Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle
8.11 Le Voyage
Dernière mise à jour :11 janvier 2002
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8.11 LE VOYAGE
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.. Episode 8.11 - Le voyage
Par: D.A. Kent (DannKent@aol.com)
Version française: Michou (Mich_R@hotmail.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

Le voyage
"Tom Paris et le Docteur repartent en visite chez les Ayreths"
 
Tom Paris circulait d'un pas léger dans les corridors du Voyager, une tablette à la main. Il était bon de se balader sans Miral. Il adorait sa fille, mais elle grandissait à vue d'oeil. Il soupira. Les jours où il pouvait déambuler tranquillement dans les corridors du vaisseau en portant sa fille sur lui tiraient à leur fin, réalisa-t-il avec nostalgie. Comme le temps passe vite.
A quelques reprises, il jeta un coup d'oeil à sa tablette, vérifiant à nouveau la liste des équipements et fournitures nécessaires pour la mission d'exploration du lendemain. Tom continua sa route en chantonnant un air que B'Elanna et lui aimaient bien, chose rare puisqu'il ne pouvait supporter la plupart des airs Klingon et B'Elanna, de son côté, détestait chaque chanson que Tom aimait. Le Docteur avait bien tenté de les amadouer à ses arias, mais ni lui ni B'Elanna n'en étaient venu à apprécier l'opéra.
Tom tourna rapidement un coin et failli foncer dans deux jeunes membres de l'équipage. Il s'excusa de ne pas regarder où il allait et ces derniers s'empressèrent de le rassurer qu'ils n'avaient rien de cassé. Mais, en s'éloignant, Tom remarqua qu'ils le regardaient d'un drôle d'air. Tom réalisa rapidement sa bévue. Bien qu'il était du devoir d'un officier de soutenir le moral de ses troupes, il était un peu déplacé de chantonner gaiement dans les corridors comme si tout était jojo alors que le reste de l'équipage était encore sous le choc de se retrouver si près de la Terre avant de se perdre à nouveau.
Il continua sa route vers la salle des machines et ralentit un peu le pas en réfléchissant à la mission du lendemain. Bien que Tom Paris eût tout ce qu'il pouvait désirer sur Voyager, et plus encore, la majorité de ses collègues avaient perdu, pour une deuxième fois de suite, leurs parents et amis. Bien que nul ne pût déterminer exactement où se trouvait le Voyager, une chose était certaine, ils n'étaient plus dans le quadrant Alpha.
Les portes de la salle des machines s'ouvrirent en glissant et Tom entra, cherchant B'Elanna des yeux. Il l'aperçut au fond de la pièce et se dirigea vers elle. Tom entendit qu'elle donnait des instructions à Vorik en utilisant cette langue étrangère qu'elle aimait tant, celle des ingénieurs. Tom n'y comprenait rien mais Vorik semblait n'avoir aucune difficulté. Vorik salua Tom et s'excusa pour exécuter les ordres de B'Elanna.
"Salut toi !" dit Tom à sa femme.
"Salut toi-même", répondit-elle en souriant. "Alors, comment se porte le deuxième meilleur joueur de billard du Voyager ?"
Tom eut un recul. "Elle est bien la seule qui puisse me battre."
"Il faut simplement que tu t'y mettes Tom, il faut pratiquer", répondit B'Elanna à la légère tout en entrant des données à sa console. "Tu sais bien que le Capitaine doit exceller en tous points pour sauver la face."
"C'est différent avec le billard, B'Elanna", dit-il. "Pour être un bon joueur, il faut du talent et de l'entraînement. Je sais bien qu'elle n'a pas joué depuis un bon moment. Je n'arrive pas à comprendre pas comment elle fait."
"C'est simple", ajouta-t-elle, toujours le sourire aux lèvres. "Elle ordonne aux balles de se ranger toutes seules."
Tom lui sourit à son tour. "J'en prends note."
"Alors, que se passe-t-il ? " lui demanda B'Elanna en continuant de travailler.
Tom s'approcha d'elle. "Pas grand-chose pour le moment. J'ai encore quelques détails à régler avant de partir demain, rien qui ne presse."
"J'en ai entendu parler. Ce pourrait être une mission diplomatique d'importance pour toi, mon beau pilote", dit-elle. "Où est Miral ?"
"Les Wildman s'en occupent", répondit-il en souriant. "Elles sont folles de joie de l'avoir pour elles toutes seules. J'espère qu'elles ne la gâteront pas trop."
