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Episode 8.17 - Jurisprudence
Par: Jeffrey Harlan (feedback@jeffreysworld.net)

Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.
Note de l'auteur: J'aimerais ajouter un remerciement tout spécial à Seema pour avoir travaillé d'aussi près avec moi dans cette histoire, à Thinkey et Coral pour leur patience, et au reste de l'équipe de VVS8 pour sortir une grande production avec une telle constance.

 

"Tandis que le procès de Janeway tire às sa fin, le Docteur fait face às de l'opposition et Kim retrouve un vieil ami."

"Regardez les choses en face, Cathie, c'est terminé". Le vieil Amiral Patterson, un barbu aux cheveux gris, disait cela avec chagrin, debout face à son ancienne élève tourmentée, le Capitaine Catherine Janeway, officier commandant du vaisseau Voyager. "Il n'y a rien que vous puissiez faire. Rien que 'nous' ne puissions faire."
"Je ne peux pas l'accepter", dit stoïquement Janeway, sa voix s'étranglant dans sa gorge en disant ces mots. Elle regardait, déterminée, de l'autre côté du bureau vers Patterson, puis vers l'Amiral Owen Paris, assis entre lui et elle. Ses yeux les défiaient de s'opposer à elle. Paris, le plus âgé, était plus ridé, et semblait... 'plus vieux' que dans ses souvenirs, depuis leur dernière réunion avant que le Voyager ne parte pour les Badlands. Il lui semblait s'être passé une éternité.
"Il a raison, Catherine", ajouta Paris, pliant ses mains en prenant appui sur ses coudes sur le bureau pour se pencher vers elle. "Il y a plus qu'assez de preuves contre vous pour prononcer plusieurs dizaines de condamnations. La moitié des amiraux de Starfleet veut votre tête pour ce qui est arrivé avec les Borgs. Vos actions peuvent avoir été justifiées en tenant compte de la situation, mais personne de bien placé ne vous écoutera." Il jeta furtivement un regard vers ses pieds, inhabituellement mal à l'aise, puis continua. "Toute personne se rangeant de votre côté se retrouvera dans la même position. Nous... nous ne pouvons risquer cela."
Le creux à l'estomac de Janeway devint soudainement terriblement vide. "Vous", commença-t-elle, choquée, remuant inconfortablement sur sa chaise. "Vous ne pouvez pas être sérieux. Vous n'êtes pas en train de me dire ce que je pense..."
"Je suis désolé, Catherine", dit Paris, gardant sa main levée plaintivement, ses sourcils se soulevant au remord de ce qu'il sentait devoir faire. "Il est trop dangereux pour nous d'exposer nos têtes pour vous comme nous l'avons fait par le passé."
"Soyez maudits", cracha Janeway de colère, ses mots ressemblant plus à des grognements dans sa gorge. "Soyez maudits tous les deux. Vous êtes allés à l'Académie avec mon père. Vous m'avez entraînée, aidée à avoir le commandement du Voyager, et maintenant vous allez m'abandonner ?" Bien qu'elle ne veuille pas l'admettre, cela lui faisait du bien de le leur envoyer comme cela. Ils le méritaient. Ils l'abandonnaient.
"Ce n'est pas aussi radical que ça, Cathie", commença Patterson. "Ecoutez ce que nous..."
"Pourquoi le devrais-je ?" rétorqua Janeway. "Vous n'allez pas changer 'votre' décision."
"Les choses pourraient être pires", relança Paris. "Au vingtième siècle, certaines charges retenues contre vous étaient passibles de la peine de mort, quand une telle chose existait encore. Au pire, vous aurez seulement à passer votre vie en prison."
"Quels remerciements pour avoir sauvé la Fédération", marmonna lugubrement Janeway, le regard tourné vers ses mains, croisées sur la table devant elle.
"Je suis sûr que tout se terminera bien, Catherine", dit la voix de Chakotay derrière elle. Elle pivota et vit son premier officier debout derrière elle, les mains posées doucement sur le dossier de sa chaise.
"Chakotay !" souffla Janeway. En le regardant, ses traits s'adoucirent soudainement et sa posture se relâcha imperceptiblement de soulagement. "Je suis heureuse que quelqu'un ici me soutienne. J'ai toujours pu compter sur vous." Janeway regarda plus longuement son Premier Officier et nota qu'il était en uniforme. Et pas son vieil uniforme, comme sur le Voyager, mais le nouvel uniforme plus sombre de Starfleet. Et elle remarqua son col. "'Capitaine' Chakotay ?" demanda-t-elle surprise.
"Starfleet m'a offert de me rétablir dans mes anciennes fonctions d'officier", dit Chakotay nonchalamment, d'une voix qui semblait contenir selon Janeway une pointe claire de remord, un signe qui ajouta à sa confusion. "Je suis ici pour vous dire au revoir. Le Voyager va être désarmé, et on m'a offert le commandement du nouveau vaisseau qui portera ce nom quand il sortira des chantiers navals dans quelques mois."
"Non", dit Janeway. Ses yeux s'agrandirent d'horreur. Elle se dressa sur sa chaise, le coeur battant la chamade dans sa poitrine. Une autre personne importante de sa vie l'abandonnait quand elle était au plus bas et qu'elle avait besoin de toute l'aide qu'elle pouvait trouver. "Pas vous non plus."
D'un bon, elle le leva de son lit, ses yeux fouillant vainement l'obscurité de sa chambre. Elle plaça une main sur sa poitrine, sentant son coeur battre la chamade et une mince couche de sueur sur sa peau. Elle se laissa tomber sur son lit dans ses quartiers, dans le campus de l'Académie de Starfleet, ses cheveux trempés de sueur s'emmêlant sur son oreiller.
 
* * *
 
Harry Kim visa et tira. Un rayon orange de tir de phaseur s'élança vers l'avant, frappant un petit disque métallique au moment où il faisait un arc dans les airs, le repoussant vers une autre trajectoire. Un moment plus tard, un autre faisceau orange s'élança du côté opposé et frappa l'objet, le repoussant dans la direction précédente.
"Beau tir, Seven", dit Kim, tirant encore. Le disque s'éloigna en ricochant sur le rayon, prenant de la vitesse. Seven of Nine visa tandis qu'il s'approchait rapidement d'elle et toucha le disque presque en fin de parcours, provoquant son retour presque exactement sur la trajectoire d'où il était venu.
Tandis que le disque se précipitait directement vers sa tête, Kim se mit sur un genou en grognant et tira. Le tir fut imprécis, cependant le disque fut dérivé sur le côté du court en ricochant loin de lui. Seven visa, tira, et le disque prit encore de la vitesse en se dirigeant directement vers Kim.
Il tira, mais manqua l'objet rapide. Il se jeta sur le sol tandis que l'objet passait dans les airs près de l'endroit où s'était trouvée sa tête.
"Damnation", marmonna Kim, se relevant de la surface. "Je n'aurais pas dû manquer ce tir."
"Vous avez gagné soixante-sept pourcents de nos matchs de rapidité durant le mois dernier, lieutenant", contra Seven.
"J'étais capitaine de mon équipe à l'académie", protesta Kim. "J'avais l'habitude de réussir des tirs comme celui-là tout le temps." Il secoua la tête, puis continua. "Pourtant, je peux atteindre avec vous des vitesses que je n'aurais jamais pu atteindre avec personne à l'exception d'un hologramme." Il soupira, puis continua encore. "Je suppose que je suis simplement distrait, ces derniers temps."
"Etant donnés les événements récents", dit Seven tandis qu'ils ramassaient leurs affaires et sortaient du cours pour se diriger vers le spacieux gymnase de l'Académie de Starfleet, "ce n'est pas surprenant."
"Avez-vous appris quelque chose au sujet du procès du Capitaine ?" demanda Kim, essuyant la sueur de son visage à l'aide une serviette.
"Seulement ce qui a été dit aux informations", répondit Seven. "Mon impression est que Starfleet cherche un... 'bouc émissaire', comme dirait le Lieutenant Paris je crois, pour les récents changements dans la manière d'agir des Borgs, et le Capitaine est une cible pratique pour leur vitriol, étant donné ses nombreux contacts et combats avec le Collectif."
"C'est la même impression que je m'en fais", dit Kim d'un air triste. Il soupira une fois de plus et décida qu'il valait mieux changer de sujet. "Je souhaiterais que les choses se soient mieux passées pour l'équipage de l'Equinox."
"La sentence qu'ils ont reçue", dit Seven, "est relativement légère, étant données les charges retenues contre eux."
"Je suppose que oui", admit Kim. "Je n'ai pas réellement pensé à la manière dont nous avons tous été séparés depuis que nous sommes revenus. Sam ne peut pas voir Naomi jusqu'à ce que tout soit terminé. Bon sang, ils ont même séparé Miral de Tom et B'Elanna !"
"Je n'ai pas entendu parler de cela", dit Seven, tournant son regard vers Kim à la surprise de cette révélation.
"Les parents de Tom l'ont prise", dit Kim alors qu'ils arrivaient devant les portes des vestiaires. "Lui et B'Elanna l'ont réellement pris durement quand ils ont découvert que Starfleet ne les laisseraient pas la garder avant que tout ne soit réglé. Les Cardassiens n'ont pas non plus abandonné leurs exigences à propos du Maquis."
"Les forces du Dominion ont perdu la guerre contre la Fédération", dit Seven, étonné. "Pourquoi leurs exigences auraient-elles du poids ?"
"Je ne sais pas si elles sont prises au sérieux ou si c'est simplement par indulgence", répondit Kim. "Les Cardassiens ont reçu beaucoup de sympathie depuis la fin de la guerre. Ils ont perdu beaucoup de gens quand ils se sont rebellés contre le Dominion."
"Ils sont faibles", cracha Seven, les yeux soudainement plissés et le visage tordu de hargne. "Ils ne méritent aucune pitié."
Les yeux de Kim s'élargirent sur le choc. "Seven", commença-t-il, inquiet, "qu'est ce qui vous arrive ? Ca ne vous ressemble pas du tout."
"Peut-être que je commence à me faire à la réalité de la vie", rétorqua Seven, sur un ton véhément.
"Ecoutez", répondit Kim, mal à l'aise par son soudain changement d'attitude, "je dois être prêt pour mon compte-rendu. Je vous reverrai plus tard." Sur ce, il se retourna et passa la porte des vestiaires.
 
