Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle
8.24 Secrets et mensonges
Dernière mise à jour :05 juillet 2002
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.. 8.24 couverture 'SECRETS ET MENSONGES'
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8.24 SECRETS ET MENSONGES
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.. Episode 8.24 - SECRETS ET MENSONGES
Par: Janeway602 (janeway602@aol.com)
Version française: André (andduret@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Harry et Seven s'enfoncent plus loin dans les mystères de la Section 31."
 
La première chose que remarqua B'Elanna quand elle se retourna ne fut pas le bip insistant de la console de communication, mais l'image du clair de lune sur San Francisco par la fenêtre à l'opposé du lit. Dans les heures précédant l'aube, la lumière avait légèrement la teinte chaude du soleil qui ne s'était pas encore montré. Elle restait là sans bouger à profiter de cette image sereine pour ne pas réveiller son mari, une image qu'elle avait attendu de voir pendant plus d'un mois. Bien qu'elle adorât le temps qu'elle passait à travailler au Projet Montana sur la Station Fulton, une partie d'elle aspirait à être ici, sur Terre, avec sa fille et son mari.
Elle aurait même pu se rendormir si elle n'avait pas entendu le léger 'Arrivée d'une Communication Subspatiale' rompre le silence. En glissant un regard rapide vers Tom qui comme à l'habitude dormait bruyamment et n'avait pas été dérangé par le son, B'Elanna sortit silencieusement bien que maladroitement du lit et se dirigea vers le bureau dans le coin opposé de la chambre. Si ce son insistait pour ruiner sa première nuit à la maison, le moins qu'elle pouvait faire était de découvrir quelle en était la raison.
S'installant dans le fauteuil après s'être emmitouflée dans sa robe de chambre, elle accepta le message. 'Nouveau message' disparut de l'écran et fut remplacé d'abord par du noir pendant un moment, puis par l'image d'un visage très familier.
"Chakotay !" s'exclama B'Elanna. Son cerveau se rappela soudainement de l'homme toujours endormi dans le lit et de l'enfant dans la chambre d'à côté et elle baissa immédiatement la voix à un chuchotement. "Ne le prenez pas mal, Chakotay, je suis heureuse de vous entendre, vraiment, mais il est trois heures et demie du matin."
Son visage montra de la confusion pendant un moment, rapidement remplacée par une sourire. "Trois heures et demie. Malédiction, j'ai oublié la différence de fuseau horaire. Je suis vraiment désolé, B'Elanna. Je rappellerai plus tard, quand vous serez plus..."
B'Elanna l'interrompit d'un geste de la main. "Non, non, Chakotay. Maintenant que je suis levée, vous pouvez aussi bien me dire ce que vous avez en tête." Elle parvint à voir partiellement la chambre dans laquelle il était assis, et elle ne reconnut pas le décor. Elle réfléchit. Le manque d'objets personnels identifiables invoquait la possibilité qu'il ne fut pas chez lui. "En commençant par me dire où vous êtes exactement."
B'Elanna aurait juré voir de l'embarras sur son visage quand elle entendit sa réponse. Il semblait presque souhaiter qu'elle n'ait pas posé la question. "Je suis, euh, chez un vieil ami pour quelques jours." Il y eut une pause. "A New York, au Lac George."
Lac George. B'Elanna se força à réfléchir. Le nom lui semblait familier. Et cela cliqua. "Est-ce que Janeway n'a pas une maison dans ce coin ?" Elle continua car il ne répondit pas immédiatement. "Je crois me rappeler l'avoir entendu un jour mentionner avoir passé un été là-bas. Mais je peux me tromper, considérant l'heure qu'il est."
Il hocha la tête dans un mouvement doux et languissant. "Oui, oui, elle en a une." Puis en y repensant. "Mais je ne l'ai pas vue."
B'Elanna était sur le point de lui demander pourquoi il insistait si véhément sur le fait qu'il n'avait pas parlé à Janeway quand elle n'arriva plus à retenir le bâillement qui explosa de sa bouche. Elle tenta poliment de le cacher à Chakotay, mais n'y parvint pas. Elle s'empressa de s'excuser.
"Je me moque de ce que vous dites, B'Elanna", répondit Chakotay, "vous avez besoin de sommeil, et je ne voudrais pas être accusé de vous en priver."
"Chakotay ..."
"Non, pas d'argument." Il fit une pause. "Je cherchais simplement quelqu'un avec qui parler et je suppose que je devrai appeler plus tard."
B'Elanna soupira dans la défaite. Après tout il avait raison. Elle était terriblement fatiguée et elle se tenait à peine debout. Une idée lui vint à l'esprit. "Janeway."
La raideur soudaine de Chakotay à la mention de son nom fut une observation qu'elle ne remarqua pas à cause de son manque de sommeil.
"Qu'est-ce que vous lui voulez ?"
B'Elanna soupira et sourit. "Parlez lui, Chakotay. Elle est encore plus proche de vous que je ne le suis, sans mentionner plus alerte."
Ses pensées se détendirent visiblement. "Peut-être. De toute façon, je pense qu'elle a mentionné quelque chose au sujet de rendre visite à sa mère et à sa soeur dans l'Indiana."
La réponse la lança dans une mini boucle. Les deux réponses au sujet de Janeway, premièrement qu'il ne l'ait pas vu et deuxièmement qu'elle était partie, ne pouvaient pas toutes les deux être possible. Ou bien il l'avait vue, ou il ne l'avait pas vue. Elle se demanda pourquoi il était si cachottier dans ses informations.
Mais il la salua rapidement, ne donnant pas à son cerveau fatigué le temps d'analyser l'information et de former les bonnes questions sur ses intentions.
 
***
 
Le lieutenant Emily Harrison sortit de la petite navette de Starfleet pour se retrouver sous le rude soleil de la planète dévastée. Immédiatement, elle sentit la vague de chaleur qui semblait rouler des montagnes à quelques kilomètres de là. Elle passa sa main libre sur son front et put déjà sentir les gouttes de transpiration qui se formaient à la racine de ses cheveux. Glissant un regard sur le paquet gris qu'elle transportait, elle remercia sa bonne étoile d'avoir pris une gourde d'eau supplémentaire et se dirigea vers le camp principal.
Cette affectation en était une à laquelle elle ne s'était jamais attendue, mais qu'elle n'aurait pas pu rejeter. Elle avait été jadis affectée comme assistante enseignante d'un des professeurs d'archéologie à l'Académie, mais elle ne rêvait pas de devenir enseignante. Elle voulait faire des fouilles. C'était aux équipes d'Analyses et de Recherche basées sur la Station Fulton de faire cela. Alors quand elle apprit qu'ils réunissaient les membres d'un équipage pour faire des excavations, elle eut de la difficulté à croire qu'elle avait été choisie. Tout le secret qui entourait le projet, on lui avait interdit de discuter des détails avec sa famille et ses amis, le rendait encore plus désirable que les recherches habituelles sur des artefacts Romuliens. Mais elle était une personne de confiance. Il ne lui viendrait jamais à l'idée de divulguer des informations secrètes de Starfleet, et l'homme étrange qui lui avait fait passer son entretien en était assuré.
Tout ce qu'elle savait était que les excavations avaient un lien avec les informations qui avaient été révélées durant le procès en cour martiale de Janeway au sujet d'une race appelée les Sernaix. Apparemment, il y avait eu une sorte d'accident et des équipes avaient été envoyées pour faire des fouilles et enquêter. Mais au-delà de ses informations telles que les liens avec les vaisseaux stellaires qui étaient actuellement développés sur la station spatiale, rien ne ressortait.
Le Lieutenant Harrison reçut l'ordre de se présenter au camp principal, qui n'était rien de plus qu'une grande tente montée autour de terminaux d'ordinateurs, quand elle arriverait sur la planète. Le camp était à quelques mètres du point d'atterrissage et une fois la poussière levée par la navette redéposée, elle put voir les membres d'une équipe se déplacer d'une manière chaotique autour de la tente. En s'approchant d'eux, elle commença à entendre des voix au-dessus du bourdonnement général de la foule.
"Faites attention !"
"Levez-le !"
"Monsieur, vous devriez regarder ceci !"
"Allez chercher une housse pour mettre en dessous !"
"Enlevez-vous de mon chemin !"
"Ne le déplacez pas !"
"Enlevez-vous de mon chemin !"
Harrison se fraya une chemin à travers l'assemblée des fouilleurs pour pouvoir voir ce qui avait causé toute cette attention. Elle regarda une sorte d'excavatrice plutôt archaïque tirer un gros débris, remarquant qu'il avait le gris de Starfleet, hors du trou d'un cratère. Elle n'était pas sûre de savoir si la crevasse avait été provoquée par un impact et ou par l'excavation elle-même."
Quand le débris fut redéposé au sol et qu'un officier, qu'Harrison reconnut comme le Commandeur Sean Hamilton, et un autre homme s'avancèrent dans la foule, il devint clair qu'un autre objet reposait sur le fragment qui ressemblait à un morceau de coque. Il était enveloppé d'une couverture sale d'un rouge vif, et comme elle regarda avec plus d'attention, elle réalisa que la forme sous la couverture ressemblait à un être humain. Harrison n'était pas au courant qu'ils étaient à la recherche de victimes.
"Un corps", semblait murmurer collectivement la foule. Apparemment, remarqua-t-elle, personne n'avait été préparé à cette découverte.
Hamilton s'agenouilla près du fragment et retira la couverture de dessus le visage du corps. A ce moment, la foule put également voir le corps. C'était un humain de sexe masculin, aucune caractéristique distinguable sur son visage, si ce n'est des cheveux foncés. Au moment où elle put le voir, le visage lui sembla familier, mais elle n'arrivait pas à le replacer. Le commandeur observa l'homme pendant un moment et replaça la couverture. Puis il regarda son compagnon en face.
"Envoyez un message subspatial au Quartier Médical", ordonna-t-il, "Et dites aux Renseignements que nous avons trouvé leur homme."
'Leur homme', entendit Harrison. Ils savaient qui était cet homme ?
Hamilton était déjà debout sur le point de repasser à travers la foule quand la voix de son compagnon brisa le silence. "Je recommande que nous informions les Renseignements en premier."
Le commandeur s'arrêta dans sa foulée.
"Pardon ?"
"Je recommande que cet homme soit d'abord envoyé aux renseignements."
Hamilton s'approcha de son compagnon. "Pour l'amour de Dieu, laissez-le en paix. Le problème du Maquis a été résolu, Thompson, il n'est plus nécessaire de mettre le corps en quarantaine." Il fit une pause. "Le moins qu'on puisse faire est de donner un acte de décès et un enterrement décent à cet homme"
Cependant, le débat était loin d'être terminé. Harrison réalisa qu'il y avait plus dans cet homme que ce qu'il laissait apparaître devant eux.
"Monsieur, j'ai reçu des ordres stricts. Tout corps découvert doit être envoyé aux Renseignements avant que tout autre personnel puisse le manipuler."
"'Des ordres stricts' ? comment ce fait-il que ne n'ai pas été informé de ces 'ordres stricts' ?"
"Peut-être que les Renseignements n'ont pas jugé nécessaire de vous en informer, Monsieur."
La fureur apparut dans les yeux d'Hamilton. "Je suis le responsable ici !"
Thompson, son compagnon, ne broncha pas. En fait, remarqua Harrisson, son expression ressemblait à celle d'un Vulcain. Le sens de ces paroles la dérangeait. Les deux luttaient dans une bataille silencieuse, leurs yeux combattaient dans une guerre que les mots ne pouvaient pas.
"Très bien", concéda finalement Hamilton, quand le silence devint trop pesant, "Faites-le savoir aux Renseignements."
Mécontent, le commandeur se fraya un chemin à travers la foule de curieux, et Harrison aurait pu juré qu'elle l'avait entendu maugréer.
"C'est à se demander qui était le chef ici."
 
