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Episode 8.23 - LES ELEPHANTS DANS LE LOINTAIN
Par: LauraJo (laura@laurajo.net)
Version française: Delphine (delph.cass@voila.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Le Voyager est arrive à sa destination finale, mais pour l'équipage, le voyage est loin d'être fini."

Tandis que le jour se levait lentement, une petite forme apparut à l'horizon dans le ciel rouge parfait. Dans cette région désertique, la banlieue d'une petite ville, personne n'était témoin de la procédure d'atterrissage d'une navette de Starfleet. Les remous causés par les mouvements de la navette provoquèrent des tourbillons de poussière jusqu'à ce que le petit avion touche gentiment le sol. Les portes s'ouvrirent dans un sifflement, laissant apparaître deux personnes qui attendaient de débarquer. Un homme et une femme vulcains, tenant chacun un sac de voyage et regardant avec attention les alentours. Une fois la porte complètement ouverte, l'homme remercia le pilote d'un hochement de tête et sortit du vaisseau, suivi de près par la femme. Une fois qu'ils furent tous les deux sortis, la navette décolla, les laissant seuls, la région redevenant paisible et silencieuse.
Comme ils se tournaient l'un vers l'autre, la femme vulcaine prononça uniquement quatre mots.
"Bienvenue chez toi, Tuvok."
 
******
 
Il y avait beaucoup de gens présents sur place, mais pas autant qu'il en avait été attendu, tandis que la silhouette sombre du Voyager arrivait dans le ciel de San Francisco. Il n'y avait ni cris de joie, ni banderoles pour accompagner le vaisseau dans sa dernière demeure, uniquement quelques groupes éparpillés qui éprouvaient assez d'intérêt pour regarder ce qu'ils considéraient comme l'atterrissage d'un vaisseau comme un autre. Pour dire la vérité, il n'y avait pas beaucoup de vaisseaux qui atterrissaient dans cette région et il était vrai que le Voyager n'avait été et ne serait jamais qu'un 'vaisseau'. Mais c'était également pour cela que de nombreuses personnes étaient venues faire leurs adieux et accompagner le vaisseau quand il avait été retenu sur Utopia Planitia. Le site était couvert de petits groupes d'une ou deux personnes.
Adossée contre le tronc d'un arbre solitaire, Catherine Janeway attendait la dernière descente de son vaisseau. Elle n'avait parlé à aucun des passants, bien qu'elle ait reconnu quelques-uns des membres de son ancien équipage. Elle présumait que quelque part se trouvaient B'Elanna, Tom et Miral. Dans un sens, elle savait que le vaisseau avait apporté à son chef ingénieur autant qu'à elle. B'Elanna avait souvent essayé de le cacher, mais elle avait pour ce vaisseau une foule de sentiments. Elle avait besoin d'être là tout comme Catherine.
Janeway avait commencé à accepter le destin du Voyager. Ca avait été un long et difficile chemin commencé avec Chakotay après que le Voyager fut stationné sur Utopia. Au moins le Voyager n'était pas destiné à finir sa vie en bouts de ferrailles. Peu de vaisseaux avaient l'honneur d'être préservés en tant que musée, présentés comme une fierté à San Francisco. Contrairement aux autres capitaines, Catherine aurait le privilège de pouvoir revisiter son ancien vaisseau une fois encore, pour se remémorer tout les moments fabuleux qu'elle y avait passés.
Cependant, elle devait toujours être là aujourd'hui pour voir son vaisseau, qui avait été sa maison pendant près de huit ans, atterrir en toute sécurité. Starfleet aurait pu lui demander d'effectuer le dernier atterrissage de ce vaisseau qu'elle avait commandé pendant si longtemps. Elle ne l'avait connu qu'en tant que Capitaine et était irritée qu'ils aient utilisé une équipe réduite d'ingénieurs d'Utopia Planitia pour diriger cette procédure. Ils auraient pu faire quelque chose de spécial pour l'atterrissage du Voyager plutôt que d'essayer de le poser furtivement sur Terre avec le moins d'agitation possible.
C'était son point de vue, celui qu'elle confiait à peu de gens. Mais elle avait également admis que ces personnes avaient eu comme un blocage après avoir vu le vaisseau dans les docks d'Utopia Planitia, Chakotay entre autres. Dans tous les cas, il aurait voulu être là pour supporter sa meilleure amie à l'atterrissage, mais il avait été appelé par sa sœur. Il avait néanmoins promis à Catherine de l'accompagner lorsqu'elle ferait le tour du nouveau musée plus tard dans la journée. Le temps qui s'était écoulé entre le moment où le Voyager était apparu et celui où il s'était posé avait été terriblement long. Catherine pensait à deux possibilités. Soit sa perception du temps avait été altérée, soit l'équipe en charge procédait avec une précaution des plus draconiennes pour préserver intact le vaisseau. La préparation du musée avant l'atterrissage semblait être l'une des concessions que le gouvernement avait fait pour que le retour du Voyager passe inaperçu. A ce rythme, le musée serait prêt pour les visites dès qu'il serait fixé au sol, attendant juste que les visites soient organisées, les murs montés et les guides embauchés. Les portes ouvriraient après le déjeuner, cet après-midi. Pour la plupart, les visiteurs étaient des membres de Starfleet et des personnes qui avaient spécialement fait le déplacement pour le premier jour. Les visites pour le grand public commenceraient dans les semaines suivantes.
Quand le moment de l'atterrissage fut enfin arrivé, ce fut sans grande pompe ni autre cérémonie. Pas d'annonce, pas de flash. Les visiteurs quittaient le site au fur et à mesure, choisissant leur moment. Catherine ne resta pas aussi longtemps qu'elle l'aurait cru. Préférant ne pas regarder tout le monde sans aller, elle se retourna et quitta calmement le site avant que les systèmes du vaisseau soient éteints. Elle avait vu ce dont elle avait besoin, le dernier vol de son vaisseau. Dans moins de trois heures, elle serait de retour pour visiter le nouveau musée et elle ferait alors le tour du vaisseau.
Pour l'instant, elle avait quelque chose d'autre à faire.
 
*****
 
Harry lança un dernier regard au vaisseau pendant que les moteurs s'éteignaient. Il retourna à l'endroit où il avait laissé Tom, B'Elanna et Miral. Comme il s'approchait, Tom l'accosta en premier.
"Eh, Harry ! Tu as vu ça ?" Tom semblait vraiment excité par tout ça. Une attitude qui ne se répandait pas parmi le reste de l'équipage. La réponse d'Harry fut moins exubérante mais non sans joie.
"Ouais. J'ai été là depuis le début. La fin d'une époque." Les trois restèrent pensifs pendant un temps avant qu'Harry ne continue.
"B'Elanna, je pensais à une chose. Il y a quelaues membres d'équipage qui travaillent dans les quartiers généraux de Starfleet, qui vivent à San Francisco ou qui sont venus en visite pour voir le Voyager atterrir. Tu ne penses pas que ce serait le bon moment pour faire un peu de recherche ? Tu sais..."
"Tu veux te renseigner sur ce que les gens savent de la section 31 ?" l'interrompit B'Elanna. "D'accord, c'est une opportunité, je ne peux pas le nier. Mais, est ce qu'il y a quelqu'un ici qui pourrait savoir quelque chose ?"
"Nous ne le saurons pas avant d'avoir essayé", dit rapidement Harry, regardant autour de lui dans l'espoir de trouver quelqu'un. Mais il n'y avait personne. Il fut surpris quand Tom lui épargna la tâche de convaincre B'Elanna.
"B'Elanna, je sais que tu es aussi intrigué par tout ça qu'Harry. Tu en as parlé assez souvent durant les derniers jours. Va avec lui, trouvez ce que vous pouvez. Harry a raison, il y a plus de gens aujourd'hui que n'importe quel autre jour et je peux prendre soin de Miral."
Elle lança un regard à Tom et vit qu'elle pouvait aller se balader sans lui. Elle décida donc rapidement d'aller avec Harry. Regardant autour d'elle, elle aperçut l'Enseigne Vorik non loin. Comme elle le regardait avec insistance, il se retourna rapidement et marcha dans la direction opposée. B'Elanna n'était pas sûre de savoir si ses mouvements avaient été provoqués par son observation ou étaient pure coïncidence. Elle décida néanmoins que dans tous les cas, il était la personne parfaite pour commencer. Avant qu'il ne soit trop loin, elle se retourna vers Harry et Tom et leur dit, "Tom, tu prendras Miral. Je te vois plus tard. Harry, venez !". Elle l'attrapa par le bras et l'éloigna de son mari et sa fille, laissant à Harry uniquement le temps de leur dire au revoir par-dessus son épaule. Comme ils rattrapaient Vorik, il vint à l'esprit d'Harry que la raison pour laquelle ce dernier avait détalé loin d'eux était qu'il ne désirait pas être vu assistant au dernier atterrissage de son vaisseau. Il y avait quelque chose de très sentimental dans ce fait et donc contraire aux Vulcains. Mais si c'était le cas, c'était trop tard, Vorik avait été découvert.
Le duo ne mit pas longtemps à rattraper sa cible. L'Enseigne Vulcain n'avait pas réussi à échapper à leur regard, et quand ils l'appelèrent une seconde fois, il jugea plus sage de répondre à leur appel plutôt que de faire comme s'il n'avait pas entendu. Il était évident qu'ils l'avaient vu. Pourquoi rendre cela plus difficile. Il s'arrêta donc pour les saluer.
"Lieutenant Torres, que puis-je faire pour vous ?"
B'Elanna ne jugea pas opportun de rectifier son grade. Elle ne désirait pas avoir cette conversation maintenant, d'autres sujets étant bien plus importants.
"Enseigne, vous êtes officiers de Starfleet depuis longtemps, maintenant." commença-t-elle.
"Depuis plus longtemps que vous deux, en effet" dit le vulcain. "Puis-je vous demander où vous voulez en venir ?"
Maintenant qu'ils pouvaient directement poser leurs questions, aucun d'entre eux ne savait quoi dire. La vérité était qu'ils en savaient toujours très peu sur la section 31. Ils n'avaient que peu de fondements sur lesquels se baser pour poser leurs questions. Néanmoins, B'Elanna décida d'attaquer le sujet de face.
"Avez-vous entendu parler de la section 31 ?"
"Oui."
Typiquement Vulcain, pensa B'Elanna. Réponse courte, parfaitement concise et après, vous devez leur arracher chaque petite information. Légèrement plus apte à traiter avec les vulcains que B'Elanna, Harry prit la parole.
"Que pouvez-vous nous dire à propos d'eux ?"
"Je ne sais que peu de choses, mais en quoi cela vous intéresse-t-il ?"
Harry soupira inconsciemment, mais continua.
"Nous sommes tombés sur eux pendant nos problèmes avec les Sernaix, mais nous n'avons réussi qu'à découvrir très peu d'informations. Cela nous aiderait d'en découvrir davantage."
"Je vois." Vorik s'arrêta, "Je connais leur existence, ce qui est déjà plus que ce qu'en savent la plupart des gens." Cela apparut à Harry et B'Elanna comme une excuse, une défense de sa propre ignorance de toute autre information. Ils étaient réellement surpris, ils pensaient qu'il en saurait plus. Cependant, il était clair que cela ne les mènerait nulle part. B'Elanna décida donc qu'il était préférable d'aller de l'avant et essayer autre part.
"D'accord, merci Enseigne. Nous avons apprécié vos efforts."
Vorik hocha la tête en signe d'acquiescement. Il se retourna et partit, les laissant seuls. Quand Harry fut certain qu'il était hors de portée de voix, il laissa échapper un soupir.
"Et bien, ça s'est bien passé."
"J'espère seulement que quelqu'un en saura un peu plus", répondit B'Elanna, "sinon, cela aura été une journée de gaspillée."
"Quelqu'un doit savoir quelque chose, c'est obligé. Peut-être devrions-nous aller voir le Capitaine. Son père était Amiral, elle doit savoir quelque chose."
"N'y comptez pas trop, Harry", répondit immédiatement B'Elanna, "Tom ne sait rien."
Avec cette pensée joyeuse, elle se redirigea vers le Voyager, Harry dans son sillage.
 