* * *
 
Le monde était désertique. Désolé. Où il y avait eu un jardin fertile, il ne restait que de la poussière et une terre sèche. Pas même une seule molécule d'eau ne s'y trouvait. Tout cela parce que, quelques semaines plus tôt, une flotte Sernaix transportant une arme de destruction de masse avait été détruite en orbite de ce monde, leur arme explosant au-dessus de sa surface inhabitée. Toutes les particules nucléogéniques de l'atmosphère jusque-là luxuriante de cette planète avaient été désintégrées, et toute l'eau de la surface avait été vaporisée dans la deuxième explosion massive provenant de l'arme Sernaix devenue instable. Et sans les particules nucléogéniques, le peu de vapeur d'eau qui restait encore dans l'atmosphère était incapable de se condenser au point de retomber sur le sol sous forme de pluie.
Un point de lumière brilla dans le ciel, puis finit par grandir pour devenir un runabout de Starfleet. Il commença à ralentir en se déplaçant au-dessus la surface dévastée de la planète avant d'atterrir doucement, la poussière écrasée sous les amortisseurs ventraux des nacelles de distorsion et sous le gros ventre du petit navire. Après quelques instants, la porte latérale du vaisseau s'ouvrit, et des gens commencèrent à sortir vers l'air libre de l'extérieur.
"Bienvenue dans le Secteur 19658", dit le Commandeur Sean Hamilton, homme au crâne dégarni, en sortant du runabout Colorado, posant le pied sur la surface désolée de la planète désertique. Tandis qu'il recouvrait sa tête d'une casquette à rabat usée pour protéger son crâne sensible aux rigueurs du soleil, derrière lui plusieurs membres d'équipage et officiers aspirants sortirent du navire.
"Regardez", appela l'un des hommes d'équipage, désignant une arête tout proche. "C'est là !"
"Bien sûr que c'est là, homme d'équipage", dit le Lieutenant Kevin Smallen sur un ton suffisant, se tenant derrière Hamilton dans l'écoutille ouverte du Colorado. "C'est la raison pour laquelle j'ai atterri ici."
"Oui, Monsieur", dit piteusement le jeune homme.
"Allons, messieurs", dit Hamilton, en souriant. "Ramassez vos affaires et commençons le travail." Il saisit la poignée de la plate-forme anti-gravitée chargée d'équipements et de fournitures et commença à la pousser vers l'arête le plus proche.
"Monsieur ?" demanda l'un des jeunes hommes, l'Enseigne David Russel.
"Oui, Enseigne ?" répondit Hamilton.
"Que cherchons-nous exactement, Monsieur ?" demanda Russel, louchant sous la brillance du soleil.
"Je n'en ai aucune idée", dit Hamilton. "Il y a beaucoup de choses que nous ne comprenons toujours pas sur tout cela. Nous sommes ici simplement pour rassembler tout ce que nous pouvons, et nous laisserons les scientifiques trouver les explications. Ils devraient arriver cet après-midi." Il regarda l'homme plus jeune. "J'ai entendu dire que nous aurons même un expert du Voyager qui devrait arriver sitôt qu'il aura terminé son compte rendu sur Terre."
"Vous voulez parler d'Harry Kim, Monsieur ?" demanda Russel. Hamilton le regarda surpris, et Russel ajouta rapidement, "j'ai entendu parler de lui aux informations, Monsieur. Lui et le membre d'équipage Borg du Voyager ont été les seuls à mettre les pieds sur un vaisseau Sernaix."
A plusieurs mètres d'eux, Smallen écoutait intensivement tout en aidant à décharger l'équipement du runabout.
 
* * *
 
Janeway observa son reflet dans le miroir, une chose qu'elle faisait beaucoup depuis le retour du Voyager sur Terre. Elle ne regardait pas son visage, ses cheveux, ou aucune partie d'elle-même, ayant déjà déterminé que son apparence était aussi parfaite que possible, mais elle espérait plutôt atteindre une sorte d'état de grâce. L'autre jour, elle s'était même surprise à espérer que Q apparaisse et que tout ceci se révèle être un de ses jeux tordus.
Elle secoua la tête, tentant de repousser de telles pensées. S'apitoyer sans cesse sur son sort ne l'aiderait pas, c'était une leçon qu'elle avait déjà durement apprise. Elle tira sur son uniforme d'apparat, pas encore habituée au vêtement blanc, puis se retourna pour se diriger vers les portes. A leur ouverture, elle vit son garde constamment présent, le Lieutenant Dave Evans, se tenant alerte près de l'entrée.
"Bonjour, Capitaine", dit platement le jeune homme.
" Bonjour, Lieutenant", répondit-elle, s'obligeant à sourire. "Nous y allons ?"
"Comme vous voudrez, Madame", répondit-il avec à peine plus d'émotion qu'un Vulcain. Il ouvrit le chemin vers une voiture volante banalisée qui les attendait à l'extérieur, puis teint la porte comme elle s'asseyait à l'intérieur. Pendant que Janeway s'installait dans son siège à l'arrière du véhicule, Evans monta et scella la porte. Il hocha la tête vers le conducteur, et ils se mirent rapidement en route.
"Je ne suis pas pressée de rencontrer la presse ce matin", marmonna Janeway, en partie pour briser le silence qui s'était installé après que le véhicule ait commencé à se déplacer.
"Je ne m'inquiéterais pas d'eux, Madame", répondit Evans. Mais à son ton, Janeway savait qu'il ne disait pas cela pour la rassurer, mais qu'il annonçait simplement les faits comme il les voyait.
"Je ne le suis pas", dit Janeway. "Ces dernières semaines ont simplement été difficiles à supporter." Elle regarda à l'extérieur par la fenêtre, et le reste de la courte traverser de San Francisco se passa en silence.
Evans sortit du véhicule après son immobilisation, gardant la porte ouverte pour Janeway. Il s'avança devant elle, ouvrant un chemin à travers la foule de journalistes. Leurs caméras et les flashs l'éblouissaient, se bousculaient et s'imposaient devant son visage, obscurcissant sa vue et la frustrant encore plus qu'elle ne l'avait jamais été, excepté par Q lui-même.
"Capitaine Janeway !" entendit-elle, venant de dizaines de voix dans la cohue autour d'elle. Des questions. Toujours plein de questions. "Pouvez-vous nous dire comment se passe le procès ?" Les micros et les caméras se bousculaient autour de son visage. "Est-il vrai que vous avez été assimilée par les Borgs ?" Elle tenta de les ignorer. "Pensez-vous que vous auriez pu éviter la mort du Lieutenant Carey ?" Ses oreilles chauffaient de honte et de rage à ce souvenir et à la question. "Y avait-il réellement une Cardassienne à bord de votre vaisseau ?" Presque arrivée. "Avez-vous fait un effort pour capturer le Capitaine Ransom vivant ?" Ignore-les. "Est-il vrai que le Groupe d'Enquêtes Temporelles..." La question fut coupée quand la porte se referma derrière elle. Elle soupira de soulagement, puis suivit Evans vers la salle du tribunal.
Les deux marchaient rapidement dans un hall pratiquement désert, leurs bottes cliquetant en mesure sur le brillant plancher immaculé de marbre ciré et poli. Ils passèrent des portes en chêne massives et d'énormes piliers en marbre tous plusieurs fois centenaires, jusqu'à ce qu'ils atteignent finalement leur destination. Evans maintint une des énormes portes ouverte pour le capitaine, et Janeway hocha la tête en reconnaissance envers l'homme plus jeune tout en le dépassant pour entrer dans la salle du tribunal.
Une fois à l'intérieur, Janeway trouva son avocate, le Commandeur Vulcain T'Sai, l'attendant à la table de la défense, en train de lire studieusement une tablette. Comme elle s'y attendait, Janeway vit que le visage de la femme était simultanément serein, sérieux, et dépourvu de démonstrations d'émotions.
"Commandeur", dit Janeway en prenant siège à la table de la défense. La table, comme le reste du palais de justice et la majorité de son mobilier, était encore une autre relique venant de l'époque où les Etats-unis s'étendaient d'un côté à l'autre du continent Nord Américain. Ce qu'il y avait de technologie moderne dans l'édifice était dissimulée d'une manière experte, pour préserver son apparence historique en tant que monument aux ancêtres de l'humanité, et en même temps pour satisfaire un grand nombre de citoyens de la Fédération qui désiraient ardemment maintenir intacts les artefacts uniques de ses mondes membres, pour la joie des générations à venir.
"Capitaine", dit T'Sai, répondant au capitaine en levant brièvement la tête de sa tablette.
Les portes s'ouvrirent et le procureur, le Commandeur Shelrak, entra dans la salle, les cercles de métal relativement discrets du convertisseur atmosphérique attachés aux coins de sa bouche. Etant d'une espèce reptilienne respirant un mélange de méthane, ce dispositif était nécessaire pour que l'Axanar puisse se joindre aux nombreuses races de la Fédération respirant de l'oxygène dans leur environnement naturel. Il s'assit en silence, mis à part le léger son de succion à chaque fois qu'il inhalait profondément son atmosphère d'origine.
Plusieurs minutes passèrent en silence avant qu'un lieutenant ne sorte du passage menant aux chambres du juge président, l'Amirale Phillipa Louvois. Juste avant qu'il ouvre la bouche pour parler, Janeway remarqua que c'était un homme différent de celui qui avait servi d'huissier durant les jours précédents.
"Veuillez vous lever", annonça brusquement le lieutenant avant d'entrer. "Pour la présidente, l'Amirale Phillipa Louvois." Sur ce, l'amirale entra dans la salle du tribunal.
"Asseyez-vous", dit Louvois en prenant place dans son siège. "Que le procès verbal enregistre que la cour martiale du Capitaine Catherine Janeway a repris à 8:00 heures à la date stellaire 55831.3. L'audience va maintenant commencer", dit-elle, avant de taper de son maillet sur la cloche placée sur le gradin devant elle. Elle leva le regard, hochant la tête vers le procureur, et dit, "Commandeur Shelrak, c'est votre tour."
Shelrak se leva de sa chaise. "L'accusation appelle l'Amirale Alynna Nechayev", dit-il à travers le respirateur. Un instant plus tard, les portes s'ouvrirent et Nechayev fut conduite devant l'assemblée.
"Jurez-vous de dire la vérité", commença l'huissier, se plaçant devant Nechayev qui était debout dans le box des témoins à côté du pupitre plus élevé de Louvois, "toute la vérité, rien que la vérité ?"
"Je le jure", répondit Nechayev, lançant un regard noir à l'huissier comme s'il venait tout juste de l'accuser d'être une menteuse pathologique.
"Vous pouvez vous asseoir, amirale", dit Louvois. Tandis qu'elle s'asseyait, le lieutenant pivota et retourna à son pupitre dans le coin de la salle du tribunal, pendant que Shelrak s'avançait.
"Amirale", commença-t-il, "vous êtes la meilleure experte et tacticienne de Starfleet au sujet des Borgs, exact ?"
"C'est exact" dit Nechayev, avant d'ajouter sur un ton plus sarcastique, "Pour ce que ça vaut maintenant."
"Selon vous", continua Shelrak, semblant ignorer son commentaire, "comment décririez vous l'interaction du Capitaine Janeway avec les Borgs ?"
"Le Capitaine Janeway a montré un mépris insouciant quant à la sécurité de son vaisseau et de son équipage dans ses rencontres avec les Borgs", dit sévèrement Nechayev.
"Objection, votre honneur" interrompit T'Sai, se levant de sa chaise près de Janeway. "La totalité des enregistrements du capitaine montre son dévouement à la sécurité de son équipage, ainsi que sa détermination dans le Quadrant Delta et dans l'univers bulle à ramener le Voyager vers sa maison."
"Votre honneur", dit Shelrak, se tournant pour faire face à Louvois, "si le témoin pouvait au moins expliquer son interprétation des actions du Capitaine ?"
"Très bien", dit Louvois après un moment de pause. "Objection rejetée. Vous pouvez continuer, amirale."
"Merci, votre honneur", dit Nechayev, avant de continuer. "A la date stellaire 50984, le Voyager est arrivé dans un espace contrôlé par les Borgs. Plutôt que de tenter d'éviter le contact en contournant le territoire Borg ou en s'installant sur une planète inhabitée comme le lui avait recommandé son Premier Officier, le Capitaine Janeway a ordonné que le vaisseau traverse leur territoire."
"Objection", répéta T'Sai, se levant une fois de plus de sa chaise. "Les senseurs montraient que la région était dénuée de toute présence Borg."
"Gardez cela pour le contre-interrogatoire, Commandeur", l'avertit Louvois. "Objection rejetée."
"Compris", dit T'Sai, retournant s'asseoir.
"Je vous prie de continuer, amirale", dit Louvois.
"Quand le Voyager est entré dans l'espace Borg", dit Nechayev, "il a rencontré une race connue seulement sous la dénomination d'Espèce 8472. Cette race menaçait sérieusement les Borgs et aurait pu devenir un allié puissant, si Janeway n'avait pas décidé au lieu de cela de négocier une alliance avec les Borgs. Elle a décidé de donner à l'un des plus grands ennemis de la Fédération le moyen d'annihiler la seule espèce que nous savons capable de les vaincre, juste parce ce que cela l'arrangeait."
"Amirale", dit Shelrak, "ce ne fut pas la 'première' et seule rencontre avec les Borgs, exact ?"
"C'est exact", confirma Nechayev.
"Pouvez-vous également donner à l'assemblée", poursuivit Shelrak, "votre interprétation des événements suivants ?"
"Il suffit de dire", dit Nechayev, "que la faute tactique du Capitaine Janeway n'a pas seulement risqué la survie de son vaisseau et de son équipage, mais que ses actions ont mis en danger le reste des êtres dans la galaxie."
"Comment ?" demanda Shelrak.
"De la technologie avancée", répondit Nechayev, "a été pratiquement abandonnée aux Borgs en plusieurs occasions. Janeway elle-même et des membres clés de son équipe de commandement, chacun en possession de données vitales sur le vaisseau ainsi que sur la Fédération, ont même été assimilés par les Borgs. Intentionnellement. Mais peut-être que les plus sérieuses furent les actions du capitaine immédiatement avant le premier retour du Voyager dans le Quadrant Alpha. Le résultat direct de cela est que les Borgs maintenant déstabilisés sont une menace encore plus grande pour la Fédération, et pour toute la galaxie, comme jamais ils ne l'ont été auparavant."
Janeway dut réunir chaque once de volonté pour ne pas laisser sa tête tomber à l'accusation de l'amirale. Elle regarda le jury, qui écoutait attentivement l'amirale et prenait intensément des notes, et espérait silencieusement que son avocate pourrait rassembler une défense assez bonne pour les influencer.
 
