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Episode 8.12 - Chercheur d'âme
Par: Heather briles (brilesheather@home.com)

Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.


Chercheur d'âme
 

"Une enfant vole le coeur de Janeway"

Ces dernières semaines avaient été calmes, et le Capitaine Catherine Janeway était heureuse de ce repos. Cela lui donnait le temps de mettre à jour ses rapports en retard, même si cela lui donnait par la même occasion beaucoup trop de temps pour réfléchir.
"Torres à Janeway."
"Qu'y a-t-il", répondit-elle, la remerciant mentalement de cette interruption.
"J'effectuais une purge habituelle des banques de données, et je suis tombée sur un roman holographique appelé Le Londres Gothique."
B'Elanna devait vraiment s'ennuyer pour en arriver à errer dans les banques de données, pensa-t-elle. "La dernière fois qu'il a été activé, c'était il y a presque sept ans. Puisqu'il s'agit de votre programme, j'ai pensé vous demander si vous vouliez le conserver."
Sept ans, sourit Catherine. Comme le temps passe. "Continuez, mais gardez-le pour l'instant. Y a-t-il autre chose, Lieutenant ?"
"Non, Madame."
"Dans ce cas, je vous laisse retourner à votre travail."
"Oui, Capitaine. Torres, terminé."
Saisissant sa tasse de café, elle but une gorgée du liquide et se renversa dans son fauteuil. La dernière fois qu'elle avait lancé le programme, les visions d'objets et de personnages du roman avaient persisté à l'intérieur du vaisseau. Elle avait d'abord cru qu'elle était sujette au stress et à une forte anxiété, mais il s'était avéré qu'elle était la victime du jeu d'extraterrestres télépathiques. Enfin, s'ils avaient bien utilisé de la télépathie. Car elle n'avait jamais réussi à déterminer cela à coup sûr. Après cela, elle avait abandonné ce roman holographique. Après mon service, j'irais peut-être y faire un tour pour refaire une tentative, pensa-t-elle, avant de revenir à son travail.
 
***
 
La longue robe l'encombrait, mais pas trop. Il lui faudrait juste un peu de temps pour s'y réhabituer.
Accédant au programme, elle sauta au chapitre suivant, n'ayant aucune envie de rejouer la scène où Lord Burleigh lui déclarait son amour pour elle. Cela la mettait mal à l'aise, sachant ce qui s'était passé ensuite.
Une fois le programme en route, elle entra pour se retrouver dans un long vestibule. Des lampes à huile garnissaient les murs et elle avançait vers sa chambre. Juste au moment où elle allait entrer, le son familier du piano brisa le calme du silence. Ecoutant la mélodie, elle finit par reconnaître l'air de la "Sonate au clair de Lune" de Beethoven.
Elle traversa le hall vers le salon de musique en se demandant pourquoi personne ne semblait rien entendre. Une fois à la porte, elle agrippa la poignée ornée d'argent et la tourna. Alors qu'elle ouvrait, la musique s'arrêta brusquement. A l'intérieur, un grand piano à queue honorait la pièce éclairée par la Lune. Sur la gauche, trois battants de portes à la française étaient ouverts et une douce brise de nuit d'été faisait onduler les fins rideaux de soie.
Faisant un pas à l'intérieur, elle inspecta la pièce des yeux avant d'appeler. "Bonjour ? Il y a quelqu'un ?" Elle n'eut aucune réponse. Elle alla jusqu'au premier battant de porte et était en train de le fermer, quand elle aperçut un mouvement du coin de l'oeil. Tournant la tête pour mieux voir, elle vit une belle femme rousse habillée d'une longue robe tombante bleue qui se tenait derrière un voile de rideaux ondulants.
Faisant un pas vers elle, elle était sur le point de lui demander qui elle était, lorsque la femme s'évanouit dans les airs, devant ses yeux. Qui était-ce, se demandait-elle. C'est à cet instant que ses pensées furent interrompues par le son de la voix de Chakotay sur le canal de communication.
"Chakotay à Janeway."
"Oui, Commandeur ?"
"Je déteste vous déranger pendant votre temps libre, mais nous avons détecté une planète que les senseurs indiquent comme ayant pu être attaquée par les Sernaix."
"Modifiez notre trajectoire. Je serai là dès que j'aurai échangé mes vêtements pour mon uniforme."
"Compris. Chakotay, terminé."
"Ordinateur, sauvegarde la scène actuelle et quitte le programme."
"Scène sauvegardée", répliqua l'ordinateur, avant que la grille holographique ne refasse son apparition.
 
***
 
"Au rapport", dit Janeway en entrant sur la passerelle.
"Nous étions juste sur le point de sortir de vitesse de distorsion", répondit Paris.
Quand ce fut fait, une planète stérile apparut droit devant eux. "Scannez la surface, Monsieur Kim", ordonna Janeway, prenant place dans son siège aux côtés de Chakotay.
Harry se pencha sur sa console et activa les senseurs. "Aucune vie sur la surface", rapporta-t-il. "J'essaye en sous-sol..."
Janeway se retourna vers lui alors qu'il ne donnait plus aucune information, et vit son air d'étonnement. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Les senseurs sont aveuglés par une sorte de champ d'inertie à environ quarante mètres de profondeur", rapporta Harry docilement.
Janeway semblait en même temps pensive et intriguée, se demandant s'il y avait quelque chose que les Sernaix pouvaient vouloir, et si c'était le cas, ce que cela pouvait être. "Y a-t-il quelque chose qui pourrait empêcher une équipe d'exploration de se téléporter à la surface ?"
Harry utilisa les scanneurs de ciblage pour tenter une téléportation. "Oui, Madame. Le rayon est diffusé. Je ne peux pas obtenir un verrouillage sûr."
"Alors je crois que nous allons devoir prendre le Flyer. Paris, Tuvok, vous venez avec moi."
Appuyant sur son communicateur, elle poursuivit. "Janeway à Seven."
"Oui, Capitaine ?"
"Présentez-vous dans le hangar à navettes immédiatement pour une mission d'exploration."
"Bien compris."
"Commandeur, vous avez la passerelle", dit-elle, avant de sortir, suivie de près par Paris et Tuvok.
 
