre escouade." Il jeta un regard sur la tablette électronique dans sa main gauche et se prépara à prendre des notes. "Où étiez-vous au moment de l'explosion ?"
"Nous étions à plusieurs dizaines de mètres du campement", répondit Icheb.
"Que faisiez-vous ?" Questionna Grodenchik.
"Nous ramassions du bois pour le feu", dit Icheb.
"Avez-vous vu l'explosion ?" Demanda Wallace.
"Non", dit T'Kara. "Nous tournions le dos au campement. Nous avons attendu l'explosion et, quand nous nous sommes retournés, nous avons vu le reste de la boule de feu qu'elle avait produit monter dans le ciel."
"Qui aurait pu avoir l'opportunité de provoquer l'explosion ?" Interrogea Wallace.
"N'importe lequel des cadets", dit T'Kara, "ou le Commandeur Nimembeh. Toute l'escouade était rassemblée autour du feu de camp."
"Qui s'occupait du feu ?" Enchaîna Grodenchik.
"Le Cadet Thelev", répondit Icheb.
"Est-ce que l'un ou l'autre des autres cadets agissait d'une façon suspecte ?" Demanda Wallace.
"Pas à ma connaissance", dit Icheb.
"Il semblerait que vous ayez quitté la scène de l'explosion juste au bon temps", fit remarquer Grodenchik.
"Je ne suis pas responsable de l'explosion", déclara Icheb. "Nous commencions à manquer de bois pour le feu, alors T'Kara et moi avons quitté le campement pour en ramasser plus."
"Qui vous a ordonné de ramasser plus de bois ?" Demanda Wallace.
"Personne", dit Icheb. "Je me suis porté volontaire."
"Je vois", commenta Wallace. "Et vous, Cadet T'Kara ? Vous êtes-vous également portée volontaire ?"
"Oui", dit T'Kara. "La logique dictait que deux d'entre nous ramasserions plus de bois qu'un seul."
"Bien sûr", dit Wallace. "Et que faisait le Commandeur Nimembeh quand tout ceci est arrivé ?"
"Il observait l'escouade", répondit Icheb.
"De quel endroit ?" Enchaîna Grodenchik.
"Le Commandeur Nimembeh", commença T'Kara, "était assis derrière les Cadets Dows et Sadeet approximativement à deux mètres du cercle de pierres, directement devant la tente du Cadet Carey."
"Je vois", dit encore Wallace.
"Vous semblez croire", commenta Icheb, "que l'un des cadets ou le Commandeur Nimembeh aurait pu provoquer l'explosion. N'est-il pas aussi possible que quelqu'un ait téléporté l'engin dans le feu à partir d'un autre endroit ?"
"Les satellites surveillant votre équipe n'ont détecté aucune activité de téléporteur sur leurs senseurs", répondit Grodenchik.
"Ce n'est pas concluant", rétorqua Icheb. "Il existe des technologies de téléportation qui peuvent ne pas être détectables par la technologie des senseurs de Starfleet. Durant ma période à bord du Voyager, par exemple..."
"Merci, cadet", dit Wallace, coupant Icheb au milieu de sa phrase. "Ce sera tout pour l'instant. Si nous avons d'autres questions pour vous, nous vous contacterons."
Sur ce, Wallace et Grodenchik se levèrent, se retournèrent et quittèrent la salle.
 