* * *
 
"Incroyable", dit le Capitaine Bruce Maddox tandis qu'il examinait l'émetteur mobile attaché sur le bras du Docteur. "J'avais entendu dire que l'émetteur était petit, mais je ne m'étais pas attendu à ce qu'il soit si 'minuscule.'"
"Excusez-moi, Capitaine Maddox", dit Docteur, "mais je croyais que vous étiez ici pour recevoir mon compte rendu."
"Depuis quand quelqu'un doit recevoir un compte rendu d'un programme d'ordinateur ?" ronchonna Maddox, mettant en forme son rapport sur la tablette dans sa main gauche tout en se déplaçant autour de la table vide au centre de la petite salle spartiate. "La seule raison pour laquelle je n'ai pas encore décompilé votre programme, c'est parce que les bureaucrates s'inquiètent que vous pourriez réellement être un être pensant." Il fit une pause, grimaça en lisant. "Par l'enfer, qu'avez-vous fait avec votre programme ? Opéra ? Rendez-vous ? Relations 'intimes' ?"
"Je suis plus qu'un HMU Modèle I", répondit le Docteur, indigné. "Je me suis développé bien au-delà de mon programme d'origine."
"Plus ne signifie pas nécessairement mieux", grogna Maddox, son attention plus portée sur la tablette que sur le Docteur.
"Vous ne croyez pas que je sois un être pensant, n'est-ce pas ?" demanda amèrement le Docteur, avec une expression froissée.
"Pas réellement", répondit Maddox, son attention toujours fixée sur la tablette.
"Qu'en est-il de Data ?" demanda le Docteur. "Pensez-vous qu'IL soit un être pensant ?"
"Je n'en suis toujours pas convaincu", dit Maddox, regardant le Docteur pour la première fois depuis que le 'compte rendu' avait commencé. "Comme j'ai appris à le connaître durant ces dernières années, je commence à le croire."
"Vous n'avez pas encore pris l'opportunité de me connaître", rétorqua le Docteur, "Et vous vous êtes déjà convaincu que je ne le suis pas."
"Ecoutez", rugit Maddox, laissant violemment tomber la tablette sur la table, "depuis que Data a été le premier à être déclaré vivant quand il a candidaté à l'académie, les gens sont sortis de leurs ateliers en clamant que leur réplicateur était vivant, ou que leur ordinateur tenait des conversations avec eux... Les occasions où nous avons effectivement découvert qu'une machine pouvait être douée de pensée ont été tellement rares que nous avons eu du mal à les prendre au sérieux."
"Il semble que vous en fassiez un problème personnel", dit sèchement le Docteur.
"Les hologrammes sont des programmes qui semblent êtres des personnes réelles", dit Maddox. "Ce qui rend la preuve d'une pensée indépendante un petit peu plus difficile à déterminer qu'avec quelque chose comme les nanites ou les Exocomps."
 
* * *
 
"Monsieur", commença l'Enseigne Russel, le regard fixé solidement sur son tricordeur en parlant, "je reçois des indications de signatures Starfleet." Lui et le Commandeur Hamilton se tenaient au milieu de ce qui devenait rapidement le quartier général de l'équipe d'enquête. Tout autour d'eux, les hommes d'équipage et les officiers étaient occupés à ériger les structures préfabriquées standards des bases temporaires de Starfleet. Plusieurs personnes d'une des équipes scientifiques étaient déjà aventurée dans le champ de débris.
"Ignorez-les", dit Hamilton. "On m'a dit de m'y attendre, et de me tenir à distance respectueuse jusqu'à plus ample information."
"Pourquoi, Monsieur ?" demanda Russel. "Qui donnerait un ordre comme celui-ci ?"
"Le Groupe des Enquêtes Temporelles est sur le sujet, Enseigne", dit Hamilton. "J'ai appris à ne jamais poser de question quand ils sont mêlés à une affaire."
"Oui, Monsieur", dit Russel.
"Avez-vous quelque chose en tête, Enseigne ?" demanda Hamilton tandis que le jeune homme restait à ses côtés, dans un silence pesant.
"Euh, oui, Monsieur", répondit Russel. "J'en suis toujours à tenter de comprendre quoi faire de tout ça." Il indiqua du bras le champ de débris à plusieurs mètres devant eux. "A ce que j'ai lu, ces... Sernaix avaient une flotte massive, prête à faire à la Terre ce qu'ils ont fait à cette planète."
"Et le Voyager a sauvé le monde avant que qui que se soit ne réalise qu'ils étaient parvenus à retourner à la maison", conclut Hamilton.
"Oui, Monsieur", dit Russel. "Le Capitaine Janeway est une héroïne, Monsieur. Pourquoi Starfleet la traduirait-il en court martiale ?"
"Il est évident que quantité de choses sont arrivées sur le Voyager et qu'elles n'ont pas été rendues publiques", dit Hamilton. "Des choses que nous pourrions bien ne jamais savoir. Nous n'avons qu'à avoir confiance dans ce que font nos supérieurs, et suivre nos ordres quand ils arrivent."
"Oui, Monsieur", dit Russel.
"Je ne m'inquiéterais pas trop au sujet du Voyager pour le moment, monsieur Russel", dit Hamilton. L'enseigne hocha la tête puis fit demi-tour et retourna vers le site d'excavation. Hamilton observa le jeune homme pendant un moment, puis se retourna et se dirigea vers le camp.
"Comment avancent les labos scientifiques, monsieur Smallen ?" demanda Hamilton en s'approchant du pilote qui travaillait sur l'édifice avec plusieurs officiers et autres hommes d'équipage.
"Pas aussi rapidement que j'aimerais, Monsieur", répondit Smallen. "Nous avons toujours à résoudre le problème du flux de puissance."
Hamilton hocha la tête. Ils avaient eu des problèmes récurrents avec les canalisations d'énergie ces dernières heures. Ils avaient apporté avec eux un générateur capable de fournir assez d'énergie pour alimenter une petite ville, mais pour une raison inexplicable, les canalisations de transfert d'énergie n'arrivaient pas à tenir la charge qui leur était soumise.
"Je vais encore en parler avec les ingénieurs", dit Hamilton. "A part ça, comment cela avance-t-il ?"
"Une fois que nous aurons terminé avec celui-ci", répondit Smallen, pointant l'édifice en question, "il ne nous en restera qu'un. Nous devrions les avoir tous érigés avant la tombée de la nuit."
"Bon travail", dit Hamilton. "Avec de la chance, les ingénieurs auront résolu le problème d'énergie à ce moment-là. Continuez", dit-il, puis il le laissa pour s'adresser à l'équipe des ingénieurs du projet.
 