***
 
La descente vers la surface se passa en douceur, et Paris les posa à environ dix mètres d'une entrée de grotte. Quand ils sortirent, Paris jeta un regard aux environs, inspectant le paysage. Celui-ci était rude, stérile, avec extrêmement peu de vie végétale. S'il y avait des signes de peuplement d'une colonie ici, il ne les voyait pas.
"Avançons", dit Janeway, reportant l'attention de Tom sur le groupe. "Je veux un scan continuel pendant que nous serons dans la grotte. Quoi que ce soit qui produise ce champ d'inertie, cela pourrait être dangereux et je ne veux pas être prise au dépourvu."
"Oui, Capitaine", répondit en choeur le groupe, avant de commencer des scans avec leurs tricordeurs.
Il avait eu chaud, et Tom appréciait la douce brise qui soufflait de l'entrée de la grotte. Puis, à environ cinq mètres à l'intérieur, ils durent allumer leurs lampes de poignet afin de pouvoir continuer. Tout allait bien, du moinsen ce qui le concernait. Ce ne fut que lorsque le groupe s'arrêta et qu'il releva la tête de son tricordeur, qu'il vit une silhouette sombre dressée à moins de cinq mètres derrière eux. Pourquoi leurs tricordeurs n'avaient-ils pas détecté ses signes vitaux ?
Janeway s'avança et s'adressa à la silhouette. "Bonjour, nous ne vous voulons aucun mal. Je suis le Capitaine Catherine Janeway, et nous ne vous ferons pas de mal..." commença-t-elle, s'interrompant quand la silhouette se mit à courir vers un pan rocheux. "Attendez ! Nous voulons juste vous poser quelques questions!" réussit-elle à dire tout en scrutant l'endroit où la silhouette avait disparu derrière une arête.
Le son qu'ils entendirent immédiatement après fut celui de rochers s'effondrant, de plus en plus fort. "Courez!" ordonna Janeway. Tom se retrouva en train de courir comme un fou.
Il pouvait voir la forme familière de Tuvok courir à ses côtés tandis qu'il suivait Janeway. Seven se trouvait derrière eux, ou du moins le pensait-il. Il était difficile d'entendre les pas de la jeune femme avec le brouhaha de l'éboulement.
Quand Janeway s'arrêta finalement, Paris et Tuvok en firent autant. Ils restèrent immobiles un moment, reprenant leur souffle.
"Où est Seven ?" demanda soudainement Janeway en notant son absence.
"Je pensais qu'elle était derrière moi", répliqua Tom, se retournant pour regarder derrière vers le tunnel.
"Seven!" appela Janeway, éclairant de sa lampe le sol tout en redescendant le long du tunnel. Paris et Tuvok la suivirent, fouillant le tunnel, appelant et balayant les rochers de leurs lampes tout en avançant.
"Capitaine!" appela Tuvok en se mettant à genoux. Janeway et Paris le rejoignirent et virent le corps svelte aux cheveux blonds dépasser de l'amas de rochers. Tuvok cherchait son pouls. "Elle est vivante", confirma-t-il. "Monsieur Paris, aidez-moi, s'il vous plaît."
Tom s'approcha pour l'aider à sortir Seven de là tandis que Janeway les éclairait avec sa lampe afin qu'ils puissent voir ce qu'ils faisaient. Ils travaillèrent avec précaution, essayant de ne pas la bouger plus que nécessaire, au cas où cela aggraverait les choses. Quand ils l'eurent finalement extraite de sous les rochers, Tom reconfigura son tricordeur pour scanner les blessures. Outre les coupures mineures et les ecchymoses, elle avait une large entaille sur le front, mais il y avait plus grave. "Elle a une fracture du crâne", rapporta-t-il en fronçant les sourcils. "Nous allons devoir la ramener à bord du Voyager."
Ils savaient qu'ils ne pourraient pas remonter par le chemin utilisé à l'aller. Des tonnes de roches bloquaient l'entrée, ils devaient donc trouver un autre chemin, et Janeway espérait seulement que Seven survivrait jusque-là.
Prudemment, Tuvok souleva Seven et la porta, suivant Paris et Janeway, tandis qu'ils cherchaient un autre moyen de sortir de là.
Des heures semblèrent s'écouler, et quel que soit le nombre de détours effectués et les tunnels empruntés, ils n'avaient pas fait de progrès visible. Tuvok nota comme Janeway était anxieuse, de même que Paris, et bien qu'il soit Vulcain, il comprenait ce qu'ils ressentaient. Seven était un membre de leur famille, et au cours des années, en était devenue un membre vital.
Il y avait de la lumière, là, au détour d'un tunnel. Les tricordeurs étaient inutiles depuis un certain temps, incapable de fonctionner plus ils semblaient se rapprocher de l'endroit où était généré le champ inertiel. La lumière devint plus brillante, suggérant que quelqu'un était en train d'approcher.
Paris et Janeway dégainèrent leurs phaseurs, les pointant vers le tunnel. Ils n'étaient sûrs de rien, mais s'il s'agissait d'un autre être sombre, voir leurs armes le ferait peut-être réfléchir à deux fois avant de fuir et de provoquer plus de mal. Il n'y avait pas de pans de rochers, cette fois, ils n'auraient pas à se soucier d'un autre éboulement.
Quand l'être s'avança dans la lumière, ils virent que ce n'était pas le même homme qu'ils avaient rencontré. En fait, il semblait même être d'une autre espèce. Il avait la peau argentée, les yeux dorés et les cheveux cuivrés. Pourtant, il n'était pas question de prendre un quelconque risque.
"N'approchez pas plus", dit Janeway, le faisant s'immobiliser. "Nous ne vous voulons pas de mal, nous cherchons seulement un moyen de sortir d'ici."
"Qui êtes-vous ?" demanda-t-il, incapable de les distinguer correctement derrière la lumière de leurs lampes de poignet.
"Mon nom est Catherine Janeway. Nous sommes venus enquêter sur la récente attaque qu'a connue votre monde."
"Les Sernaix ?" demanda-t-il.
"Vous les connaissez ?" demanda Catherine, essayant de collecter plus d'informations.
"Oui, ils nous attaquent depuis des siècles", répliqua l'homme. "Etes-vous leurs amis ou leurs ennemis ?"
"Ni l'un ni l'autre, mais nous aimerions bien faire la paix avec eux."
Il était clair, du moins à ses yeux, qu'ils ne les connaissaient pas suffisamment. "Les Sernaix ne font pas la paix, ils ne font que la perturber."
J'ai l'impression que vous en savez pas mal sur eux."
"J'en sais assez", répliqua-t-il. "Je serai heureux de continuer cette conversation si vous vouliez baisser vos armes et enlever vos lumières de mes yeux."
"D'accord", dit-elle. Elle joignit le geste à la parole, puis indiqua aux autres d'en faire autant. Quand ses yeux se furent habitués, il les regarda un par un et souffla d'incrédulité.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"S'il vous plait", dit-il, les sens en alerte. "Suivez-moi. Je vous emmènerai voir Roush, l'Aîné. Il répondra à toutes vos questions."
Janeway se retourna vers Paris, puis vers Tuvok. Si cela ne leur donnait pas leurs réponses, au moins pourraient-ils soigner Seven. Et ils étaient toujours perdus. Ils n'avaient rien à perdre à le suivre. "Montrez-nous le chemin."
Il acquiesça révérencieusement puis se retourna. Tuvok trouvait son comportement des plus étranges, mais ne le percevait plus désormais comme une menace. Bizarrement, il ne comprenait pas, mais il ressentait que l'homme voulait vraiment les aider. Comment le pourrait-il, sachant qu'ils étaient des étrangers ?
S'approchant de ce qui ressemblait à première vue à un simple mur de roche, l'homme leva le bras et fit un large geste devant lui, comme s'il faisait quelque tour de magie. Le mur disparut, révélant une cité prospère.
Quand ils entrèrent, une personne s'arrêta au milieu de sa phrase et les dévisagea. Puis un autre fit de même, puis un autre encore. Bientôt, il régna un lourd silence et tous avaient les yeux fixés sur eux. Cela rendit Janeway et Paris mal à l'aise. Puis il y eut un mouvement, alors que quelqu'un se faufilait dans leur direction. Une jeune fille émergea, tenant ce qui ressemblait à une rose blanche, et se dirigea vers eux.
Paris trouvait tout cela étrangement familier, mais ce ne fut que quand la jeune fille offrit la fleur au Capitaine Janeway qu'il commença à se souvenir. Il avait déjà vu cela dans un rêve. Pourquoi et comment, ça il ne le savait pas.
Janeway sourit tout en prenant la fleur. Avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit, un homme habillé d'une longue robe rouge s'approcha. "Les anciens sont revenus vers nous", dit-il, penchant la tête.
Janeway, Paris et Tuvok étaient éberlués.
"J'ai peur que vous nous ayez confondus avec quelqu'un d'autre. Nous ne sommes jamais venu sur votre monde auparavant", expliqua Janeway.
L'homme agit comme si elle n'avait rien dit. "Votre compagnon a été blessée. Veuillez me suivre afin qu'elle puisse être soignée." Il se tourna et ils le suivirent, faute de savoir quoi faire d'autre.
Entrant dans une petite habitation, il leur demanda de déposer Seven sur le lit. Tuvok regarda Janeway, et elle acquiesça. Avec précaution, il la déposa dessus.
Touchant la région autour de l'entaille sur sa tête avec ses doigts, l'homme ferma les yeux et se concentra. L'équipe d'exploration observa incrédule l'entaille de Seven se refermer, se soignant toute seule devant leurs yeux. Ils étaient abasourdis, pour le moins qu'on puisse dire. Tous sauf Tuvok, qui était quand-même fasciné par ce qui se passait. Son esprit était déjà en train d'élaborer des théories et des explications.
"Votre compagnon va s'en remettre", dit l'homme, l'air passablement épuisé. "Elle restera endormie quelques temps. Je suggère que vous la laissiez se reposer."
"Merci", répondit Janeway, faisant sourire leur hôte qui courba la tête.
Puis il continua. "Vous devez avoir faim et soif, suivez-moi je vous prie." Ils le suivirent dans la pièce voisine, où des aliments et des boissons avaient déjà été préparés sur la table. "S'il vous plait, asseyez-vous", dit-il, montrant quelques chaises. Ils s'assirent.
Paris scanna d'abord la nourriture et les boissons, déterminant s'il était sûr de pouvoir les absorber. Janeway le regardait faire, attendant sa réponse. Paris releva la tête et la rassura d'un sourire.
"Bien sûr que c'est sans danger", répliqua Roush. "Nous n'oserions même pas penser à faire du mal à nos protecteurs."
"Nous ne voulions rien suggérer de la sorte, mais ce qui est sans danger pour vous pourrait l'être pour nous. Puisque nous sommes visiblement de deux espèces différentes, il pourrait y avoir des acides aminés ou des protéines que nos organismes pourraient ne pas ingérer." Il acquiesça, semblant comprendre. "Vous avez dit plus tôt que vous nous connaissiez ?" poursuivit-elle, espérant avoir plus d'explications.
Il hocha la tête. "Oui, d'autres gens de votre espèce sont venus sur notre monde il y a cent mille ans pour nous protéger des Sernaix. Si vous n'aviez pas été là, nous, les Newmaris serions morts à l'heure qu'il est."
"Je ne veux pas que vous pensiez que je doute de votre parole, mais nous avons une règle appelée la Première Directive. Elle nous empêche d'interférer dans le développement naturel de toute civilisation étrangère. Je trouve donc peu probable que moi ou mon peuple vous ayons aidés, surtout en sachant qu'il y a seulement quelques siècles, nous ne possédions pas notre niveau actuel de technologie. Nous étions limités à notre propre monde comme vous l'êtes actuellement. En ce temps-là, la pensée qu'un jour mon peuple s'aventurerait dans l'espace n'était pas, disons, très sérieuse."
"Nous avons des archives, des textes anciens qui ont été gardés et préservés pendant des siècles, qui documentent votre arrivée sur notre monde. Personne à part les Aînés n'a accès à ces enregistrements. Je peux vous emmener jusqu'à notre bibliothèque, pour vous montrer ces textes. Cela vous prouvera que je dis la vérité."
"Pourriez-vous nous laisser un moment ?" demanda Janeway.
"Bien sûr", répondit-il. "Je vais attendre dehors."
"Merci", dit-elle, puis l'homme se leva et quitta la pièce.
"Qu'en pensez-vous ?" demanda-t-elle, se tournant vers son chef de la sécurité.
"Pour le moment", commença Tuvok, "je n'ai vu aucune indication qu'il essaye de nous duper. De plus, je crois qu'il serait sage d'accepter son offre. A défaut d'autre chose, cela pourrait nous fournir quelques renseignements sur qui était cette race, et même s'il ne pourrait pas s'agir de la nôtre."
"Etes-vous en train de dire que vous pensez qu'il ait pu s'agir de nous ?" demanda Paris.
"Il est possible que nous soyons retournés dans le passé pour protéger ces gens. Pour le moment, la raison d'une telle action n'est pas claire. Ces archives apporteront peut-être les réponses que nous cherchons."
"Je suis d'accord", répliqua Janeway. "Tom, je veux que vous restiez avec Seven pour surveiller son état. Tuvok, voyez si vous pouvez trouver un autre chemin pour ressortir d'ici. Pendant ce temps, je vais accepter l'offre de Roush et aller avec lui lire ces textes."
Tom et Tuvok hochèrent tous les deux la tête en signe d'acquiescement. Pour la première fois depuis longtemps, Catherine avait la sensation d'avancer sur une véritable piste.
 