***
 
Terre, résidence de Warhol
Date Stellaire 56328.7
30 Avril 2379, 1 heures 23 minutes
Alistair Warhol se réveilla entouré de Romuliens.
Ils étaient partout. Il les repoussa, mais il en arrivait toujours. Ils le frappaient avec des gourdins jusqu'à ce...
Non.
Warhol reprit ses sens. Les ténèbres l'entouraient toujours, mais il n'y avait personne d'autre. Rien n'entravait ses mains et ses jambes. Est-ce que cela pouvait être... ? "Lumières", dit-il.
Obéissant, l'éclairage se mit en fonction, l'obligeant à plisser les paupières. Quand il vit le décor familier de sa maison sur Terre. Et les Romuliens. Ils étaient partout, le rouant de coup...
Non !
Il n'y avait aucun Romulien. Pas de Romuliens. Warhol se répéta ces deux mots dans sa tête comme pour se convaincre, tentant de se remettre et de se rappeler ce qui lui était arrivé. L'obscurité... la torture ? Ce n'était pas clair. Quelque chose à propos d'une sonde mentale....
"Ordinateur, donnes-moi la liste des occupants de cet édifice."
"L'Amiral Alistair Warhol."
"Aucun Romulien ? Aucun intrus ?"
"Négatif."
Warhol se sentait toujours bouleversé, mais il faisait confiance en son ordinateur comme si la présence de ce drone sans esprit pouvait être rassurante. Les senseurs de Starfleet étaient les meilleurs de tous. Les senseurs... Il pourrait vérifier où il avait été, résolvant la question une fois pour toutes. Cela mettrait fin à sa confusion. "Ordinateur, nomme-moi les endroits où je suis allé durant les... six derniers jours ?"
"L'Amiral Alistair Warhol a été le plus souvent dans les Quartiers Généraux de Starfleet, l'édifice thêta, salle..."
"Merci, ordinateur." Mon bureau, pensa-t-il. "Quelque part ailleurs ?"
"Amérique de Nord, dans le Montana, cité de Bozeman, district..."
"Ici. Un autre endroit ?"
"Pas d'autre endroit à rapporter."
"Quoi ? Fait une autre recherche, niveau 3."
Il y eut une pause. "Aucun autre endroit à rapporter."
Warhol se frotta le menton, perplexe. Est-ce que quelqu'un s'était vraiment donné le mal de le kidnapper et d'altérer les enregistrements de Starfleet ? Qui disposerait de ce genre de ressources ? Ou... était-ce un rêve ?
Instinctivement, Warhol rechercha le nécrolyseur intradentaire. Il était là, son élégant mécanisme mortel identique à tous les jours.
L'Amiral Warhol fronça les sourcils.
 
***
 
Terre, Académie de Starfleet
Date Stellaire 56329.7
30 Avril 2379, 10 heures 09 minutes
"Icheb", questionna T'Kara pendant qu'elle et son compagnon étaient assis dans la bibliothèque du campus de l'Académie de Starfleet, devant l'un des nombreux terminaux d'ordinateurs. "Etes-vous sûr d'avoir le code d'autorisation permettant d'accéder aux données des senseurs enregistrées par les satellites qui surveillaient notre équipe ?"
"Je ne suis pas certain", admit Icheb. "Il est possible que cette information soit restreinte à cause de l'enquête actuelle sur l'explosion. Cependant, nous n'aurions aucune raison d'accéder à une telle information si ces événements n'avaient pas eu lieu."
La touche d'activation de l'écran affichait l'habituel accès à l'ordinateur central du terminal. Il leur restait maintenant à se connecter sur la base de données où étaient emmagasinées les données des senseurs en question. Quand cela lui fut demandé, Icheb entra son nom et son code de sécurité.
"Accès refusé", dit la voix de l'ordinateur un moment plus tard. "Autorisation de niveau de sécurité insuffisant."
Icheb fit une pause, le temps d'une réflexion. T'Kara s'apprêta à partir. Ils n'avaient visiblement pas une autorisation suffisante pour accéder aux données.
"Accès accordé", annonça l'ordinateur l'instant d'après. T'Kara se retourna, perplexe.
"Comment êtes-vous parvenu à obtenir l'accès ?" Demanda T'Kara.
"Je ne crois pas que vous voudriez le savoir", répondit Icheb. Avant que T'Kara n'insiste pour qu'il s'explique mieux, les données qu'ils recherchaient apparurent sur l'écran.
"Ordinateur", lança Icheb, "as-tu un balayage visuel de campement de l'équipe du Commandeur Nimembeh ?"
"Affirmatif", répondit l'ordinateur.
"Sur écran", ordonna Icheb. "Avance à l'index de temps 56325.4 et passe en lecture." L'image sur l'écran changea pour montrer des cadets assis autour du feu de camp. Il était évident que les images avaient été prises d'un satellite en orbite. "Agrandis l'image sur les grilles de référence 12 marque 47 à 74 marque 13." L'ordinateur fit immédiatement un zoom sur la section réclamée et les deux cadets virent les cadets plus clairement. Mais la scène était toujours trop indistincte pour pouvoir identifier chaque individu. Icheb se vit se lever, pour être suivi l'instant d'après par T'Kara. Ils sortirent de l'image.
Il y eut un mouvement furtif de l'un des cadets et un instant plus tard, l'écran s'illumina de l'effet visuel accablant de l'explosion et de la boule de feu qui en était résulté.
"Ordinateur, pause", dit Icheb. "Recule de deux secondes. Agrandis les grilles 14 marque 37 à 18 marque 30." L'ordinateur obéit immédiatement. "Lecture, demie-vitesse." Icheb et T'Kara observèrent l'un des cadets, ils ne pouvaient dire lequel, lancer un petit objet dans le feu. L'instant d'après, l'écran devint une fois de plus complètement blanc par l'image de l'explosion.
"Nous devons parler avec le Commandeur Nimembeh", dit Icheb. "Il saura sûrement qui est le responsable de l'explosion."
"Comment en venez-vous à cette conclusion ?" Demanda T'Kara.
"Ordinateur", ordonna Icheb, "arrête la lecture et retourne au temps index précédent. Fais un zoom sur les grilles de référence 12 marque 47 à 74 marque 13." Après que l'ordinateur ait obéi, Icheb pointa le cadet qui avait jeté l'explosif dans le feu. "Ceci est notre saboteur", dit-il. Puis son doigt se déplaça jusqu'à l'autre bout de l'image, passant par-dessus le feu de camp jusqu'à se placer sur une autre silhouette, directement à l'opposé du cadet en question. "Et voici le Commandeur Nimembeh. On peut le dire parce que les uniformes de cadets ont des couleurs brillantes sur les épaules, tandis que cet uniforme à des épaules grises standard."
"Logique", commenta T'Kara.
 