* * *
 
"Amirale", commença T'Sai, approchant le banc des témoins, "Vous avez lu en entier le rapport sur les événements entourant l'opération que le Capitaine Janeway et le Commandeur Chakotay ont désignée sous le nom de code 'Scorpion', correct ?"
"Oui", dit Nechayev avec circonspection.
"Alors vous êtes au courant", dit T'Sai, "que les senseurs du Voyager montraient une région surnommée 'Passage du Nord-Ouest' comme étant complètement dénuée de présence Borg. Est-ce correct ?"
"Oui", répondit Nechayev, remuant sur sa chaise.
"Est-ce que ce rapport", poursuivit T'Sai, "n'inclut pas non plus une explication sur le fait que Kes, une Ocampa originaire du Quadrant Delta, avait eu un contact télépathique avec l'Espèce 8472 quand ils étaient entrés dans la région, et qu'elle les avait cités en disant, 'Les faibles doivent périr ?'"
"Je le crois", admit Nechayev.
"Alors en se basant sur la connaissance de cette information", dit T'Sai en levant légèrement la tête, "n'aurait-il pas été de la folie de la part du capitaine de risquer la vie de son équipage dans un danger encore plus grand que celui auquel ils faisaient déjà face en approchant l'Espèce 8472."
"Elle n'aurait pas dû s'en mêler du tout", répondit rudement Nechayev, "si ce n'était pour une autre raison, la Prime Directive lui interdisait de se mêler de conflits qui ne menacent pas directement les intérêts de la Fédération."
"La possibilité de l'annihilation des Borgs", contra T'Sai, leva un sourcil, "par une espèce xénophobe encore plus agressive et peut-être plus dangereuse, qui a apparemment détruit toutes les formes de vies dans sa propre dimension, n'est pas qualifiée comme une menace pour la Fédération ?"
"Ils attaquaient les Borgs, pas nous", dit Nechayev, ses yeux rétrécis. "Elle aurait pu utiliser cette diversion pour simplement traverser l'espace Borg pendant qu'ils étaient trop occupés pour remarquer un seul vaisseau stellaire relativement insignifiant."
"Amirale", commença T'Sai, "vous êtes familière avec l'Ordre Général Trente de Starfleet ?"
"Je ne me rappelle pas les mots exacts", dit prudemment Nechayev, "Mais j'y suis familière, oui."
"Permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire", dit T'Sai, saisissant une tablette sur la table de la défense. "'Le Commandement de Starfleet reconnaît le droit à chaque commandant de vaisseau d'interpréter les spécifications de la Prime Directive comme il ou elle le croit bon, en égard avec les conditions des autres ordres généraux existants, et en se basant sur les circonstances qui pourraient advenir lors de relations avec des races intelligentes nouvellement découvertes.' Ne s'en suivrait-il pas, dans ce cas, que les actions du capitaine à l'égard des Borgs et de l'Espèce 8472 aient été légales ?"
"Peut-être, mais..."
"Et en regard de vos commentaires sur les actions du capitaine contre les Borgs l'année dernière", poursuivit T'Sai, interrompant l'amirale, "n'avez-vous pas donné des ordres qui sont toujours en vigueur et qui stipulent que tout avantage découvert sur les Borgs devrait être exploité ?"
"C'était intentionnellement", répondit Nechayev, "pour des circonstances comme celle où le Capitaine Picard avait relâché le Borg connu sous le nom de Hugh en le retournant dans le Collectif indemne, alors qu'il aurait pu utiliser cette opportunité pour infecter le Borg avec un virus informatique qui les aurait mis à genoux."
"De quelle manière cela diffère d'une infection du Collectif avec un virus biologique ?" demanda T'Sai. Nechayev ouvrit la bouche, puis la referma sans dire un mot. "Pas d'autre question, votre Honneur", dit T'Sai, retournant à sa chaise.
 
* * *
 
Kim s'assit à la petite table dans les Quartiers Généraux de Starfleet. La salle était décorée sobrement, les murs gris terne étaient sans ornement. L'éclat d'une lumière brillait au-dessus de la table où le jeune lieutenant était assis, perdu dans ses pensés en attentant de débuter son compte rendu. Il tira sur le col de son nouvel uniforme qu'il avait décidé d'utiliser en avance. Le tissu doré s'étirait légèrement sous ses doigts. Cela avait nécessité plusieurs semaines, mais finalement il s'était habitué au nouveau modèle. Le tissu était un peu plus épais que celui auquel il était accoutumé, mais à part cela, il était assez confortable.
En dépit du temps qui s'était écoulé depuis la dernière rencontre mouvementée du Voyager avec les Sernaix, Kim était toujours hanté par les rêves qu'il faisait. Après sa fusion mentale avec Tuvok, il pouvait se rappeler presque tout de ceux-ci, et l'image de la Terre stérilisée et détruite, même si ce n'était pas réel, ne manquait pas de le terrifier.
Les pensées de Kim furent interrompues quand un autre homme passa l'embrasure de la porte. Regardant le col de l'homme, Kim vit qu'il avait à faire à un Lieutenant Commandeur, puis il leva son regard pour voir le visage de son officier supérieur. Il prit une vive respiration, puis tenta de se reprendre.
"Dan ?" demanda Kim, choqué. "Dan Byrd ?"
"C'est fichtrement bon de te revoir, Harry", répondit Byrd avec un large sourire, prenant la chaise opposée à Kim et lâchant nonchalant la tablette sur la table entre eux.
"Je croyais que tu t'étais spécialisé dans l'ingénierie", dit Kim.
"Pendant quelques années", dit Byrd. "Je me suis fait transférer à la logistique pendant la dernière année de la Guerre du Dominion." Il se pencha au-dessus de la table, s'appuyant sur les coudes, les bras croisés devant lui.
"Alors comment es-tu parvenu à être celui qui reçoit mon compte rendu ?" demanda Kim sans y croire encore.
"Tu risques deux jours pour harcèlement d'un officier commandant", dit Byrd, à moitié sérieux. "Je n'étais pas son premier choix pour cette tâche, mais elle s'est finalement laissée convaincre. Je lui ai dit que les années avec toi à l'académie pourraient être un atout pendant le compte rendu." Byrd eut un large sourire.
"Alors qu'as-tu fait pendant ces huit dernières années ?" demanda Kim.
"Hé", l'interrompit gaiement Byrd, "Je pensais que c'était moi qui était supposé poser les questions ici !"
"Et bien, alors", dit Kim, souriant et s'appuyant sur le dos de sa chaise, beaucoup plus à l'aise avec la situation que quelques instants plus tôt. "Posez vos questions, 'Commandeur' Byrd."
 