***
 
La bibliothèque était très grande, beaucoup plus que Janeway ne l'avait cru. "Par ici", dit Roush. Ils le suivirent. Traversant la pièce taillée dans la roche, il la conduisit jusqu'à une porte couverte d'écritures qu'elle ne comprenait pas. Derrière s'ouvrait un tunnel faiblement éclairé. "Faites attention", la mit-il en garde tout en allumant la lumière. "Nous avons découvert les textes il y a trente mille ans. Le tunnel avait été scellé à cette époque afin de protéger ces documents des Ree'na."
"Qui sont les Ree'na ?" demanda Janeway.
"C'est une race alliée des Sernaix. Nous croyons qu'ils ont été amenés ici pour nous détruire, mais ils ont échoué, visiblement. Le champ d'inertie et la technologie de camouflage les empêchent de nous trouver."
Janeway hocha la tête. "A quoi ressemblent ces gens ?"
"Peau noire, cheveux gris, et des yeux blancs. Vraiment hideux."
"Avant de vous trouvons, mes..." Elle hésita, cherchant ses mots. "Mes compagnons et moi avons rencontré un individu dans les tunnels qui ressemblait à cette description."
"C'est lui qui a été responsable des blessures de votre compagnon ?"
Elle ne voulait pas rajouter à la haine déjà forte ressentie pour ces gens. "Pas directement."
"C'est comme cela qu'ils se battent, en faisant passer leurs attaques pour des accidents. Ils sont tortueux et vous avez eu de la chance qu'aucun de vous n'ait été tué."
"Oui, je suppose", répondit-elle, le laissant à ses pensées.
Le tunnel, après quelques mètres, s'ouvrait sur une caverne. Au centre se trouvait une grande table de pierre avec des bancs de part et d'autre. Derrière, des étagères étaient taillées à même la roche, et des livres soigneusement reliés y reposaient.
En avançant dans la pièce, Janeway s'émerveillait des fresques, peintes le long des murs, qui racontaient une histoire. Elles semblaient extrêmement anciennes, mais avaient visiblement subi plusieurs restaurations. Le premier panneau représentait un vaisseau qu'elle reconnaissait comme étant Sernaix. Le travail d'artiste était incroyablement détaillé et laissa Janeway dans l'expectative. Le vaisseau était sur ce qui semblait être la surface d'une planète.
Le suivant montrait un Newmari guérissant un Sernaix blessé. En avançant, le panneau suivant montrait plusieurs Newmaris esclaves du Sernaix. Un groupe d'individus attachés ensemble par ce qui pouvait être des chaînes, bien que cela pût être une interprétation de l'artiste. Dans le panneau suivant, des Sernaix étaient montrés essayant de forcer les esclaves Newmaris à soigner leurs blessés. Mais au lieu de cela, ils faisaient le contraire, et les Sernaix étaient dessinés dans des attitudes de douleurs. Le suivant montrait les prisonniers se faire massacrer.
Continuant son parcours, Catherine regarda le panneau suivant qui mettait en scène le vaisseau Sernaix faisant feu sur la surface, planant au-dessus d'une cité tandis que les Newmaris s'enfuyaient dans les cavernes pour s'échapper. Le suivant montrait les Sernaix partir alors qu'un autre vaisseau qu'elle ne reconnaissait pas se posait sur la surface.
Le dernier panneau représentait un Newmari debout devant un groupe de gens qui ressemblait étonnamment à des humains, mis à part par leurs vêtements, sans mentionner leur vaisseau qui ne ressemblait à rien de que l'espèce humaine avait jamais construit à sa connaissance, le conduisant à la conclusion que, qui que soient ces gens, ils n'étaient pas humains.
"Catherine Janeway", dit l'homme, reportant son attention sur lui.
Elle se tourna pour le voir poser plusieurs livres sur la table en pierre. "Catherine suffira."
Il hocha la tête, puis indiqua les livres, en ouvrant eux. "Ces textes prouveront que votre peuple a visité notre monde."
"Ces fresques", dit-elle, marchant pour le rejoindre, "racontent une histoire différente."
"Que voulez-vous dire ?"
"Ces fresques sont très détaillées, et en dépit du fait que nous semblons extrêmement semblables aux gens qui y sont dessinés, mon peuple ne possède pas de vaisseaux qui ressemblent de près ou de loin à ceux-ci, ni d'habits qui ressemblent à ceux qu'ils portent."
"Peut-être que la lecture des textes anciens vous convaincra."
"Je ne sais pas lire votre langue."
Il sourit. "Je suis conscient de cela. Venez, asseyez-vous." Elle obéit, puis se pencha sur la page ouverte devant elle, pensant qu'il allait traduire. Puis elle sentit sa main se poser au milieu de son dos. Elle se retourna vers lui. "Tout va bien, Catherine, je vais vous faire un don, n'ayez pas peur."
Elle n'avait pas peur, elle avait juste tressailli au contact inattendu. "Quel don ?"
"Nous avons la capacité de transmettre le savoir. Puisque vous êtes d'une espèce différente, les connaissances seront temporaires. Je n'oserais pas vous faire de mal, ni à aucun d'entre vous. S'il vous plaît." Elle finit par hocher la tête et sourire. "Regardez le texte, je vous prie." Se retournant, elle regarda, et sentit à nouveau sa main dans son dos.
"Que suis-je supposée regarder ?"
"Vous allez le savoir bientôt", répondit-il. Puis, fermant les yeux, il se concentra.
Elle commença à sentir son dos chauffer, puis la chaleur se diffusa à l'intérieur. Juste au moment où elle allait regarder ailleurs, elle eut l'impression qu'un brouillard épais se dissipait de son cerveau, et le texte extraterrestre auparavant indéchiffrable devint parfaitement compréhensible. "C'est incroyable", dit-elle abasourdie. "Je peux le lire."
Quelques secondes plus tard, il retira sa main. "Bien." Puis il fit le tour de la table et s'assit sur le banc en face d'elle.
"Combien de temps cela durera-t-il ?" demanda-t-elle, relevant la tête vers lui.
"Quelques heures, peut-être moins", répliqua-t-il.
Se penchant à nouveau sur le livre, elle commença à lire, ne voulant perdre aucun instant de cette opportunité. Il resta assis en silence, la regardant simplement. Vingt minutes passèrent comme cela, Catherine étudiant minutieusement les livres pendant qu'il se contentait de rester là, à attendre. Puis un autre homme entra dans la caverne.
"Pardonnez mon intrusion", dit-il.
"Qu'y a-t-il, Ladon", demanda Roush.
"Une de nos patrouilles a capturé un Ree'na."
Se retournant pour regarder Janeway, Roush s'excusa. "Si vous voulez bien m'excuser." Il se leva et se dirigea vers la sortie.
Curieuse, elle se leva et le suivit. Ce qu'elle avait lu l'avait convaincue qu'il ne pouvait s'agir ni de son espèce ni d'un de leurs vaisseaux. Il y avait simplement trop d'inconsistances.
Comme ils approchaient de la porte, elle pouvait entendre le bruit de gens en train de scander. "Attachez-le ! Attachez-le !" Les mots firent écho, encore et encore, résonnant contre les murs, transformés en une sinistre et horrible litanie.
Une fois revenue sur la place centrale, elle vit deux Newmaris qui attachaient un homme ressemblant à la silhouette sombre qu'elle avait vue plus tôt. Elle n'était pas la seule personne dérangée par cette série d'événements. Elle pouvait voir cela sur le visage de Paris quand il approcha.
L'un des Newmaris sortit alors un fouet à impulsions.
"Ils vont le battre", dit Tom, horrifié. "Allez-vous rester là et les laisser faire ?"
"Certainement pas", répliqua-t-elle, essayant de ne pas penser à la Première Directive. Elle fit un pas en avant. "Roush ? Pourquoi permettez-vous à votre peuple de battre cet homme ?"
"Il est l'un de ceux nombreux qui, je crois, sont responsables de la dernière attaque. Si nous le laissons partir, il essayera simplement de trouver un moyen de recommencer."
Puisqu'il refusait de croire qu'elle n'était pas de la même race que celle qu'ils avaient rencontrée, il y a cent mille ans, elle décida d'utiliser ce fait à son avantage. "Je veux que vous arrêtiez cela et que vous nous le remettiez. Nous déterminerons s'il est véritablement responsable." Il ne répondit pas, se contentant de la dévisager comme s'il envisageait de passer outre sa demande. "Maintenant", dit-elle, le ton de sa voix laissant indiquer qu'elle était sérieuse au plus haut point.
Il n'aima pas cela, elle aurait pu le jurer, mais il obéit. "Relachez-le", dit-it. Sans question, ils firent ce qu'il demandait.
Tuvok, qu'elle n'avait pas vu jusqu'à présent, s'avança avec Paris pour aider l'homme à se remettre sur ses pieds et l'emmener dans la maison où Seven venait juste de se réveiller et de se lever, laissant la place à l'homme.
"Capitaine", commença à dire Tuvok, en s'approchant d'elle. Sa voix était basse tandis qu'il faisait son rapport. "J'ai trouvé une autre sortie."
"Bien." Elle jeta un oeil à Tom qui tentait vainement de scanner l'homme sombre. "Est-il gravement blessé ?"
"Je ne suis pas sûr. Nous devrons attendre d'être à bord du Voyager."
Roush s'avança dans la pièce, et Janeway le regarda. "Nous allons retourner à notre vaisseau. Je reviendrai une fois que j'aurai fini de le questionner."
Il hocha la tête.
Le voyage de retour jusqu'au Flyer ne parut pas long, tout en l'étant quand même. Une fois qu'ils eurent rebranché les systèmes, il ne se passa pas plus de quelques minutes avant qu'ils entendent la voix de Paris dans leurs communicateurs. "Capitaine, je pense que vous feriez mieux de venir par ici."
"Tuvok, continuez", dit-elle en se levant pour se diriger vers la section arrière."
"Bien, Capitaine."
Une fois là-bas, elle comprit en quoi consistait l'appel sans avoir à demander plus d'explication. Une petite fille se trouvait là, la même qui lui avait donné la rose.
"Qu'est-ce que vous voulez faire ?" demanda-t-il.
"La garder avec nous pour le moment. Si nous retournons à la surface, cet homme a toutes les chances de mourir." La petite fille semblait effrayée par l'homme sombre inconscient pour le moment. "Faites ce que vous pouvez pour la tenir occupée pendant notre retour jusqu'au Voyager."
Il acquiesça. Alors, juste quand elle allait quitter la section, l'enfant courut jusqu'à elle et s'agrippa à son bras.
"Etes-vous une Aînée ?" demanda-t-elle.
"En une certaine manière", répondit Janeway en se tournant pour lui faire face.
"S'il vous plaît, ne me laissez pas toute seule avec lui", dit-elle, la peur lui serrant la voix.
"Tu ne seras pas seule. Le Lieutenant Paris va rester ici avec toi."
"Non, s'il vous plaît. Laissez-moi venir avec vous", supplia-t-elle.
Elle détestait cela, mais elle accepta, la ramenant avec elle dans la section avant. Quand ils arrivèrent au point de rendez-vous avec le Voyager, elle avait déjà informé le Docteur qu'il avait un patient, puis ils téléportèrent l'homme sombre directement à l'infirmerie. Appuyant sur son communicateur, elle appela. "Janeway à passerelle."
"Ici Chakotay, Capitaine."
"Je veux que vous essayiez de contacter la surface pour les avertir que nous avons avec nous une petite fille qui s'est cachée dans le Flyer."
"Capitaine ?"
"Je vous expliquerai plus tard. Si vous avez besoin de moi, je serai dans mes quartiers."
"Bien compris."
 
***
 
En entrant dans ses quartiers, l'enfant avança prudemment. En chemin, Catherine avait appris que son nom était Ellone, mais très peu d'autre information avait filtré.
"Prends un siège", dit-elle, avant de demander "As-tu faim ? Soif ?" La jeune fille secoua la tête tout en allant s'asseoir sur le sofa. Catherine s'assit sur le siège en face d'elle. "Je n'ai pas pu m'empêcher de voir que tu étais effrayée par l'homme que nous avons ramené avec nous. Pourquoi ?"
"Ils sont amis avec les Sernaix et ils veulent nous faire du mal. On m'a dit de rester loin d'eux."
"Qui t'a dit cela ?"
"Les Aînés, et ma mère."
"Si ces gens veulent te faire du mal, pourquoi as-tu risqué ta sécurité pour te cacher à bord de notre navette ?"
La petite fille sourit, c'était le premier sourire sincère depuis qu'elle lui avait donné la rose. "Je savais que vous me protégeriez, comme vous êtes venue nous protéger, il y a de nombreuses années. Surtout maintenant que mes parents sont morts."
"Je suis désolée d'entendre cela", répondit Janeway, sincère. Même si elle n'avait perdu son père qu'à l'âge adulte, cela lui faisait tout de même très mal, et elle ressentait un élan de sympathie et de compréhension envers cette petite fille.
"Je n'ai jamais connu mon père, il est mort quand j'étais un bébé. Et ma mère..." Sa voix se perdit, ses yeux pleins de larmes. Janeway s'installa sur le sofa, prenant Ellone dans ses bras. "C'était pendant la dernière attaque. J'ai essayé de l'aider, mais je ne savais pas quoi faire. J'ai essayé !" cria-t-elle dans la poitrine de Janeway. "J'ai vraiment essayé !"
"Sshh", dit Janeway, caressant ses cheveux. "Je suis certaine que tu as fait tout ton possible." La serrant, le chagrin de la petite fille s'intensifia, et elle la consola.
Quelques minutes plus tard, la voix du Docteur sortit de son communicateur. "Docteur au Capitaine Janeway."
La jeune fille s'écarta d'elle de surprise. "Ca va. C'est juste un système de communication personnel." La jeune fille se calma un peu tandis que Janeway répondait à l'appel du Docteur. "Ici Janeway."
"J'ai fini de traiter notre invité, et comme il demandait à parler à un responsable, j'ai pensé que vous seriez la personne appropriée."
"Merci Docteur. J'arrive tout de suite."
"Vous n'allez pas me laisser là toute seule, n'est-ce pas ?" demanda Ellone, l'air inquiète.
"Non, je vais trouver quelqu'un pour te garder un moment jusqu'à ce que j'aie fini. Il y a une femme à bord qui a une petite fille à peu près de ton âge. Je suis sûre qu'elle aimerait te connaître." Elle pouvait voir que l'idée ne lui plaisait pas. "Je viendrai te chercher dès que j'aurai fini, d'accord ?"
La petite fille finit par acquiescer.
 