*****
 
Tuvok passa la première partie de la matinée avec sa femme. Marchant sur le retour jusqu'à la maison qu'il n'avait pas vue depuis huit ans. Comme beaucoup d'autres membres d'équipage du Voyager, Tuvok avait quitté son foyer, ne pensant pas le revoir pendant un certain temps. Il devait après tout passer quelque temps en tant qu'agent infiltré au sein du Maquis. La durée de la mission n'avait pas été précisée. Néanmoins, il s'attendait à ce qu'elle soit d'une durée finie. Dépendant du succès de sa reconnaissance, l'infiltration aurait pu s'étaler de quelques semaines à quelque mois, voir une année. Avec la tournure des évènements, son temps passé au sein du Maquis avait été relativement bref. C'était le temps passé à bord d'un vaisseau de Starfleet, servant en tant que Chef de la sécurité, qui l'avait tenu éloigné de chez lui si longtemps. Il était heureux que son retour inattendu de l'autre côté de la galaxie n'ait fait que retarder son retour chez lui et non pas l'éliminer définitivement.
Pendant la majeure partie du voyage, T'Pel laissa son mari marcher en silence. Bien qu'il y ait quelque temps qu'elle n'était pas revenue sur Vulcain, sa dernière venue était considérablement plus récente. Elle avait apprécié ses expériences dans la Bulle. La fusion mentale qu'elle avait partagée avec son mari lui avait permis de connaître ses émotions à lui siur le fait d'être si loin de chez soi dans le quadrant Delta, sans savoir s'il reviendrait. Cependant, elle considérait que d'avoir eu elle-même le même style de vie au jour le jour lui avait donné une meilleure compréhension de ce temps et l'avait aidé à approfondir le lien qui l'unissait à son mari.
Le couple avait pris une route plus longue que nécessaire pour se rendre chez eux. Néanmoins, T'Pel préféra ne pas dévoiler combien 'humain' lui apparaissait le détour qu'ils avaient pris. Elle avait remarqué un changement chez Tuvok ces derniers mois. Par le passé, où que soit son mari, il n'avait jamais dévié des coutumes et valeurs vulcaines, en dépit de ses fréquentes associations avec les autres races pendant son travail. Mais depuis qu'il avait passé tant de temps à bord d'un vaisseau avec les mêmes personnes, à majorité humaine, il avait pris quelques habitudes des plus questionnables quant à leurs origines vulcaines. Cependant, bien qu'elle sache que c'était vrai et que Tuvok en était conscient, elle savait aussi qu'il n'appréciait pas qu'on le lui rappelle.
Savoir quand rester silencieux était une leçon apprise très tôt chez les jeunes Vulcains.
Le couple arriva finalement devant chez eux. T'Pel s'effaça pour laisser entrer Tuvok en premier. Il observa la pièce dans laquelle il avait passé tant de temps et en même temps si peu dernièrement. C'était comme dans ses souvenirs, les mêmes couleurs assorties au décor, les mêmes puzzles de logique posés dans un coin sur un meuble, la même peinture accrochée au mur. C'était sa maison, la résidence qu'il avait partagée avec sa famille quand lui et T'Pel avaient élevé leur quatre enfants. S'il avait été humain, il aurait pu dire que cette familiarité était réconfortante.
Mais Tuvok, le Vulcain qui retournait chez lui après tant de temps, se retourna simplement pour s'assurer que sa femme était entrée et ferma la porte derrière elle.
 
******
 
Après les papiers administratifs de sa matinée et sa pause déjeuner, Catherine approcha de l'étincelant Voyager. Elle entra avec quelque excitation pour voir ce qu'ils avaient fait de son vaisseau, savoir quels éléments de leur voyage avaient été mis en valeur. Elle était aussi nerveuse qu'une écolière attendant son premier bulletin scolaire. Cette endroit représentait toute la réalité de leur voyage pour des milliers de personnes. Dans les années futures, elle rencontrerait des étrangers qui se seraient forgé une opinion d'elle en se basant uniquement sur les informations qu'ils auraient trouvées dans ce musée.
C'était dur de se débarrasser de ce curieux sentiment. Elle allait marcher dans ce qui pourrait être son propre mémorial et elle n'était pas encore décédée. Et elle espérait ne pas l'être avant un bon bout de temps.
Chakotay ne l'avait pas encore rejointe. Son vaisseau pour San Francisco avait été légèrement retardé et il avait dit à Catherine de commencer le tour du musée sans lui. Elle lui avait alors répondu qu'elle commencerait par le bas et remonterait, espérant qu'il la rejoindrait à temps pour visiter l'ingénierie.
Elle commença donc par le pont 15.
Il ne lui avait pas fallu longtemps pour en faire le tour, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant ici. En fait, Janeway songeait, elle pariait que la plupart des visiteurs allaient éviter ce pont complètement. Aucun doute que ceux qui avaient travaillé ici avaient pu en avoir marre quelquefois. C'était bien loin d'un quelconque intérêt.
Elle ne perdit pas plus de temps et changea de pont et se demandant si cela allait vraiment être mieux, quand Chakotay s'arrêta à ses côtés, essoufflé après avoir couru depuis son arrivée.
"Catherine, désolé que ça ait pris si longtemps."
Catherine lui sourit pour le rassurer et répondit: "C'est bon, vous n'avez pas manqué grand chose ici. Je ne me rendais pas compte combien rarement nous descendions sur ces ponts."
Chakotay gloussa: "Non, il y avait toujours plus à faire ailleurs. Qui voudrait descendre, quand on peut faire face à d'innombrables races hostiles dans un confortable siège depuis la passerelle."
Joignant ses rires, Catherine donna un dernier regard autour d'elle pendant que Chakotay rassemblait ses pensées. Après une minute, il demanda, "Comment était l'atterrissage ?"
"C'était correct, rien de spécial. La plupart des gens avaient fait leur adieux auparavant, nous le savions."
"J'aurais aimé être là avec vous."
"C'était peut-être mieux comme ça." dit Catherine balayant ses inquiétudes. "J'ai eu le temps de faire la paix avec mon vaisseau. Penser à la direction à prendre à partir de là."
"Et ?" demanda Chakotay. Mais il n'obtint aucune réponse. Catherine alla vers la section suivante, qui montrait un moniteur particulièrement impressionnant. Chakotay ne savait pas quoi faire du fait qu'elle ait ignoré sa question et décida donc de changer de sujet.
"Ma sœur et moi avons passé une matinée très agréable et pendant le déjeuner, elle a exprimé le souhait de rencontrer certains de mes amis du Voyager."
"C'est bien", répliqua Catherine négligemment pendant que Chakotay entrait.
"Bien sûr, certains ont retenu son attention plus que d'autres."
"Laissez-moi deviner. Elle veut rencontrer l'ancien drone Borg et l'ex-maquisarde qui est devenue l'une des meilleurs ingénieurs que Starfleet ait jamais connu."
Chakotay était sur le point de dire que sa sœur avait été particulièrement enthousiaste de rencontrer Catherine, mais quelque chose lui dit de ne pas le faire, sans qu'il n'ait aucune idée du pourquoi. Au lieu de cela, il suivit Catherine avec un rire forcé.
"Oui, quelque chose comme ça." Comme il s'arrêtait, Catherine stoppa également devant lui. Il réalisa qu'ils avaient effectué un tour complet du pont.
"Pouvons-nous poursuivre ?" demanda-t-elle. "Je pense que nous avons tout vu ici."
Il hocha de la tête en signe d'acquiescement et la suivit dans l'ascenseur.
 
*****
 
Tuvok regarda T'Pel entrer à nouveau dans la pièce. Elle avait été dans leur bureau pour contacter Sek, l'aîné des garçons.
"Nous avons décidé de l'heure, il nous attendra chez lui dans deux heures. T'Meni aura fini l'école pour la journée, tu pourras donc rencontrer ta petite fille ?"
"Très bien."
"L'épouse de Sek n'est pas sur Vulcain en ce moment, elle est à une conférence", continua T'Pel. La pièce devint silencieuse une fois encore. T'Pel regarda son mari curieusement. Peu de temps après, il commença à parler.
"J'ai pensé aux éléphants lointains."
Une expression d'incompréhension se dessina sur le visage de T'Pel, elle répondit, "éléphants lointains ?"
"Je n'avais pas réalisé combien il serait important pour moi de revenir sur Vulcain. Cela a été un but distant pendant huit ans, mais j'ai toujours pensé qu'un message me serait adressé quand le moment viendrait. Aujourd'hui, ce moment est arrivé et je me trouve en manque de préparation. C'est dérangeant. Plus d'ajustements sont nécessaires à ce que j'avais anticipé. Les éléphants distants apparaissent plus gros quand ils se tiennent debout directement face à toi."
"Je ne t'ai jamais entendu utiliser cette expression auparavant."
"C'est une expression terrienne. Ce n'est pas surprenant, je l'emploie peu souvent."
"Bien, dis-moi. Est ce qu'il y a d'autres éléphants qui t'apparaissent ?"
"L'expression pourrait également s'employer en ce qui concerne mes pensées envers T' Meni."
"Notre petite fille te dérange ?"
"Je ne voulais pas dire ça. Je me prépare à rencontrer la première d'une nouvelle génération de notre famille. Le premier né de l'aîné de nos enfants. Au moment où j'ai appris sa naissance, il m'était impossible de revenir sur Vulcain et lui souhaiter la bienvenue dans notre famille. Depuis ce moment, j'étais conscient de son existence, mais je pensais au moment où j'allais la rencontrer. Maintenant son grand père paternel va entrer dans sa vie. Une personne importante dans le développement d'une jeune enfant. Cependant, je ne suis pas prêt pour ce rôle."
"Tuvok, tu es prêt, nous avons élevé quatre enfant ensemble."
Tuvok hocha la tête, mais il y avait peu de conviction dans son action. Il resta assis sans bouger quelques minutes avant de parler enfin.
"Si tu veux bien m'excuser, je dois aller méditer."
Il se leva et quitta la pièce.
 
******
 
Janeway et Chakotay sortaient de l'ascenseur et marchaient autour du pont huit de Voyager. Leur principal arrêt était le laboratoire d'astrométrie. La pièce rappelait de nombreux souvenirs aux deux amis. C'était ici qu'avait été retrouvé le contact avec les gens aimés, la famille. Les nouvelles relatées, bonnes ou mauvaises. La défaite du Maquis, le mariage de Mark avec une autre femme avaient été parmi les premières nouvelles d'une longue série. Ces nouvelles qui les avaient accompagnées dans leur voyage.
Bien sûr, la pièce évoquait en eux de nombreux souvenirs de son constant occupant durant les 5 dernières années : Seven of Nine.
Pour l'un, elle représentait une ancienne liaison considérée comme une erreur à plus d'un niveau.
Pour l'autre, c'était l'amie, voire la fille d'adoption qui lui avait laissé un sentiment de trahison. Ce sentiment s'était atténué ces derniers mois, mais la blessure était toujours là.
Quand les portes s'ouvrirent pour les laisser entrer, ils trouvèrent à la fois étrange et rassurant que l'occupant de la pièce soit en fait Icheb. Il se mit immédiatement au garde-à-vous, arborant fièrement son nouvel uniforme de cadet.
"Capitaine, Commandeur."
"C'est simplement Chakotay maintenant." corrigea l'ex-commandeur.
"Oui, Monsieur." Icheb, comme beaucoup d'autres, semblait avoir quelques difficultés à ne plus employer le grade des anciens maquisards. Chakotay s'y était habitué, bien qu'il notât le mécontentement de Catherine, quand il avait corrigé Icheb. C'était à peine perceptible, mais elle marquait toujours le geste.
Comme le groupe s'engageait dans une conversation, Chakotay réalisa qu'avec les derniers évènements, Catherine n'avait eu que peu de temps pour discuter avec Icheb. Il savait combien elle était fière qu'il ait officiellement commencé ses études à l'Académie de Starfleet. Il pensa qu'elle aimerait peut-être rester seule un instant avec lui pour savoir comment il allait. Décidant que le moment était parfait, il profita d'un blanc dans la conversation.
"Catherine, je viens de me rappeler que j'avais un coup de fil à passer ce matin que j'ai oublié. Si vous voulez bien m'excuser, je vais le faire maintenant. Pourrais-je vous rejoindre à l'infirmerie ?"
Légèrement surprise, mais le dissimulant très bien, Catherine répondit: "Bien sûr, je vous verrai là-bas."
Avec un sourire à Catherine et un hochement de tête vers Icheb, Chakotay sortit.
Catherine et Icheb poursuivirent leur conversation sur les thèmes d'ordre général pour commencer. Mais Icheb savait qu'elle finirait par lui demander comment se passait son séjour à l'Académie. Il hésitait à révéler les problèmes qu'il avait eus. Que penserait son ancien Capitaine si elle pensait que ça n'allait pas.
Il était conscient que la majorité de ses problèmes étaient dus au fait qu'il soit un ex-Borg plus que quelque chose de personnel. Mais c'était dur à admettre. Il ne voulait pas que les gens pensent qu'il était incapable de supporter les commentaires que les gens lui faisaient. Il recevait des insultes à l'Académie, et il était des plus probables qu'il en recevrait également à l'extérieur de Starfleet et dans sa vie privée, s'il pouvait en développer une. Il devait prouver qu'il pouvait le supporter. Sa fierté ne lui permettrait rien d'autre.
Catherine avait remarqué qu'Icheb était ailleurs pendant qu'ils parlaient et c'est ce qui la décida à poser la question qu'il avait anticipée. C'était quelque chose qu'eux deux partageaient, outre l'entraînement à devenir un officier de Starfleet, autant que les sous-entendus évidents cachés dans leur conversation.
"Bien, comment vont les choses à l'Académie ?" demanda t elle
Son esprit avait déjà décidé de ce qu'il allait dire. Icheb répliqua: "Tout va bien. Je sens que je suis bien installé maintenant. Certaines des précédentes classes étaient faciles à suivre, mais j'anticipe de plus impressionnants enjeux avec le temps. Je pourrai même embarquer à bord d'un vaisseau pour quelques mois, prochainement.
Le visage d'Icheb s'était éclairé quand il avait prononcé la dernière phrase. Catherine était heureuse de voir qu'il progressait et appréciait la vie qu'il menait. Elle était fière de lui, elle n'avait aucun doute qu'il aurait sa part de problèmes, mais il était évident qu'il le supporterait très bien.
Après avoir partagé quelques expériences comme la première rencontre d'Icheb avec Boothby, Icheb faussa compagnie à son ancien Capitaine. Laissée seule dans le laboratoire d'astrométrie, Catherine regarda autour d'elle chaque objet exposé, incluant une grande image du Pourvoyeur et du vaisseau, avant de sortir à son tour.
 