* * *
 
"L'accusation appelle Monsieur Peter Tanner", dit Shelrak, debout derrière son siège. Les portes de la salle du tribunal s'ouvrirent pour laisser entrer le témoin, un vieil homme bien habillé avec des traits ciselés et des cheveux grisonnants. Il se déplaçait avec une confiance qui était à la limite de l'arrogance.
"Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ?" demanda l'huissier tandis que Tanner se tenait dans le box des témoins, la main droite levée.
"Je le jure", répondit Tanner, d'une voix rude et profonde.
"Vous pouvez vous asseoir, monsieur Tanner", dit Louvois tandis que le lieutenant s'éloignait.
"Monsieur Tanner", dit Shelrak en s'approchant du témoin quelques instants plus tard, "pouvez-vous dire à l'assemblée quel est votre travail ?"
Tanner hocha la tête. "Je suis le directeur du Département des Enquêtes Temporelles", dit-il.
"Qu'est-ce que cela signifie exactement ?" demanda Shelrak.
"Je suis en charge de l'administration du département", dit Tanner.
"Que fait ce département ?" demanda Shelrak, aspirant une nouvelle fois le méthane à plein poumon.
"Notre tâche est de contrôler les voyages dans le temps", expliqua Tanner, "et de faire la police sur la ligne temporelle."
" Faire la police sur la ligne temporelle ?" demanda Shelrak, inclinant son visage vers le banc des témoins.
"Quelques fois", dit Tanner, "des individus ont été capables de visiter le passé. Nous sommes là pour s'assurer que leur présence a eu aussi peu d'impact que possible sur la ligne temporelle, et que les événements se produisent comme l'histoire l'a enregistré originalement."
"Alors", dit Shelrak, "cela fait de vous un expert de la Première Directive Temporelle, n'est-ce pas ?"
"Oui", répondit Tanner.
"Vous êtes au courant, alors", poursuivit Shelrak, "des occasions où le Capitaine Janeway a voyagé dans le temps ?"
"Assez", grimaça Tanner, tournant sa tête légèrement de côté.
"Pourriez-vous les décrire pour l'assemblée?" demanda Shelrak, croisant ses mains dans le dos.
"Par quoi dois-je commencer ?" marmonna Tanner sardoniquement. "Dans le département, Janeway est devenue aussi infâme que James Kirk."
"Le début suffira", répondit Shelrak.
Tanner se mit à rire. "Début", gloussa-t-il, "Fin... C'est de voyage dans le temps dont nous parlons. Quelle est la différence ?" Il gloussa encore, puis continua, "Voyons cela... Le 'premier' incident que le DET ait enregistré relatif à la perception subjective de l'équipage quant au courant temporel a eu lieu quelques semaines seulement après que le Voyager ait été coincé dans le Quadrant Delta."
Janeway se pencha vers T'Sai. "Je ne me rappelle d'aucun voyage dans le temps datant d'aussi loin", chuchota-t-elle.
"Objection, votre Honneur", dit immédiatement T'Sai, se levant de son siège. "Le Capitaine Janeway ne se rappelle d'aucune circonstance de voyage temporel pendant la période de temps spécifiée par le témoin, pas plus qu'il n'y a d'indication d'un tel événement dans les journaux de bord du vaisseau."
"Directeur Tanner", dit Louvois confuse, se tournant vers le box des témoins, "Je suppose qu'il y a une explication à cela ?"
"Oui, votre Honneur", dit Tanner. "J'allais justement y arriver."
"Très bien, alors", dit Louvois. "Objection rejetée. Continuez, directeur."
"Merci, votre honneur", dit gracieusement Tanner. "Il a été déterminé plus tard que c'était un paradoxe prédéterminé. Le Voyager avait détecté une explosion massive sur une planète de Classe-M près de laquelle ils passaient à ce moment-là. Janeway a ordonné le changement de trajectoire pour enquêter, et elle et le Lieutenant Paris ont été tous deux transportés par inadvertance sur la planète le jour avant l'explosion. Finalement, ils ont découvert qu'ils étaient en fait les responsables de l'explosion. Cependant, ils sont parvenus à altérer la suite des événements, empêchant l'explosion et 'replaçant' efficacement la ligne temporelle dans l'état dans lequel elle était immédiatement leur détection de l'événement. C'est pourquoi le capitaine n'en a aucune mémoire."
"Objection", dit T'Sai, se levant de son siège avec une pointe d'exaspération à peine détectable dans la voix, une démonstration incroyable de frustration d'après les standards vulcains. "De l'admission même du témoin, cette ligne du temps ne s'est jamais produite à cause des actions de la version d'une réalité alternée de l'accusée. Par définition, ce n'est pas la même femme qui est assise devant vous aujourd'hui, et par conséquent elle ne peut pas être tenue responsable de toute transgression commise par sa contrepartie. Je demande que les commentaires du directeur sur l'événement soient rayés du procès verbal, et que les charges retenues en rapport à cet incident soient retirées."
"Retenu", accorda Louvois. "Directeur", elle ajouta, regardant vers Tanner, "vous vous abstiendrez de commenter des événements venant d'une autre ligne temporelle, et les commentaires précédents seront retirés du procès verbal. De plus, toutes les charges en rapport avec cet incident sont par conséquent abandonnées. Poursuivez, Commandeur Shelrak."
"Merci, votre Honneur", dit Shelrak. "Directeur, quels sont les voyages temporels rapportés sur les enregistrements du capitaine ?"
"Le premier a eu lieu à la date stellaire 50312.5", commença Tanner. "Un individu se disant être un représentant équivalent au DET du vingt-neuvième siècle est apparu sur le trajet du Voyager et a tenté de détruire le vaisseau sans même essayer de prendre contact, résultant en un apparent paradoxe de prédestination qui, visiblement, l'a renvoyé dans le Delta Quadrant du vingt-quatrième siècle où il a essayé de détruire le Voyager, espérant ainsi prévenir le paradoxe. Le Voyager s'est retrouvé en orbite autour de la Terre en 1996, et il a été déterminé que l'autre individu qui disait être le Capitaine Braxton, devait déjà avoir passé trois décennies sur la planète à ce moment là."
"Vous avez des doutes sur la validité de cette histoire ?" demanda Shelrak.
"Nous n'avons pas été en mesure de la corroborer", admit Tanner, "sans mentionner qu'il a apparemment ignoré plusieurs protocoles existants. Mais il pourrait y avoir de nombreuses raisons à ça."
"Je vois", dit Tanner. "Et pouvez-vous décrire les transgressions du Capitaine Janeway pendant cet incident ?"
"Certainement", dit Tanner. "Parmi les plus remarquables, elle a laissé le vaisseau être observé par les terriens du vingtième siècle, certains membres d'équipage sous son commandement ont engagé un combat au phaseur en plein jour dans la région fortement peuplée de Los Angeles, et elle a détruit le vaisseau temporel occupé par un homme célèbre pour avoir joué un rôle majeur dans le développement des premiers ordinateurs, en le tuant. De plus, elle a sciemment contaminé la ligne temporelle en restant en possession d'une technologie venant du futur."
"Précisément, directeur", demanda Shelrak, "de quelle technologie s'agit-il ?"
"L'émetteur holographique portable", dit Tanner.
"Vous dîtes que c'était le premier incident", demanda Shelrak, gardant ses mains dans son dos. "Pourriez-vous parler à l'assemblée du deuxième ?"
"Cela s'est produit sur plusieurs époques", dit Tanner. "A la date stellaire 52861, le capitaine Janeway a commencé à être impliquée dans un autre incident temporel avec l'homme prétendant être le Capitaine Braxton. Elle a été transportée dans ce qu'il disait être le vingt-neuvième siècle avec Seven of Nine, qui avait été soustraite de ce qui était encore à ce moment une version potentielle du futur du Voyager au moment précis précédent sa destruction. Quand Seven of Nine se trouvait à bord du Voyager du passé, très longtemps avant que le vaisseau n'entre pour la première fois dans l'espace Borg, le capitaine l'a obligé à révéler les détails sur le futur, et l'a aussi forcé à émettre des commentaires illustrant son mépris pour l'intégrité de l'espace-temps."
"Objection", dit T'Sai, se levant une fois de plus de son siège. "Le Capitaine m'a informé qu'elle n'avait aucun souvenir de ces événements non plus. Je demande que les commentaires du directeur soient rayés du procès verbal et que les charges en relation avec l'incident soient retirées."
"Directeur", dit Louvois contrariée, se tournant vers Tanner, "S'agissait-il une autre ligne temporelle qui fut plus tard invalidée ?"
"Euh, oui", admit Tanner mal à l'aise. "Cependant, votre honneur, cela montre..."
"Objection retenue", dit Louvois, avant de se retourner pour s'adresser au jury. "Les derniers commentaires de monsieur Tanner ne doivent pas être tenus en compte, et toutes charges reliées à cet incident sont de ce fait retirées. Directeur", dit Louvois en se tourna à nouveau face à Tanner, "une fois de plus et je vous accuse d'outrage à magistrat. Vous n'aurez pas d'autre d'avertissement."
"Avez-vous un autre événement 'pertinent' ?" demanda Shelrak, visiblement frustré.
"Oui", dit Tanner. "Un de plus."
"Eclairez la cour, je vous prie", dit Shelrak.
"C'est arrivé juste avant le premier retour du Voyager dans le Quadrant Alpha", dit Tanner. "Elle a été contactée par une version future d'elle-même, et non seulement l'a-t-elle laissé monter à bord, mais elle s'est fait donner de la technologie avancée par sa contrepartie du futur."
Janeway soupira. L'Amiral, elle savait que ce n'était qu'une question de temps pour qu'il en soit question.
"Et c'était une violation de la Première Directive Temporelle ?" demanda Shelrak.
"Définitivement", dit Tanner.
"Objection", dit T'Sai. "La contrepartie future du capitaine est attaquable pour cet incident, pas ma cliente. Il doit aussi être mentionné que la contrepartie de cette ligne temporelle future n'existe plus."
"Votre Honneur", dit Shelrak, "le témoin allait justement expliquer comment, dans ces circonstances, les deux Janeway sont passibles de la violation en question."
"Objection rejetée", dit Louvois.
"Merci, votre Honneur", dit Shelrak. "Directeur, voudriez-vous, je vous prie, expliquer à l'assemblée comment le capitaine est passible de violation fomentée par sa contrepartie future ?"
"Bien sûr", dit Tanner. "Du fait que le Capitaine Janeway était autant liée à la Première Directive Temporelle que ne l'était sa contrepartie future, elle était obligée d'éviter tout contact avec 'l'Amirale', comme le Capitaine a fait référence à sa contrepartie dans son journal de bord. Il était de son plus strict devoir de refuser toute technologie d'un individu connu pour être originaire de son futur."
"Et le Capitaine Janeway ne s'est pas plus souciée de cela ?" demanda Shelrak.
"C'est exact", dit Tanner.
"Et quelle technologie du futur", demanda Shelrak, "était impliquée dans cet incident ?"
"Des systèmes avancés de boucliers", dit Tanner, "ainsi que des torpilles transphasiques."
Shelrak hocha la tête et frappa des mains derrière son dos en se tenant devant le box des témoins. "Pas d'autres questions, votre honneur", dit-il. Alors qu'il retournait à la table de l'accusation, à l'opposé de celle de la défense dans l'allée centrale, il hocha la tête vers T'Sai et dit, "Le témoin est à vous, Commandeur."
"Directeur Tanner", dit T'Sai, se levant avec grâce de son siège, "vous avez seulement mentionné deux occasions pertinentes où le capitaine a prétendument violé la Première Directive Temporelle."
"Elle l'a fait", lança Tanner.
"C'est à l'assemblée d'en décider", dit T'Sai d'un ton égal. "Lors de la première occasion, quand le Voyager fut transporté dans le passé", elle continua, "est-ce que le Capitaine Janeway et son équipe d'exploration se sont téléportés à Los Angeles dans leurs uniformes ?"
"Non", répondit Tanner.
"Que portaient-ils ?" demanda T'Sai.
"Des vêtements civils de cette époque", répondit Tanner.
"Se sont-ils téléportés à la vue des autochtones de cette époque ?" demanda T'Sai.
"Non", répondit Tanner.
T'Sai arqua un sourcil. "Je vois", dit-elle. "A-t-elle intentionnellement agi de manière à indiquer qu'elle venait du futur ?"
"Non", admit tout bas Tanner.
"Je ne crois pas que les jurés vous aient entendu", dit T'Sai. "Voudriez-vous répéter, plus fort cette fois-ci ?"
"Non", répéta clairement Tanner.
"Merci", dit T'Sai, faisant une pause pendant un moment avant de poursuivre ses questions sur un nouveau sujet. "Vous avez mentionné l'acquisition par inadvertance de l'émetteur portable holographique par l'équipage pendant qu'ils étaient sur Terre durant l'année 1996. Dîtes-moi, savez-vous si une technologie holographique de notre époque est capable de produire un système portable d'émission holographique ?"
"Ce n'est pas ma spécialité", répondit Tanner.
"S'il plaît à l'assemblée", dit T'Sai, ramassant une des tablettes sur la table de la défense, "la défense voudrait ajouter comme preuve le document scientifique suivant concernant la technologie d'émission holographique à la Date Stellaire 50485." Elle remit la tablette à Louvois, qui regarda l'écran.
"Que ce soit ajouté", dit Louvois, remettant la tablette à T'Sai.
"Directeur Tanner", dit T'Sai, remettant la tablette à Tanner, "voudriez-vous je vous prie lire à l'assemblée le texte surligné ?"
Tanner regarda la tablette, puis lut. "Il est donc du domaine des possibilités que des émetteurs holographiques portables assez petits pour tenir dans la paume de la main puissent être construits dans les dix prochaines années."
"Je tiens à préciser", dit T'Sai, reprenant la tablette des mains de Tanner, "que ceci fut publié près d'un an avant le premier contact rétabli avec le Voyager. L'émetteur obtenu par leur docteur holographique était encore inconnu de la Fédération."
"Objection", interrompit Shelrak, se levant de son siège. "Je ne vois pas où est la question dans la dernière affirmation de ma collègue."
"J'y arrive justement, votre Honneur", contra T'Sai.
"Ne prenez pas trop de temps, Commandeur", dit Louvois. "Objection rejetée."
"Directeur", poursuivit T'Sai, "A la vue de cette prévision, ne diriez-vous pas que les dégâts causés à la ligne temporelle seraient minimums, voire inexistants ?"
"Je ne suis pas d'accord", dit Tanner, "Il y a une grande différence entre un scientifique disant que quelque chose sera possible dans dix 'ans' et un scientifique disant que quelque chose sera possible dans dix 'jours.'"
"Même alors", argumenta T'Sai, "n'est-il pas plausible de considérer que l'acquisition par l'équipage du Voyager de l'émetteur holographique en question est en lui-même un paradoxe prédestiné ? Après tout, directeur, votre propre contrepartie du futur a certainement eu, ou aura, amplement l'opportunité de retourner dans le temps peu après le retour du Voyager dans le Quadrant Delta à la suite de cet incident, et de simplement leur reprendre l'émetteur."
Tanner soupira. "C'est une possibilité", admit-il.
T'Sai dressa un sourcil, comme en triomphe, puis débuta une nouvelle série de questions. "Vous avez dit", reprit-elle, "que vous croyiez que le Capitaine Janeway était la responsable des événements provoqués par sa contrepartie d'un futur potentiel, est-ce vrai ?"
"En partie", dit Tanner.
"Je vous en prie", dit T'Sai, "élaborez."
"Au moment où il y a eu contact avec la navette de l'Amirale", commença Tanner, "le Capitaine Janeway savait que sa contrepartie venait du futur. Elle n'était aucunement obligée pour quelque raison que soit d'obéir à un seul de ses ordres. Et pourtant, elle l'a fait. Elle a permis à l'Amirale de monter à bord du Voyager. Puis elle a accepté la technologie du futur, une action qui a déjà eu des répercussions majeures sur notre ligne temporelle."
"Est-ce que la présence de l'Amirale en elle-même n'avait pas invalidé la ligne du temps d'origine ?" demanda T'Sai.
"Nous le pensons", admit Tanner.
"Et est-ce que toute action prise par le Capitaine Janeway pour approcher le hub de transdistorsion aurait aussi invalidé cette même ligne temporelle ?" poursuivit T'Sai.
"Oui", dit Tanner.
"Le Capitaine Janeway fit l'acquisition de plusieurs autres technologies", commença T'Sai, "venant des races hospitalières rencontrées par le Voyager pendant son voyage dans le Quadrant Delta. Si c'était le cas avec la technologie du bouclier et des torpilles transphasiques, comme le croit présentement la population en général, tiendrions-nous cette discussion ?"
"Pas du tout", dit Tanner.
"De votre propre avis", dit T'Sai, "la ligne temporelle de l'Amirale était déjà invalidée par sa propre présence. Comment, alors, toute action prise par le Capitaine aurait pu avoir un impact sur la ligne temporelle dont vous avez déjà admis la destruction avant même que le capitaine ait entrepris quelque action que ce soit ?"
Tanner s'assit, clignant des yeux en essayant d'expliquer les charges retenues contre Janeway.
"Directeur Tanner ?" demanda T'Sai, le poussant à répondre.
"Il est sûr de dire que l'avancement technologique", commença prudemment Tanner, "aurait continué à une vitesse similaire, comme dans la ligne temporelle dont l'Amiral est originaire. Tout changement à cette ligne, fut-il provoqué par l'Amirale ou par le fait que le Voyager revienne par ses propres moyens, altérerait cet équilibre."
"Mais ce n'est qu'une ligne temporelle 'potentielle'", dit T'Sai.
"Oui", reconnut Tanner.
"Qu'est-ce qui nous dit que le futur de cette ligne temporelle est plus valide que le futur de la 'nouvelle' ligne du temps où nous nous trouvons actuellement ?" demanda T'Sai.
"Cela ne fait pas partie des attributions de mon travail", répondit Tanner.
"En d'autres mots", dit T'Sai, dressant un sourcil une fois de plus, "vous n'êtes pas qualifié pour répondre à cela."
Tanner pinça les lèvres. Il baissa la tête et regarda ses mains sur ses genoux, puis secoua la tête et regarda T'Sai. "Je ne connais personne qui le soit", répondit-il.
T'Sai regarda vers Louvois. "Plus de questions, votre Honneur", dit-elle. Tandis qu'elle repartait s'asseoir à côté de Janeway à la table de la défense, l'un de ses adjoints, un jeune enseigne Andorien, vint derrière elle et commença à lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Les sourcils de T'Sai s'arquèrent pendant qu'il lui parlait.
"Votre Honneur", dit T'Sai, se levant de son siège après que l'adjoint se soit éloigné. "La défense demande une courte suspension pour pouvoir s'entretenir avec sa cliente."
Louvois regarda vers le Commandeur Shelrak, qui était en train de mettre de l'ordre dans ses notes sur une tablette lorsque l'adjoint de T'Sai délivrait son message. "Une objection de la part de l'accusation ?" demanda Louvois.
"Non, votre Honneur", répondit Shelrak, levant la tête de sa tablette pour répondre à l'amirale.
"Alors très bien", dit Louvois. "Il y aura une courte suspension de vingt minutes." Elle tapa son maillet contre la cloche devant elle, puis se leva et sortit de la salle du tribunal.
 