***
 
En entrant dans l'infirmerie, Janeway vit l'homme sombre qu'ils avaient ramené la regarder elle et le Docteur à tour de rôle, avec incertitude. "Si vous avez l'intention de me tuer, alors finissez-en maintenant."
"Personne ne vous fera de mal", répliqua-t-elle, s'avançant pour le saluer.
"Pourquoi ? N'êtes-vous pas de la race de ceux qui ont protégé les Newmaris ?"
"C'est ce qu'on a beaucoup voulu nous faire croire, ces derniers temps", répondit-elle, essayant de faire de l'humour pour relâcher la tension. Cela ne fonctionnait pas. "Ils nous ont confondus avec quelqu'un d'autre."
"Puisque vous ne m'avez pas tué, peut-être ne l'êtes-vous pas."
"Quel est votre nom ?" demanda-t-elle, essayant de maintenir la conversation.
"Teno."
"Catherine Janeway", offrit-elle en retour. "Les Newmaris racontent que votre peuple est de mèche avec les Sernaix."
"Je suis sûr qu'ils se sont convaincus de cela avec le temps."
"Si vous n'êtes pas ici à cause d'eux, alors que fait votre peuple sur cette planète ?"
"C'est la nôtre." Janeway fronça les sourcils, le faisant douter du fait qu'elle le croyait. "Nous avons vécu ici pendant des siècles, cohabitant avec les Newmaris. Il fut un temps, avant l'arrivée des Sernaix, où nous vivions sous terre et eux à la surface. Quand les Sernaix sont venus, ils les ont forcés à se réfugier sous la surface. Dans leur quête pour leur survie, ils ont sacrifié la nôtre. Nous n'étions pas aussi nombreux qu'eux, alors il leur a été facile de nous massacrer, enfin la plupart d'entre nous. Nous n'avons pas eu d'autre choix que de nous enfuir vers d'autres endroits pour éviter l'extinction."
"Pourquoi voudraient-ils faire une chose pareille ?" demanda-t-elle, épouvantée.
"Les Sernaix ont cru qu'ils pourraient contrôler les Newmaris et utiliser leur don comme un outil. Pour les soigner. Mais ils n'ont pas pu, découvrant que ces derniers pouvaient l'utiliser pour tuer. Les Sernaix ont vu le potentiel, mais ne pouvaient se permettre que quelqu'un réussisse avec les Newmaris là où ils avaient échoué, alors ils ont cherché à les détruire. Ils y seraient parvenus si vous..." Il s'interrompit avant de se reprendre, "si la race qui vous ressemble n'était pas intervenue pour les arrêter."
"Est-ce que cette race connaissait votre existence ?"
"Non, les Newmaris se sont assurés du contraire. S'ils avaient su ? Et bien, je ne sais pas ce qui serait arrivé. Mais depuis, au lieu de prendre des risques, chaque Newmari né après leur venue à été éduqué pour avoir peur de nous. Ils ont eu honte de ce qu'ils avaient fait, et ont fait tout ce qu'ils ont pu pour cacher ce secret."
"Que savez-vous au juste de cette race qui est venue à leur aide ?"
"Seulement ce que je viens de vous raconter. S'il existe quelqu'un qui en sait plus, cela ne peut être qu'un Newmari."
"Ils racontent qu'ils ne savent pas qui étaient ces gens."
Après plusieurs secondes, Janeway gardait le silence, et l'homme lui posa une question. "Qu'avez-vous l'intention de faire de moi ?"
"Vous ramener à votre peuple. Je ne vous livrerai pas aux Newmaris." Il sembla quelque peu soulagé, mais pas entièrement. "Jusqu'à ce que nous soyons prêt à redescendre, il faudra que vous restiez à bord." Il hocha la tête, puis Janeway le quitta.
Dans le couloir, la voix de Chakotay sortit de son communicateur. "Chakotay à Janeway."
"J'écoute."
"J'ai fini par réussir à contacter la surface et les mettre au courant pour la jeune fille. Ils veulent savoir quand vous avez l'intention de la ramener."
"Dites-leur que nous serons de retour dans la matinée."
"Bien, Capitaine. Chakotay, terminé."
 
***
 
Quand Samantha Wildman ouvrit la porte, elle ne s'attendait pas à voir Catherine Janeway devant sa porte.
"Qu'y a-t-il, Enseigne ? Vous avez l'air surprise."
"Je pensais que vous me contacteriez afin qu'Ellone soit prête quand vous viendriez la chercher. Entrez, je vous prie."
Janeway lui répondit d'un sourire, qui lui fut rendu tandis qu'elle entrait à l'intérieur. "Où est-elle ?"
"Dans la chambre de Naomi, en train de faire une partie de kadis-kot."
Janeway parla doucement et essaya d'éviter de se tenir en vue de la chambre de Naomi. "Vous a-t-elle causé quelque ennui ?"
"Non, Madame. Elle a été un peu taciturne au début, mais il n'a pas fallu longtemps à Naomi pour la sortir de cet état."
Le sourire de Janeway s'élargit. "Elle a un don pour ce genre de chose." Se souvenant de la question qu'elle avait à propos de l'animal de compagnie, elle ajouta "Comment Ellone a-t-elle réagi face à Ratty ?"
Samantha prit une expression plutôt amusée. "J'aurais aimé que vous voyiez cela, Capitaine!"
Elle était désormais intriguée. "Que s'est-il passé ?"
"Je croyais qu'elle serait dégoûtée par Ratty, mais ça a été tout le contraire. Elle était littéralement fascinée par lui. Et il semblait tout autant fasciné par elle. C'était comme s'ils arrivaient à communiquer, pas avec des mots, mais par les plus basiques des émotions. Naomi et moi étions complètement captivées, et elle a continué de me regarder comme pour s'assurer que nous avions toutes les deux bien observé la même chose."
"Je suis désolée d'avoir loupé cela", dit Janeway, sincère.
"Capitaine", dit Naomi en sortant de sa chambre, suivie de près par Ellone. "Ellone avait cru entendre le son de votre voix, et j'ai l'impression qu'elle avait raison." Elle semblait aussi un petit peu déçue, espérant qu'Ellone serait restée un peu plus longtemps.
Profitant de l'occasion, Samantha intervint. "Si tu veux, tu peux rester ici pour la nuit avec Naomi, je suis sûre qu'elle aimerait que tu restes un peu plus longtemps", offrit-elle, avant de regarder Janeway, avec un sourire qui voulait dire que c'était une bonne idée. Ellone, d'un autre côté, n'était pas d'accord. Sans vouloir la mettre mal à l'aise, elle continua. "Peut-être une autre fois. Est-ce que ça t'ira ?" La petite fille acquiesça, l'air rassuré.
"Merci à vous deux pour avoir pris soin d'elle", déclara Janeway avec le sourire et un signe de tête, signifiant à Samantha comme elle appréciait la tentative.
Se tournant pour faire face à Naomi, Ellone mit doucement ses doigts sur son front avant de toucher le front de Naomi. "Bon voyage."
Naomi imita son geste. "Bon voyage."
Avec un sourire, Ellone s'approcha de Janeway et partit avec elle en direction de ses quartiers.
 