*****
 
Harry et B'Elanna marchaient à travers les couloirs du Voyager à la recherche de potentielles sources d'information. Aujourd'hui, avec tout le monde qu'il y avait, ils n'avaient ni le temps ni l'envie de s'arrêter et rattraper le temps perdu avec les personnes.
Comme ils tournaient dans un autre couloir, vers l'ingénierie, ils aperçurent Seven de l'autre côté. Ils la rejoignirent, espérant qu'elle pourrait avoir noté quelqu'un d'utile dans les environs.
"Seven", l'accueillit Harry. "Je n'avais pas réalisé que vous seriez ici."
"Je ne m'y attendais pas non plus", répondit l'ancienne Borg. "Mais finalement, je suis là." Elle n'offrit pas plus d'informations que cela. "Je ne m'attendais pas à vous voir ici non plus, vous semblez à la recherche de quelqu'un."
"Oui", répondit B'Elanna. "Plusieurs personnes. Nous avons décidé de saisir l'opportunité pour faire quelques recherches et découvrir qui est au courant pour la section 31."
Seven hocha la tête. "Une décision raisonnable." Elle approuvait autant qu'elle le pouvait leur démarche. "A qui avez-vous parlé pour l'instant ?"
Harry soupira. "Peu de gens. Nous avons entrevu l'Enseigne Vorik dehors, mais il ne savait rien. Bien que sa famille ait une longue histoire avec Starfleet, il connaissait l'existence de la section 31, mais rien de plus que nous. En fait, je suis sûr que nous aurions pu lui apprendre une chose ou deux. Et depuis, nous avons marché autour du vaisseau, mais plus vu personne à qui parler, ou des groupes trop imposants pour aller leur parler."
"La discrétion est la clé ici", approuva Seven. Comme elle observait un nouveau groupe entrer dans l'ingénierie, elle continua. "Il y a un groupe à qui cela vaudrait le coup de demander. Si vous vous souvenez, je vous ai mentionné, après avoir conduit quelques recherches, que le docteur Julian Bashir avait eu quelques expériences avec la section 31."
Harry et B'Elanna regardèrent autour d'eux et aperçurent les personnes dont Seven était en train de parler.
"Qui sont ces gens ?" demanda B'Elanna.
"C'est Miles O'Brien et Quark" répondit Harry, "On dirait que l'équipe de Deep Space 9 est de sortie. Je pensais bien qu'ils auraient quelque intérêt pour le vaisseau. Nous avons été lancé de leur station."
"Miles O'Brien possède aussi des informations à propos de l'organisation", ajouta Seven. "Cela vaut la peine de leur en parler."
"Merci Seven, mais il y a un problème dans cette situation." Seven et B'Elanna regardèrent Harry d'un air interrogateur. "Quark." Harry prononça ce nom avec plus de dédain dans la voix que B'Elanna n'en croyait possible de sa part.
"Il pourrait être un problème." accorda B'Elanna.
"Je ne comprends pas." L'affirmation de Seven n'était en aucune manière une question, mais Harry et B'Elanna savaient que c'était quand-même une requête pour plus d'informations.
"Quark est un Ferengi", commença B'Elanna. "Une race qui n'est pas connue pour sa discrétion. Il n'est pas non plus un membre de Starfleet et il vaudrait mieux ne pas parler de sujets délicats en face de lui."
"Je ne suis pas un membre de Starfleet et vous non plus." indiqua Seven.
"C'est différent", la stoppa Harry. "Je suis sûr que les Borgs ont assimilé assez de Ferengi pour que vous sachiez ce que je veux dire."
"Je ne suis pas certaine que tant que ça ait été assimilé." Quelque part, cela ne surprit pas B'Elanna.
"Tant pis", continua Harry. "Nous ne pouvons pas parler aux autres tant qu'il est là. En fait..." Harry se retourna pour faire face à Seven. "Vous pourriez l'occuper pour nous pendant que nous parlons avec le docteur Bashir et le Chef O'Brien."
"Je pourrais l'occuper." Seven paraissait moins convaincue. "Comment voudriez-vous que je fasse ça ?"
B'Elanna était intriguée et décida de rester aux côtés d'Harry pour l'écouter essayer de convaincre Seven de les aider.
"Et bien si Quark se souvient de moi, il va se méfier de mes intentions", commença Harry. "La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, et bien... Disons que ça pourrait lui avoir laissé un désir de revanche envers Tom et moi." A ce point, Harry essayait aussi de laisser B'Elanna en dehors de tout cela. "Voyant comme il a eu affaire à Tom et moi, et puisque le mariage de Tom et B'Elannaa fait le tour des nouvelles... Quel meilleur moyen que de se venger qu'au travers de sa femme ?"
Seven n'était toujours pas convaincue. "Ces petits détails mis de côtés, comment suis-je supposée l'occuper ?"
Harry avait presque perdu, il avait déjà utilisé tous ses arguments, bien qu'ils fussent faibles. Puis l'inspiration lui vint.
"Appelez ça un défi. Peu de gens survivent à leur première rencontre avec un Ferengi sans acheter ou presque quelque chose. C'est la parfaite opportunité de prouver que vous êtes meilleure qu'eux." Harry affichait un sourire montrant joie et espoir.
"Très bien", répondit Seven. "Pour le bien de la Fédération." Puis elle marcha en direction de Quark.
B'Elanna pensait que le 'pour le bien de la Fédération' était peut-être de trop, mais elle laissa glisser. Elle était plus intéressée de savoir si il n'y avait pas d'autres raisons pour lesquelles Harry avait été capable de convaincre Seven de l'aider. Elle avait remarqué qu'ils étaient devenus très proches durant les dernières semaines, mais avait résisté à leur demander plus de détails.
En dépit de ses prédictions, B'Elanna avait acquis du respect pour l'ancien Borg depuis quelque temps. Elle avait vu les doutes de Seven après ses relations personnelles et ne voulait pas mettre en danger ce qui pourrait être une relation saine et précieuse pour les deux amis. Oui, ils étaient tous les deux ses amis.
Bien sûr elle pouvait juste demander à Harry ce qui se passait, mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas la bonne chose à faire non plus. Ses expériences avec Libby étaient encore relativement récentes. La dernière chose que B'Elanna voulait était de voir Harry se réfugier sur lui-même, anéantissant l'interaction simple et détendue qu'il partageait avec Seven.
Elle resta donc silencieuse et regarda les choses évoluer.
C'est ainsi qu'elle observa comment Seven manoeuvra avec Quark avec succès pour l'éloigner du docteur Bashir et du Chef O'Brien, laissant ainsi la voie libre à Harry et à elle pour commencer leur enquête.
Est ce qu'il y a quelque chose que cette femme ne savait pas faire ?
 
*****
 
Catherine Janeway était surprise de voir comme peu de temps lui avait été nécessaire pour faire le tour d'une dizaine de ponts. Actuellement sur le pont cinq, elle entra dans l'infirmerie et trouva le docteur debout dans son bureau. Elle traversa la pièce pour le rejoindre.
"Docteur."
"Capitaine, je ne savais pas que vous étiez ici, c'est bon de vous voir."
"Oui, vous aussi", sourit Janeway. "Il semble que je n'arrête pas de croiser des connaissances, aujourd'hui. Depuis que je marche à travers le vaisseau en tout cas."
"Vraiment ? Je n'ai encore vu personne.Remarquez, cela n'a rien de neuf", ronchonna le docteur. "Personne ne fait jamais l'effort de venir à l'infirmerie."
"Mais vous êtes resté ici tout le temps ?"
"Bien sûr", répliqua t il. "Je devais venir inspecter la pièce, être sûr qu'ils avaient bien fait le travail."
Catherine ignora les remarques évidentes à propos du peu de visiteurs venus visiter l'infirmerie et changea de sujet. "Je me demandais si vous aviez eu des contacts avec Reg Barclay ?"
"Je parle avec lui régulièrement, je l'ai vu il n'y a pas longtemps. Pourquoi cette question ?"
Catherine soupira avec soulagement. "J'espérais que quelqu'un lui parlait, Je n'ai pas eu la chance d'avoir un moment de répit depuis que nous sommes rentrés et il a tant fait pour nous..."
"Vous vous sentiez coupable. Mais maintenant que vous savez que quelqu'un lui a parlé, votre conscience est apaisée ?"
Catherine n'était pas sûre de la façon dont elle devait répondre à ça. Cela semblait horrible, mais tellement vrai. Mieux vallait ne rien dire. Elle changea donc de sujet. Encore une fois.
"Que pensez vous de l'exposition ici ?"
"L'exposition, et bien..." Le docteur s'éloigna dans la pièce principale de l'infirmerie avec tant de détermination qu'un sentiment total d'appréhension émanait du corps du Capitaine. Pourquoi avait-elle soudain l'impression que ce n'était pas la question à poser.
"C'est..." continua le docteur, en désignant l'exposition autour de lui, "C'est supposé être une exposition de toutes les espèces du quadrant Delta que nous avons rencontré durant notre voyage. Premièrement, c'est incomplet, deuxièmement c'est imprécis, troisièmement ..."
Catherine leva une main pour l'arrêter. "Ralentissez un peu : incomplet ?"
"Oui, c'est dans le titre 'Toutes les espèces du Quadrant Delta'. Pour commencer, les Numeris ne sont pas présentés, comme de nombreux autres. Donc, soit le titre est inexact, soit l'exposition est incomplète."
"Ce n'est pas la fin du monde. Ils ne peuvent pas inclure tous ceux que l'on a rencontrés, il y en a simplement trop."
"Mais ce n'est pas tout."
Catherine avait le sentiment qu'elle était là pour un bon moment. "Quoi d'autre est incorrect ?"
"Certaines des informations qu'ils sont parvenus à inclure sont fausses. Quel genre d'incompétent oublie de mentionner quand une espèce à deux systèmes cardiovasculaires séparés et complets ?"
"Je suis sûre que l'exposition n'est pas aussi mauvaise qu'elle le semble.". Catherine tentait de calmer l'irascible docteur. "Mais si ces oublis vous irritent à ce point, pourquoi n'allez vous pas voir les responsables de l'exposition pour leur soumettre les changements que vous aimeriez y apporter ?"
Les portes de l'infirmerie s'ouvrirent et Chakotay entra juste à temps pour le laisser entendre le docteur s'écrier.
"Je suis un docteur, pas un guide de musée."
Sentant les ennuis et en devinant aisément la cause, Chakotay arriva rapidement aux côtés de Catherine et se lança dans le combat.
"Docteur, avec votre expérience à bord du Voyager, vous êtes le plus grand expert de Starfleet en ce qui concerne ces espèces. Qui mieux que vous pourrait bien déterminer comment les présenter aux peuples de la Fédération."
Il y eut une pause pendant un moment. Le docteur examinait ce qu'impliquaient les dires de Chakotay. Il apparut que son ego fut suffisamment satisfait quand il répondit.
"Vous avez raison. Quelqu'un doit leur dire où sont leurs erreurs et il n'y a personne de plus qualifié qui convient pour ce travail." Il se leva et sortit avec l'intention de contacter quiconque l'écouterait.
Se tournant vers son nouveau compagnon, Catherine demanda: "Comment faites-vous ça ?"
Confus, Chakotay répondit: "Fait quoi ?"
"Parler au docteur avec autant d'aisance. Tout ce que je semblais être capable de faire était de le faire enrager davantage. Et vous, vous arrivez tranquillement, et vous le calmez si rapidement que je n'ai même pas eu la chance d'intervenir ! Ce n'est pas juste."
Chakotay sourit, se retourna et commença à sortir de l'infirmerie. Il murmura quelque chose d'incompréhensible dans un soupir.
"Chakotay ?" Catherine le bouscula gentiment en le suivant. "Chakotay, dites-moi ce que vous venez de murmurer."
Chakotay continua à marcher, un sourire grandissant sur le visage.
"Chakotay ! Parlez-moi ! CHAKOTAY !"
Et il continuait à marcher.
 