* * *
 
"On a déjà vu le cas de machines vivantes", dit brusquement le Docteur. "Il y a un siècle, leur existence a même été prouvée par la découverte de V'Ger."
"Vous n'avez rien à voir avec V'Ger", répondit Maddox.
"Pas plus que Data", protesta le docteur. "Il a été créé par un génie, et moi aussi."
"Je dois admettre", dit Maddox, "que le docteur Zimmerman est un génie dans son domaine, mais il y a quand même une différence."
"Qui est ?" demanda le Docteur.
"Data et son... frère", dit Maddox, "ont été construits dans le même unique but de créer une forme de vie artificielle."
"Et alors", répondit le Docteur d'un ton acide, "est-ce que la vie ne se contente pas de se 'créer' ?'"
"Vous avez été conçu pour être une pièce d'équipement", dit Maddox.
"Comme l'ont été les Exocomps", répondit rapidement le Docteur.
"Vous êtes un hologramme", répondit Maddox.
"Et cela explique tout ?" demanda le Docteur, incrédule. "Et Moriarty ? Et Vic Fontaine ?"
"D'où tenez vous ces informations les concernant ?" Demanda brusquement Maddox.
"Le Lieutenant Barclay m'a parlé d'eux", dit le docteur, croisant les bras sur poitrine.
"Le jury n'a toujours pas statué sur leur cas", répondit de mauvaise grâce Maddox.
"Que vous faut-il donc pour vous convaincre ?" demanda le Docteur. "Pourquoi ne croyez-vous pas que je sois vivant, comme tout le monde le fait sur le Voyager ?"
"Leur objectivité est à remettre en question", répondit Maddox.
"Autant que la vôtre", cracha le Docteur. "J'ai entendu parler de vous. Vous étiez la seule personne à s'être opposé à l'admission de Data dans Starfleet, et plus tard, vous avez même tenté de le démonter, affirmant tout le temps qu'il n'était pas vivant. Et bien, il l'est, et moi aussi !"
 