***
 
Terre, Quartier Général de Starfleet
Date Stellaire 56329.8
30 Avril 2379, 11 heures 11 minutes
L'Amiral Warhol était assis dans son bureau dans l'aile du commandement de Starfleet consacrée à la Division des Opérations. Le pont reconstruit du Golden Gate était visible par la grande fenêtre derrière lui. Il prit une des tablettes électroniques sur son bureau et essaya de lire le rapport contenu dans sa mémoire, mais il n'arrivait pas à se concentrer sur son travail. Il avait toujours trop de questions sans réponse sur les trois derniers jours. Sans avertissement, il y eut un éclair de lumière et un grondement sourd à moins de trois mètres de son bureau, derrière une série de chaises à l'opposé d'une table de travail faite de plastique et de métal. Il regarda, et vit à son grand étonnement un Romulien dans l'uniforme du Tal Shiar.
"Amiral Warhol", dit le Romulien, presque cordialement. Il montra les chaises devant lui. "Puis-je ?" Warhol hocha la tête, toujours choqué par cette entrée qui ne manquait pas d'audace. "J'apporte un message du Tal Shiar. Nous connaissons vos... associés. Nous voulons être inclus dans l'arrangement que ce groupe à fait."
"Je ne sais pas de quoi vous voulez parler", parvint à dire Warhol sans bégayer, retrouvant rapidement son calme.
"S'il vous plaît, n'insultez pas notre intelligence", dit le Romulien, sa fierté faussement blessée. "Après tout, l'intelligence, c'est notre affaire. Le Tal Shiar veut être inclus. Et si vous croyez même un instant que vous avez le luxe de nous dire non, réfléchissez à ceci. Nous savons ce que vous savez. J'imagine qu'il doit y avoir un trou dans vos souvenirs récents. Vos ordinateurs et votre équipe insisteront tous pour dire que vous avez été ici durant les dernières soixante-douze heures, mais vous connaissez la vérité. L'homme qu'ils croyaient tous être vous était en réalité un de nos agents, pouvant même être moi, avec un masque holographique pour lui donner votre visage et utilisant une méthode plus... banale pour lui donner vos... autres attributs physiques. Pour autant que les autres le savent, vous n'avez jamais quitté San Francisco."
"Vous essayez de me dire", commença Warhol, "que j'ai été le prisonnier du Tal Shiar pendant trois jours ?"
"Prisonnier ?" Répéta le Romulien. "Non, non. Vous étiez notre invité." Subitement, les yeux du Romulien se rétrécirent et sa voix prit un ton plus agressif. "Nous avons couvert vos traces ces trois derniers jours parce que vous nous êtes plus précieux en tant que ressource continuelle, mais n'allez pas faire l'erreur de le prendre pour de la stupidité de notre part. Si vous venez ne serait-ce qu'à penser à faire quoi que ce soit de contraire à ce que nous vous disons à partir de cet instant, vos amis dans la Section 31 trouveront un enregistrement de vous, à nos soins, nous disant volontairement tout ce que vous savez à leur sujet et sur leurs activités. Nous sommes-nous montrés clair ?"
Warhol sentit son visage se vider de son sang. Même si le Romulien bluffait, il ne serait pas difficile pour le Tal Shiar de créer une version holographique de lui pour ensuite en faire un enregistrement. Et puisque Monsieur West semblait déjà douter de lui... Il était plutôt coincé entre le marteau et l'enclume.
"Amiral ?" Insista le Romulien. "Est-ce que ceci est clair ?"
Warhol hocha la tête.
"Je reprendrai contact", dit le Romulien. Puis il poussa sur un bouton à sa ceinture et disparut dans un éclair de lumière et toujours le même grondement sourd.
 