***
 
Après avoir dîné, Janeway aménagea le sofa en lit pour Ellone. Avant de se retirer dans ses quartiers pour se changer, elle se rappela. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis dans l'autre pièce."
Une fois en chemise de nuit, Janeway se glissa dans ses draps, reposant son bras gauche sur sa tête sur l'oreiller et laissant l'autre sur son estomac, au-dessus de la couverture. Laissant s'échapper un soupir de fatigue, elle leva la tête pour regarder les étoiles à travers la baie incurvée au-dessus de son lit. Elle avait espéré, surtout après avoir aperçu la Terre pendant ses brefs et euphorisants moments, qu'il s'agirait des étoiles qui brillaient dans le ciel de son enfance dans l'Indiana, et pas celles non familières qu'elle étaient en train de contempler.
Il y avait des moments où elle se demandait pourquoi elle continuait d'essayer d'atteindre cet endroit familier quand le destin semblait vouloir qu'elle ne rentre jamais là-bas. Peut-être était-elle maudite et devrait passer le restant de ses jours à rechercher la Terre. Exactement comme les gens qui avaient cherché pendant des siècles après l'insaisissable Saint Graal, mais étaient toujours revenus les mains vides. Qu'importe le nombre de tentatives, prometteuses ou non, ils échouaient. Et pourtant, ils continuaient à rechercher l'impossible.
Était-ce ce qu'elle cherchait à faire ? Rechercher l'impossible ? Elle ne savait pas où ils se trouvaient, ou encore s'ils étaient sur le bon chemin. On pouvait raisonnablement imaginer qu'ils erraient en aveugle d'étoile en étoile, de planète en planète, espérant y trouver un indice qui amènerait ce voyager à sa fin.
Un mouvement dans l'encadrement de la porte retint son attention. Elle s'assit et vit Ellone debout, sagement, comme si elle attendait. "Tu as besoin de quelque chose ? demanda Janeway, incapable de voir clairement le visage dans la pénombre.
"C'est..." Elle s'arrêta, le souffle coupé, faisant des efforts pour contenir la douleur qu'elle ressentait.
"Qu'est ce qu'il y a ? Ca ne va pas ?" demanda-t-elle, commençant à s'inquiéter.
Respirant profondément plusieurs fois pour se calmer, elle essaya à nouveau. "C'est la première nuit que je me souviens, que ma mère n'a pas été..." Et ce fut tout ce qu'elle put dire avant que sa gorge ne se serre et que les larmes ne lui viennent aux yeux.
Rejetant les draps de côté, elle traversa la pièce et s'agenouilla devant elle. Assise sur ses genoux, elle prit la petite fille épleurée dans ses bras. "N'y pense plus", dit-elle doucement, caressant ses cheveux. "Tout va bien." Toute sa douleur, ses doutes, ses sentiments partagés, tout cela semblait insignifiant comparé à cette petite fille épleurée dans ses bras. Cette enfant qui avait perdu la seule personne qui l'avait aimée et élevée durant tout ce temps, jusqu'à aujourd'hui.
Après plusieurs minutes, Ellone parla lentement contre son épaule, le souffle encore empreint de la douleur des larmes. "Je suis désolée."
"Tu n'as pas à être désolée", répondit Janeway, lui frottant doucement le dos. "Tu viens à peine de perdre ta mère, c'est tout à fait normal d'éprouver de la peine." Ellone se recula en reniflant, tandis que Janeway séchait doucement les larmes de ses joues argentées. Quand la lumière filtrant à travers les fenêtres toucha son visage, la trace humide ressembla à des joyaux étincelants, un spectacle qui l'attrista en même temps qu'il la fascina. "Je sais ce que c'est que de perdre une personne que l'on aime, autant que j'aimerais ne pas le savoir."
"Qui avez-vous perdu ?" demanda-t-elle entre deux reniflements, respirant difficilement.
"Mon père et mon fiancé. J'étais une jeune femme à cette époque."
"Comment sont-ils morts ?"
"Dans un accident de navette. C'est un type de vaisseau spatial. Nous nous sommes écrasés sur une planète. J'ai été éjectée, indemne, mais pas eux. La navette a coulé sous la banquise polaire et ils se sont noyés", répondit-elle, essayant d'énoncer simplement les faits tels quels, s'occupant en repoussant les longs cheveux de cuivre hors des yeux d'Ellone. Cela lui faisait toujours mal, et qu'importe le temps qui s'était écoulé depuis, certaines douleurs ne s'en iraient jamais, physique ou autre. Mais c'était la douleur émotionnelle qui était toujours aussi forte que le jour de l'accident. Cela, plus que tout autre chose, était ce qu'il y avait de plus présent et enraciné en elle, et le serait jusqu'à la fin de ses jours.
Ellone pouvait voir l'intensité de la tristesse à l'évocation de ces souvenirs, et en savait assez pour ne pas lui poser d'autres questions. "Ils doivent beaucoup vous manquer."
Inspirant profondément, elle saisit délicatement son bras et la regarda dans les yeux. "Chaque jour."
"Est-ce que la peine finit par s'en aller ?"
"Elle finit par diminuer, mais elle ne s'en va jamais complètement. Mais au fur et à mesure que le temps passe, cela devient plus facile à contrôler, et ils deviennent une part de toi pour toujours."
"Comme votre père et votre fiancé."
"C'est juste", répondit-elle, avant de sourire, rendant le sourire à Ellone. "Maintenant, je pense qu'il est temps pour nous deux de retourner au lit." Ellone acquiesça.
Caressant ses cheveux une dernière fois, elle se remit sur ses pieds et se dirigea vers son lit. Elle se retourna, attrapa la couverture et se glissa en dessous avant de s'apercevoir qu'Ellone n'avait pas bougé. "Y a-t-il quelque chose d'autre dont tu veuilles me parler ?"
Elle baissa la tête, les mains dans son dos, traînant un pied argenté sur le sol, le poussant devant elle. "Vous voulez bien..." commença-t-elle lentement, avant que les mots ne s'évanouissent.
"Je veux bien quoi ?" l'encouragea Catherine.
"Que je dorme avec vous cette nuit ?"
En temps normal, elle n'aurait partagé son lit avec personne, surtout pas avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas vingt-quatre heures plus tôt, mais cette situation était différente. Avec un regard bienveillant, elle accepta.
Ellone leva la tête de surprise, s'étant déjà résignée à un non. "Vraiment ?"
Janeway sourit, riant gentiment. "Oui, vraiment." Et, comme pour le prouver, elle repoussa les couvertures sur sa gauche et tapota sur le lit. "Allez, viens" l'encouragea-telle. Le visage d'Ellone s'éclaira. Voir cela lui réchauffa le coeur, mais sous cette chaleur, il y avait aussi de la tristesse.
Sautant presque à travers la pièce, la petite fille bondit pratiquement sur le lit. Janeway la couvrit avant de se rallonger. Ellone se pelotenna contre elle, et Janeway décala son bras pour qu'elle puisse mettre ses deux petits bras autour d'elle, la tête posée sur son épaule. Abaissant son bras, Janeway fit mine de la protéger, et ce geste lui sembla aussi naturel que de respirer.
"Merci de revenir nous protéger", dit Ellone après un moment de silence.
Malgré sa connaissance limitée de ce peuple, elle savait qu'il était inutile d'argumenter. Quand ils avaient quelque chose dans la tête, rien ne pouvait les faire changer d'avis.
Utilisant sa main libre, elle dégagea les cheveux de son visage et répondit. "Ferme les yeux et endors-toi." Hochant la tête contre son épaule, Ellone obéit, relâchant un soupir de soulagement.
Quand Janeway ferma les yeux, il lui fut facile d'imaginer que cette enfant était sa fille, si elle et Mark s'étaient mariés. Si elle n'avait pas erré dans le Quadrant Delta pendant sept ans, ils l'auraient été.
Il lui avait demandé de l'épouser deux semaines avant qu'elle apprenne qu'on lui donnerait les commandes du Voyager. La nuit où il lui demanda, ils avaient passé une soirée charmante dans son appartement à elle, à San Fransisco. C'était la première fois qu'ils se voyaient depuis des semaines. Si ce n'était pas elle qui était retenue dans quelque réunion ou bien qui devait passer plus de temps au bureau, c'était lui qui donnait une conférence dans quelque université ou bien était engagé dans une recherche avec le Groupe Quester qui le tenait occupé. Quand ils avaient finalement réussi à se voir, ils étaient pratiquement tombés dans les bras l'un de l'autre. Il avait été inhabituellement passionné ce soir-là, comme s'il essayait de combler tout le temps où ils s'étaient manqués. Plus tard dans la soirée, ils s'étaient endormis ensemble, gentiment, mais heureux. Elle pouvait se rappeler le regard amoureux dans ses yeux alors qu'ils étaient allongés ensemble, la sensation de son pouce lui caressant la joue. Il lui avait dit combien elle était belle, et comme elle était incroyablement sexy. Elle se souvenait la façon dont sa peau avait rougi, et qu'il savait comme elle se sentait timide quand il lui disait cela. Comment il lui avait souri, et la sensation de sa main dans ses cheveux alors qu'il les écartait. Et comment son expression s'était faite plus sérieuse un moment plus tard lorsqu'ils s'étaient dévisagés. Quand il avait rompu le silence, cela avait été pour lui demander d'être sa femme, et elle avait accepté.
Oui, sa vie aurait été tellement différente si elle était revenue comme prévu. Mais en échange, elle aurait dû abandonner la famille que le Voyager était devenu. Elle s'était plus rapprochée de ces gens qu'elle ne l'aurait jamais cru possible. Et pourtant, la pensée de ce qui aurait pu être continuait à peser lourdement sur son esprit, spécialement maintenant qu'elle tenait cette petite fille dans ses bras.
Qui sait... peut-être viendrait-il un temps où elle pourrait s'établir et élever ses propres enfants. Cela semblait improbable sans un homme dans sa vie, mais avait-elle réellement besoin d'un compagnon ? Oui, mais seulement si elle voulait concevoir un enfant elle-même. Mais il y avait une alternative, l'adoption, et cela la ramenait à Ellone.
Si elle n'avait pas de famille, ou quelqu'un qui désirait prendre soin d'elle, elle pourrait demander à s'en occuper. Qu'est ce que tu racontes, Catherine ? Tu ne peux pas sérieusement considérer d'élever un enfant. Tu es le Capitaine d'un vaisseau spatial perdu au milieu de nulle part. Tu as assez à t'inquiéter sans rajouter un enfant en plus. La voix de la raison parla, et elle l'emporta. Elle avait assez de choses à s'inquiéter. C'était juste une minute bête et fantaisiste. Ecoutes tes propres conseils, Catherine, et endors-toi... Tu as beaucoup de travail demain. Se forçant à ne plus y penser, elle sombra dans le sommeil, et après avoir tant recherché la paix de son âme, elle finit par la trouver.
 
***
 
Tout en baillant, Janeway avalait une autre gorgée de café, assise derrière son écran, dans son bureau. Pour l'instant, Ellone était chez les Wildman avec Naomi pour quelques heures, jusqu'à ce qu'elle soit prête à retourner sur la surface.
La porte sonna.
"Entrez", lança-t-elle, regardant la porte et avalant une nouvelle gorgée du liquide dans sa tasse de métal. Chakotay entra. "Que puis-je faire pour vous, Commandeur ?"
"Je viens juste de finir de lire de rapport de mission de Tuvok et Paris. Ces Newmaris semblent extrêmement intéressants."
"C'est une manière de voir les choses", répondit-elle amusée, provoquant le sourire du Commandeur.
"Avez-vous décidé de l'équipe que vous allez remmener avec vous ?"
"Pourquoi ? Seriez-vous volontaire ?"
"On pourrait dire cela." Son sourire s'élargit et se communiqua à Janeway.
"Nous partons dans quelques heures. Retrouvez-moi avec Paris et Tuvok dans le hangar à navettes." Comme il ne bougeait pas, elle lui demanda. "Y a-t-il quelque chose d'autre ?"
"Hier, vous disiez que vous vous expliqueriez sur l'homme et la fille que vous avez ramenés." Elle se leva avec sa tasse, avala la dernière gorgée du liquide amer, et se dirigea vers le réplicateur. "Du café ?"
"Non, merci."
Plaçant la tasse vide sur le plateau, elle la recycla avant d'en réclamer une pleine, puis alla jusqu'au sofa sous la rangée de fenêtres qui offraient d'habitude une vue fantastique sur les étoiles. Pour le moment, il y avait une planète brune des plus communes à leur place. Elle s'assit et lui enjoignit de la rejoindre.
Leur amitié en était encore au stade de la convalescence, et ils se reparlaient enfin, mais c'était encore très loin du niveau qu'ils avaient connu quelques mois plus tôt. Elle s'intéressait à lui alors, et c'était toujours le cas. Une part d'elle-même se sentait trahie par sa relation avec Seven, même s'il n'y avait aucune raison justifiée pour cela. Ils n'étaient pas ensemble, mais il y avait toujours eu une part d'elle-même qui espérait qu'il attendrait jusqu'à ce qu'elle soit prête. Puis l'Amirale était arrivée, et depuis ce moment, tout avait changé. Elle lui avait annoncé que Seven allait mourir, et c'était comme si elle avait reçu un coup dans l'estomac quand les mots avaient atteint son cerveau. Puis, comme si cela n'était pas suffisant, sa contrepartie future l'avait informée qu'elle mourrait dans les bras de son mari... dans les bras de Chakotay. A cet instant, elle aurait pu tout aussi bien la gifler, car c'est ce qu'elle avait ressenti. Une claque verbale sur la figure. Qu'essayait-elle de faire en lui parlant de Chakotay et de Seven ? Pourquoi ne lui avait-elle pas parlé de Seven en laissant le rôle de Chakotay dans l'ombre ? Elle savait très bien pourquoi. L'Amirale le lui avait annoncé clairement, et elle pouvait encore entendre le son et l'inflexion précis qu'elle avait utilisés pour contrôler ses sentiments. 'Il n'a plus jamais été le même après cela, et toi non plus'. Ce futur avait changé, et l'avait changé à plus d'un titre. Et cela la laissait, une fois de plus, à essayer de rassembler les pièces du puzzle de sa vie.
Prenant le siège qu'elle lui offrait, il s'assit sur le bord, se penchant sur ses genoux, les mains jointes. C'était cette image de leur amitié fracturée qu'elle conservait à l'esprit, et qui lui disait ce qui leur restait à regagner avant de retrouver leur complicité d'avant. Du moins si c'était jamais possible. Elle savait qu'il se pouvait que ce ne soit plus jamais pareil.
Elle but une petite gorgée de la tasse chaude qu'elle tenait. Le liquide chaud et noir coulant dans sa gorge lui laissait une sensation de chaleur qui se diffusait dans son corps. "Je n'ai pas eu le temps de lire les rapports de Paris et Tuvok. Que disent-ils ?"
Il se décala légèrement et consulta son index mental avant de répondre. "Il n'y avait pas grand-chose dans le rapport de Paris. Il a principalement commenté les capacités des Newmaris à soigner les blessures, et se demandait jusqu'où ce don pouvait aller. Il s'est aussi rapidement demandé jusqu'à quel point les Newmaris étaient convaincus que nous étions de la même race que celle qui était venue les protéger des Sernaix."
Elle laissa s'échapper un soupir. "Il n'a pas exagéré sur ce point."
Chakotay sourit. "Il a aussi mentionné ce qu'ils ressentent à propos des Ree'na et ce qu'ils s'apprêtaient à faire à l'un d'entre eux si vous n'étiez pas intervenue. Le rapport de Tuvok était plus précis. Il parlait aussi des soins rapides et de la croyance des Newmaris sur notre compte ainsi que de l'homme qu'ils avaient capturé. Mais il parlait en plus de la fille qui s'est cachée dans le Flyer et de la manière dont elle s'est attachée rapidement à vous." Il fit une pause, se demandant s'il pouvait aller plus loin, mais sa curiosité envers elle lui fit tenter sa chance. "J'ai cru comprendre qu'elle était restée avec vous la nuit dernière."
"Oui, c'est vrai."
"Vous a-t-elle dit pourquoi elle s'était cachée dans le Flyer ?"
"Elle a dit qu'elle savait que nous la protégerions."
Il hocha la tête. "Ses parents ont dû s'inquiéter lorsqu'ils ont appris qu'elle avait disparu."
"Je ne pense pas", répliqua-t-elle, avant d'avaler une autre gorgée.
Il semblait étonné de sa réponse. "Pourquoi ?"
"Ils sont morts. Ellone..."
"C'est son nom ?" l'interrompit-il.
"Oui. La nuit dernière dans mes quartiers, elle m'a raconté que son père était mort lorsqu'elle était bébé, puis comment elle avait perdu sa mère dans une attaque, récemment."
Il resta silencieux pendant un moment, assimilant les informations tandis qu'elle regardait son visage. Il éprouvait quelque chose pour l'enfant, elle en était certaine. Il avait une grande perception sensorielle des gens, quelle que soit leur race, leur croyance ou leur couleur. C'était une des nombreuses qualités qu'elle avait appris à connaître et à admirer en lui.
"Comment le prend-elle ?" demanda-t-il, tournant à nouveau son visage vers elle.
"Aussi bien qu'on pourrait l'espérer. Elle a pleuré, et j'ai essayé de la réconforter autant que j'ai pu."
"Je suis content qu'elle se soit tournée vers vous", dit-il avec un léger sourire, ce qui la mit à l'aise.
"Que pensez-vous qu'il lui arrivera ?"
"Je ne sais pas, mais c'est une chose que j'ai l'intention de savoir. Teno... l'homme qui se trouve à l'infirmerie", ajouta-t-elle avant qu'il ne le lui demande, "m'a raconté une histoire différente sur la manière dont les Ree'na et les Newmaris ont cohabité pendant des siècles. J'ai reçu du Docteur un rapport confirmant leur héritage génétique commun du point de vue médical, qui m'a confirmé ce que Teno m'a dit et que je suspectais."
"Que les Newmaris mentent", finit-il.
"Pas tous", le reprit-elle vivement. "Ellone croit réellement qu'ils sont le Diable incarné et que nous sommes l'intervention divine dont leur peuple a attendu la venue après l'arrivée des Sernaix sur leur monde. Mais je suis certaine que Roush fait partie des quelque uns qui savent la vérité."
"Vous avez probablement raison", accorda-t-il. "Que comptez-vous faire de notre invité à l'infirmerie ?"
"L'emmener avec nous et demander à Tom de le laisser dans un autre endroit d'où il pourra rejoindre son peuple. Il devra rester dans la section arrière soit avec vous, soit avec Tuvok pour garder un oeil sur lui, ou alors je serai coincé dans la section avec Ellone. Effrayée comme elle l'était lors de notre première rencontre, elle a semblé immédiatement se précipiter vers moi. Plus j'y pense, plus je crois qu'elle m'a choisi car j'étais la seule femme à bord qui n'avait pas l'air étrange."
"Avec ses implants, je suis sûr que tout enfant serait effrayé par Seven."
Janeway acquiesça, puis laissa s'écouler plusieurs secondes avec de reprendre la parole. "J'ai encore quelques rapports à mettre en ordre avant que nous partions."
Il se leva et répondit. "Bien, je vais vous laisser travailler. Je vous verrai dans le hangar à navettes." Puis il la laissa seule.
Elle n'avait en fait rien du tout qui ne puisse attendre son retour de mission, mais elle avait besoin de temps pour penser seule, pour réfléchir. Renversant sa tête en arrière contre le dossier du sofa, elle ferma les yeux et laissa son esprit dériver.
 