***
 
Harry tenta de se concentrer sur le panneau de l'ingénierie qui était devant lui, mais l'officier qui faisait constamment les cent pas le distrayait. L'homme marchait, allant et venant d'un coin de l'ingénierie à l'autre, s'arrêtant à chaque fois derrière un panneau différent. Il était resté à regarder par-dessus l'épaule d'Harry à quatre reprises ce matin, regardant intensément quand les commandes étaient entrées et quand les simulations étaient testées, mais à chaque fois, l'homme n'avait rien dit. Il regardait simplement et mémorisait.
Cela faisait cinq jours que le commandeur de la station avait escorté le Commandeur Carl Grant dans l'ingénierie, et depuis ce moment Harry se sentait isolé. Il avait été envoyé par Starfleet. Il était là, selon les mots de Vargas, 'pour veiller aux dernières préparations' du prototype. Le détachement froid de Grant dans sa tâche et envers ceux qui l'entouraient l'avait mis à l'écart des dirigeants du projet et de l'équipe de commandement de la station. Mais il y avait plus en lui que le simple fait de vouloir garder un comportement professionnel rigide. Il y avait quelque chose à propos de Grant que... pour être honnête, Harry ne savait pas ce qui le frappait dans l'attitude de Grant. C'était étrange ? Inhabituel ? Cela ne s'ajustait simplement pas avec la personnalité de l'officier.
Grant semblait toujours traîner dans le coin des stations où lui ou Seven travaillaient. Au début, Harry avait supposé que c'était parce qu'il était à la Tête de la Conception de l'Ingénierie et que Seven, à tous égards, était le membre le plus qualifié de l'équipe. Puis il s'était rappelé que la moitié du Commandement de Starfleet retenait son souffle à chaque fois qu'elle pressait un bouton, et que cela pouvait leur avoir donné une excuse raisonnable pour hésiter sur la manière dont elle le faisait. Mais si les choses avaient été différentes, aurait-elle été réellement un risque pour la sécurité comme Vargas l'avait pensé quand elle était arrivée sur la Station Fulton. Son attitude envers elle semblait suggérer qu'il était là... pour la surveiller.
Cependant, le fait que la cellule d'inspection de Starfleet allait venir dans moins d'un mois avait forcé Harry à laisser tomber ses doutes initiaux.
Les déplacements de Grant commençaient à l'énerver, et Harry fut heureux de voir Seven quitter sa station pour venir dans sa direction. Bien qu'elle se dirigeât apparemment ailleurs, Harry parvint à lui attraper la main et la tirer vers lui. Se tenant près d'elle, il chuchota, "cet homme me fait suer."
Son regard se dirigea immédiatement au-delà de l'épaule de Seven, mais le commandeur n'avait pas vu l'échange. Seven lui répondit solidement. "Lieutenant, 'cet homme' est le Commandeur Grant", corrigea-t-elle, "et je suis désolée si je ne peux sympathiser avec votre observation qu'il 'vous fasse suer.'"
La manière dont elle répéta la phrase lui sembla juvénile. Peut-être était-ce le cas. Grant pivotait sur ses talons à l'autre bout de la section ingénierie, et Harry la poussa instinctivement près du panneau sur lequel il travaillait, lequel par chance était situé dans un recoin de mur, à l'écart du reste des contrôles. Au moins étaient-ils cachés de la vue de Grant.
"Pas même un peu ?" demanda-t-il.
Seven pencha la tête pour glisser un regard vers Grant une deuxième fois avant de répondre, mais la remarque attendue par Harry n'arriva pas. Au lieu de cela, elle fixa l'homme qui s'approchait. Il aurait pu jurer voir la voir se tourner les méninges pendant qu' elle observait le commandeur.
Elle hocha la tête aux moments appropriés pendant le discours de Icheb. Mais son attention était concentrée essentiellement sur deux individus de l'autre côté de la table des boissons. Elle les étudia avec soin. Elle ne les reconnaissait pas, ni en tant que membres d'équipage du Voyager, ni y étant associés. Qui étaient-ils ?
Ils étaient tous les deux de sexe masculin, apparemment humains. Ils portaient des habits civils et non des uniformes de Starfleet, et semblaient se déplacer furtivement dans la pièce, se tapissant presque dans les coins d'ombre et agissant pourtant de manière incroyablement désinvolte. Quelque part, elle sentait qu'ils n'étaient pas à leur place ici. Mais elle trouva leur présence plus curieuse que menaçante.
Elle pensa en informer le Capitaine Janeway, mais fit finalement abstraction de ses soupçons. Son épreuve toute récente la rendait apparemment excessivement prudente. Ils étaient probablement juste des membres de famille des members d'équipage ou des amis qu'elle n'avait pas encore rencontrés, alors elle les oublia, les considérant sans intérêt, et reporta son attention vers Icheb.
"Seven !" Harry lui toucha le bras, et elle retourna soudainement à la réalité. "Seven, est-ce que ça va ?"
Bien qu'elle eût perdu sa concentration pendant un instant, elle se reprit rapidement. "Je vais bien, Lieutenant", répondit-elle.
Sa main resta longtemps sur son bras, mais elle ne sembla pas le remarquer. Ou s'en soucier. Harry sentait son hésitation. "Vous êtes sûre ? Vous venez juste d'avoir un moment d'absence."
Elle ouvrit la bouche à deux reprises dans l'intention de parler, mais se retint. "Le Commandeur Grant..." Elle fit une pause, comme si elle avait perdu momentanément ce qu'elle s'apprettait à dire. Puis elle continua, "ressemble à un homme que j'ai vu avant"
"Où ?"
"Au désarmement du Voyager", répondit-elle. "J'ai vu deux hommes se déplacer dans la foule, deux hommes que je n'ai pas reconnus."
"Pourquoi ne l'avez-vous pas mentionné avant ?"
"à ce moment-là, j'ai pensé que ce n'était rien."
"Et maintenant ?"
"Maintenant..." Elle s'arrêta. Harry n'était pas sûr qu'elle aurait même une réponse à la question. "Je crois que c'est possible", il s'apprêtait à sauter sur la réponse, mais elle n'avait pas terminé. "Mais c'est peu probable. Qu'elle aurait été la motivation du Commandeur Grant d'être là ?"
Harry ne put empêcher ses yeux de briller quand il pensa au moyen de remédier au problème. Il avait déjà été un jeune enseigne brillant et enthousiasme, et quelquefois il haïssait quand il retournait à ce genre d'attitude. "Peut-être que", suggéra-t-il, "nous devrions le découvrir."
"Que suggérez-vous, Lieutenant ?"
"Son dossier personnel. Peut-être..." Il fit une pause. "Peut-être que cela nous donnera des indices sur ceux à qui il doit faire son rapport."
Seven regarda Harry dans les yeux et hocha la tête. Puis elle retourna silencieusement dans l'allée de l'ingénierie et reprit sa destination d'origine.
 