*****
 
Tuvok et T'Pel arrivèrent à la porte d'entrée d'une petite maison. Elle était en pierre et située dans la banlieue de leur ville, mais à l'opposé de leur propre maison. Lentement, presque avec hésitation, Tuvok atteint la sonnette qui restreignait leur entrée.
Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit, révélant Sek, debout devant eux. Il était vêtu d'une robe bleu foncée très similaire à celle que son père portait et tenait une partition dans les mains.
"Père, Mère, entrez." Il se recula pour leur permettre d'entrer. "C'est bon de vous revoir."
Lentement, père, mère et fils marchèrent en direction du salon. Assise à table, se trouvait T'Meni, la première et unique petite fille de Tuvok. Elle essayait de terminer un puzzle de logique qui normalement était pour les enfants qui avaient deux fois son âge. Tuvok nota néanmoins qu'elle obtenait quelque succès.
"Je vois qu'elle a hérité plus que le nom de ma mère", nota Tuvok. "Sa logique apparaît être bien développée."
"Elle est constamment la première de sa classe", répondit Sek avec quelque chose dans la voix que les humains définiraient comme de la fierté. "J'ai de grands espoirs pour elle."
"Comme nous tous", ajouta T'Pel. ",C'est gratifiant de la voir si bien réussir."
"Je ne peux qu'espérer que Varith, Elieth et Asil soient aussi chanceux."
"S'ils suivent l'exemple de leurs parents, ils ne peuvent pas faire moins bien." Le compliment de Tuvok n'était pas inconnu à Sek, il baissa la tête pour le montrer.
Maintenant que les voix des adultes s'étaient tues, T'Meni se tourna pour voir qui était entré chez elle. Elle se leva lentement de sa chaise et alla aux côtés de son père. Lui laissant ainsi l'opportunité de présenter sa fille à son père.
"T'Meni, j'aimerais te présenter ton Grand père, Tuvok. Tuvok, voici T'Meni."
Tuvok leva la main en salutation traditionnelle vulcaine et fut heureux que T'Meni fasse de même.
"Salutations T'Meni, c'est un honneur de te rencontrer enfin."
Semblant un peu timide, T'Meni se serra légèrement plus près de son père et ne répondit pas. Sek les entraîna dans la pièce afin que chacun puisse s'asseoir pendant qu'il allait chercher le thé. T'Meni se plaça à côté de T'Pel, elle-même aux côtés de Tuvok. Un geste typique à travers la galaxie pour un enfant qui rencontrait quelqu'un qui lui était étranger. Bien qu'il se soit écoulé quelques temps depuis sa dernière rencontre avec T'Pel, T'Meni se souvenait d'elle.
Une fois Sek revenu avec le thé, T'Meni fut sortie de sa coquille par les questions concernant l'école et ses loisirs. T'Pel et son fils étaient heureux de voir les deux autres personnes apprendre à se connaître l'un l'autre. Et quand le temps de repas de T'Meni fut arrivé, ils avaient fait de grands progrès.
En sortant de la pièce, la jeune fille se retourna vers son grand père et dit, "Ca a été intéressant de vous rencontrer."
Puis elle sortit.
Dans l'esprit de Tuvok, un éléphant s'éloignait de plus en plus et enfin disparaissait.
 
*****
 
B'Elanna en avait assez de cette petite conversation. Harry avait insisté, ils ne pouvaient pas juste venir et demander à deux personnes pratiquement inconnues ce qu'elles connaissaient de la section 31. Ils avaient donc commencé par les questions habituelles. Appréciaient-ils le vaisseau, avaient-ils fait le voyage exprès ou étaient-ils sur Terre pour d'autres raisons ? Elle ne pouvait même pas se rappeler leurs réponses. Son esprit était trop concentré sur le but qui les avait amenés à discuter avec eux en premier lieu.
Quand Harry mentionna par 'inadvertance' la section 31 et leur nouvel intérêt pour cette organisation, il apparut que le docteur Bashir était très heureux de leur dire tout ce qu'il savait. Il commença directement son récit par comment il avait été enlevé par le commandeur Sloan, un membre de la section 31 et continua par ce qui s'était passé après ça.
"Capitaine Sisko et moi avons discuté de ce que nous devrions faire, comment nous pourrions procéder pour faire des recherches comme vous et en découvrir davantage", disait Julian. "Nous avons parlé d'infiltrer la section 31, et c'est arrivé, j'ai été recruté par l'organisation, j'étais vraiment très intéressé. J'ai donc prétendu vouloir les rejoindre. Pendant que nous voyagions vers Romulus et obtenions plus d'informations, je tenais secrètement informé le Capitaine Sisko."
B'Elanna devait l'admettre, le docteur Bashir pouvait tout aussi bien leur raconter des histoires.
"J'ai appris que Sloan était en fait à la tête de la section 31" continua-t-il. "Et qu'ils avaient planifié d'assassiner le responsable de Tal Shair. Quand j'ai tenté d'obtenir de l'aide et de passer l'information aux autorités compétentes, mes efforts ont été bloqués. Le conseil avait déjà été informé qu'il n'y avait pas de section 31 et je n'avais pas assez de preuves pour les contredire."
A ce moment, O'Brien décida de raconter ses propres expériences. Harry était heureux de constater la facilité avec laquelle venaient les informations.
"C'est plus tard la même année que Julian et moi avons découvert que la section 31 était responsable de la maladie qui affectait les Fondateurs, y compris Odo. Nous avons conçu un plan pour obtenir un antidote de leur part. Le plan fut un succès et nous avons découvert bien plus encore durant l'opération. Malheureusement, ce n'était pas encore assez pour les détruire."
B'Elanna et Harry ne pouvaient être plus heureux, ils avaient finalement trouvé une source d'information valable et utile.
"Pouvez-vous nous dire plus de choses à propos de ce que vous avez découvert ?" demanda B'Elanna. "Commencez par le début, comme si nous ne savions rien."
"Et bien", commença O'Brien. "C'est une organisation qui ressemble un peu à la Tal Shiar des Romuliens ou à l'ancien ordre cardassien Obsedian. Seulement, cela semble bien plus être une partie intégrante de Starfleet..."
Il les abreuvait litéralement d'informations. Comment la section opérait désormais indépendamment, mais visant toujours ce qu'ils pensaient être le meilleur pour la Fédération, comme certaines conspirations qui courraient plongeaient vraiment très profondément, étaient parmi les perles que leur racontèrent les deux officiers. Aucune de leurs informations n'était récente, donc il n'y avait rien concernant les Sernaix, mais cela n'affecta pas l'enthousiasme d'Harry pour autant. Entre eux deux ou même individuellement, Bashir et O'Brien étaient la source la plus informante qu'ils avaient interrogée pour l'instant.
Quand ils eurent finalement épuisé toutes leurs informations, Harry scruta l'ingénierie pour faire signe à Seven qu'elle pouvait revenir vers eux et la sauver de la compagnie de Quark. Cependant, il ne pouvait la voir nulle part, de même que ce trouble fête de Ferengi. Pendant qu'ils discutaient, ils avaient tous les deux quitté le département, laissant Harry avec le sentiment déplaisant qu'il avait une dette envers Seven. Une grande dette pour avoir fait un si bon travail.
Comme il quittait l'ingénierie avec B'Elanna, après avoir remercié Bashir et O'Brien, il commença à se demander ce qu'il allait pouvoir faire pour rembourser sa dette envers quelqu'un d'aussi indépendant et sans besoins comme Seven.
 
*****
 
Le tour de Voyager qu'effectuaient Janeway et Chakotay les avait maintenant menés sur le pont trois, ce qui voulait dire une chose: leurs propres quartiers. Catherine avait presque peur de voir ce qu'ils avaient fait. C'était une chose d'essayer de calmer le docteur à l'infirmerie, mais maintenant elle se trouvait elle-même avec la possibilité d'être dans la même situation. Sa sympathie pour le docteur augmenta. Que ferait-elle si elle n'aimait pas le portrait qu'ils avaient dressé de sa vie à bord de Voyager ? Avec sa position actuelle, elle n'était pas sûre qu'elle aurait le pouvoir de faire quoi que ce soit.
Ils s'engagèrent dans le dernier tournant et faillirent percuter Tal Célès qui sortait des quartiers du Capitaine. Elle s'arrêta net. Son visage devint rouge vif sous l'effet de l'embarras d'avoir été surpris dans les quartiers de son officier supérieur. Elle commença immédiatement à s'excuser.
"Capitaine, je suis vraiment désolée. C'est juste, je..."
"C'est bon !" la coupa Catherine. "Il n'y a aucun besoin de s'excuser d'être dans mes anciens quartiers, ils sont libres d'accès pour tout le monde maintenant."
"Je sais, c'est juste que je me sens comme un intrus. C'est une chose d'être dans les quartiers de quelqu'un quand on y est invité, mais marcher à travers les quartiers de quelqu'un que vous connaissez, examiner ses objets personnels, que ce soit des reproductions ou non, c'est juste comme ... Je n'ai jamais passé beaucoup de temps sur le pont des officiers dans aucun vaisseau et j'étais simplement curieuse de voir à quoi ils ressemblaient. Cela semblait être la bonne opportunité, mais maintenant que vous êtes là, je me sens... Je ne sais pas comment je me sens."
La nervosité qu'éprouvait Célès était visible dans le discours rapide et sans queue ni tête qu'elle venait de tenir. Catherine sentit le besoin de la rassurer.
"Ne soyez pas ridicule", commença Catherine. "Dans les années qui viennent, des milliers de personnes vont marcher dans ces pièces, examinant les moindres détails dans le but d'en apprendre plus à propos de notre équipage. Vous avez autant le droit d'être dans ces quartiers que les autres. Moi-même, je n'ai pas plus, ou moins, le droit d'être ici maintenant. Ne vous tourmentez pas pour ça."
"Merci Capitaine", répliqua Célès, bien qu'elle semblât toujours peu convaincue. "Je dois y aller maintenant." Sur ce, elle sortit rapidement.
"Vous vous en sortez très bien, Catherine", observa Chakotay. "N'essayez pas de me faire croire que vous n'êtes pas douée pour calmer les gens."
"Si vous vous référez à ce que j'ai dit tout à l'heure à propos du docteur, c'est différent." Chakotay resta silencieux, pensant qu'il était préférable de ne pas argumenter et Catherine continua. "Célès a montré beaucoup de qualités prometteuses durant les dernières années. J'espère qu'elle pourra trouver quelque succès maintenant que nous sommes finalement de retour à la maison."
"Moi aussi", accorda Chakotay. "Elle le mérite. Tous le méritent. Que pensez-vous de faire un tour pour voir ce qu'ils ont fait ici ? Alors ?"
Chakotay offrit son bras à Catherine. Elle l'accepta et ils marchèrent dans ses anciens quartiers comme s'ils marchaient dans l'inconnu.
 