***
 
Une fois que Tom eut déposé Teno, ils se dirigèrent vers l'entrée qu'ils avaient utilisée la veille pour sortir, et retournèrent jusqu'à la colonie. Quand ils arrivèrent, ils furent accueillis à bras ouverts. Restant polie et pleine de tact, Janeway demanda où se trouvait Roush. Sa demande fut immédiatement satisfaite. Peu de temps après, Chakotay et elle étaient assis en sa compagnie tandis que Tuvok, Paris et Ellone restaient à l'extérieur.
"Que puis-je faire pour vous, Catherine ?" commença Roush avec le sourire.
"J'ai parlé à l'homme que votre peuple a capturé. Son nom est Teno, au passage." Le sourire s'effaça immédiatement de ses lèvres. "L'histoire qu'il m'a racontée à propos de qui ils sont et comment ils en sont arrivés là est très différente de ce que vous nous avez dit hier, et avant que vous nous disiez qu'il ment, sachez que notre Docteur a confirmé que vos peuples ont tous deux évolué sur cette planète." Elle fit une pause, lui donnant une chance de répondre. Comme il ne disait rien, elle demanda carrément, "Voulez-vous changer votre version ?"
Il baissa la tête vers ses mains serrées sur la table, les épaules affaissées en signe de défaite. Il ressemblait à un enfant qui aurait été pris en train de mentir et qui n'arrivait pas à imaginer une excuse valable. Respirant profondément, il répondit. "Vous avez raison. Les Ree'na et nous avons partagé la planète pendant des siècles."
"Pourquoi nous avoir menti à ce propos ? Pourquoi ne pas nous avoir dit la vérité ?"
Penchant la tête, il lui lança un regard incrédule. "Si vous étiez à notre place, pourriez-vous admettre à quiconque que vous avez presque éradiqué une race entière afin de survivre ? Nous serions morts si nous n'avions pas délogé les Ree'na."
"Je ne nie pas que ce que votre peuple a fait, il l'a fait à cause de la peur. Mais cela ne justifie pas ce que vous avez fait, ni l'ignorance que vous perpétrez afin de garder ce secret. Vous avez un peuple qui croit que les Ree'na sont le Diable et doivent être craints. Comment, dans une société civilisée, pouvez-vous autoriser que cela continue ?" l'interrogea-t-elle, attristée et furieuse par ce qu'ils avaient fait.
"Quand j'étais enfant, l'un des Aînés, Nemis, a essayé de rétablir les faits corrects. Il a essayé d'expliquer que les Ree'na n'étaient pas nos ennemis, et comment nous avions autrefois cohabité. Et savez-vous ce qui s'est passé ?" Janeway et Chakotay secouèrent la tête. "Il a été battu à mort. Il a essayé de dire la vérité et a été tué pour cela. Mon peuple a cru ce mensonge pendant des siècles. Et soudainement, quelqu'un qu'ils voyaient comme un guide ou un sage leur annonçait d'un coup que tout ce qu'il connaissait était un mensonge. Dites-moi, honnêtement, si vous abandonneriez des siècles de croyances supposées et croiriez les dires d'un homme, quel qu'il soit, qui vous annoncerait que vous croyiez en un mensonge ?"
"Je suppose que non", répondit doucement Janeway, en repensant à l'histoire de son propre peuple et aux mensonges que les gens avaient pris pour des faits. Les Juifs massacrés pendant la deuxième Guerre Mondiale, le déménagement des natifs Américains, l'esclavage,... un millier d'exemples qui lui venait à l'esprit.
"Que savez-vous de cette race qui est venue sur votre planète, il y a cent mille ans ?" demanda Chakotay, changeant de sujet, sachant qu'ils ne pourraient rien faire à propos des relations enter les Newmaris et les Ree'na. S'il y avait quelque chose à faire, ce serait au peuple de Roush de la faire, pas eux.
Janeway, aussi furieuse qu'elle fut, savait ce qu'il faisait et lui en était reconnaissante.
"Comme je l'ai dit à Catherine, nous ne savons pas qui ils sont ou d'où ils sont venus. Nous ne connaissons même pas leur nom. Toutes les informations que nous avons sont dans les anciens textes gardés dans la bibliothèque sacrée, et seuls les Aînés sont accès à ces textes. Ceci jusqu'à hier quand votre peuple est arrivé sur notre monde."
"Ainsi vous avez fini par accepter que nous ne sommes pas de la même race ?" l'interrogea Janeway.
Il hocha la tête. "Selon les anciens textes, il est écrit: 'vous nous reconnaîtrez quand nous reviendrons, car nous serons dans vos esprits et partagerons notre sagesse'," cita-t-il.
"Ils sont télépathes ?" questionna Chakotay.
"Oui. Je savais quand j'ai transféré un savoir en Catherine afin qu'elle puisse lire et comprendre les textes qu'elle n'était pas l'un des anciens", répondit-il.
Chakotay regarda Janeway, perplexe. Voyant cela, elle lui expliqua. "Après qu'il eut touché mon dos pour transférer ce savoir, j'ai été capable de lire et de comprendre leur langage et leurs écritures pendant une courte période. Lorsque j'étais remontée à bord du Voyager, cela avait disparu."
Il hocha la tête, pas tellement ravi qu'elle ne lui en ait pas parlé.
"Il y a autre chose que je désirerais vous demander", dit Janeway alors que Roush se penchait en avant sur sa chaise.
"De quoi s'agit-il ?"
"La fille qui s'est cachée dans notre navette, Ellone, m'a dit que ses parents sont tous les deux morts. Sa mère est morte durant une attaque récente et elle n'a plus personne pour prendre soin d'elle. Je serais curieuse de savoir ce qui va lui arriver, maintenant."
"Jusqu'à ce qu'une famille soit trouvée, j'ai peur qu'elle ne doive se débrouiller seule."
"Quoi ?" Catherine était choquée.
"N'y a-t-il personne qui puisse l'accueillir d'ici là . Peut-être l'un des Aînés, par exemple ?"
"Personne en dehors des Aînés n'est autorisé à entrer ici, à part ceux de votre peuple, que je pensais être les Anciens. Pour ce qui est du reste, nous en sommes encore à reconstruire ce qui a été détruit durant la dernière attaque. Et j'ai bien peur que cette fille ne soit pas la seule enfant à avoir perdu ses parents. Nous la nourrirons et l'habillerons, bien sûr, mais nous ne pouvons pas forcer des familles à prendre la responsabilité de les adopter."
Elle n'aimait pas sa réponse, comme elle était certaine que Chakotay n'aimait pas cela non plus. Elle ne pouvait rien faire pour changer cela, mais elle le pouvait pour Ellone. "Si vous n'y voyez pas d'objection, je voudrais m'occuper d'Ellone jusqu'à ce qu'une famille soit trouvée."
Roush semblait aussi choqué que Chakotay par sa requête. "Etes-vous certaine de vouloir faire cela ? Cela pourrait prendre des jours, des semaines, des mois, ou peut-être des années avant qu'une famille soit trouvée."
"Je réalise cela, mais je ne peux pas, en mon âme et conscience, la laisser errer dans les tunnels jusqu'à ce que quelqu'un la prenne avec lui. Même en sachant que votre peuple la nourrir et l'habiller."
"Si vous voulez endosser cette responsabilité, alors je n'y vois aucune objection", dit Roush. "Si vous n'avez pas d'autres questions, j'ai du travail qui requiert mon attention."
"Merci d'avoir été honnête avec nous."
"Je vous en prie", répondit-il avec un signe de tête. "Vous suppose que vous connaissez la sortie ?" Janeway hocha la tête.
Lui retournant son signe de tête, il les laissa.
Quand il fut parti, Chakotay demanda, "Vous vous souciez réellement de cette enfant, n'est-ce pas ?"
"Bien sûr que je m'en soucie. Je ne peux vraiment pas la laisser en sachant qu'elle n'a personne pour s'occuper d'elle."
"Ce n'est pas ce que je voulais dire."
"Je sais", répliqua-t-elle. Regardant au loin, elle laissa ses yeux dériver sur une photo de l'autre côté de la pièce. "Elle a besoin de quelqu'un maintenant, et elle est à l'aise avec moi." Tournant la tête, elle le regarda à nouveau. "Je ne suis pas prête à la laisser se débrouiller toute seule. Un enfant ne devrait pas être forcé de subir cela. Je la garderai à bord et j'espère qu'elle sera placée dans une famille."
"Et si cela n'arrive pas ?"
"Alors je l'élèverai moi-même", dit-elle, sur un ton déterminé.
Il acquiesça en signe de compréhension. Se levant, il lui emboîta le pas et ils sortirent du bâtiment pour retrouver Tuvok et Paris qui les attendaient. "Où est Ellone ?"
"Elle essayait de rentrer dans le bâtiment où le Commandeur Chakotay et vous êtes entrés quand elle a été arrêtée par l'un des Aînés et emmenée dans cette autre bâtisse", répondit Tuvok, indiquant une structure en pierre de l'autre côté de la bibliothèque.
Janeway hocha la tête. "Attendez ici, je reviens tout de suite."
"Oui, Capitaine", répondit-il tandis qu'elle s'éloignait.
Une fois à l'intérieur, un homme Newmari s'approcha, inclinant la tête révérencieusement. "Ancienne, que puis-je faire pour vous ?"
"Une petite fille a été amenée ici. L'Aîné Roush m'a donné la permission de m'occuper d'elle."
"Bien sûr. Je vous l'amène tout de suite. Comment s'appelle-t-elle ?"
"Ellone."
S'inclinant à nouveau, il se tourna et passa une porte située derrière lui. Quelques instants plus tard, Ellone apparut en sa compagnie. Janeway s'agenouilla alors qu'Ellone approchait. "Je viens juste de parler à l'Aîné Roush, et il est d'accord pour que tu restes avec moi jusqu'à ce qu'une famille soit trouvée pour toi. C'est-à-dire, si tu le veux bien."
Un large sourire s'afficha sur son visage tandis que ses yeux s'éclairaient. Jetant ses bras autour de son cou, elle lui donna un baiser sur la joue et dit. "J'aimerais cela plus que tout autre chose."
Janeway sourit, la serrant à son tour. "Je suis contente que l'idée te plaise", répondit-elle, laissant Ellone la serra encore un peu avant de se séparer d'elle et de se relever. Ellone essaya de lui saisir la main, levant la tête en lui souriant. Janeway la laissa faire et lui sourit en retour. "Viens. Il y a quelque chose que je veux faire avant que nous ne retournions au vaisseau." Ellone hocha la tête.
Main dans la main, ils sortirent du bâtiment et rejoignirent le groupe.
 