***
 
Mateth regarda les centaines de petits navires se regrouper autour du gros vaisseau. Pour lui, ils ressemblaient à des insectes convergeant vers une seule ruche. Excepté que ces insectes n'émettaient pas de bourdonnement collectif, pas un son d'aucune sorte pour annoncer leur présence. Et à la différence de quelqu'un qui observe des insectes, ces essaims étaient à des milliers d'années-lumière de distance.
Ce qui, bien sûr, ne diminuait pas leur capacité.
Les Sernaix avaient été une menace bien avant l'arrivée du Voyager, mais leur faible compréhension de l'univers et leur place dans celui-ci les avaient retenus pendant des milliers d'années. Pourtant, même quand ils avaient confondu cet équipage avec leur ennemi du fond des âges, Mateth s'était convaincu que leur tendance naturelle pour le combat leur avait fait oublier le Voyager assez longtemps pour permettre à l'équipage de s'échapper.
Excepté que les Sernaix n'oubliaient jamais.
Les nouvelles informations qu'il venait de recevoir lui pesait grandement tandis qu'il regardait les vaisseaux entrer et sortir de la structure massive que les Sernaix appelait le vaisseau Nodal. Ils étaient restés isolés depuis assez longtemps et leur aide était maintenant nécessaire. Mateth savait qu'il possédait la puissance et l'autorité nécessaire pour modifier le choix de l'ordre, mais il possédait aussi un sens d'équité. Il n'avait jamais été de ceux qui prenaient des décisions à la légère ou de manière impétueuse, et c'était ce trait qui avait protégé si longtemps les Ayreths.
Il savait ce qu'il devait faire.
Faisant signe à son assistant, il se pencha vers lui et dicta le message qu'il désirait envoyer. 'Le conseil doit se réunir immédiatement'. L'assistant s'apprêta à partir, mais Mateth l'attrapa par le bras. Le tirant vers lui, il chuchota son dernier ordre à l'oreille de son assistant.
"Nethma et Ipthar ne doivent pas le savoir, compris ?"
Brièvement, l'image d'un assistant de statut moindre trahissant les deux aînés restant lui passa devant les yeux. "Oui, Orateur."
 
***
 
Il y avait un sentier usé à travers les arbres qui s'était formé aux cours des années à toujours prendre ce raccourci à travers la forêt dense, du point de téléportation à sa maison. Le lieutenant du site de téléportation à New York, qui l'avait reconnue d'après les manchettes des nouvelles, aurait été plus qu'heureux de contourner les règlements et de la déposer à trois mètres de chez elle. Mais finalement, elle avait refusé le traitement royal, et prit plutôt la "route des écoliers".
La brise chaude de l'Indiana avait la senteur des années passées, avant que son vaisseau ne parte pour les Badlands, avant qu'elle ne parte pour l'Académie, avant son premier souvenir avec sa jeune soeur... C'était une des constantes que Catherine avait toujours chérie quand elle visitait son foyer. Ca, pensait-elle, et les gens qui étaient toujours là pour l'accueillir.
Une semaine plus tôt, sa soeur lui avait mentionnée d'une manière assez fortuite qu'elle devait prendre une pause dans sa vie de travail chargé pour rendre visite à Gretchen durant le week-end. Ce que Catherine n'avait pas réalisé était que sa soeur lui rappelait une promesse faite à sa mère, la promesse d'une visite à sa famille pour y passer une soirée, et elle avait planifié d'utiliser l'opportunité pour remplir cette promesse. De toute façon, après la nuit dernière, elle pensait qu'elle le devait à sa mère et sa soeur.
Perdue dans ses pensées, Catherine sursauta quand une matière poilue se frotta contre ses jambes. Elle glissa un regard sur le petit chiot qui collait sa tête sur cheville, regardant vers elle avec des yeux pleins d'espoir. Janeway s'arrêta et se pencha pour caresser amoureusement l'animal. "Tu aimes ça, n'est-ce pas, petite ?" Le chiot répondit en lui léchant le visage et en laissant entendre un jappement enjoué. "C'est bien ce que je pensais."
Le dos tourné à la vieille maison de ferme, elle ne fit pas attention au grincement de la porte du patio qui avait perpétuellement besoin d'un peu d'huile. Elle n'entendit pas le son des bruits de pas qui traversaient le seuil de la porte grinçante presque qu'aussi vieille que la maison. Elle ne s'aperçut pas du bruit que la porte fit que elle choqua contre le mur.
"Catherineæ?"
Gretchen Janeway se tenait sur le pas de la porte, regardant sa fille aînée câliner doucement le petit chiot. A part des cheveux beaucoup plus courts, une stature plus grande et une allure un peu trop maigrelette pour quelqu'un dans sa forme, c'était comme si Catherine n'avait jamais grandi depuis ses dix ans.
Quand Catherine se retourna et sourit à l'appel de sa mère, Gretchen remarqua la lueur sur le visage de sa fille. C'était le sourire qu'elle avait vu avant, quand sa fille s'était précipitée vers la maison plutôt que d'utiliser simplement un message subspatial, pour annoncer qu'elle avait reçu son premier commandement à bord de l'USS Voyager. Mais là, se dit sa mère, c'était différent. Cela lui rappelait la première fois que Catherine avait amené Justin Tighe à la maison, son sourire radiant faisant disparaître sa nervosité. Gretchen se demanda ce qui, ou plutôt qui, avait produit cette réaction, et si sa fille réalisait la joie qui transparaissait sur son visage.
"Maman". Elle l'accueillit avec un sourire, abandonnant le chiot pendant un moment pour enrouler ses bras autour de sa mère, les deux s'unissant dans une étreinte. "Tu m'as tant manqué."
"Toi aussi." Elles restèrent dans les bras l'une de l'autre pendant un moment, puis lentement se séparèrent avec un début de larmes aux yeux. "Tu sembles beaucoup mieux, Catherine." Bien sûr, elle faisait référence à la dernière fois qu'elle avait vu sa fille. Son visage avait montré des signes de fatigue et de larmes, de stress et d'ennuis. Non aujourd'hui, elle semblait être...
"Katie ?"
Comme si s'était possible, le visage de Catherine brilla encore plus. "Phoebe !"
Il y eut une autre étreinte. "Catherine, que fais-tu ici ?" s'exclama Phoebe. Sa soeur, par contre, n'afficha qu'un faible sourire, et Phoebe en réalisa la raison. "Je crois que je t'avais invitée", déclara-t-elle, ce qui lui valut un sourire et une poignée de main de la part de sa mère. Les soeurs gloussèrent.
La petite chienne, qui s'était assise, obéissante, sur le gazon, choisit ce moment pour annoncer qu'on ne faisait plus attention à elle. "Comment s'appelle-t-elle ?" demanda Phoebe, s'accroupissant pour accueillir l'adorable chiot, laquelle répondit en léchant la main qui la caressait.
"Je l'ai appelée Amélia", répondit Catherine. "Je l'ai reçue en cadeau d'un..." Elle fit une pause, cherchant le bon mot. "D'un ami."
"Un ami", répéta sa soeur. Catherine se pencha pour prendre le chiot, Phoebe utilisa ce moment pour échanger un regard avec sa mère. Elle reprononça des lèvres "un ami ?", mais ne reçut qu'un haussement de sourcils.
Il y eut une pause dans la conversation, que Phoebe et Gretchen furent les seules à trouver inconfortable. Elles étaient des proches, laissées en arrière par rapport à une héroïne depuis longtemps oubliée. Elles avaient plein de choses à dire et manquaient de temps ou de mots pour tout se dire. Bien sûr, Catherine ne le remarquait pas. Toute son attention était pour le moment rivée sur Amélia.
"Nous ne pouvons pas rester à l'extérieur éternellement", dit Gretchen, glissant un regard vers le soleil qui se couchait et en espérant que sa fille comprendrait. "Pourquoi n'irions-nous pas à l'intérieur pour mettre un couvert de plus à table ?"
Catherine secoua la tête en grimaçant. "Maman, ne me traite pas en invitée. Je vais mettre mon couvert." Gretchen leva ses bras pour protester, mais Catherine s'était déjà mise en mouvement, marmonnant doucement quelque chose à Amélia au sujet de la ferme. Gretchen sourit et se dirigea elle aussi vers les marches.
Elle entamait la première marche quand elle sentit la main de sa fille cadette se poser gentiment sur son bras. Elle se retourna. Les yeux de Phoebe brillaient en lançant un regard furtif vers la maison où se retirait Catherine. "Tu as vu cela ?"
"Vu quoi ?" Gretchen savait parfaitement de quoi elle parlait.
"La lueur quand elle sourit." Phoebe fit une pause. "Elle n'a jamais eu cette lueur quand elle souriait."
Gretchen haussa les sourcils d'une manière Vulcaine. "Phoebe, peut-être est-elle simplement heureuse d'être à la maison."
Elle soupira. "Peut-être."
 