*****
 
Sek et Tuvok s'assirent seuls dans le bureau du jeune homme. T'Meni avait terminé son repas et T'Pel l'avait emmenée dehors dans le jardin pour une promenade, laissant intentionnellement son mari seul avec son fils.
"Je me souviens maintenant", commença Sek. "Je voulais te montrer une de mes créations."
Il se leva de son siège et alla au bureau sous la fenêtre. En l'ouvrant, il révéla une pile de pages de partitions. Du coin de l'œil, Sek vit son père lever un sourcil. C'était une ancienne et illogique façon de conserver ses documents. Pour sa part, Sek ne regarda pas la progression de l'observation de son père. Il ne tint pas compte de la question non exprimée et continua ses recherches pour la partition voulue.
Après quelques minutes, il retira un rouleau particulièrement usé et le tendit à son père.
"C'est ma meilleure composition à ce jour."
Tuvok ouvrit les pages et après quelques minutes de lecture commenta : "Impressionnant."
Sek toucha l'écran de son ordinateur pour l'activer et demanda, "Joue le dossier Sek Oméga-4."
Une mélodie s'éleva dans la pièce. C'était une combinaison de cornemuses et percussions vulcaines. Père et fils restèrent silencieux pendant que la musique continuait. Chacun d'eux étaient perdu dans ses pensées pendant que la musique s'amplifiait autour d'eux. Puis Tuvok brisa le silence.
"Où as-tu trouvé l'inspiration ?"
"J'ai composé cette pièce après avoir passé une journée seul en médiation dans les plaines qui se trouvent à peu près à cinq kilomètres de notre ville. La mélodie a germé dans mon esprit ce jour-là et j'ai passé les six jours suivants à parfaire les accords pour l'enregistrement dans cette pièce. Il m'a fallu quatre mois pour que je sois satisfait du résultat."
"Et tu dis que ta pièce a été bien accueillie."
"Oui, un groupe de musiciens m'a demandé la permission d'ajouter cette pièce à leur répertoire. J'étais d'accord et depuis, ma composition a été jouée à travers la planète et ailleurs. L'enregistrement que tu viens d'entendre provient d'une représentation qui a eu lieu dans les Highlands d'Ecosse, sur Terre.
La musique touchait à sa fin quand Tuvok parla.
"Tu as pris une sage décision, tu as des compétences évidentes dans les domaines de l'art que tu as choisis."
Sek hocha la tête en signe d'acquiescement et apprécia l'approbation de son père.
"Puis-je l'écouter encore une fois ?" demanda Tuvok.
Sek ordonna à l'ordinateur de répéter la mélodie et une nouvelle fois, seul le son de la musique fut audible. Comme elle se terminait, T'Pel, qui était revenue du jardin avec T'Meni, entra calmement dans la pièce.
"Tuvok", commença-t-elle "Il est temps pour nous de partir."
Tuvok regarda l'horloge sur le bureau de Sek et se leva de sa chaise, étant d'accord avec le fait qu'il était temps pour eux de s'en aller. Sek, Tuvok et T'Pel sortirent du bureau pour pénétrer dans le salon où attendait T'Meni pour faire ses au revoirs.
"Je te verrai bientôt", dit Tuvok à sa petite fille. T'Meni hocha simplement la tête et marcha avec son père et ses grands-parents vers la porte.
"Nous viendrons vous voir chez vous prochainement", dit Sek. "Tu pourras nous raconter ton voyage. Ma femme nous accompagnera cette fois."
"Vous êtes toujours les bienvenus", répondit T'Pel comme elle et son mari se tournaient pour rentrer chez eux.
 
*****
 
A l'inverse du reste du vaisseau, le Mess semblait déborder d'énergie et de vie. En conservant les apparences de leur voyage dans le quadrant Delta et dans le Bulle, il semblait que cette pièce ne pouvait être que le centre de l'univers social du Voyager. Il devait y avoir dix ou quinze personnes présentes, principalement des anciens membres d'équipage du Voyager. Ils étaient moins nombreux que pendant les beaux jours de leur voyage, mais en prenant en compte le total actuel de personnes présentes à bord du vaisseau, c'était définitivement la majorité. Il y avait certainement plus de personnes ici que n'en avaient vu Catherine et Chakotay durant la journée.
En regardant autour d'eux, Chakotay vit l'un de ses anciens collègues de l'Académie et alla vers lui pour lui parler, laissant Catherine debout juste entre les portes. Elle ne resta pas seule très longtemps. Une petite boule d'énergie arriva aussi rapidement que son cri.
"Capitaine."
De l'autre côté de la pièce, Naomi Wildman avait vu son ancien Capitaine entrer dans la pièce. Elle amenait vers Catherine un homme Ktarien pour qu'il la rencontre. Catherine supposa qu'il devait être le père de Naomi, bien qu'ils n'aient pas été proprement présentés. Pendant que Naomi s'arrêtait devant elle, Catherine sourit en la regardant et lui dit bonjour.
"Naomi, comment vas-tu ?"
"Bien, merci Capitaine. Je montre le vaisseau à mon père, nous venons juste de voir la passerelle et après ça nous allons aller dans mes quartiers." Regardant vers son père, elle continua. "C'est le Capitaine Janeway. Capitaine, c'est Greskrendtregk." Naomi écorcha légèrement le nom qui lui était un petit peu étranger et complètement étranger pour Catherine qui n'essaya même pas de le répéter.
"Heureux de vous connaître", fut ce qu'elle choisit finalement de répondre.
"Moi aussi", répliqua Greskrendtregk. "J'ai beaucoup entendu parler de vous par Naomi." C'était une affirmation. Depuis que Naomi vivait avec lui, Greskrendtregk n'avait entendu rien d'autre que les histoires du Voyager et de son héroïque Capitaine. Le culte du héros avait été évident, mais la sincère affection entre le Capitaine et sa fille ne lui apparaissait que maintenant qu'il les voyait ensemble.
"Naomi." Catherine s'adressa à la jeune fille. "Que lui as-tu raconté à mon propos ?"
"Rien de méchant, je le promets." Naomi paraissait tellement sincère que Catherine du résister à l'envie de rire. "Je lui disais combien vous étiez un bon capitaine et comment j'ai été votre assistante, probablement la plus jeune assistante de Capitaine de Starfleet !"
"N'oublie pas le meilleur." Catherine sourit à Naomi puis retourna son regard vers le père de la fillette. "Naomi était très compétente dans son travail, j'étais chanceuse de l'avoir. Vous avez de nombreuses raisons d'être fière d'elle."
"Je le suis", répondit Greskrendtregk. Il regarda sa fille qui regardait le sol, ses joues rouges comme le reste de son visage.
Les portes s'ouvrirent encore une fois, B'Elanna et Harry se précipitèrent à l'intérieur. Ils venaient juste de parler à quelqu'un qui avait vu le Capitaine et Chakotay entrer. Ils avaient bien espéré lui parler à un moment ou à un autre pendant la journée et ne pouvaient pas laisser passer cette chance.
"Capitaine", commença B'Elanna, "Je suis désolée de vous interrompre, mais il y a quelque chose dont Harry et moi voudrions vous parler."
Catherine se tourna pour s'excuser auprès de Naomi et de Greskrendtregk, mais ils étaient déjà partis comprenant d'après l'entrée dramatique de B'Elanna qu'ils avaient quelque chose d'important à discuter. Comme elle les regardait, Naomi se retourna et donna au Capitaine un sourire et lui fit un signe de la main. Catherine se retourna alors vers son ancien chef ingénieur.
"Il semble que vous ayez toute mon attention, donc que ce passe-t-il ?"
"Pas ici, dehors." Harry et B'Elanna sortirent dans le couloir, ne laissant Catherine d'autres choix que de les suivre. Quand les portes se furent refermées derrière eux, les trois amis s'arrêtèrent dans un recoin près du tournant, les soupçons de Catherine augmentèrent.
"Nous voulions vous demander ce que vous saviez à propos de quelque chose, Capitaine." Harry n'avait toujours pas la franchise de B'Elanna.
"C'est à propos d'une organisation dont jusqu'à récemment nous ne connaissions pas l'existence." B'Elanna faisait aussi très attention à la façon dont elle amenait le sujet, maintenant qu'elle faisait face à son ancien Capitaine. Catherine le reconnut et décida de la pousser un peu.
"Allons,videz votre sac, B'Elanna. Quelle organisation ?"
"La section 31."
Il fallut un moment à Catherine pour se reprendre.
"La section 31 ? Pourquoi cherchez-vous des informations à leur propos ?"
"Donc vous savez quelque chose."
"Répondez d'abord à ma question."
"Il y a un lien entre la section 31 et les Sernaix. Tout a commencé après que l'esprit de Seven ait été occupé par une entité Sernaix et depuis ce temps..."
B'Elanna expliquait au Capitaine Janeway tout ce qui leur était arrivé concernant les Sernaix et les rumeurs de l'implication de la section 31, et ce dans le plus bref résumé possible. Elle ajouta ce que le docteur Bashir et le Chef O'Brien leur avaient appris plus tôt dans la journée. Quand elle eut fini, Catherine Janeway était, pour une fois, complètement sans voix. Après une pause, Harry Kim prit la parole pour la première fois depuis que B'Elanna avait commencé ses explications.
"Donc, je suppose que vous n'en savez pas plus que nous."
"Non", répondit Catherine. "Je connaissais l'existence de la section 31 et quelque uns des éléments que vous avez relatés, mais rien de près à ce que vous avez réussi à découvrir. Je suis désolée, je ne peux pas vous aider."
"C'est bon, Capitaine, nous avons eu un coup de chance que le docteur et le chef soient là aujourd'hui."
"Oui, en effet. Puis-je vous demander quelque chose à vous deux ?"
"Bien sûr."
"Évidemment."
B'Elanna et Harry avait répondu en même temps.
"Pouvez-vous m'informer si vous trouvez quelque chose d'autre ?" demanda Catherine.
"Vous serez la première à savoir", l'assura Harry.
"Enfin, aussi proche que possible", dit B'Elanna et les trois amis partagèrent un sourire.
"Bien, si vous voulez bien m'excuser, Chakotay et moi avons notre visite à finir." Catherine s'excusa et marcha dans le couloir pour entrer à nouveau dans le Mess.
Derrière elle, Harry et B'Elanna se retournèrent dans l'autre direction.
"Je pense que nous ne pourrons pas en découvrir d'avantage aujourd'hui", Commenta Harry.
"Vous avez sans doute raison. Envie d'aller jeter un regard aux quartiers du Capitaine pendant qu'on est à bord ?" Le sourire de B'Elanna était malicieux, comme si elle était sur le point de découvrir les secrets les plus sombres du Capitaine.
"Bien sûr", sourit Harry. "Après tout, peu d'officiers peuvent fouiner dans les quartiers de leur Capitaine sans craindre d'être réprimandé."
Riant, ils dirigèrent vers l'ascenseur.
 