***
 
Pendant toute la traversée des tunnels, Ellone n'avait posé aucune question, même quand tout le monde avait sorti son tricordeur pour scanner l'entourage. Elle savait déjà qui ils étaient, mais n'était pas sûre de ce qu'ils faisaient. Presque vingt minutes se passèrent avant qu'elle ne pose une question, et Janeway était surprise qu'il lui ait fallu autant de temps pour qu'elle les questionne.
"Qu'est-ce que vous recherchez ?"
"Pas quoi, mais qui. Nous essayons de localiser les Ree'na."
Elle se figea d'effroi dans son geste, causant par là même l'arrêt de Janeway. "Pourquoi ?"
"Parce qu'ils pourraient avoir les réponses à certaines questions dont vos Aînés n'ont pas les réponses. Tu n'as pas à avoir peur d'eux, ils ne te feront aucun mal."
"Ils sont le Diable", répliqua-t-elle, comme si la simple mention de ces gens lui laissait un mauvais goût dans la bouche.
"Non, ce n'est pas vrai", dit Janeway avant de s'agenouiller pour lui faire face. "Je sais qu'on t'a appris à croire cela, mais ton peuple ne les comprend pas. Ils attaquent seulement quand ils se sentent menacés, alors tant que ne leur veut pas de mal, tu seras en sécurité. D'accord ?"
Elle hocha la tête, mais n'était pas du tout convaincue.
Debout, ils reprirent leur marche tandis que Janeway réfléchissait. Peut-être que lorsqu'elle les rencontrerait et les connaîtrait-elle un peu mieux, elle réaliserait que je disais la vérité. Il faudrait qu'elle attende de voir.
"Capitaine", commença Tuvok, "je détecte des signes vitaux consistants avec l'énergie biologique que le Docteur a découvert en traitant le Ree'na que nous avons emmené à bord."
"Distance ?"
"Approximativement dix mètres devant nous", répondit-il.
"Bien", répliqua-t-elle, avant de sentir Ellone s'agripper plus fermement.
Continuant d'avancer, ils arrivèrent devant ce qui ressemblait à un cul-de-sac. "Ce rocher", dit Tuvok, "est une projection holographique."
"Ils nous l'ont volé !" Ellone se mit à pleurer de colère.
Janeway ignora l'accès de violence, s'étant attendue à une telle réaction. "Pouvez-vous le désactiver ?"
"Je crois, Capitaine."
"Faites-le."
Après avoir tapé une série de commandes sur son tricordeur pendant quelques secondes, le mur se déstabilisa pour révéler au moins trente Ree'na surpris.
Quelques-uns d'entre eux commençaient à fuir tandis que Janeway s'avançait en relâchant la main d'Ellone. "Mon nom est Catherine Janeway, et nous ne vous voulons aucun mal. Hier, nous avons secouru l'un des vôtres, appelé Teno. Tout ce que nous voulons, c'est vous poser quelques questions." Bien qu'elle vît que la plupart d'entre eux avaient déguerpi, quelques-uns étaient restés. Quelques secondes plus tard, Teno sortit de l'ombre et avança vers elle.
"Votre présence nous a mis en grand danger. Surtout en ayant amené cette enfant. Elle va renseigner son peuple une fois qu'elle sera retournée là-bas et nous serons attaqués."
"Cette enfant est sous ma protection, et ne retournera pas vers son peuple d'ici peu. S'il vous plait, laissez-nous entrer et parler avec vous."
Lui accordant cela en lui faisant un rapide signe de tête, il ne semblait pourtant toujours pas heureux de cette situation.
Janeway, avec tous les autres, entra. "Merci."
"Pourquoi êtes-vous venu nous chercher ?" demanda-t-il plutôt durement.
"J'espérais que l'un des vôtres aurait plus de connaissances sur la race dont nous avons discuté. Qui ils sont, et d'où ils sont venus."
"Je vous ai dit tout ce que je savais, et il est improbable qu'aucun d'ente nous en sache plus. Tout ce que nous savons est qu'ils ressemblent à voter peuple", répondit-il, tout en pouvant voir le venin dans les yeux de la jeune Newmari en la fixant du regard.
"Avez-vous..."
Un éclair bleu fendit l'air derrière eux, frappant Teno à la poitrine, le projetant conte le sol.
"A couvert !" ordonna-t-elle, en tirant Ellone contre elle tout en dégainant le phaseur de type deux de sa ceinture avant de se protéger derrière un gros rocher. Les Ree'na restants se dispersèrent tandis que d'autres éclairs bleus scindèrent les airs. Un homme Newmari se précipita par l'ouverture, suivi de cinq autres.
Janeway, Chakotay, Paris et Tuvok commencèrent à tirer pour protéger les Ree'na. Certains des Ree'na revinrent, utilisant les armes qu'ils avaient découvertes lors de leur précédente rencontre avec les Newmaris, et firent feu.
Des éclairs bleus, mélangés à des visées oranges, hurlaient de toutes les directions. Certains des Ree'na qui n'avaient pas d'armes se battaient au corps à corps et étaient immédiatement tués dans leur tentative.
Ellone s'assit avec les bras autour de la taille de Janeway, le visage blotti dans sa poitrine, effrayée et pleurant. Janeway tenait sa tête avec la main gauche, la gardant baissée tandis qu'elle tirait.
Plus de Newmaris surgirent par l'ouverture.
Ellone criait contre sa poitrine, sentant que quelqu'un essayait de la repousser au loin avec une force qui faillit faire tomber Janeway à la renverse. Baissant son bras, elle tint Ellone plus en sécurité et se retourna pour voir qu'il s'agissait de l'un des Ree'na. "Lâchez-la !" cria-t-elle, retournant son bras pour pointer le phaseur sur lui.
L'homme saisit son bras et le tordit. Janeway fit feu, mais le tir le manqua et la douleur dans son bras la força à lâcher le phaseur. Ellone lâcha également son étreinte et fut poussée loin d'elle.
Se débattant dans les bras de l'homme, Ellone parvint à la saisir à nouveau, ses mains et ses doigts tendus.
"Catherine !" cria-t-elle, effrayée. Les larmes coulaient à flots sur ses joues.
Sa baissant en avant, Catherine récupéra son phaseur. Utilisant ses deux mains, elle le tint levé et le braqua sur la tête de l'homme afin de ne pas atteindre Ellone. Juste au moment où elle allait tirer, un éclair bleu frappa Ellone à la poitrine au même instant qu'elle tirait sur la tête de l'homme.
"NON !" cria Janeway en se ruant sur Ellone, qui était maintenant allongée le visage sur le sol poussiéreux. Elle retourna le corps flasque de la jeune fille et vit une grande brûlure avec du sang cuivré, contrastant violemment avec la texture de son pull bleu.
Janeway sentit les larmes monter en la tirant sur ses genoux, pressant son petit corps sans vie contre elle tout en la secouant d'avant en arrière. La violence de la bataille qui se déroulait autour d'elle n'avait plus aucune importance. Tout ce qui lui importait était l'enfant mort dans ses bras, cet enfant qui quelques instants auparavant était encore pleine de vie et débordante d'énergie.
Ce ne fut que lorsqu'elle sentit une main ferme lui agripper l'épaule qu'elle de raccrocha au monde qui l'entourait. Le son des rayons d'énergie avait cessé depuis quelques instants, mais pour Janeway, il aurait pu se passer des heures.
Tom Paris s'agenouilla devant elle. "Capitaine, laissez-moi la prendre, je peux peut-être aider..." offrit-il.
Elle se laissa faire, laissant Paris la prendre dans ses bras et l'installer sur le sol, puis ouvrir l'équipement médical d'urgence. Et elle regarda, sentant toujours la main sur son épaule, mais sans se retourner pour voir. Elle était totalement concentrée sur ce que Pris était en train de faire.
Il la scanna pour déterminer où se trouvait son coeur. Il le trouva, quinze centimètres plus bas et un peu à gauche de là où un coeur humain aurait été. Reposant le tricordeur, il sortit une seringue hypodermique et la remplit avec une dose d'adrénaline pure, qu'il espérait aider à faire repartir le coeur en parallèle à un massage cardiaque et de la respiration artificielle. Il appuya sur la poitrine de la jeune fille, fit une pause pour forcer le dioxyde de carbone à quitter ses poumons de lui-même, et appuya de nouveau sur la poitrine.
Toujours agenouillée à ses côtés, Chakotay voyait le sang cuivré de l'enfant tacher les mains et l'uniforme de Janeway, avant de regarder Paris qui rouvrait son tricordeur et refaisait un scan d'Ellone.
Un long bip continu le nargua, comme il savait d'avance ce qu'il en serait. Il avait su au premier scan qu'il ne pourrait pas la sauver, mais il devait essayer pour son allégeance envers le Capitaine. Le refermant, il leva la tête pour voir le visage de Janeway frappé de chagrin et secoua la tête.
"Non", s'étrangla-t-elle.
Chakotay mit ses bras autour d'elle, la forçant à garder les siens abaissés afin de l'empêcher de saisir le corps d'Ellone. "Laissez-là partir, Catherine", dit-il doucement à l'oreille, sachant que s'il la laissait reprendre Ellone dans ses bras, cela ne servirait qu'à garder la blessure ouverte.
Paris reprit doucement Ellone dans ses bras après avoir rangé son équipement médical et la porta dans le tunnel.
"Commandeur", dit Tuvok, forçant Chakotay à le regarder.
"Retournez avec Tom jusqu'à la colonie Newmari, dites-leur ce qui est arrivé et que nous allons partir. Le Capitaine et moi vous rejoindrons au Flyer."
"Oui, Monsieur", répondit-il, avant de pénétrer dans le tunnel.
Janeway étendit les bras pour qu'il la serre plus fort, posant sa tête contre sa poitrine pour pleurer, toute force en elle l'abandonnant d'un coup sans qu'elle n'y puisse rien.
Il la serra, la laissant à son chagrin tout en lui offrant son aide.
 