***

La salle de réunion du conseil était simple. Il y avait une porte pour entrer et sortir, et elle se barrait de l'intérieur. Il n'y avait pas de fenêtres, et une seule lumière suspendue au-dessus de la table. Les murs étaient faits d'une matière épaisse qui ne faisait pas qu'isoler la salle durant les mois froids d'Ayreth, mais empêchait aussi les sons de sortir. Les arguments les plus passionnés n'auraient pu être entendus même si quelqu'un s'était collé l'oreille sur le mur. Il y avait un système d'intercom antique qui permettait aux messages d'être transmis de l'extérieur, pour le cas où une situation d'urgence demandait leur attention. Mais il n'avait jamais été utilisé.
La table avait la forme d'une larme, avec la chaise de Mateth bien en vue à sa pointe. Les dix membres du conseil étaient assis du côté arrondi de la table, chacun représentant une province d'Ayreth. Ils étaient séparés de manière égale pour qu'aucun représentant ne soit plus rapproché ou plus éloigné d'un autre. Toutes les chaises étaient occupées sauf une, celle de Mateth, et quand l'unique porte s'ouvrit pour le laisser entrer, la réunion commença officiellement.
Mateth prit son siège et personne ne dit un mot. "Messieurs", commença-t-il. "Je vous ai tous appelé aujourd'hui pour vous parler d'un sujet de la plus grande importance." Cette déclaration était en fait redondante, la salle de réunion n'étant jamais utilisée à la légère.
Une voix que Mateth ne prit pas le temps d'identifier se fit entendre. "Ne devrions-nous pas attendre l'arrivé des Aînés Ipthar et Nethma ?"
L'Orateur rejeta le commentaire de la main. "Les Aînés Ipthar et Nethma ne se joindront pas à nous cette après-midi. Et", hésita-t-il à dire, "je vous demande de ne parler de cette réunion avec personne. Y compris les deux Aînés manquants."
Le conseil comprit la signification des paroles de Mateth. "J'aimerais saisir rapidement cette opportunité pour m'excuser auprès des membres qui ne connaissent pas la raison de cette réunion. N'y voyez aucune malveillance." Il fit une pause. "Comme vous le savez tous, les rapports de notre équipe de renseignements indiquent qu'en dépit de l'échec de leur première tentative, les Sernaix se regroupent et planifient une deuxième attaque contre le monde d'origine des Terriens. Cependant, les rapports indiquent également que là où le premier plan a échoué, le deuxième sera un succès. Messieurs, le temps est essentiel."
Le silence dura assez longtemps pour permettre à Repah, le plus jeune membre du conseil, de prendre la parole. Il représentait la province la plus éloignée de la ville centrale et ses vues divergeaient souvent de celles du conseil. "Etes-vous en train de dire que l'attaque pourrait vraiment porter atteinte à la Fédération."
Mateth hocha solennellement la tête. "C'est ce que les rapports indiquent."
Repah secoua la tête et Mateth se prépara au commentaire fougueux qui n'allait pas manquer de s'élever. "Alors les rapports sont erronés. Les Sernaix ont donné tout ce qu'ils avaient, il ne leur reste rien. Leur seule possibilité pour qu'il y ait une attaque prochaine, s'il y en a une..."
"Il y en aura une !"
"S'il y en a une, serait que les Sernaix aient des alliés." Un moment passa avant que Repah ne continue. "A part nous, qui pourrait les aider dans cette attaque ? Le reste des cultures de cette galaxie ont investi toutes leurs ressources pour se cacher des Sernaix."
"Peut-être que les Inryeths les assistent", suggéra un membre plus vieux du conseil. Son corps obèse tremblait sous son ricanement. "Je suppose que rien n'arrête ces gens."
Repah regarda l'homme et secoua la tête, incapable de retenir le petit sourire qui se formait sur ses lèvres. "Tokam, ce sont des déviants, mais les Inryeths ont aussi peur d'eux que tous les autres. Le fait que nous n'ayons pas entendu parler d'eux ou que nous ne les ayons pas vus depuis des milliers d'années prouve mon point."
"Peut-être sont-ils finalement parvenu à dépasser leurs peurs."
La salle se remplit de gloussement. Tout le monde s'était attendu à ce que Tokran amène le débat sur les Inryeths. Il parvenait toujours à exprimer sa haine pour ces gens dans tous les débats et tous les sujets. Mais tout le monde fut pris par surprise par le fait qu'il ait sauté si rapidement sur l'occasion. Même Mateth se surprit à glousser un peu.
"Retournons à notre sujet, messieurs", dit finalement Mateth, pressé de retourner sur la raison de leur réunion. "Que les Sernaix réussissent ou non, le fait reste que cette attaque soit fortement possible et qu'elle demande une action immédiate de nos forces." Il fit une pause, espérant pouvoir jauger les réactions des membres. "J'en arrive à la conclusion que la seule solution qui se présente à nous serait le changement de phase."
La déclaration provoqua une petite ferveur d'activités et de murmures. Mateth observa de près cette réaction. "Je ne me trompe pas en supposant que vous connaissez tous la procédure ?"
Un troisième membre, Lopel, prit la parole. "Nous savons de quoi il s'agit, Mateth, mais nous ne sommes pas convaincu de son utilité."
"Vous l'avez dit vous-même. Les Sernaix pourraient échouer", suggéra Repah. "Si je ne me trompe pas, nous pourrions attendre un autre millénaire avant de tenter une autre phase."
"C'est un risque que je suis prêt à prendre", répondit Mateth. Son attention se dirigea une fois de plus sur toute la salle. "Je désire savoir ce que pensent les autres membres de mon conseil." Il lança un regard furtif vers l'homme à sa gauche. "Je n'ai jamais aimé prendre une décision sans le consentement du conseil."
Il ne fut pas surpris de voir que Repah soit le premier à prendre la parole. En lui-même, en dépit de leurs divergences, Mateth était fier des avancées du plus jeune membre. Il avait beaucoup grandi durant la dernière année. "Je parle seulement en mon nom", commença Repah, "mais je ne me suis jamais senti à l'aise en prenant des décisions avec autant de variables. Nous ne savons pas quand aura lieu l'attaque, quelle sera sa magnitude, si quelqu'un aide ou non les Sernaix, et même pourquoi ils veulent attaquer la Terre."
Mateth remarqua qu'il avait abandonné son objection précédente sur la plausibilité d'une attaque Sernaix. Il se demanda si s'était intentionnel.
Lopel prit encore la parole. "Ils sont convaincus que ces humains sont le peuple qui les a placés dans leur Royaume."
Tokam fit un geste vers Mateth pour lui demander la parole. Il était l'un des plus vieux membres à la table. Ses points de vue préjudiciables étaient souvent précédés par le respect de la vieille coutume de la courtoisie. C'était ce qui avait souvent permis à Mateth de passer outre aux commentaires de Tokam.
"Et si nous leur disions la vérité en leur donnant les Inryeths ?" suggéra Tokam. "Vous feriez d'une pierre deux coups, Mateth."
Des gloussements remplirent encore la salle. Mateth savait qu'il devait s'y attendre.
Mateth se leva. "Messieurs", commença-t-il, la voix encore plus rude qu'avant. "Vous vous éloignez encore du sujet. Nous sommes ici pour décider si nous devons ou non mettre en place la phase. Tous les autres arguments sont discutables et par ce fait n'ont pas leur place dans cette salle." La salle redevint silencieuse. "Maintenant, je suis prêt à entendre ce que vous en pensez."
Il y avait de la tension dans l'air, chaque membre du conseil attendant qu'un autre commence de débat. Mateth n'aimait pas soumettre le conseil, mais si c'était ce qu'il devait faire pour qu'ils écoutent et que le sujet passe plus rapidement, il continuerait à élever la voix.
Mateth fut surpris, mais pas complètement, de voir le jeune Repah faire un geste pour demander la parole. Souriant intérieurement de fierté d'être parvenu à atteindre ce membre comme avec un enfant, il lui permit de parler. "Je suis contre", dit Repah. "Les Sernaix ont prouvé une fois dans le passé que s'ils se réunissent, ils finissent par s'entretuer. Peut-être vont-ils terminer le travail, cette fois-ci." Le premier mot ayant été dit, la salle bourdonna d'activité. Chaque membre se penchait vers son voisin pour lui murmurer quelque chose. "De toute façon, nous avons assez de problèmes ici pour nous tenir occupés pendant un siècle. Nous n'avons besoin de rien de plus."
Le débat était officiellement lancé et Mateth ne pouvait s'empêcher d'être d'accord avec tout ce que venait de dire Repah.
 
***

Le repas principal était terminé depuis longtemps et les trois femmes en étaient chacune à leur quatrième ou cinquième tasse de café, un mélange maison de Phoebe, mais aucune des trois Janeway ne montrait de fatigue ou d'épuisement. Elles avaient ri durant tout le repas, principalement aux histoires de Catherine.
"Laisse-moi voir si j'ai compris", commença Phoebe, de l'incrédulité dans la voix. "Ces... comment les appelles-tu déjà ?"
"Formes de vie photoniques."
"Ces formes de vie photoniques croyaient que les personnages du holodeck étaient... réels ?"
Catherine se mit à rire. "C'est exact."
"En dépit du fait que l'environnement était monochromatique et que le personnage principal avait comme protecteur une boîte de conserve déambulante parlante ?"
Elle hocha la tête. "En dépit de cela."
"Hum." Phoebe leva sa tasse de café, mais au lieu de boire, elle se contenta d'inspecter son contour. "Cela n'a pas beaucoup de sens, si tu veux mon avis."
Il y eut une pause dans la conversation, le temps que les femmes prennent quelques gorgées de leur tasse de café respective. Elles glissèrent une autre fois dans un silence gênant, comme ils y en avaient eus durant les dernières heures, et aucune d'elles ne savait quoi dire. Tant de questions, et si peu de temps.
"Phoebe", suggéra soudainement Gretchen, "Tu n'as pas parlé de Patrick à Catherine ?"
L'intérêt de Catherine fut piqué. "Non", répondit-elle pour sa sÏur. "Elle ne m'en a pas parlé."
Phoebe laissa sortir un très profond soupir, de ceux qu'elle avait souvent quand elle avait à répéter quelque chose encore et encore. Apparemment, Patrick était un individu bien connu dans la maison Janeway. "Patrick. C'est un journaliste parisien. Je l'ai rencontré durant un voyage d'affaire, il y a trois ans. Je croyais qu'il était l'amour de ma vie, et je me suis trompée." Ses lèvres s'incurvèrent en un petit sourire. "Je pense que je suis tombée amoureuse de son accent."
"Et cela a duré combien de temps ?"
"Un an et demi. Catherine, je te jure, il devait avoir un problème de personnalités multiples. C'est cela, ou bien il n'arrivait pas à savoir quel genre de comportement pouvait le plus m'impressionner."
Elle ajouta rapidement, "J'ai appris un peu de Français dans cette expérience." Elle changea de position, adoptant l'attitude du cliché suave. "Tu ne me mets jamais au courant de rien!" (en français dans le texte). Elle attendit assez longtemps pour voir le visage de Catherine tomber dans la confusion. "'You never tell me anything!'"
Catherine se mit à rire. Phoebe en profita pour passer à la séquence logique de la conversation. "Qu'en est-il avec toi, Katie ?" Gretchen était elle aussi intriguée d'entendre la réponse. "Tu veux partager avec ta soeur tes histoires romantiques ?"
En tout autre circonstance, Catherine aurait ri de la manière juvénile dont sa soeur avait formulé sa question. Cela lui rappela quand elles étaient enfants. Mais elle avait remarqué que sa mère avait tourné autour du sujet toute la soirée, elle l'avait entendu murmurer avec sa soeur lors de son arrivée. Pour être honnête avec elle-même, elle ne savait même pas si elle était parvenue à se répondre elle-même à sa question. La nuit précédente l'avait lancée dans une boucle, et pourtant...
"Katie ?"
Sa soeur la sortit de ses pensées. "Hein ?"
Elle eut un petit rire. "Tu nous avais quittés. As-tu entendu la question que je t'ai posée ?"
"Oui", répondit-elle rapidement. Elle regarda sa soeur dans les yeux. "Désolée de te désappointer, Phoebe, mais..."
"Personne ?" L'interrompit sa sÏur, incrédule. Catherine secoua la tête. Elle n'aimait pas particulièrement mentir à sa soeur.
Puis elle vit l'expression sur le visage de sa soeur. Qui lui disait ce que ses mots ou sa voix ne pouvaient pas. Phoebe savait, lui disait son visage, Phoebe savait que Catherine mentait. Elle fixa Catherine un long moment, puis dirigea rapidement son regard vers sa mère, mais le dégât était fait. Phoebe savait. Catherine savait que Phoebe savait. Phoebe savait que Catherine savait que...
"Quelqu'un veut une autre tasse de café ?" Annonça Gretchen.
 