* * *
 
"Attends une minute", interrompu Byrd. "Tu veux dire que Lyndsay est toujours vivante ?"
"Dans un sens", expliqua Kim. "Son corps a été ranimé et altéré génétiquement. Elle est toujours la même personne, plus ou moins."
"Ca a du être dur", dit Byrd, "de la perdre une deuxième fois."
"Ouais", répondit Kim. "C'a l'a été. Mais au moins, je sais qu'elle est toujours vivante là-bas. Dans un sens."
"D'accord", dit Byrd, regardant la liste de questions obligatoires sur sa tablette, et tentant de revenir au compte rendu. "La prise de contrôle du vaisseau par les Hirogènes. Que s'est-il passé d'autre ?"
"Que veux-tu dire ?" demanda Kim.
"J'ai lu le rapport", dit Byrd, "Qu'as-tu omis ?"
"Tout ce qui est arrivé", dit Kim d'un ton monocorde, "est dans le rapport."
"Ce n'est pas ce que je veux dire", répondit Byrd. "Cela ne m'a pas appris ce que tu avais en tête."
"Je me sentais impuissant", dit Kim, "quand les Hirogènes ont pris le contrôle et m'ont choisi pour garder le vaisseau en état pendant qu'ils mettaient mes amis en pièces dans les holodecks. Je me rappelle avoir travaillé à la maintenance à l'extérieur de la porte du holodeck deux une nuit... Je fais toujours des cauchemars des cris que j'ai entendus, quelques fois. Je n'ai pas vu la plupart de ce qui est arrivé à l'équipage, heureusement, bien que quelquefois je me demande si ce que je m'imaginais en entendant les bruits à travers les cloisons étaient pires ou non. J'essayais d'éviter l'infirmerie quand je le pouvais. Je réparais simplement tous les nouveaux problèmes provoqués par l'ajout de tous ces émetteurs holographiques dans le vaisseau, et je tentais de formuler un plan pour reprendre le vaisseau."
"Le, euh", reprit Byrd, incertain, un moment plus tard, affecté par la réponse de son vieil ami, "le propulseur de Courant de Glisse Quantique. Dis-moi ce que c'était."
"C'est quelque chose que nous devons faire fonctionner correctement", dit Kim. "Si nous en avions eu un, nous serions revenus à la maison en quelques mois au lieu d'être coincé dans le Quadrant Delta. Seven a dit une fois que la théorie de base était similaire aux méthodes de trans-distorsions des Borgs."
"Hmm", dit Byrd, écrivant une note sur sa tablette. "D'accord, tu vas me haïr à cause de celle-ci, mais c'est à propos des Varros."
Kim roula des yeux, résigné à voir cet incident le hanter pour le reste de sa vie. "Que veux-tu savoir ?" demanda-t-il.
"Au sujet de leurs systèmes de propulsions", suggéra-t-il. "Sont-il similaires aux nôtres ?"
Kim soupira, heureux en réalisant que son ami évitait les questions personnelles embarrassantes auxquelles il s'attendait. "Ouais", répondit-il. "Ils sont assez similaires. Là où nous avons les nacelles classiques, leur ensemble de tuyères de distorsion était intégré dans la section principale de leur vaisseau, avant qu'il ne soit détruit. Les conduites d'énergie couraient à travers la structure, elles alimentaient probablement des systèmes dans tous les modules du navire."
"Quel genre de plans d'urgence avaient-ils", demanda Byrd, "en cas de problème avec la propulsion de distorsion ?"
"Autant que je puisse dire", répondit Kim, "la section entière pouvait être expulsée en cas d'urgence. Le noyau de distorsion et les moteurs eux-mêmes étaient des unités isolées."
"Alors", poursuivit Byrd, faisant une pause un moment pour regarder son vieil ami dans les yeux, et affichant un sourire sournois, "était-elle mignonne ?"
"Hein ?" demanda Kim, pris de court par la question.
"Etait-elle mignonne ?" répéta Byrd.
"Ouaip", admit Kim l'air penaud.
Byrd sourit encore pendant un moment, puis continua, "D'accord. Les drones Borgs."
"Je te demande pardon ?" demanda Kim sur la défensive.
"Eh, Harry", gloussa Byrd, levant les mains dans un geste moqueur de reddition. "Baisse tes boucliers ! Je veux simplement savoir quelles nouvelles informations tu as pour le dossier sur les drones Borgs."
"Désolé", répondit Kim. "Je ne voulais pas... C'est simplement... Tu sais."
"Je n'en suis pas sûr", dit Byrd.
"C'est mon amie", dit Kim. "Ensemble, nous avons traversé beaucoup d'épreuves. Comme tout le monde sur le Voyager."
"C'est une Borg", dit Byrd d'un ton acide. "Ou bien as-tu oublié ce qu'ils ont fait à Wolf 359 ?"
"Elle n'était pas là", dit Kim. "Et elle agissait de force par le Collectif. Il en est de même pour tous les drones."
"Mon cousin est mort à Wolf 359", dit Byrd. "Je sais tout ce que j'ai besoin de savoir au sujet du Borg. Mais Starfleet veut savoir ce que 'tu' sais."
"Le Docteur serait un meilleur choix", répondit prudemment Kim. "Il en sait plus sur Seven que n'importe qui d'autre. Peut-être plus qu'elle-même."
"Dis-moi simplement ce que tu sais", dit Byrd.
"D'accord", commença Kim en soupirant, démoralisé par l'expression de haine envers tous les Borgs, présents et anciens, exprimé par son vieil ami. "Les drones Borgs. Tout le monde connaît les drones Borgs, ou du moins ils pensent qu'ils les connaissent. Leurs corps sont remplis d'implants, de nanosondes et d'émetteur-récepteurs de toutes sortes. L'esprit de ruche sur chaque vaisseau est maintenu par un engin appelé viniculum. Il supprime l'individualité des drones et renforce la conformité par des directives venant du Collectif. De là, les vaisseaux sont organisés en unimatrices, la plus grande et la plus haute dans la hiérarchie Borg étant l'Unimatrice Zéro-Un, centre de leur territoire et demeure de la Reine Borg." Kim s'arrêta, puis regarda son ami. "Je ne sais pas à quoi cela pourra servir", dit-il. "Pas avec tout ce qui est arrivé aux Borgs ces derniers temps."
"Continue simplement de parler", dit Byrd. "Qui sait ? Peut-être y a t-il toujours des poches du collectif là-bas que nous n'avons pas vu, qui tentent de reconstituer le collectif Borg ?"
"C'est vrai", Kim hocha la tête, avant de continuer. "Je ne pense pas que les Borgs se soient jamais réellement 'adaptés' à quoi que ce soit par le passé. Je pense qu'ils ont simplement accédé aux mémoires collectives des réseaux des drones, et recherchés les données qui rencontraient le critère de la situation qui avait été assimilée par quelque autre personne infortunée."
"Tu le penses vraiment ?" demanda Byrd, intéressé.
"Ouais", dit Kim. "Enfin, penses-y. Les Borgs ne font rien par eux-mêmes à part assimiler les corps et les connaissances des autres espèces. Je ne pense pas que le Collectif ait la 'capacité' de penser par lui-même pour inventer de nouvelles stratégies ou tactiques."
"Ces nouveaux Borgs le peuvent", dit Byrd.
"Je sais", dit Kim. "Cela pourrait les rendre encore plus dangereux que jamais."
 
* * *
 
"Qu'avons-nous trouvé ?" demanda le Commandeur Hamilton à Darren Goode, un Lieutenant aux cheveux filasse, tout en approchant le jeune ingénieur à l'intérieur de la structure qui abritait le complexe de recherche pendant l'excavation des débris Sernaix. L'édifice était un abri temporaire standard de Starfleet et était toujours en train encore en cours d'assemblage par le Lieutenant Smallen et plusieurs membres d'équipage.
"Monsieur", répondit Goode, "cela semble être une partie des unités de réfrigération employées dans tous les vaisseaux Sernaix. Ils sont utilisés pour collecter, emmagasiner, et refroidir au zéro absolu les photons afin d'être utilisés comme matière pour la coque via un condensateur de Bose-Einstein. Je crois qu'ils génèrent aussi des champs de force d'un certain type pour aider à régulariser les températures à l'intérieur même du navire."
"Intéressant", dit Hamilton.
"C'est vraisemblablement ce qu'on retrouvera le plus, Monsieur", dit Goode, "vu le nombre nécessaire pour maintenir un navire Sernaix en bon état et le nombre de navires impliqués dans ce crash."
"Bien sûr", répondit Hamilton, regardant l'assortiment d'objets éparpillés sur les tables au centre de la salle spartiate. "Avez-vous trouvé autre chose ?"
"Oui, Monsieur", répondit Goode. "Nous avons localisé des centaines, voire des milliers, de corps Sernaix desséchés. Ils sont examinés par l'équipe de xénobiologie dans le bâtiment d'à côté, mais les appareils retrouvés sur leurs corps sont sur la table là-bas."
Il mena Hamilton à la table en question, laquelle était couverte de nombreux petits appareils, regroupés par genre. "D'après nos données", poursuivit Goode, ramassant l'un des objets, "ceci est un noeud de communications. Leurs fonctions sont similaires à nos communicateurs et permettent à chaque Sernaix d'être lié au Royaume."
"Au Royaume ?" demanda Hamilton, confus.
"C'est difficile à expliquer, Monsieur", dit Goode. "C'est une réalité virtuelle où les Sernaix sont 'téléchargés' et continuent d'exister après leur mort physique, et où les autres Sernaix, vivants, peuvent y entrer à volonté pour communiquer. Les distances sont abolies, et théoriquement, un Sernaix d'un côté de la galaxie peut communiquer instantanément avec ses dirigeants de l'autre côté."
"Et ceci ?" demanda Hamilton, ramassant un engin dans une petite pile d'objets identiques.
"Nous croyons", répondit Goode, "que c'est une sorte d'arme."
"Monsieur !" appela une voix depuis l'extérieur de la structure préfabriquée. La tête d'Hamilton se redressa et il pivota pour se diriger brusquement vers l'extérieur.
"Commandeur". Un jeune Bolien, essoufflé par l'excitation, courrait vers Hamilton du site d'excavation. "Vous devriez venir voir ça !"
Le Bolien mena Hamilton à travers les débris éparpillés qui marquaient le site funéraire d'un ex-formidable vaisseau de guerre Sernaix. Des corps desséchés étaient éparpillés dans tout le coin. Devant eux se dessinait une structure de métal massive, à moitié enterrée dans la saleté du cratère de l'impact.
"Est-ce que c'est ce que je pense?" demanda Hamilton sans s'adresser à personne en particulier.
"Cela ressemble aux restes d'un propulseur à Courant de Glisse Quantique", dit le Bolien, avec un grand sourire. "Il est presque entièrement intact."
"Sortons-le de là", dit Hamilton, dont le visage était également barré d'un large sourire.
 
* * *
 
Janeway s'assit dans une petite salle isolée du palais de justice, observant au-dessus de la vieille table en bois son avocate et les deux rares alliés qui semblaient lui rester parmi les huiles de Starfleet.
"C'est comme ça, Cathie", dit l'Amiral Patterson. "C'est le prix à payer pour que tout s'arrête."
"Je ne plaiderai pas coupable", dit Janeway inflexible, les mâchoires fermement serrées.
"Ce n'est qu'une charge mineure", argumenta l'Amiral Paris. "Vous n'aurez même pas à purger une peine de prison."
"Cathie", commença Patterson, avant de se corriger après un regard vers le visage colérique et déterminé de Janeway. "Catherine. Je peux vous avoir une place dans mon équipe dans le quartier général de la Division Scientifique de Starfleet. Vous êtes une bonne scientifique, ce sera un travail parfait pour vous."
"Je n'aurai jamais plus un autre commandement", rétorqua Janeway.
"Vous aurez toujours votre liberté", argumenta T'Sai.
"Le procès se passe beaucoup mieux maintenant", argumenta Janeway. "Vous n'avez même pas encore pu présenter ma version de l'histoire !"
"En dépit de mes meilleurs efforts", répondit T'Sai, "Je ne peux pas garantir un meilleur résultat de la part du jury quand le procès arrivera à sa conclusion. Ils pourraient avoir... de la difficulté à ignorer particulièrement les commentaires qu'a fait le Directeur Tanner plus tôt aujourd'hui, malgré les exclusions du procès verbal."
"Je n'ai rien fait de mal", rétorqua Janeway. "Voyons si aucun d'entre eux aurait fait mieux, coincé de l'autre côté de la galaxie sans aucun chemin de retour à portée de vue."
"Coupable ou non", dit Paris, "Shelrak a eu beaucoup de temps pour s'entraîner, c'est un des plus grands et plus durs hommes de loi de la région. A trois cents ans, il se rappelle du Premier contact établi par le Capitaine Archer avec son peuple. Ce n'est pas facile de combattre ce genre d'expérience."
"Alors essayez", cracha Janeway. "Je refuse de plaider coupable."
"C'est peut-être votre dernière chance", dit Paris. "J'ai arraché toutes les faveurs qui me restaient pour arranger cela pour vous. Warhol a encore beaucoup d'alliées, mais pas assez pour empêcher que les supérieurs de Shelrak ne voient les choses à ma manière." Janeway soupira puis s'adossa à son siège pensivement. Après un moment, elle retourna son regard au-dessus de la table.
"Quel est le marché, déjà ?" demanda-t-elle.
"Vous y venez finalement, je vois", dit Paris, relevant légèrement le menton et croisant les bras devant sa poitrine.
"Je soupèse simplement les options", répondit Janeway. Même quand elle n'était pas sur la passerelle, elle devait toujours prendre des décisions qu'elle n'aimait pas. Elle respira vivement, laissant s'échapper un long et lourd soupir.
"Je vais le faire", dit-t-elle, pratiquement dans un souffle.
 