***
 
Leur rencontre avec les Ree'na et les Newmaris datait maintenant d'une semaine, et Janeway continuait de ressentir les effets que ces peuples avaient eu sur elle, en particulier une petite fille.
Le Docteur l'avait temporairement relevé de ses fonctions, lui donnant le temps de faire le deuil de cette expérience. Mais elle ne voulait pas de ce temps libre. Elle voulait reprendre son travail plutôt que d'avoir à se lamenter sur ce qui était arrivé. Mais cette fois, elle ne pouvait pas s'en sortir de cette façon et savait, même si elle ne voulait pas l'admettre, qu'elle avait besoin de ce temps pour réfléchir.
Alors que la semaine se terminait, elle décida d'utiliser une partie de son temps au Holodeck pour finir le roman holographique gothique. Elle était à nouveau disposée à se distraire un peu.
Arrivant à la porte du holodeck dans sa tenue Victorienne, elle activa le programme et pénétra à l'intérieur, directement dans le salon de musique sous le clair de Lune.
Lentement, elle traversa la pièce et referma la série de portes à la française du milieu avant de se diriger vers les dernières encore ouvertes. Quand elles furent fermées, les rideaux jusque-là voletant s'immobilisèrent. Et du coin de l'oeil, sur le sol derrière elle, il y avait un éclat de lumière cendrée qui se réfléchissait sur du métal. Baissant la tête, elle vit une petite clé en laiton était posée là, comme neuve et jamais utilisée.
Elle se pencha pour ramasser l'objet puis le tint dans la lumière de la Lune pour l'inspecter.
Une voix soupira, si doucement contre son oreille qu'il aurait été facile de ne pas l'entendre s'il y avait eu le moindre autre bruit. "Le quatrième étage."
Serrant fermement la clé dans sa main, elle se leva et sortit dans le vestibule faiblement éclairé. Au bout du couloir se trouvait une porte, la porte que Lord Burleigh lui avait interdit d'ouvrir, la porte qui renfermait un secret qu'il voulait garder caché.
Silencieusement, elle monta jusqu'à la porte et inséra la clé brillante dans la serrure. Elle tourna facilement, n'offrant aucune résistance. Après l'avoir retirée, elle saisit la poignée argentée décorée et ouvrit la porte. C'était l'obscurité à l'intérieur, ponctuée de la trace d'une série de marches. Avec précaution, elle monta jusqu'en haut et vit un vitrail qui ne laissait entrer qu'une faible lueur lunaire.
Atteignant le sommet, elle vit un grand objet plat apparaître devant elle dans l'obscurité. Une lumière sauta de chandelle en chandelle, disposées autour de la pièce, tenue par quelque main invisible.
Quand ses yeux se furent habitués, elle se concentra sur le grand objet qui avait surgi de l'obscurité un instant auparavant. C'était un cercueil.
Lentement, elle s'approcha et saisit la section du couvercle afin de révéler le visage de la personne qui se trouvait dedans. En s'ouvrant, les charnières grincèrent bruyamment. Puis, là, étendue immobile et sans vie, se trouvait le corps de la dernière femme de Lord Burleigh, Elizabeth.
"Je vous avais mise en garde, Miss Davenport, de ne jamais monter au quatrième étage."
Stupéfaire, Janeway se tourna pour voir Lord Burleigh, qui tenait dans sa main droite un pistolet à poudre noire.
"Je le pensais sincèrement, quand je vous ai dit que je vous aimais, Lucy, mais vous m'avez mis dans une situation extrêmement difficile. C'est pourquoi vous tuer me sera des plus pénibles. Mais je dois protéger mon secret."
"Pourquoi l'avez-vous tuée ? Qu'a t-elle donc pu bien faire qui puisse mériter la mort ?"
"Elle envisageait de me quitter après m'avoir surpris avec Mademoiselle Templeton dans une situation compromettante. Le scandale du divorce aurait ruiné ma réputation. Mes affaires en auraient souffert, et j'aurais été réduit à néant. Je ne pouvais pas autoriser que cela arrive."
Pendant un moment, ses mots lui firent repenser au secret que les Newmaris avaient gardé à propos de ce qu'ils avaient fait aux Ree'na. "Lord Burleigh, vous n'avez rien à craindre de moi. Je garderai votre secret, vous pouvez me faire confiance. S'il vous plaît, laissez-moi partir", dit-elle, cherchant un moyen de s'échapper.
"Je suis sincèrement désolé, Lucy", répondit-il, levant le pistolet et armant le chien avec son pouce. "Je ne peux pas me permettre de prendre ce risque."
Derrière lui, elle aperçut un mouvement. Un visage apparut, s'approchant de plus en plus près. C'était le fantôme d'Elizabeth Burleigh. L'Esprit tenait une corde de soie et l'entoura autour de son cou. Catherine, ou plutôt Lucy, regardait la scène, horrifiée, tandis que le fantôme le tirait à elle, l'étranglant.
Janeway se déplaça rapidement sur le côté juste au moment où il fit feu. Ses deux mains se portèrent à son cou pour saisir la corde, et il lâcha le pistolet, essayant de tirer la corde qui le faisait suffoquer, tombant rapidement à la renverse dans les escaliers.
Janeway revint jusqu'à l'entrée pour le voir étendu en bas des escaliers, immobile. Le cri d'une fille résonna dans la pièce, et cela lui fit faire une pause, la faisant repenser au visage en larmes de peurs d'Ellone, les mains tendues et en train de crier son nom. Puis la voix du fils de Lord Burleigh, Henry, la fit revenir au présent.
Descendant jusqu'au pied de l'escalier, elle leva la tête et vit le jeune homme stoïque essayer de réconforter sa soeur, juste au moment où Mademoiselle Templeton émergea de sa chambre, tenant une petite lampe à huile. Voyant les enfants, elle baissa la tête pour voir Janeway la fixant des yeux, avant de se reconcentrer sur les enfants.
Janeway s'agenouilla aux côtés de Lord Burleigh pour rechercher un pouls, qu'elle ne put trouver.
"Est-il... ?" demanda Mademoiselle Templeton, incapable de prononcer le mot 'mort'.
"Oui."
"Je vais réveiller l'une des servantes pour appeler la police", murmura-t-elle d'une voix hachée avant de rassembler les enfants dans le vestibule.
Baissant les yeux vers le corps, Janeway vit un visage du coin de l'oeil, debout sur les marches. Elizabeth. La femme sourit, puis s'évanouit dans les airs. Quelques secondes plus tard, les grilles du holodeck apparurent, indiquant que l'histoire était finie.
Debout, Janeway prit une profonde inspiration. Elle se sentait, assez naturellement, bouleversée par toute cette expérience. Il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver son calme. Quand elle se estima avoir suffisamment retrouvé son équilibre, elle sortit du holodeck sans même un regard derrière elle.
Elle faisait route vers ses quartiers et se dirigeait vers l'ascenseur quand elle vit Chakotay qui y entrait.
"Vous avez aimé votre roman holographique ?" demanda-t-il, un sourire lui creusant les fossettes.
"Pas vraiment."
Il hocha la tête, voyant l'air préoccupé qu'elle affichait et l'entendant dans le ton de sa voix. "Je me dirigeais justement vers mes quartiers. Pourquoi ne vous joignez-vous pas à moi pour prendre un café ?"
Jusqu'à peu, elle lui aurait dit non. Mais à cet instant, elle n'avait pas envie de se retrouver seule. "D'accord. Laissez-moi me changer et je vous y retrouve."
"Je vous attends."
 
***
 
Assis sur le sofa, ils buvaient leur café tandis qu'il l'observait regarder dehors par la fenêtre, un lourd silence régnant entre eux jusqu'à ce qu'il le rompe.
"Je suis désolé de ce qui est arrivé à Ellone."
Tournant la tête, elle le fixa des yeux. "Merci."
"Puis-je vous poser une question ?" demanda-t-il, se penchant en avant pour poser sa tasse sur la table basse.
"Cela dépend."
Il acquiesça, trouvant que c'était normal. "Vous n'aviez pas vraiment l'intention de la ramener chez son peuple, n'est-ce pas ?"
"Je l'aurais fait. Mais je dois admettre qu'il y avait une part de moi qui voulait la garder", répondit-elle le regard plongé dans sa tasse de café. "J'ai toujours voulu avoir un enfant un jour ou l'autre, et je réalise maintenant plus que jamais que cela pourrait ne jamais arriver."
"Vous ne pouvez pas en être certaine. Vous êtes encore jeune, et avoir un enfant bien à vous n'a rien d'impossible."
Elle hocha la tête, puis vida soigneusement les dernières gouttes de son café. Elle posa la tasse sur la table à côté de celle de Chakotay puis se leva maladroitement. "Il est tard. Merci pour le café."
"Je vous en prie." Tandis qu'elle se dirigeait vers la porte, il l'appela. "Catherine." Elle s'arrêta, se retournant pour lui faire face. "Si jamais vous avez besoin de parler, ma porte vous est toujours ouverte."
"Je m'en souviendrai. Bonne nuit, Chakotay."
"Bonne nuit. Faites de beaux rêves."
Avec un signe de tête et un sourire amical, elle sortit.
Se renversant sur le sofa, il regarda par la fenêtre les étoiles lointaines qui filaient à toute allure vers l'arrière. Pour la première fois depuis des mois, il ressentait une lueur d'espoir. Il était dit que le temps adoucissait toutes les blessures. Et en cet instant, Chakotay sentait que leur amitié n'étaient plus aussi compromise, enfin.
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Ecrit par: Heather briles
version française: Laurent
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: Becci et Coral (version originale).

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