***
 
Terre, Département Médical de Starfleet
Date Stellaire 56330.2
30 Avril 2379, 14 heures 43 minutes
L'agent Tagawa de la Section 31, qui avait passé la majeure partie de l'année précédente sous la fausse identité d'un cadet de l'Académie de Starfleet, se déplaça silencieusement le long du couloir du complexe hospitalier de la Section Médicale de Starfleet. S'assurant qu'on ne le remarquerait pas, il se glissa dans la chambre du Commandeur Nimembeh. A l'intérieur, il découvrit qu'il n'y avait personne d'autre dans la chambre que Nimembeh, couché et inconscient dans son lit, les bio-moniteurs à l'affichage doux montrant ses signes vitaux.
Il marcha, presque sur la pointe des pieds, aussi silencieusement et prudemment qu'il le pouvait. Quand Icheb et T'Kara avaient quitté le campement, il avait profité de l'opportunité pour frapper dans l'espoir que l'explosion leur serait imputé. Il n'y avait qu'un problème. Au moment où il avait lancé l'engin dans le feu, le mouvement de son bras avait attiré l'attention de Nimembeh. Pour que le Borg prenne le blâme, il devait régler le problème de Nimembeh. Il devait s'assurer que les plans de la Section pour neutraliser l'équipage du Voyager, y compris le jeune ancien drone, aillent de l'avant. Il savait aussi que, s'il était découvert, la Section nierait toute connaissance de lui pour éviter d'être exposée.
Il souleva doucement la tête rasée à la peau foncée de Nimembeh et retira l'oreiller qui se trouvait en dessous. Agrippant fermement les deux côtés, il le pressa sur le visage de l'instructeur.
Les mains de Nimembeh réagirent, agrippant les poignets de Tagawa, tentant de repousser l'oreiller. En d'autres circonstances, l'homme costaud qu'était Nimembeh y serait parvenu facilement. Mais en ce moment, il pouvait à peine lutter contre un "cadet" relativement famélique, ses blessures ayant drainé ses forces. A cet instant, la porte s'ouvrit et Icheb et T'Kara entrèrent dans la chambre, le choc et la surprise sur leurs visages.
"Tagawa", dit doucement Icheb. Il se tourna à moitié vers T'Kara et dit, "Partez. Alertez la Sécurité. Je m'occupe de lui." T'Kara se retourna et suivit les instructions de son ami, tandis qu'Icheb sauta sur l'humain.
Ils tombèrent sur le ventre de Nimembeh et Tagawa lâcha sous le choc sa prise sur l'oreiller qui tomba hors de portée. Icheb, cependant, n'avait pas l'entraînement de Tagawa au combat au corps à corps et l'humain retourna rapidement la situation contre le jeune Brunali qui alla s'écraser sur une chaise deux mètres plus loin.
Icheb, inébranlable, se remit sur ses pieds et se précipita une fois de plus sur Tagawa. Les deux s'effondrèrent sur le sol, chacun agrippant les poings de l'autre, luttant pour avoir le dessus. Pour le moment, ils étaient à égalité.
La porte s'ouvrit alors en fracas et trois officiers de Starfleet aux uniformes au col doré de la Sécurité se précipitèrent dans la chambre, T'Kara les suivant de près. Ils se joignirent rapidement à Icheb pour maîtriser Tagawa et à quatre, ils parvinrent facilement à soumettre et maîtriser le meurtrier présumé.
Tagawa réalisa qu'il avait été capturé. Il avait totalement failli à sa mission et il savait très bien comment la Section voyait tout échec quel qu'il fut. Il s'arma de tout son courage, se résignant à son sort, puis mordit avec force la fausse molaire dans laquelle était encastré le poison à action rapide. Puis tout devint noir.
 
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Ecrit par: Jeffrey Harlan
version française: André
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: SaRa (version originale), Laurent (version française).

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