***

Dès que la porte fut fermée, Harry regarda Seven se diriger droit vers le terminal d'ordinateur. "Etes-vous sûre que c'est sans danger ?" demanda-t-il tout en tapant le code.
"Je le suis." Elle accédait déjà aux informations. "Ces quartiers d'invités sont rarement utilisés et la possibilité que le terminal soit surveillé par quelqu'un de l'extérieur est marginale."
Harry ne pouvait s'empêcher de sourire. "Alors découvrons qui est enterré dans la tombe de Grant."
Seven s'arrêta. "Je ne comprends pas la signification de votre déclaration."
De toute chose, pensa Harry. "Peu importe", répondit-il. Après tout, peut-être n'avait-t-elle pas passé assez de temps avec Tom.
Elle travailla en silence. Il ne lui fallut pas un grand effort pour accéder au fichier de Grant, car tous les fichiers du personnel étaient dans une base de données facile d'accès. Ce n'était pas quelque chose qui devait être caché. Facilement, pensa-t-il.
"Grant, Carl J.", lit-il. "Né le 20 Février 2346 en Ohio. Diplômé de l'Académie de Starfleet en 2364. Précédemment Premier Officier à bord de l'USS Lakeshore." Harry fit une pause. "C'est étrange."
Seven, qui l'avait écouté en continuant de chercher dans la base de données, lui répondit. "Quoi ?"
"Et bien..." Il s'arrêta, pas sûr de ce qu'il lisait. "Toutes les informations sur le Commandeur Grant se sont arrêtées, il y a cinq ans." Puis il réalisa quelque chose d'autre. "Seven, son affectation sur la Station Fulton ne s'y trouve même pas."
"Vous êtes sûr ?"
"Positif", répondit-il. "Après son affectation sur le Lakeshore, il n'y a plus rien."
Seven parla, tandis que ses doigts volaient au-dessus du clavier. "J'ai trouvé une quantité significative d'informations classées secrètes au sujet du Commandeur Grant. Certaines d'entre elles se trouvent ici dans l'ordinateur de la Station Fulton, cryptées."
L'intérêt d'Harry fut piqué. "Pouvez-vous les décrypter ?"
"Je le crois."
Soudain, une sirène d'alarme se fit entendre. Seven et Harry échangèrent un regard. "Malédiction", dit-il, "Nous avons été détectés." Il était déjà à la porte d'entrée, entrant le code pour déverrouiller la serrure, quand il réalisa que Seven n'était pas sur ses talons. "Seven, par l'enfer, que faîtes-vous ? Nous devons partir. Maintenant!"
Elle continua à taper, ne tournant pas la tête pour le regarder. "J'ai presque terminé le décryptage."
"Ca n'a plus d'importance", dit-il furibond. "Effacez vos traces et partons !"
Elle lui lança un long regard sévère, cependant qu'Harry pensait que cette hésitation allait sûrement leur coûter cher. Puis elle se retourna, effaça ses traces dans l'ordinateur et le rejoignit rapidement à la porte.
"Eloignons-nous d'ici."
 
***

Mateth lança un regard sur toute la table du conseil, découvrant un autre jeune visage. C'était Kalet, qui n'avait rejoint le conseil que depuis six mois. Il faisait rarement entendre sa voix, et en général, semblait voter avec le groupe majoritaire.
"Kalet", demanda Mateth, "qu'en pensez-vous ?"
Contrairement à sa contrepartie du même âge, Kalet n'était pas du genre à donner son opinion. Sa réaction physique à son interpellation tendait à prouver qu'il n'avait jamais été intéressé à expliquer sa position. Au lieu de cela, il serait resté assis, attendant de connaître l'opinion de la majorité, pour voter avec elle.
La voix de l'homme était douce et timide. "Euh, Monsieur, il semble que vous ayez déjà pris votre décision, alors je ne vois pas la raison de consulter le conseil."
Mateth ricana à la réponse du jeune homme. "Vous avez fait une excellente observation, Monsieur Kalet, mais la première chose qu'apprend un Orateur en regard d'une décision de cette importance, peu importe son opinion, est que c'est le conseil qui décide. Alors", et il fit une pause d'une seconde pour que tout le conseil l'entende, "j'accorde une grande importance à ce qui est dit ici."
Kalet prit une profonde respiration et adopta un ton de voix mature. "Alors, Monsieur, je suis pour la phase." Il attendit, espérant jauger la réaction du groupe. Il n'y en eut aucune, du moins, pas une qui pouvait se remarquer. Il continua. "La culture Ayreth est évidemment supérieure à celle des Sernaix. Devons-nous abandonner une opportunité de leur prouver, ainsi qu'au reste de la galaxie, cette supériorité ?"
Mateth regarda longuement le jeune homme. "Est-ce que ce que vous dites est vrai ?" demanda-t-il, "Vous croyez qu'Ayreth comme un tout bénéficierait de la phase parce que nous sommes supérieurs?"
"Oui, Monsieur."
Il eut un long hochement de tête. Une pensée le frappa. "Kalet, puis-je vous demander quelque chose ?" Le jeune homme eut un hochement de tête approbateur. "Est-ce réellement votre opinion, ou pensiez-vous que votre affirmation de notre supériorité me ferait plaisir ?"
Mateth ne pouvait pas renier le regard choqué qui passa sur le visage de Kalet. Au début, il semblait être offensé de la remarque, mais son apparence extérieure solide absorba rapidement la réaction.
"C'est mon opinion, monsieur", ajouta-t-il rapidement. "Bien que je ne nie pas mon intention de plaire."
L'Orateur ne put s'empêcher de glousser intérieurement. "Jeune homme, la première chose que vous devez savoir si vous voulez vous garantir une place dans ce conseil est que d'essayer de plaire à quelqu'un est la dernière chose à faire." Il fit une pause. "Je ne veux pas qu'on me fasse plaisir, je ne veux pas une soumission aveugle. Je veux savoir quand je me trompe, quand je dépasse les bornes." Mateth laissa son petit discours s'infiltrer chez le jeune membre du conseil avant de continuer. "Kalet, croyez-vous que je dépasse les bornes en recommandant la phase ?"
"Non, Monsieur, je ne le crois pas."
 
***
 
La porte des quartiers d'Harry sembla prendre une heure à se refermer derrière eux. A bout de souffle, il tapa le code de sécurité de sa porte, verrouillant la serrure à tout intrus qui aurait pu les poursuivre.
Ils restèrent silencieux durant un moment.
"Que pensez-vous que cela signifie ?" demanda-t-il finalement.
Seven se redressa. "Comme je l'ai dit plus tôt, le fait que vous sembliez constamment rencontrer le Commandeur Grant dans les couloirs pourrait simplement être une coïncidence. Peut-être utilise-t-il simplement la même route que vous vers l'intendance."
Harry allait ouvrir la bouche pour protester, mais Seven poursuivit. "Et vous pouvez simplement mal interpréter l'attitude du commandeur comme étant suspecte parce que vous n'êtes pas habitué à ce que quelqu'un surveille vos progrès sur le prototype ..."
"Mais qu'en pensez-vous, Seven ?" Elle ne répondit pas. "Vous l'avez dit vous-même. Il ressemble à un gars que vous dites avoir vu au désarmement du Voyager. Pouvez-vous expliquer cela aussi?"
Elle fit une pause et Harry pensa une seconde qu'il avait trouvé l'accroc dans sa théorie. "Je pourrais m'être trompé. Les deux hommes que j'ai vus pouvaient réellement être des membres de la famille d'un membre de l'équipage du Voyager avec lequel je n'étais pas familière. Ce n'est pas absolument impossible."
Harry ne put contenir la colère qui montait en lui. "Ne pouvez-vous pas voir la vérité quand elle se tient droit devant vous ?"
"Vous croyez que cet homme est affilié avec la section 31."
"Fichtrement vrai."
Seven resta silencieuse durant un moment. "Starfleet classifie régulièrement des parties des dossiers personnels de ses officiers pour des raisons de sécurité. N'est-il pas raisonnable de supposer que c'est le cas avec le Commandeur Grant ?"
"Jusqu'à aujourd'hui, le Commandeur Grant n'a pas eu une carrière mouvementée." Il fit un geste vers lui-même, "et pourtant, il a un dossier encore plus classifié que le mien."
"Si vous avez raison", commença Seven, "si cet homme est réellement affilié à la Section 31, le Capitaine Janeway a demandé à être informée de tout développement à ce sujet. Peut-être devrions-nous la contacter. Elle devrait savoir la manière dont nous devons procéder."
Avant même qu'elle ait terminée, Harry secouait la tête. "Nous n'avons aucune idée du nombre de personnes qui attendent que nous fassions une erreur." Une idée lui passa par la tête. "Non, j'ai une meilleure idée."
 