*****
 
Dans le hangar cargo Deux, une personne seule marchait à travers l'exposition.
De façon appropriée, le hangar avait été transformé en une exposition détaillant les rencontres du Voyager avec les Borgs. De la première détection d'un vaisseau par leurs senseurs jusqu'à l'établissement de tout le savoir publiquement disponible qui leur avait permis de retourner dans le quadrant Alpha, chaque rencontre y était mentionnée.
Seven of Nine, cependant, n'était pas intéressée par ces sujets. Son seul intérêt résidait dans le panneau qui lui était consacré ainsi qu'aux autres Borgs que le Voyager et son Capitaine avaient pris sous leur aile. Contre le mur, pareil à lorsqu'elles avaient été opérationnelles, étaient disposées une rangée d'alcôve de régénération. Bien sûr, pour l'exposition, tous les composants opérationnels avaient été enlevés, mais le tout apparaissait authentique.
Seven fut surprise de voir combien elle devenait sentimentale à la vue de ce qui était présenté. Cette pièce remémorait de nombreux souvenirs pour elle, les premiers qu'elle avait possédés en tant qu'être humain. Elle avait toujours peu de souvenirs datant d'avant son assimilation. Et c'était quelque peu étrange quelquefois de penser que sa vie, en tant qu'être humain, avait réellement commencé au début de l'âge adulte. Les gens admettaient souvent, à cause de ses vastes connaissances techniques, qu'elle était plus vieille, plus sage qu'elle ne l'était réellement. Mais quand elle était seule, elle pouvait admettre elle même que réellement, et particulièrement émotionnellement, elle avait toujours beaucoup à apprendre.
De façon inattendue, une boule se forma dans la gorge quand elle s'approcha du panneau consacré aux enfants Borgs qu'ils avaient laissés derrière. Cela lui fit se demander si Icheb avait vu ce qu'ils avaient écrit à propos de ses anciens compagnons. La prochaine fois qu'elle le verrait, elle lui demanderait. Elle savait qu'il voudrait venir et lire ce qui avait été dit.
Perdue dans ses pensées et souvenirs, Seven n'était pas consciente du temps qu'elle avait passé à vagabonder autour de l'exposition. La nostalgie était une nouvelle expérience pour elle, une expérience dont elle ressentait le besoin de partager. Elle fut surprise par la profondeur des sentiments que pouvait évoquer ce qui était essentiellement juste une grande pièce.
Elle fut sortie de ses pensées par un groupe de jeunes membres d'équipage entrant bruyamment dans la pièce, inconscient de la présence de Seven. Avec un dernier regard autour d'elle, elle passa sa main sur une photo d'elle entourée par Icheb et Naomi et quitta la pièce.
Un jour, elle emmènerait sa tante voir cette pièce. Elle espérait que cela l'aiderait à comprendre ce qu'avait été sa vie et ce que pourrait être son futur.
 
*****
 
Catherine et Chakotay étaient passés de la passerelle au bureau de Catherine, ce qui était le dernier point de leur visite. Son bureau était vide, leur permettant leur premier moment d'intimité depuis qu'ils avaient été à bord du vaisseau.
"Ca a été un jour tranquille", commenta Catherine
"Oui." Chakotay regardait ses pieds comme il continuait. "Pour être honnête, j'étais un peu inquiet de la façon dont vous géreriez cette journée."
"Moi aussi", admit Catherine. "Ca ne m'avait pas semblé être une chose difficile avant, mais ce matin, je ne sais pas, avec tout ce qui s'est passé récemment, c'est comme ... des éléphants distants."
"Eléphants, Catherine ?"
"Vous n'avez jamais entendu cette expression ? Je comprends. Et bien, Tuvok me l'a expliquée et j'ai pensé que si un Vulcain la connaissait, et bien ..."
"Il me semble que vous allez devoir développer un peu plus."
"Ce dont je me souviens, c'est que les choses nous apparaissent petites quand elles ne sont pas immédiates, qu'on n'a pas à y penser de trop. C'est comme si elles semblaient sans importance dans un sens. Cependant quand ces mêmes choses deviennent votre présent et sont juste face à nous, elles sont bien plus difficiles à gérer, c'est dans le même sens qu'un éléphant apparaît être plus gros quand il se tient directement en face de nous."
"Pourtant, l'éléphant est petit quand il apparaît à l'horizon. Ca a plus de sens que je ne le pensais en fait."
Catherine laissa échapper un rire. "Ca a été pareil pour moi la première fois que Tuvok me l'a expliquée."
"Donc, quels sont les éléphants cette fois ?"
"Oh, je ne sais pas." Catherine marcha vers la fenêtre de son ancien sanctuaire et admira la vue des environs. "Beaucoup de choses. Qu'est ce qui arriverait au vaisseau une fois que nous serions de retour. J'y ai pensé, mais je n'y ai jamais réellement prêté beaucoup d'attention. Dans un sens, j'ai toujours cru qu'il continuerait à voler. Cette idée de musée n'a jamais traversé mon esprit. Ce que ça signifierait pour le vaisseau, pour nous tous, ça ne m'avait jamais frappé jusqu'à aujourd'hui."
"Ce musée sera là bien après que nous soyons tous partis. Il va raconter à chacun notre voyage, qui nous étions, pourquoi nous avons combattu, après qu'aucun de nous soit présent pour raconter les histoires."
"A quoi cela nous amène ?" demanda Chakotay. "J'espère toujours que j'ai encore un bon bout de chemin à faire."
"Je ne suis pas sûre", répliqua Catherine. "Peut-être que ça a quelque chose à voir avec Molly."
"Molly ?"
Catherine se retourna pour regarder son ami. "Ma mère a dû l'enterrer. Je n'ai pas eu le temps de la voir avant qu'elle ne meure."
"Catherine, je suis désolé." Chakotay se dirigea vers Catherine, voulant lui offrir son réconfort mais quand il fut près d'elle, il fut incertain sur la façon d'agir. Catherine n'était plus son officier supérieur, il n'y avait plus de raison, de protocole le stoppant de la prendre dans ses bras, mais ça ne semblait pas bien. Peut-être était-ce dû au cadre ou à quelque chose d'autre, mais il ne se sentait pas à l'aise.
Peut-être était-ce Catherine elle-même. Elle avait été si évasive quand il avait parlé de futur plus tôt ce matin. Mais ça devait aussi avoir quelque chose à faire avec le fait d'être à bord du Voyager. Elle s'était sentie assez à l'aise pour chercher le réconfort dans ses bras quand ils regardaient atterrir le vaisseau à Utopia Planitia. Il semblait que les choses avaient finalement commencé à bouger. Mais maintenant, aujourd'hui elle fuyait encore.
"Ecoutez-moi." la voix de Catherine se dévalorisant interrompit ses pensées. "Je suis devenue si émotive. Ca a été un jour agréable. Je voudrais vous remercier de l'avoir partagé avec moi."
Catherine leva une main et tenta de croiser ses doigts avec ceux de Chakotay, mais à sa surprise, il se surpris à fuir sa main. La possibilité que ce soit l'endroit, les implications de cette pièce, lui revinrent rapidement en mémoire. Il ne pouvait simplement pas faire avec. Un regard peiné passa sur le visage de Catherine brièvement avant que ne se place une approximation très proche de son masque de Capitaine.
"Enfin, je dois y aller." Elle retrouva rapidement son sang-froid. "Je suis supposée aller dîner chez ma mère."
"Passez-lui le bonjour de ma part", lui dit Chakotay. Elle le frôla en marchant vers la porte. Avant qu'il ne soit capable de comprendre ce qui s'était passé, Chakotay se retrouva seul dans le bureau. Il regarda autour de lui, saisissant cette rare opportunité pour se remémorer les fois où Catherine et lui avaient partagé cette pièce. Il se souvint des premières disputes à propos du poste de chef ingénieur, la première de nombreuses, mais toujours résolues. Il se souvint des premiers moments de leur amitié, quand ils considéraient la possibilité pour certains de leurs membres d'équipage de rester avec les survivants des trente septiens, et ce que cela aurait signifié pour leur voyage.
Comme les années passaient, il ne comptait plus les heures, ni les décisions argumentées, acceptées et réalisées qui avaient changé leur vie pour le meilleur et pour le pire.
Ils avaient discuté trop de décisions, la pensée d'avoir été coincés pendant huit anslui paraissait incroyable. Le plus grand drame qui puisse arriver à quelqu'un qu'il connaissait. Mais ça n'avait pas été si mauvais. Ils avaient vécu plus d'expériences qu'ils n'auraient pu l'imaginer et avaient forgé une très forte amitié, relation qui avait survécu aux épreuves les unes après les autres. Il ne pouvait que sentir qu'il y avait quelque chose que seul l'équipage du Voyager serait jamais capable de comprendre complètement.
 
*****
 
"Naomi, non."
Icheb entra dans les anciens quartiers des Wildman et trouva Naomi sur le point d'enlever la poupée Flotter de l'exposition dans sa chambre. Surprise, elle se retourna trop rapidement, ce qui eut pour conséquence de faire tomber l'ensemble de l'exposition sur le sol. Juste avant de se retourner vers Icheb, elle regarda autour d'elle pour étudier les dégâts. Un soupir s'échappa de ses lèvres pendant qu'elle réalisait ce qui venait d'arriver.
"Icheb, regarde ce que tu m'as fait faire." Naomi était évidemment en colère contre lui et ne le regardait pas, mais commença à ramasser les pièces de l'exposition. Icheb, au lieu de venir vers elle, l'aida à ranger le désordre.
"Je suis désolé, je ne voulais pas te surprendre. Cependant, tu ne devrais pas être en train de jouer avec l'exposition."
"Je ne jouais pas." La fillette avait répondu avec autant d'indignation que possible. "J'allais aller porter ça au responsable du musée et leur dire que cette poupée n'était pas précise."
"Dans quel sens ? Ca semble être une bonne copie au vue du but de l'exposition."
"C'est supposé ressembler à mon Flotter, mais celui-ci est tout neuf. Le mien est plus usé et il y a une déchirure dans le tissu sur les pieds quand il s'était accroché à ma boucle de chaussures. Si cela est supposé montrer aux gens ce que ce vaisseau a représenté pour nous, alors ce Flotter devrait ressembler au mien et pas à n'importe quelle poupée que l'on peut répliquer depuis la base de données."
Icheb était vraiment impressionné par les arguments de Naomi mais en même temps, elle n'aurait pas dû toucher à l'exposition et allait le lui dire.
"Ce n'est pas important, Naomi. Tu n'aurais pas dû bouger cet objet de l'exposition."
"C'est important", cria Naomi.
Icheb allait devoir employer une autre méthode, visiblement.
"Je pense que tu devrais aller voir quelqu'un à propos de cette erreur", continua-t-il. "Mais tu n'as pas besoin de prendre ce Flotter avec toi pour ça. Si tu le prends, toutes les personnes qui viennent visiter tes quartiers en même temps manqueront tout s'ils ne le voient pas."
Cette fois, c'était Naomi qui était impressionnée. Elle lui dit, "Tu as raison, je vais le laisser ici. Mais ce n'est pas la seule chose qu'ils ont mal faite."
Curieux de savoir quoi d'autre était inexact - Icheb n'avait pas eu le temps d'inspecter les alentours - il attendit qu'elle continue.
"Ratty n'est mentionné nulle part. Ni ici, ni dans le reste du vaisseau. J'ai vérifié. Comme je ne trouvais rien ici, j'ai été regarder dans le hangar cargo et après j'ai vérifié avec l'ordinateur du musée, Ratty n'est pas là du tout."
Icheb avait passé assez de temps avec Naomi pour savoir que Ratty était vraiment très important pour elle. Par chance, il avait également passé assez de temps dans son entourage pour avoir quelques idées sur la façon de régler la situation. Il était des plus improbable que quelque chose soit ajouté au musée à propos de la petite créature qui n'aurait pas dû être à bord du vaisseau en premier lieu. Les enfants de sa génération à bord d'un vaisseau à travers toute la Fédération pourraient commencer à avoir leur animal de compagnie s'ils découvraient l'existence de Ratty et il savait que leurs Capitaines respectifs ne seraient pas reconnaissants pour ça.
"Peut-être parce qu'il n'était pas là depuis longtemps", commença Icheb. "Et il y avait déjà tant de choses à montrer qu'il n'y avait simplement plus de place pour lui. De plus..." il commença à abattre ses cartes, "cela ne rend pas Ratty un peu plus spécial pour toi si personne ne sait à son propos ? Les autres enfants pourraient vouloir appeler leur animal Ratty et le tien ne serait plus le seul."
Naomi resta silencieuse pendant une minute, comme elle songeait. Peut-être avait-il raison ? Ratty était spécial et c'était le sien. Bon, le sien et celui de sa mère. Mais surtout le sien. Elle ne voulait pas d'autre Ratty, elle voulait seulement celui qu'elle avait. Donc peut-être que c'était mieux qu'il ne soit pas dans le musée. Pendant que Naomi était calme, Icheb se rendit compte qu'il n'y avait aucun signe de son père. Il y avait longtemps qu'elle s'était éloignée, elle devrait probablement être en train de le chercher.
"Naomi, n'es-tu pas supposée montrer le vaisseau à ton père ?"
"Je le faisais et je continuerais dans une minute", répondit-elle. "Je voulais juste regarder ici par moi-même. Surtout une fois que j'ai noté que quelque chose n'allait pas. Donc je l'ai envoyé à l'ingénierie. Nous n'avons pas encore été là-bas et il y a beaucoup de choses à voir pour lui pendant que je suis partie."
"Depuis combien de temps es-tu ici ?"
"Je n'en suis pas certaine. Je me suis assise près de mon lit pour réfléchir un instant. Il est probablement temps pour moi d'aller le rejoindre."
"Oui", accorda Icheb. "Je pense que ce serait une bonne idée."
"Je vais aller parler à quelqu'un à propos de Flotter." Naomi commença à marcher vers la porte tout en parlant. "Peut-être que si je prends un adulte avec moi, ils feront plus attention. "
"C'est possible", répliqua Icheb.
Naomi se retourna pour lui dire au revoir avant qu'elle ne se précipite hors de la pièce laissant Icheb derrière.
"Au revoir, Naomi", répondit-il comme les portes se refermaient, le laissant seul pour continuer sa visite.
 