* * *
 
"Qu'est-ce qui fait que vous êtes vivant ?" demanda Maddox. "Pourquoi devrais-je croire votre histoire, et pas celle du grille-pain sur Rigel VII ?"
"Cogito ergo sum", répondit le Docteur.
"Quoi ?" demanda Maddox.
"C'est du Latin", dit le Docteur. "Cela signifie, 'Je pense, donc je suis.'"
"Je sais ce que cela signifie", dit Maddox. "Pourquoi cela devrait-il m'influencer ?"
"C'est la vérité", dit le Docteur.
"Bien sûr", répondit Maddox, sarcastique. "Pourquoi pas ?"
"Je suis conscient de mon moi", ajouta le Docteur. "J'ai su durant toute mon existence que j'étais un hologramme."
"Bien sûr", dit Maddox. "Vous étiez programmé avec cette connaissance. Pouvez-vous vous imaginer le chaos pendant une situation d'urgence si le docteur holographique pensait qu'il était l'égal, ou même le supérieur, des êtres organiques."
"Je ne sais pas si je dois me sentir traité avec condescendance ou insulté", commenta le Docteur.
"Voyez cela de mon point de vue", dit Maddox.
"Je devrais voir cela de 'votre' point de vue ?" railla le Docteur avec ironie. "Et le mien, de point de vue ? J'ai été amoureux. Les programmes informatiques normaux ne peuvent éprouver de l'amour."
"Qu'est-ce qui vous fait croire que 'vous' l'étiez ?" demanda Maddox.
"Vous pourriez vous poser la même question", répondit le Docteur.
"Je ne vais pas avoir une argumentation sémantique sur l'amour avec un programme informatique sans âme", dit Maddox sur un ton glacial.
"Sans âme ?" demanda le Docteur. "Comment pouvez-vous savoir si j'ai une âme ou pas ?"
"Comment le pourriez-vous ?" répondit Maddox. "Vous êtes une machine."
"Qu'est-ce qu'une âme ?" demanda le docteur. "Est-ce le katra Vulcain ? Qui peut être transféré et emmagasiné dans les méandres de la mémoire comme je peux faire une copie de mon programme sur la base de données d'un autre ordinateur. Est-ce que les âmes sont uniquement limitées aux corps biologiques ? Peut-être que 'mon' âme a décidé d'en habiter un holographique."
"Je n'aurais jamais pensé que je verrais ce jour", dit Maddox, riant presque.
"Capitaine ?" demanda le Docteur.
"Argumenter sur la nature de l'âme", expliqua Maddox, "avec un programme informatique."
"Il y a un commencement à tout", dit le docteur.
"C'est vrai", dit Maddox, regardant le Docteur dans les yeux pour la première fois. "Je n'ai pas le dernier mot pour déterminer si vous êtes vivant ou non. Je suis... une sorte de test du tournesol."
"Je ne comprends pas", dit le docteur.
"Il m'a fallu plus de vingt-cinq ans", expliqua Maddox, "pour considérer que Data puisse être vivant. Les autres de l'Institut Daystrom se sont dits que si vous pouviez me pousser à me questionner même une seule seconde pour savoir si vous l'êtes ou non, alors il y aurait une chance que vous puissiez être doué de conscience."
"Finalement", commença le Docteur avec espoir, "la reconnaissance de mes droits de base comme individu. Une nouvelle ère..."
"J'ai dit", interrompu Maddox, "que je n'avais pas le dernier mot ici. Mais si ce que j'ai vu jusqu'ici peut servir d'indication, alors je pense que vous avez une chance."
"Le pensez-vous réellement ?" demanda le Docteur.
"Tout est possible", dit Maddox, se mettant soudainement à rire. "Même des hologrammes possédant une conscience de soi."
 
* * *
 
"Doucement !" cria Hamilton. Des dizaines de membres d'équipage étaient à la base du cratère, creusant fiévreusement pour essayer de libérer du sol le coeur du propulseur à Courant de Glisse Quantique relativement intact. L'air au-dessus d'eux vacillait et brillait d'une lueur bleutée provenant des rayons tracteurs des trois navettes en vol stationnaire.
Dans un grondement, l'objet massif fut libéré et des mottes de terre tombèrent sur les têtes des gens en dessous. Ils tinrent bon pendant qu'il s'élevait au-dessus d'eux, regardant vers le haut, tandis que la terre sèche et sablonneuse pleuvait sur leurs visages. Quelques-uns s'exclamèrent, certains commencèrent à danser, d'autres restèrent silencieux. La plupart arboraient un large sourire.
"Posez-le près du complexe de recherche", dit Hamilton par le canal de son communicateur toujours ouvert.
"Compris", répondit la voix de Smallen venant du minuscule haut-parleur de la broche en métal. Le runabout Colorado pivota, guidant les autres navettes vers le campement proche. Quelques minutes plus tard, le coeur de propulsion reposait en sécurité sur le sol, à dix mètres des édifices préfabriqués toujours pas finis.
Les scientifiques se précipitèrent vers le campement et convergèrent autour du massif coeur du courant de glisse cabossé. L'air résonnait du bruit des tricordeurs et des sifflements d'excitation tandis que Hamilton s'approchait de la cohue.
"Vous avez vu ça ?" demanda quelqu'un.
"C'est incroyable", dit un autre. "Je n'aurais jamais pensé à ça !"
"Excusez-moi", dit Hamilton en s'approchant d'en arrière un des scientifiques. "Qu'avons-nous ?"
"Un coeur de courant de glisse Sernaix, bien sûr", dit le scientifique, un vieil homme vêtu de vêtements civils avec une tête aux cheveux d'argent ébouriffés.
"Je sais cela", dit Hamilton. "Dites-moi plutôt dans quel état il est ? Est-ce que ça vaut les efforts que nous avons faits pour le sortir de là ?"
"Absolument", dit le scientifique. "Il est trop tôt pour en être absolument certain, mais je dirais que cet ordinateur ici", il tapota doucement le boîtier de métal près de lui, presque avec révérence, avant de poursuivre, "ce contrôle du coeur est complètement intact. Et le reste du coeur est au moins assez récupérable pour apprendre comment en construire un autre nous-mêmes."
"Excellent", dit Hamilton. "Je vais vous laisser retourner au travail, alors." Il se retourna et prit la direction de l'endroit où les navettes avaient atterri. Il devait parler avec le Lieutenant Smallen pour déterminer les avaries qu'avaient subies les véhicules dans la manoeuvre d'aujourd'hui, et combien de temps et de ressources seraient nécessaires pour les remettre en état pour la prochaine grande découverte que l'excavation allait plus que vraisemblablement faire.
 
* * *
 
"Votre honneur", dit T'Sai à l'Amiral Louvois depuis sa chaise dans le cabinet du juge, "la défense est parvenue à statuer un arrangement avec l'accusation."
Louvois fixa T'Sai pendant un moment puis regarda vers Shelrak. "J'écoute", dit-elle, retournant son regard vers T'Sai.
Janeway se tendit tandis que T'Sai débutait. "Toutes les charges vont être abandonnées, sauf celle de conduite inconvenante de la part d'un officier de commandement. L'accusation a aussi accepté de demander une sanction plus légère pour la charge restante."
Louvois lança à Shelrak un regard surpris. "C'est inattendu, commandeur", dit-elle.
"La poursuite en est... venue à croire", répondit Shelrak, "que la séparation pendant les huit dernières années et la perte du commandement d'un vaisseau stellaire pourrait être une punition suffisante pour la défense. C'est une scientifique accomplie, et ce serait dans le meilleur intérêt de Starfleet de la garder dans ces fonctions."
"Capitaine Janeway", dit Louvois, tournant son attention vers le capitaine, "votre avocate vous a avisé que de plaider coupable à cette charge, même avec une sentence réduite de manière drastique, vous empêchera de commander à nouveau un vaisseau stellaire ?"
"Elle l'a fait, votre honneur", répondit Janeway.
"Très bien, alors", dit Louvois. "Nous reprendrons l'audience dans quinze minutes pour rendre cela officiel."
 
* * *
 
Quand les San Franciscains allumèrent leurs écrans vidéos pour les nouvelles du soir, le principal sujet portait, comme cela avait été le cas depuis un certain temps maintenant, sur la cour martiale du Capitaine Catherine Janeway. La présentatrice vedette de la chaîne, la populaire Suellen Bartlett, regarda droit vers la caméra.
"Bonsoir", dit-elle. "Aujourd'hui a été marqué par un tournant inattendu des événements dans la cour martiale du Capitaine Catherine Janeway du Vaisseau Voyager. L'accusation de Starfleet a accepté d'abandonner toutes les charges sauf une. Selon des rapports internes, le plaidoyer de culpabilité pour la charge restante, laquelle n'a pas été dévoilée, signifie que Janeway ne pourra vraisemblablement jamais commander à nouveau un vaisseau stellaire.
"Au chapitre des nouvelles annexes", dit-elle en tournant sa chaise pour faire face à une autre caméra, "le gouvernement Cardassien a réitéré sa demande pour que les anciens membres d'équipage Maquis de Voyager soient amenés devant la justice pour leur rôle dans les événements menant à la guerre du Dominion. Aucune déclaration officielle n'a été faite jusqu'à maintenant sur ce qui adviendra d'eux."
 
* * *
 
Seven of Nine rampa dans le conduit de ventilation, sautant dans la salle inutilisée et poussiéreuse. Elle attendit prudemment, écoutant attentivement, avant d'activer le terminal informatique.
Regardant nerveusement autour d'elle, comme si elle s'attendait à tout moment que quelqu'un sorte de l'ombre, elle activa le relais de communications, s'assurant que la transmission était codée avant d'ouvrir un canal. Le visage d'un homme qu'elle n'avait jamais vu avant apparut à l'écran.
"Je suis Seven of Nine", dit-elle. "J'ai une information pour vous."
 
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Ecrit par: Jeffrey Harlan
version française: André
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Coral (version originale), Laurent (version française).

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