***

"Catherine, vraiment, tu n'as pas à le faire. Tu es une..."
Elle repoussa sa mère. "Non, Maman, je suis peut-être une 'invitée' dans cette maison, mais fais-moi plaisir. Laisse-moi me rendre utile."
Gretchen secoua la tête. "Pourquoi n'arrivais-je jamais à vous obliger à faire cela quand vous étiez plus jeunes ?"
C'était, bien sûr, une tradition familiale que de faire sa vaisselle. Et c'était quelque chose que Catherine avait toujours détesté faire durant son enfance. Sa mère s'était éternisée à essayer d'expliquer sa théorie que le savon et l'eau demandaient toujours un peu de sueur sous les bras et qu'une machine à laver la vaisselle munie d'un ordinateur ne donnait tout simplement pas cette sueur sous les bras. "Mais ces machines ont toujours existé !" avait exagéré un soir la petite Catherine âgée de huit ans, dans une tentative d'échapper à sa corvée hebdomadaire de nettoyage des restes de nourriture sur la vaisselle. "Pourquoi ne pouvons-nous pas en avoir une nous aussi !" Mais hélas, Gretchen Janeway n'avait jamais changé d'idée, et une fois par semaine, Catherine était forcée de nettoyer les assiettes et l'argenterie.
"Maman", répondit Catherine, "c'est parce que j'avais l'habitude de penser que c'était l'ancienne méthode." Elle gloussa. "Je le pense toujours, mais..." Elle fit une pause. "Je veux juste passer un peu de temps avec toi. Est-ce trop demander ?"
Gretchen caressa la joue de Catherine de sa main sèche. "Bien sûr que non, ma chérie."
Phoebe s'était retirée depuis longtemps dans sa chambre, annonçant qu'elle avait passé toute la journée debout et était épuisée. Le petit sentiment de tristesse de voir sa soeur quitter pour sa chambre s'était rapidement dissipé et Catherine avait passé l'heure suivante à renouer les liens avec sa mère. Elle apprit la plupart des commérages et des événements dans la localité, choses qui n'intéressait pas particulièrement Catherine, mais c'était intéressant d'entendre des noms qu'elle n'avait pas entendus depuis des années. Alors elle écouta silencieusement.
"Avec toutes ces espèces aliens différentes", commença sa mère, "cela a dû t'offrir une panoplie intéressante des recettes. Tu pourrais les partager avec moi, un de ses jours ?"
Le regard de Catherine passa de l'assiette qu'elle lavait à sa mère, les yeux légèrement plus grands qu'ils ne l'étaient d'habitude. "C'est une blague, c'est ça ?"
Gretchen ne pouvait s'empêcher de sourire et de secouer la tête, et Catherine se demanda si c'était la réponse que sa mère attendait. "Oh Catherine, entre toutes les personnes qui auraient passé huit ans à s'occuper d'elle-même, tu n'as toujours pas trouvé le moyen d'améliorer ne serait-ce qu'un peu tes dons culinaires ?" Elle fixa sa fille. "Tu n'as pas du tout changé, n'est-ce pas ?"
"Je suppose que non", répondit Catherine souriante.
Sa mère avait quelque chose d'autre en tête, remarqua Catherine. Elle observa Gretchen qui ouvrait la bouche et se prépara à toute question qu'elle s'apprêtait à lui lancer. Ce fut à ce moment qu'un frottement contre sa jambe la prit par surprise, comme c'était déjà arrivé plus tôt aujourd'hui.
"Amélia", ronronna affectueusement Catherine, posant une assiette à moitié lavée sur l'évier et s'accroupissant pour caresser la jeune chienne. "Comment ça va, ma fille ?" Amélia sentit apparemment un restant de sauce sur la main de Catherine et s'empressa de la lécher avidement. Catherine ne put s'empêcher de glousser légèrement. "Très bien, à ce que je vois."
Gretchen sourit en voyant la scène. "Catherine, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer à quel point tu sembles toujours heureuse quand il y a un chiot dans les environs", déclara-t-elle. Catherine lui répondit d'un hochement de tête. Puis elle le sentit à nouveau, le même sentiment qu'elle avait ressenti juste avant qu'Amélia ne l'interrompe. La question qui brûlait dans l'esprit de sa mère était sur le point de sortir. Elle prétendit ne pas le remarquer.
"Catherine", dit finalement sa mère. "Puis-je te poser une question ?"
Ca y est, pensa-t-elle. "Bien sûr."
"Je me demandais..." Catherine retenait sans le savoir son souffle. "...De qui te vient Amélia. Tu as dit que c'était... un cadeau ?"
Elle hocha la tête et laissa s'en aller l'air qu'elle avait retenu. Elle n'était pas encore tout à fait sortie du bois, mais ce n'était certainement pas ce à quoi elle s'attendait. "Ca l'est. D'un ami."
"Un ami", répéta sa mère, et Catherine remarqua que sa voix avait un tintement d'incrédulité. "Est-ce que cet ami à un nom ?"
Là, réalisa-t-elle, c'était le coeur du conflit intérieur de sa mère. C'était exactement où Catherine avait soupçonné sa mère de vouloir en venir, et c'était un terrain que Catherine voulait absolument éviter. "Maman..."
"Allons, Catherine, ce n'est pas une question si difficile", l'interrompit Gretchen, sa voix calme devenant plus rapide et montrant de l'agacement. "Est-ce que cet ami n'est qu'un ami ?" Elle reprit une pause à ce moment pour se calmer. "Ou bien est-ce un ami spécial ?"
"Maman!"
Gretchen déposa violemment sur l'évier l'assiette qu'elle essuyait. Catherine était certaine qu'elle allait se casser. "Pour l'amour de Dieu, Catherine." Sa mère leva la voix et elle était anormalement sévère. C'était un ton de voix auquel Catherine s'était toujours attendue de la part de son père, mais jamais de sa mère. "Contente-toi de répondre à cette fichue question."
Il y eut un silence entre elles, et Catherine jura avoir entendu le plancher de bois en haut des marches craquer. Leur petit jeu de cri avait, sans nul doute, réveillé Phoebe, et Catherine supposa qu'elle écoutait intensément du haut des marches. Cela lui rappela, quand elle était enfant, elles deux faisant exactement la même chose, écoutant tard dans la nuit les discussions mouvementées de leurs parents au sujet de l'éthique du travail de son père. Ces combats tard dans la nuit étaient les premières cicatrices sur le paysage supposé parfait de la maison Janeway.
Catherine prit le temps de se calmer, baissant le ton et réfléchissant à ce qu'elle allait répondre. "Je ne pense pas que je le désire", dit-elle finalement. Puis, ajoutant rapidement. "Pas tout de suite."
C'était apparemment une mauvaise réponse. Le visage de Gretchen devint colérique. "Tu ne manques pas de culot, Catherine Janeway", lâcha-t-elle. "Tu aurais l'audace de te tenir dans ma cuisine et de me cacher des choses."
Catherine prit une profonde respiration, arrêtant les mots qui seraient sortis sous l'effet de la colère. Elle ne voulait pas dire quelque chose qui pourrait les blesser, elle et sa mère. "Je ne te cache rien, maman." Elle chercha le mot qui expliquerait sa pensée. "J'essaie d'être prudente."
"Prudente ?" cracha Gretchen. "Catherine, tu n'es plus le capitaine d'un vaisseau stellaire", rappela-t-elle à sa fille. "Tu parles à quelqu'un du même sang que toi. Tu aurais dû penser qu'après huit ans..." Sa mère fit une pause, et ce fut à ce moment que Catherine remarqua les poches rouges sous ses yeux et les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. "...Tu pourrais faire assez confiance à ta mère pour te confier à elle."
L'argument renversa Catherine. Se tenant debout devant Gretchen Janeway, sa déclaration au bord des larmes la laissait complètement vulnérable. Elle réalisa la vraie raison de la colère de sa mère. Cela n'avait rien à voir avec la vie amoureuse de Catherine, et tout à voir avec le doute en elle-même. Sa fille aînée Catherine était sortie de sa vie depuis huit ans, et cela avait suffi pour qu'elle perde ce sentiment de confiance qu'elle avait avec sa mère.
Cela la frappa. Et si sa mère s'était toujours sentie comme cela ? Après tout, Catherine avait toujours admis être la petite fille de son père, mais elle ne s'était jamais arrêtée pour se demander si le surplus d'affection qu'elle recevait de son père n'avait pas affecté la relation qu'elle avait avec sa mère. Et maintenant, de retour après huit ans, elle ne s'était pas ouverte à elle.
"Ca n'a rien à voir avec la confiance", dit-elle calmement. Mais elle vit l'incrédulité sur le visage de sa mère. Elle s'approcha d'elle. "C'est simplement", et cette fois elle voulait le mot juste, "Je ne suis même pas sûre de ce qu'il est pour moi, maman. Je sais que je tiens à lui, et vice-versa, mais ce que nous devons faire à partir de cela n'est pas encore clair."
Il y eut un silence entre elles, et même la silhouette au haut des marches ne bougeait pas. Catherine craignait de n'avoir fait qu'empirer les choses. Finalement, sa mère répondit d'une voix douce. "Alors il y a quelqu'un dans ta vie ?"
Elle eut un soupir de soulagement, et sourit un peu. "Je suppose qu'on peut dire ça."
"Tu vois, ce n'était pas si difficile, n'est-ce pas ?" Catherine laissa sortir un gloussement de soulagement et secoua la tête. Ses yeux laissaient aller ses larmes, également, et elle ne tenta pas de les cacher. Pas plus que sa mère.
Gretchen s'approcha de sa fille, attrapant ses mains et les plaçant dans les siennes. Les deux paires de mains étaient ridées par l'eau de vaisselle. "Catherine ? Veux-tu me promettre quelque chose ?" Catherine hocha la tête. "Veux-tu me promettre de ne plus ressentir le besoin de me cacher quoi que ce soit à l'avenir ?"
Elle regarda dans les yeux de sa mère. "Je te le promets."
"Et si les choses changent entre toi et ton 'ami', tu me laisseras le savoir ?"
Elle hocha la tête à nouveau. "Bien sûr."
Gretchen tira sa fille vers elle pour l'étreindre, en dépit du fait qu'en huit ans, Gretchen semblait avoir rétréci en stature. Posant sa tête sur son épaule, elle serra très fort sa mère, utilisant ce geste physique pour sceller la promesse qu'elles venaient de se faire.
Au haut des marches, Phoebe ne pu s'empêcher de faire un large sourire.
 