*****
 
Ca avait été un jour ignoble. Catherine Janeway était revenue à son appartement, il y avait plus d'une heure. Cependant elle ne pouvait toujours pas s'asseoir et se relaxer plus de cinq minutes. Elle ne savait pas ce qui l'agitait tant, elle savait uniquement que quelque chose n'allait pas dans son univers, ce qui la laissait, sous constante agitation et le rythme qui en résultait, dans ses quartiers. Sa visite du Voyager l'avait laissée avec un sentiment mitigé. Voir les quartiers de chacun lui avait rappelé ses amis qui lui manquaient et qui étaient tous partis vers différents chemins. Elle aurait pu essayer de se maintenir à l'écart des autres et rester le Capitaine, mais la camaraderie entre elle et son équipage était toujours resté à travers les années. Maintenant que c'était fini, son équipage avançait avec leur vie, ils semblaient l'avoir laissée derrière.
En même temps, la visite lui avait rappelé tout ce qu'ils avaient accompli durant leur voyage et comme son équipage avait travaillé dur pour les ramener à la maison sains et saufs.
Cela aussi avait renforcé son désir de retourner à ce qu'elle faisait de mieux: commander un vaisseau. Elle avait écouté ce qu'on lui avait dit, elle savait que ces chances étaient presque nulles, mais ça n'avait servi qu'à la rendre plus déterminée à faire quelque chose pour ça.
Inconsciemment elle se retrouva face à son unité de communication et avant qu'elle ne réfléchisse à ce qu'elle faisait, elle entra les coordonnées du domicile de l'Amiral Paris. Il était tard, mais il était le seul qu'elle pouvait toujours joindre de jour comme de nuit. Ca aidait d'être bien avec sa famille.
Son visage apparut à l'écran moins de trente secondes plus tard et Catherine se trouva regardant son vieil ami et officier supérieur avec aucun argument à déballer. Cependant, ce n'était pas la première fois qu'elle devrait construire une plaidoirie sur le tas. Et elle espérait que ce ne serait pas la dernière. Elle attendit donc qu'Owen lui dise bonjour et commente l'heure tardive puis elle attaqua directement.
"Owen, Amiral. Je devais vous contacter à propos de ma prochaine affectation..."
"Catherine", l'interrompit-il. "Nous avons déjà parlé de ça avant..."
"Je sais", le coupa Catherin. "Mais rien ne semble se passer et je n'ai aucune idée de ce que je peux faire pour améliorer ma condition. Ma carrière est importante pour moi et pour l'instant ce n'est pas loin d'être la seule chose que j'ai, je ne suis même pas certaine de l'avoir encore. Vous me connaissez, Owen, vous savez ce que je fais de mieux. Vous savez que je ne peux pas passer ma vie à travailler sur de petits projets aux quartiers généraux, ne pas être mise à la porte de Starfleet, mais ne pas vraiment être en service. C'est commode pour eux de m'avoir à l'écart, c'est tout. Pas d'agitation publique de la part de l'héroïque Capitaine qui s'est fait exclure de la vie active, mais ils n'ont pas à traiter avec moi aux commandes d'un vaisseau. Qu'est ce que cela signigie ? Sont-ils trop anxieux que j'arrive l'arme au point après avoir attendu trop longtemps leur réponse et que je la tourne contre personne d'autre que moi-même ? J'ai servi pendant des années avant que nous ne soyons dans le quadrant Delta, est ce que ces précédentes années ne comptent pas ?"
Catherine s'arrêta pour reprendre sa respiration, pas sure d'où son discours l'amènerait. Elle connaissait plus de choses qu'elle n'en avait dit et commença à se demander si elle n'aurait pas dû réfléchir un peu plus avant d'appeler l'Amiral Paris chez lui. C'était trop tard maintenant, il fallait juste faire avec.
"Avez-vous terminé, Capitaine ?"
Owen l'avait appelé par son grade et cela attira son attention. Elle fit très attention avant de répondre.
"Oui, Monsieur."
"Bien, laissez-moi parler. Je ne peux rien dire de plus que ce que vos autres officiers supérieurs ou moi-même vous avons déjà dit. Franchement, je suis content que vous m'ayez déballé votre petite tirade parce que ce genre d'insubordination pourrait vous attirer de plus gros problèmes que vous n'en avez déjà."
"Je suis désolée, Owen." les épaules de Catherine s'affaissèrent légèrement et elle continua. "Je suis juste frustrée. Je peux faire tellement plus que ce qu'ils me laissent faire. Vous ne pouvez rien me dire ?"
"Je sais comment vous vous sentez, mais je suis désolé que vous soyez dans cette position. Je ne peux vous dire rien d'autre de plus que ce qu'il vous a été dit ou que vous avez découvert."
"Mais..."
"Cest tout, Catherine. Rien d'autre, est-ce clair ?"
"Oui." Le ton de sa voix reflétait sa déjection. Il devenait évident qu'Owen ne voulait ou ne pouvait pas lui donner plus d'information. "Je suis désolée de vous avoir dérangé si tard."
"C'est bon, je peux comprendre vos sentiments bien que cela ne semble pas évident. Bonne nuit Catherine."
Owen Paris termina la liaison avant que Catherine n'ait eu le temps de répondre, la laissant à regarder un écran noir. Rassemblant ses pensées, elle alla dans sa chambre. Elle avait l'envie pressante de partir d'ici pour un jour ou deux, prendre le temps de penser à sa carrière, à sa vie personnelle. Les membres de son équipage qui lui avaient parlé aujourd'hui avaient tous au moins progressé avec cette partie de leur vie, presque tous sans exception.
Elle irait à la petite maison familiale près du Lac George, peut-être faire une promenade le long de la cascade demain. Pour ce soir, il était trop tard le temps qu'elle arrive. Catherine n'était pas retournée près du Lac George depuis leur retour sur Terre bien que ça ait toujours été l'un de ses endroits préférés. La création dans l'holodeck était amusante, mais ne respectait pas la réalité. Les images holographiques le faisaient rarement.
Il ne fallut pas longtemps à Catherine pour ranger ce dont elle avait besoin dans un sac marin. Elle s'apprêtait à sortir de son appartement quand elle se souvint qu'elle était supposée être chez sa mère pour le dîner... il y avait près de deux heures. Le plan avait été tentant, Catherine n'étant jamais certaine que quelque chose n'arrive au bureau empêchant ses intentions. Elle pouvait donc seulement supposer que sa mère avait présumé que ce serait le cas et ne serait pas ennuyée à essayer de la joindre.
Ne souhaitant pas avoir une longue conversation, Catherine gribouilla rapidement un message en version texte seul et l'envoya au terminal de sa mère, expliquant où elle allait et s'excusant pour son absence au dîner. Gretchen ne l'aurait probablement pas avant le lendemain matin, mais Catherine se sentait mieux comme ça. Regardant une dernière fois son appartement, elle sortit dans la nuit et ferma la porte à clés derrière elle.
 
*****
 
La nuit commençait à tomber sur Vulcain et le vent soufflait de plus en plus. Sur les plaines désertes, la nuit entamait sa danse nocturne. Tuvok était étonné par la familiarité que cela reflétait, considérant le nombre d'années depuis la dernière fois qu'il avait marché seul pendant une nuit pour méditer.
Il n'arrivait pas à savoir si aujourd'hui avait été plus difficile ou facile qu'il ne s'y attendait. La première rencontre avec sa petite fille n'avait pas été aussi ouverte et accueillante qu'elle aurait pu l'être. Mais il ne s'était pas attendu à quelque chose comme ça. En même temps, cela ne l'avait pas laissé avec la sensation d'une énormité comme il l'avait anticipé.
Elle l'avait laissé avec le vœu nouveau de retrouver le reste de sa famille. Trop de temps avait passé depuis qu'il avait vu ses autres fils Varith et Elieth ou sa fille Asil. Il avait été en contact avec eux pendant les dernières années dans le quadrant Delta, quand quelques communications avaient été possibles. Mais le temps passé à l'intérieur dans la bulle avait empêché tous les contacts avec les gens rester sur la planète. La vie de ses enfants lui avait manqué énormément, en fait, il ne l'avait réellement compris qu'aujourd'hui et lors de sa rencontre avec T'Meni.
Il lui venait à l'esprit que maintenant qu'il était de retour sur Vulcain, il lui serait loin d'être facile de rester éloigné des événements concernant ses amis de Voyager. Il y en avait peu qu'il pouvait appeler ami, en fait selon son héritage, il n'y avait vraiment qu'une personne à bord du vaisseau qu'il pouvait honnêtement considéré comme tel.
Catherine Janeway.
Il l'avait connu pour un certain nombre d'années et l'avait vu devenir plus mature à la fois comme Capitaine et comme personne. Entre eux deux s'était développé quelque chose de rare entre les deux races, une profonde et durable amitié. Il y avait de nombreuses fois durant les huit dernières années où elle l'avait inquiété. Sa capacité à prendre soin de son équipage était un de ses plus grands atouts, cependant ça avait également donné l'occasion à certains de ses échecs. Ses décisions émotives avaient de nombreuses fois défiées toute logique, mais il devait l'admettre, elle les avait sortis de toutes les situations dans lesquelles ils s'étaient trouvés. Elle avait presque combiné le rôle de Capitaine et celui de mère de remplacement pour beaucoup, c'est une qualité qu'il trouvait des plus admirables.
Comme Tuvok approchait de l'emplacement où il avait décidé de passer la nuit, il s'arrêta pour regarder le ciel. Ses pensées s'élargirent aux autres membres d'équipage avec qui il avait servi tout au long de ces années et il commença à considérer tout ce qu'il avait appris à bord de Voyager et tout ce qui lui restait à apprendre. Le soleil disparaissait à l'horizon, sa dernière pensée fut d'établir qu'il avait voyagé, peut-être le plus remarquable voyage de sa vie. Mais maintenant qu'il était rentré chez lui, il avait un nouveau voyage à commencer.
 
*****
 
Harry marchait en traînant des pieds aux côtés de B'Elanna, il avait été invité dans son appartement pour le dîner. Elle avait une impressionnante faculté à établir un rythme trop rapide pour qu'il lui soit agréable, même à la fin d'une longue journée passée à marcher dans leur ancien vaisseau et plus loin. Franchement, il était épuisé et essayait de déterminer le meilleur moyen de le lui dire.
Complètement inconsciente de sa condition, B'Elanna bavardait à propos de leur journée.
"Nous n'avons pas pu obtenir des informations utiles de la part de nombreuses personnes, mais je pense que ce que le docteur Bashir nous a dit valait la peine de faire l'effort."
"B'Elanna, nous ne devons pas oublier que ce qu'il sait date de quelques années maintenant. Les choses changent et peut-être que rien de ce qu'il nous a dit est pertinent." L'épuisement d'Harry lui jouait des tours.
"Je ne peux pas croire que ce que lui et le Chef O'Brien nous ont dit ne peut nous mener nulle part. Les choses ont peut-être changées, mais nous avons une place pour débuter, quelque part où nous allons pouvoir suivre une piste. Nous ne connaissions aucun nom avant et ils nous ont servi le nom de Sloan sur un plateau.
Argumenter ne le mènerait nulle part, Harry resta donc silencieux.
"Nous devons continuer à chercher", continua B'Elanna. "Nous n'avons pas assez d'information pour l'instant. Je ne m'arrêterais pas avant de savoir exactement ce qui se passe avec les Sernaix et s'il y a quelque chose que nous devrions faire ... Bon, je ne suis pas précisément sure de ce que nous devrions faire, j'ai juste un incroyable sentiment que poursuivre le dessus est la bonne place pour commencer."
Les portes de l'appartement des Paris n'auraient pu sembler plus accueillantes au jeune Lieutenant. B'Elanna les laissa entrer et appela Tom pendant qu'ils déposaient leur veste sur une chaise. Entrant dans le salon, Harry vit Miral jouant avec la réplique d'un Warbird romulien, il s'assit à ses côtés.
Tom émergea de la cuisine avec le sourire aux lèvres, il marcha vers sa femme pour l'embrasser.
"Un de plus pour dîner, alors ?" demanda-t-il.
"J'espère que ça n'est pas un problème. Harry parlait depuis sa position sur le sol.
"Pas du tout", répliqua Tom. "Je répliquais le dîner de toute façon. Juste regarder mes fiches pour décider de ce que j'allais faire."
Harry étouffa un rire, Tom ne changerait jamais. Il n'était même pas sur de l'avoir déjà vu vraiment cuisiner. Un pleur émanant de Miral ramena son attention sur la fillette. Il commença à faire voler le Warbird au-dessus et autour de sa tête. Ses petites mains essayant de l'attraper à chaque fois qu'il passait assez près. De petits rires s'échappaient de ses lèvres et la faisaient légèrement trembler. Ni Miral ni Harry n'avaient remarqué que Tom et B'Elanna les avaient laissés.
 