***
 
Mateth regarda sévèrement les membres du conseil. Il s'était à moitié attendu à ce que Tokam adhère aux idées de Repah concernant la force mythique des Ayreths. Mais quand il tourna son regard vers le vieil homme, il s'était contenté de se rétrécir comme une fleur fanée. L'Orateur secoua la tête.
"Messieurs", commença-t-il, sans essayer de se débarrasser du ton supérieur de sa voix. "Rien ne sera fait si nous restons assis en rond ici et attendons que quelqu'un d'autre prenne la décision. Ignorer ce problème n'est pas une option."
Les membres regardèrent leurs pieds à la manière d'enfants venant d'être réprimandés. Mateth n'était pas heureux de cette scène, mais il avait besoin d'un résultat et leur manque de volonté à coopérer commençait à mettre sa patience à rude épreuve.
Une voix se fit soudainement entendre. "Ce n'est pas de l'ignorance", dit la voix. Mateth se tourna vers le quatrième siège à sa gauche et fit face à celui qui parlait. "C'est de la reconnaissance."
"De la reconnaissance ?"
L'homme d'un âge moyen ne s'était pas tourné vers ses compagnons membres du conseil pour recevoir un soutien en réfléchissant à sa réponse. C'était une qualité qu'il admirait en Gregah. Le refus de laisser les réactions ou opinions des autres modifier la sienne. Bien sûr, pensa Mateth, cela avait souvent amené l'homme à faire une déclaration sans avoir pris le temps d'y penser, et il avait souvent été l'initiateur de plusieurs débats mouvementés.
"De la reconnaissance", répéta Gregah, "d'une situation désespérée. Peut-être le conseil ne veut-il pas débattre du sujet parce qu'il n'y a rien à débattre."
Une clameur se fit entendre dans la salle. Mateth avait craint que les mots de Gregah ne soient déjà dans l'esprit des autres membres. "Je dirais le contraire, Gregah. Cela n'a jamais été plus notre problème que maintenant."
"Et dans quelle mesure?" demanda-t-il en défi. "Quand ils avaient besoin de notre aide, vous et les aînés avez décidé de ne rien faire. Maintenant, quand ils ne nous envoient plus aucun signal, nous nous proposerions simplement à eux ?"
Se tournant à sa gauche, Gregah plaça une main solennelle sur l'épaule du jeune Kalet. "Il est vrai que les Ayreths sont supérieurs aux Sernaix." Il fit une pause. "Ou à toutes les créatures dans les quadrants de l'extérieur. Mais devons-nous le prouver ? Ne sommes-nous pas au-dessus de ceux qui se frappent fièrement la poitrine et s'affirment en criant et en faisant entendre leurs armes." Il se tourna vers l'Orateur. "Mateth, votre position et celle des Aînés du conseil est basée sur le fait que nous, en tant que race, avons lutté durement pour la civilisation que nous possédons maintenant. Devons-nous désormais nous compromettre dans un conflit barbare avec les Sernaix ?"
Mateth sentit la clameur grandir à ses oreilles, et pour la première fois, sentit la graine de l'opposition dans chaque fibre de son être. Il savait les répercussions que cela aurait s'il lisait les pensées et sentiments des membres du conseil en cet instant, mais la tentation était telle qu'il l'avait presque fait. Son esprit lança un doute en Gregah. L'homme commençait à développer sa propre idée, une opinion qui transcendait celle du conseil. Mateth savait qu'il pourrait devenir un problème plus tard.
Gregah parlait toujours. "Nous avons reçu la responsabilité de pourvoir à la protection et la bonne garde des Sernaix, et nous avons tenté de le faire par tous les moyens. Mais même l'idée d'un Royaume", et même une simple connexion avec les Inryeths provoqua des regards en direction de Tokam, "a raté pour nous et finalement aussi pour eux. Ils ont grandi au-delà de tout contrôle, Mateth, ils sont trop sauvages, même si nous rassemblions les forces Ayreths pour un assaut."
L'Orateur lança un regard sur le membre du conseil à sa droite. "Je n'ai jamais voulu les assommer, Gregah."
Gregah réfléchit aux mots de l'orateur. "Peu importe, Mateth, assez ne sera jamais assez. Ils...", et son esprit s'arrêta sur les mots qui sortaient de sa bouche, "Ils continueront jusqu'au dernier."
La clameur culmina et Mateth ne pouvait rien y faire à part lancer un regard rebelle vers son vieil ami. Gregah leur disait exactement ce qu'ils voulaient entendre, et l'Orateur se demanda jusqu'à quel point les mots de Gregah étaient vrais.
 
***
 
"Qui est mort en me désignant comme la confidente de tous les autres ?"
B'Elanna observa les expressions confuses sur les visages d'Harry et de Seven et rit. Durant une seconde, elle pensa leur parler de l'appel de Chakotay tôt ce matin, mais elle décida finalement de ne rien en faire. Il valait mieux les laisser mijoter dans leur confusion pour son petit plaisir personnel.
Elle se concentra sur Harry. "Ou bien vous ais-je manqué à ce point, que vous ne pouvez pas me laisser toute une semaine avec ma famille ?"
Ca, il le comprit, et secoua la tête. "Je sais, je vous ai promis un congé, B'Elanna, mais..."
Harry hésita. En dépit de son statut civil, il ne pouvait être positivement sûr que le canal de communication était sécurisé. Il ne pouvait savoir si quelqu'un écoutait, d'un côté ou de l'autre.
"Harry ?" demanda B'Elanna. "Est-ce que ça va ?"
Mieux vaut tard que jamais, pensa Harry. Il commença alors à tout lui dire. L'attitude suspecte que la Commandeur Grant avait montré depuis son arrivée, la quantité copieuse d'informations classées secrètes dans les dossiers personnels de Grant, ainsi que la tentative de Seven de décrypter les informations récoltées.
Harry était sur le point de se lancer dans un grand raisonnement appuyé par ses soupçons quand B'Elanna lui fit signe d'arrêter. "Harry, pourquoi me dites-vous tout cela ?"
La question le prit par surprise. "Je pensais que vous voudriez le savoir."
"Pourquoi ?"
"Parce que..." Il fit une pause. Il n'avait pas une bonne réponse à cela et s'en sentait vaguement honteux. "Je ne sais pas pourquoi. B'Elanna, pour être honnête, je ne suis même pas sûr de tout comprendre ni de connaître le genre de conséquences qui pourrait advenir à savoir ce que je sais." Il sentit qu'elle voulait parler et s'empressa de dire ce qu'il avait en tête. "Tout ce que je sais est que je dois le dire à quelqu'un."
"Je le répète", répondit-elle avec un sourire, "Pourquoi moi ? Pourquoi pas Janeway ?"
"Elle représente un trop grand risque pour la sécurité", expliqua Harry.
"Et une ancienne maquisarde travaillant comme consultante civile sur un vaisseau stellaire top secret ne l'est pas ?" gloussa B'Elanna. "Harry, vous perdez de votre savoir faire."
La conversation s'arrêta. "Nous devrions aussi bien le dire au Capitaine", dit finalement Harry.
"Chakotay a mentionné qu'elle rendait visite à sa famille, dans l'Indiana. Vous devriez essayer là en premier."
La remarque piqua l'intérêt d'Harry. "Il vous a dit cela ?" Quand elle hocha lentement la tête, il ne put contenir un sourire sur ses lèvres. "Je vois."
Les deux comprirent exactement le sous-entendu.
 
***

Tous les membres du conseil parlaient à la fois et Mateth ne fit aucun effort pour les faire taire. Il aurait pu sauter de sa chaise et la colère aurait pu s'emparer de lui, mais il choisit de laisser ce monstre endormi en lui, au repos. Il avait le pouvoir ultime dans cette salle, le pouvoir ultime sur Nethma et Ipthar, mais il réalisait que sa manière d'approcher le problème pourrait servir d'argument au prochain mouvement de Gregah. Le membre du conseil ne cachait pas son ambition, pas plus en parole qu'en pensée.
Le membre assis à la droite de Mateth, contrairement au ruminement intérieur de son ami, était dans un silence contemplatif. Isylpah connaissait les inquiétudes de l'Orateur, car il en avait vu plus que l'Orateur ou que tout autre membre du conseil pouvait clamer. Pourtant, il ne désirait pas le pouvoir que son grand âge et sa sagesse auraient pu lui offrir, parce qu'il n'osait pas en porter la responsabilité.
Quand la clameur se tut, Isylpah prit la parole. "Ce que les Sernaix sont devenus, ce qu'ils sont et étaient, ce qu'ils veulent et ce qu'ils ont fait, est..." Sa bouche s'incurva autour de la phrase familière, "...sans importance. Nous avons une responsabilité, de celle qui nous fut confiée, y a de cela des milliers d'années par un homme sage, pour les Sernaix, et pour les peuples de la galaxie. Nous ne pouvons abandonner cela à la légère."
Le conseil resta silencieux, et Mateth en fut heureux.
"Si nous renions la responsabilité qu'il nous a donnée, alors nous ne sommes pas meilleurs que les Sernaix eux-mêmes. Vivre est un choix difficile, et ce que nous avons ici aujourd'hui est un choix difficile." Il fit une pause. "Vous ne l'aimez pas, et cela peut mener à la destruction ultime des Sernaix. Cela, vous me l'avez prouvé. Mais où est votre courage ? Dans mille ans d'ici, comment voulez-vous qu'on se rappelle de vous tous ? Comme les Ayreths qui se sont repliés sur eux-mêmes sous le contrôle de l'équilibre de l'univers, une fois pour toutes ?" Chaque membre du conseil d'Ayreth présent autour de la table affronta son regard. "Ou bien serez-vous les vaillants Conseillers d'Ayreth qui prirent une décision contre une grande opposition et débarrassèrent une fois pour toute le monde de la menace que représentent les Sernaix ?"
Mateth ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais son vieil ami n'en avait pas terminé. "Ceci, messieurs, est la vraie question."
 