*****
 
Le ciel était couvert et le crachin incessant ajoutait un plus à l'atmosphère grisée. Catherine approchait des chutes du Lac George. L'atmosphère convenait très bien à son humeur. Le sommeil n'avait pas été facile à trouver la nuit dernière et elle n'était pas vraiment sure que le sommeil qu'elle avait réussi à obtenir était mieux que d'être ici. Il était vrai qu'elle se réveillait rarement avec le sentiment d'être parfaitement reposée, mais ce matin avait été pire encore. Elle espérait que l'air frais, peu importe combien il était froid, l'aiderait à se revivifier. Peut-être ses pensées pourraient-elles se clarifier.
La visite du Voyager de la veille avait remémoré de nombreux souvenirs. Aussi bien les bons que les mauvais, mais tous du passé. Maintenant debout, regardant l'eau du lac clapoter, rentrer à la maison lui avait fait comprendre que cette partie de sa vie était terminée. Il était temps d'avancer jusqu'à son prochain défi. Si seulement elle savait ce que c'était. Starfleet, comme ça lui avait été prouvé la nuit dernière, n'était pas des plus communicatifs quant à sa prochaine affectation. Elle espérait que c'était parce que quelque chose d'excitant avait été planifié, quelque chose qu'ils ne pouvaient pas annoncer trop tôt au cas où quelque chose serait dévoilé, ne leur laissant plus rien à apprendre aux gens. C'était ce qu'elle espérait. Ce qu'elle suspectait plus était que Starfleet n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient faire avec d'elle. Ils avaient rendu aussi évident que possible le fait qu'elle ne commanderait plus jamais un vaisseau. Quoi d'autre pouvaient-ils faire avec quelqu'un qui avait son expérience ? Oui, elle connaissait les sciences, assez pour lui permettre de passer sa vie à bord d'un vaisseau dans tous les cas. Mais elle n'avait pas eu l'opportunité de remercier les deux demandes de commandement pour continuer les dernières recherches et résultats à cause du manque de données dû à leur position géographique. Retourner dans le monde scientifique, que le commandement avait évincé, serait bien plus difficile que les gens ne le pensaient. Elle avait fait du bon travail avec les connaissances acquises, c'était tout.
Commander était l'affectation évidente pour elle.
Un vaisseau était l'endroit évident pour elle.
C'était là qu'elle voulait être.
Ses pensées furent interrompues quand elle pensa avoir entendu un chien aboyer. Autant qu'elle se souvenait, elle n'avait vu personne durant sa promenade autour du lac. Elle était curieuse de voir si elle était toujours seule. Regardant dans toutes les directions, elle ne pouvait voir rien d'autre que les espaces ouverts et les ombres des bâtiments, l'endroit était désert, les gens préférant la chaleur et le confort des espaces intérieurs. L'homme attachant un petit chiot à un arbre était caché de sa ligne de vue par un large buisson et une épaisse couche de crachin. Elle décida qu'elle avait dû imaginer l'aboiement, de son point de vue, il n'y avait aucun animal qui aurait pu produire ce son. Molly avait occupé beaucoup de place dans son esprit dernièrement, peut-être était-ce juste son imagination qui lui jouait des tours.
Molly, maintenant c'était un sujet douloureux. Catherine s'était quelque peu attendue à ce que son compagnon de longue date ne meure avant qu'elle ne revienne sur Terre et dans l'Indiana, mais pour sa surprise et son bonheur, sa chienne était restée en vie jusqu'à ce qu'elles soient réunies. Un cruel sort du destin l'éloigna d'elle avant qu'elles puissent réellement passer du temps ensemble. Molly avait pu être vivante pour assister au retour de sa maîtresse, mais n'avait pas vécu assez longtemps pour que Catherine ait vraiment l'opportunité d'apprécier sa compagnie.
Une branche se brisa derrière elle et cette fois elle savait que ce n'était pas son imagination mais que le bruit était bien réel. Se retournant rapidement, presque trop rapidement pour maintenir son équilibre. Elle ne put cacher sa surprise de voir Chakotay se tenir là.
"Quoi..."
"Catherine." Chakotay lui tendit la main dans laquelle il tenait une rose couleur pêche.
"C'est pour quelle raison ? Vous êtes un peu en retard pour mon anniversaire." Catherine prit la rose et en sentit le parfum.
"Ce n'est pas pour votre anniversaire, je suis parfaitement conscient de sa date."
Catherine regarda encore la fleur dans ses mains avant de tourner son regard vers Chakotay.
"Alors que faîtes vous là ?"
"Je venais pour vous chercher ? Après hier, je ne pouvais pas laisser les choses telle quelle. J'ai essayé de vous trouver à votre appartement puis chez votre mère parce que je me souvenais que vous aviez mentionné que vous dîniez là-bas. Mais je n'ai obtenu aucune réponse aux deux endroits.
"Comment m'avez-vous trouvé ici ?" demanda Catherine.
"J'ai essayé à votre bureau et comme vous n'y étiez pas, ici était la seule place à laquelle j'ai pensé. Si vous n'aviez pas été ici, je n'aurais pas su où chercher après."
Catherine laissa échapper un rire. "Si vous me cherchez encore, la prochaine place où vous pouvez essayer est la maison de ma sœur en Irlande."
"J'assayerai de m'en souvenir."
Il y eut un silence, aucun d'entre eux ne savait comment amener le sujet dont eux deux voulaient discuter. Catherine continuait de tripoter la rose qu'elle tenait dans ses mains quand Chakotay rompit finalement le silence.
"Avez-vous toujours peur d'être seule avec moi ?"
"Non", répliqua rapidement Catherine pour le rassurer. "Qu'est ce qui vous fait penser ça ?"
"Vous l'étiez une fois, je le sais. J'ai entendu vos pensées, vous vous souvenez."
"Oui, mais les choses sont différentes maintenant, je n'ai plus les mêmes raisons d'avoir peur. Il n'y a plus de structure de commandement à suivre, pas de raisons de me stopper d'agir ou de me sentir comme je le veux. Mais hier, j'ai eu le sentiment que peut être vous ne partagiez pas ce sentiment. Vous vous êtes écarté."
"Dans votre bureau ? Honnêtement, je ne suis pas certain de ce qui s'est passé là-bas. Je ne voulais pas ce qui est arrivé. Je pensais juste à combien vous aviez été distante avec moi plus tôt dans la journée. Et puis quand vous avez tendu la main pour me toucher ..."
"Les éléphants dans le loin ?"
"Les éléphants semblent plutôt gros maintenant."
Catherine baissa la tête, incapable de continuer de regarder son visage, ses yeux. Quelque part, elle savait que quelque chose était sur le point de changer. Cependant, elle était en même temps incapable d'être celle qui le changerait, incapable de regarder Chakotay et faire face à ce qu'elle espérait était sur le point d'arriver.
Elle continua à regarder le sol jusqu'à ce qu'elle sente les doigts de Chakotay lever gentiment son visage pour croiser son regard de telle façon qu'elle le regarde encore une fois. Recoiffant une mèche de cheveux derrière son oreille, il approcha lentement ses lèvres des siennes et l'embrassa. Le baiser était doux, gentil, tendre, leurs bras trouvèrent leur voie autour de leur corps, resserrant la moindre distance entre eux. C'était à la fois tout et rien de ce qu'ils avaient toujours imaginé. Et c'était fini trop tôt.
Quand le baiser fut brisé, ils restèrent dans les bras l'un de l'autre, leur front restant joints. Les premiers mots furent prononcés par Catherine comme elle murmurait "Je vous aime", juste assez fort pour être entendu par-dessus le vent.
Chakotay ne répondit pas, il ne pouvait pas. Les émotions tourbillonnaient en lui, l'empêchant de dire quoi que ce soit. Il continua à serrer Catherine en même temps qu'une larme solitaire s'échappait de ses yeux.
Puis, aussi soudainement qu'il était apparu plus tôt, il s'écarta, attrapant Catherine par la main et lui disant.
"Je viens de me souvenir de quelque chose."
Intriguée, mais sans réel choix, Catherine le suivit. Ils se dirigeaient vers le grand buisson, se dit-elle. Actuellement, elle ne pouvait rien voir d'autre que l'endroit. Cependant, comme ils s'approchaient, Catherine commença à entendre les jappements d'un petit chiot. Elle se demanda si elle avait vraiment entendu un chien plus tôt quand elle pensait être seule.
Comme ils contournaient le buisson, elle vit un Jack Russel terrier attaché à l'arbre. Pendant qu'elle s'accroupissait face au chiot, Chakotay le détacha. Tenant la laisse, il s'accroupit à son tour et tendit la laisse à Catherine.
"C'est pour vous."
Catherine était submergée par les émotions et pour la seconde fois en deux jours se trouvait sans voix.
"Je, je ne..., pour moi ?" Le sourire qu'elle donna à Chakotay arriva jusqu'à ses oreilles.
Heureux par sa réaction, Chakotay sourit franchement, ses fossettes amplifiant son plaisir de la voir si heureuse.
"Elle est pour vous ? Je devais la garder un peu plus longtemps au début, mais je ne pouvais pas attendre. "
Catherine s'agenouilla en face de son nouvel animal et laissa le chien se familiariser avec elle. Regardant à nouveau Chakotay, elle demanda.
"A-t-elle un nom ?"
"Non, pas encore", répliqua-t-il. "C'est à vous de le choisir."
"Bon." Catherine parlait maintenant au chien. "Comment allons nous t'appeler ? Hein, Comment veux-tu être appelée ?"
Catherine continua à jouer avec le chiot, riant librement pour la première fois depuis des semaines, voir des mois. Ne prêtant pas attention au crachin ou à la boue, elle roula sur le sol. Elle était pratiquement aussi sale que ne l'était le chiot.
Chakotay s'appuya contre l'arbre et apprécia la vue.
 
*****
 
Le matin se levait sur Vulcain et T'Pel entendant la porte d'entrée se refermer, leva les yeux de son livre et se leva pour aller à la rencontre de son mari. Elle n'avait besoin d'aucune parole pour constater l'épuisement sur les traits de son visage. Elle l'emmena dans la cuisine et prépara un de ses thés préférés. Il fallut quelques minutes au breuvage pour s'infuser et elle examina tranquillement son comportement au delà de son épuisement. Derrière les yeux fatigués de son mari, elle pouvait voir que les événements de la journée de la veille et sa nuit de méditation lui avaient fait du bien. Elle savait que le retour à une vie normale allait prendre du temps, mais elle savait aussi que le défi élargirait ses expériences. Elle aussi apprendrait en se joignant à lui dans son périple.
Elle versa leurs thés et les apporta, emmenant Tuvok avec elle vers le canapé. Ils s'assirent et discutèrent, pendant que les premières lueurs du matin apparurent à l'horizon et qu'un nouveau jour commençait.
Bienvenue chez toi, Tuvok.
 
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Ecrit par: LauraJo
version française: Delphine
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Lin (version originale), Laurent (version française).

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