***
 
Catherine se retourna et tira les couvertures sur elle, mais la petite voix féminine n'était pas une création de son imagination. Elle grogna dans son oreiller en réalisa que c'était réellement le terminal d'ordinateur installé docilement sur son bureau qui la tirait de son sommeil. Glissant un regard sur l'horloge à côté du lit, elle réalisa qu'il n'était pas si tard, seulement 11 H 30, mais apparemment la personne qui était à l'autre bout ignorait l'heure qu'il était dans l'Indiana.
Le rappel constant de l'ordinateur de "l'Arrivé d'une Communication Subspatiale" força Catherine à sortir du dessous de ses couvertures et d'aller vers le bureau. A mi-chemin, elle s'arrêta. Elle savait très bien qui pouvait être celui qui était à l'autre terminal et elle n'était pas sûre de vouloir lui parler maintenant. La discussion avec sa mère l'avait dérangée et la dernière chose qu'elle voulait cette nuit était de faire face à la source du conflit entre elles. Elle songea qu'elle pourrait ignorer le message. Mais si ce n'était pas lui ? Elle secoua la tête et parcourut la distance la séparant du bureau.
Prenant une profonde respiration, elle pressa le bouton 'réception'.
"Harry", s'exclama-t-elle en voyant le visage du jeune Lieutenant sur son écran. Après une seconde, elle réalisa qu'elle avait semblé trop heureuse de le voir, et que cela pouvait le rendre soupçonneux.
Une pensée lui passa par la tête. "Comment saviez-vous que je me trouvais ici."
Harry sourit. Elle se demanda s'il avait anticipé la question. "C'est B'Elanna qui me l'a dit." Quand elle s'apprêta à lui demander comment B'Elanna l'avait su, il ajouta, "Chakotay lui a dit."
"Que puis-je faire pour vous, Harry ?"
Une nouvelle fois, Harry décrit la situation du Commandeur Grant. "Je ne suis même pas sûr qu'il y ait un problème, Capitaine", ajouta-t-il.
"Qui d'autre est au courant ?"
"Juste moi, Seven, vous et B'Elanna." Il décida de laisser tomber le commentaire sarcastique au sujet de toute autre personne qui pourrait être à l'écoute.
Le dernier nom fit disparaître toute trace de somnolence. "B'Elanna ?" Harry hocha la tête. "Je pensais que son séjour sur la Station Fulton était terminé. Je n'étais pas au courant qu'elle y était repartie après l'atterrissage à San Francisco."
"Elle n'est pas repartie, Capitaine."
"Oh." Catherine tenta de cacher son désappointement de ne pas avoir été la première personne à être informée. Elle savait qu'elle n'y parvenait pas très bien. Elle n'aimait pas qu'Harry pense que c'était une compétition de popularité, ou qu'il doive encore respecter l'ancienne hiérarchie du commandement.
Elle ne s'était pas attendue au bâillement qui sortit de sa bouche. "Ecoutez, Harry, Je réalise à quel point c'est important." Elle fit une pause en réalisant qu'elle allait encore bailler. "Mais il est tard et je suis fatiguée."
"Capitaine, je suis désolé, je n'avais pas réalisé ..."
"Ca ira, Harry", répondit-elle en souriant, "vous n'avez pas à vous excuser. Demain, quand je serai bien réveillée, nous verrons si nous pouvons faire quelque chose à ce sujet."
Harry hocha la tête, et quand elle vit qu'il s'apprêtait à mettre fin à la communication, une autre pensée lui passa par la tête. "Seven ?"
La femme qu'elle savait cachée hors de sa vue se présenta à l'écran. "Oui, Capitaine ?"
"Vous êtes affirmative, vous avez effacé toute trace de votre incursion informatique ?"
Seven hocha la tête. "Absolument, Capitaine. Personne ne devrait savoir que nous étions là."
"Bien."
 
***
 
Dans une salle privée d'une maison éloignée des fins fonds d'une forêt, une main arrêta l'enregistrement audio et cinq hommes partagèrent un petit rire.
Monsieur West fut le premier à prendre la parole. "Ils doivent tous être nerveux." Il regarda ses associés. "Et bien messieurs, nous avons un problème qui demande une solution."
Brock répondit. "Retirez Grant du Projet Montana. Depuis le départ, il était une mauvaise carte."
West se rappela une discussion brève au sujet des ajouts au projet. Il pensa à la suggestion avant de répondre. "Pas encore." Brock ouvrit la bouche pour protester, mais West le coupa. "La dernière chose dont nous avons besoin est de rendre notre ingénieur favori encore plus soupçonneux. De toute façon", ajouta-il, "les informations qu'il nous fournit sur la technologie Sernaix pourraient s'avérer utiles." Il fit une pause, sa bouche s'incurvant en sourire à la tournure de la phrase. "Dans d'autres négociations."
"En parlant de cela", s'immisça Kelley, "Je pense que nous devons des remerciements à Monsieur Thompson pour la manière dont il s'est occupé..." Son esprit chercha le bon mot. "...de la situation avec l'équipe de Recherche et d'Analyse."
Thompson se pencha vers l'avant dans sa chaise, et même sous l'éclairage faible de la salle, sa peau bronzée, le résultat de plusieurs semaines passées sous le soleil intense de la planète désertique, ressortait parmi les autres. Jusque-là, il avait rarement pris part à la discussion sur les autres sujets. Il ne parlait pas si l'on ne s'adressait pas à lui.
Kelley continua ses louanges. "Puisqu'il est parvenu à intercepter le corps de Monsieur Dalby durant son trajet vers le département médical, la preuve de sa découverte et les traces de particules sur son corps sont à notre disposition." Il ajouta, "Cela est bien sûr sujet à votre approbation, mais j'aimerais envoyer du personnel additionnel... pour s'assurer que l'information ne quittera pas la planète."
"Bien sûr", obligea West. "Je détesterais perdre une entente aussi prometteuse."
Segall ajouta aussi son commentaire. "Mais qu'en est-t-il de nos amis sur la Station Fulton, et ici sur la Terre. Quelque chose doit être fait au sujet des fuites dans la sécurité."
Mais West secoua la tête. "Si vous n'aviez pas manqué la discussion sur l'entente, Monsieur Segall, alors vous auriez réalisé pourquoi ce que nous pourrions faire ne sera pas productif."
"Mais, Monsieur ..."
"Ca suffit !" s'exclama West. Le manque momentané de concentration du dirigeant du groupe n'était que cela, momentané, et il retourna rapidement à son attitude professionnelle. "Notre contact attache une grande importance à son mythe. Tant que nous serons impliqués, nous ne ferons rien pour attaquer sa croyance."
Segall fixa intensément West. "S'il vous plaît, ne me dites pas que vous croyez en cette foutaise de 'l'Elu Touché par Dieu'"
Mais Monsieur West se contenta de sourire à ses associés.
 
***
 
Mateth se tenait seul à sa fenêtre, les images très lointaines du rassemblement des Sernaix ne quittant pas son esprit. Il entendit la porte s'ouvrir doucement, mais n'émit aucun son ou ne fit aucun mouvement pour montrer qu'il l'avait entendu. Il ne connaissait qu'une personne pour lui rendre visite à une telle heure.
"Ils semblent vraiment inoffensifs", fit-il en remarque à la silhouette derrière lui.
"Les apparences sont trompeuses", répondit Isylpah. "C'était la leçon favorite de mon père."
"Comme du mien."
Les deux amis continuèrent à fixer l'essaim de vaisseaux Sernaix, mais la conversation était loin d'être terminée.
"Vous savez, nous ne pourrons pas éternellement cacher cela à Nethma et Ipthar."
L'Orateur se retourna. "Mes associés Aînés ne réalisent pas le sérieux de notre situation. Quand tout sera terminé, ils comprendront pourquoi j'ai choisi de ne pas les informer."
Mateth se retourna vers la fenêtre.
"Peut-être", lui accorda Isylpah. Son esprit restant toujours focalisé sur cette pensée. "Mais 'le sérieux de la situation' ne semble pas justifier ce genre de clandestinité. A moins que..." Son intérêt fut piqué. "A moins que vous n'ayez pas montré toutes vos cartes."
Mateth retourna à nouveau la tête vers son ami, et Isylpah remarqua que son teint vert était devenu plus sombre. Cela démontrait une émotion qu'Isylpah n'avait jamais vue chez l'Orateur, et cela l'effraya un peu.
"Les Sernaix ont reçu de l'aide."
"Mais nous l'avions suspecté..."
"De quelqu'un dont les intentions sont très loin d'être admirables."
Isylpah tenta de penser à des intentions admirables venant d'un Sernaix, mais n'y parvint pas. "Est-ce que cela a été confirmé ?"
Au lieu de répondre, Mateth se retourna vers la fenêtre, mais Isylpah avait reçu sa réponse. "Qu'est-ce que les Sernaix voudraient bien avoir qui serait possible d'être fourni par un allié ?" Il réfléchit. "Du pouvoir ?"
La conséquence de sa réponse tournait dans sa tête. Il avait retenu cette pièce d'information pour une bonne raison, ne voulant pas créer la pagaille dans le conseil avec le fondement de l'attitude d'une race alien.
Isylpah sentait l'hésitation de son ami. "Il y a quelque chose d'autre, Mateth ?"
L'Orateur se tourna vers son ami.
"Leur messie."
 
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Ecrit par: Janeway602
version française: André
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Cimorene (version originale), Laurent (version française).

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