"Bien sûr. Il y a peu de chances que ça arrive à bord du Voyager, n'est-ce pas ?" dit-elle d'un ton moqueur. Elle se détourna de la console et posa un regard qui en disait long sur le visage de son mari. A chaque fois que Miral passait du temps chez quelqu'un de nouveau, elle rentrait chez ses parents plus gâtée que jamais. Tom et B'Elanna savaient qu'il en serait ainsi. Ils étaient reconnaissants pour la bonté de l'équipage, et plusieurs membres demandaient à être affectés à la garde de Miral. Cette dernière était sans conteste la petite chérie du vaisseau. Tom et B'Elanna ne manquaient pas de chance, de toute manière, ç'avait été la même histoire avec Naomi, et elle n'avait pas subi de séquelles après avoir été gâtée par tous et chacun.
"Et comme tu es libre en ce moment, tu es venu chercher de quoi t'occuper, n'est-ce pas ?" lui demanda B'Elanna d'un air narquois.
"Oh non, pas moi", s'exclama-t-il. "Je ne comprends rien à ce qui se passe ici, et je ne cherche pas à comprendre !" Du moins sa réponse était honnête.
"Hmm", fit-elle en ricanant, elle savait bien que son mari lui répondrait un truc du genre. "Alors, que fais-tu ici ?" lui demanda-t-elle en retournant à sa console, vérifiant les données contre celles de la tablette qu'elle tenait.
Tom inspira profondément. "Je me demandais si tu étais libre pour le dîner ce soir."
"Pour dîner ?"
"J'ai cru qu'il serait bien que l'on dîne tous les trois ensemble ce soir. Notre dernier dîner en famille remonte à quelques jours, et j'aimerais que ma fille grandisse en sachant que ses parents habitent réellement ensemble", dit-il d'un ton qu'il espérait léger. En vérité, il éprouvait le désir de passer une soirée en famille. Peut-être était-ce plus difficile de partir en mission maintenant qu'il laissait sa famille derrière lui. Il n'était plus le Tom Paris insouciant. Il voulait qu'il en soit toujours ainsi.
"Je vais faire de mon mieux pour y être", répondit-elle. "C'est l'enfer ici. L'armure isolante ne fonctionne pas convenablement, nous n'avons pas encore trouvé le problème et le Capitaine nous demande continuellement de lui rapporter nos progrès."
"Je comprends", dit-il, saisissant très bien la situation. "Nous ne savons pas encore où nous sommes, ni comment retrouver la Terre, mais chacun fait de son mieux."
"Bien sûr. Et puis je n'aimerais pas que les Sernaix nous attaquent alors que nous ne sommes pas prêts pour la bataille", dit-elle en continuant la vérification des données sur la tablette et l'entrée de nouvelles données sur la console.
"Nous voulons la même chose, B'Elanna. Moi aussi je veux que le Voyager regagne le quadrant Alpha. Mais tout laisser tomber autour de soi alors que nous tentons d'obtenir des informations sur les Sernaix, ou de savoir ce que nous faisons ici, n'est pas la bonne solution.
"Je ne vous ignore pas, Miral et toi, Tom. Mais en ce moment, j'ai d'autres priorités", dit-elle.
"Je le sais bien, mais Miral et moi ne demandons qu'une heure de ton temps. Vorik ou Nicoletti ne pourraient pas s'occuper des moteurs pour un si court lapse de temps ? Harry avait-il raison ?" Tom soupira.
"A propos de quoi ?"
"Quand il disait que c'était peut-être le voyage qui importait, alors que le capitaine s'apprêtait à prendre la décision de suivre les ordres de l'Amiral Janeway et d'utiliser la technologie Borg pour rentrer sur Terre. Peut-être avait-il raison. Ce qui compte dans la vie, c'est le voyage, et non l'atteinte d'un but ou d'une destination. C'est peut-être aussi simple que ça."
B'Elanna lâcha tout et se tourna vers son mari. Le ton malheureux de Tom ne la laissait pas indifférente et elle se rendit compte qu'elle avait mis du temps à le remarquer. Elle soupira, inspira profondément et lui sourit doucement. "Tu as sans doute raison. Bien joué, mon beau pilote. Mis à part une alerte rouge, je serai là pour le dîner ce soir. D'accord ?"
Tom jubila. "D'accord ! Et je vais même m'occuper de la vaisselle pour que tu puisses revenir rapidement dorloter tes moteurs crasseux."
"Pardon ? Les moteurs dans cette salle sont à toute fin pratique presque neufs en plus de toutes les réparations qui leur ont été faites et ils ne sont absolument pas crasseux ! Elle se croisa les bras devant elle en appréciant la mine plus détendue de son mari. "Maintenant, laisse-moi travailler si tu veux que je tienne ma promesse pour ce soir."
"Je m'empresse de vous quitter, Madame. "Il l'embrassa rapidement sur la joue, traversa la pièce et sortit en retrouvant, sans s'en rendre compte, son pas léger.
B'Elanna retourna à sa console. Elle avait beaucoup à faire avant de pouvoir partir pour son rendez-vous. Elle s'arrêta quand même un moment pour penser à la difficulté de jongler avec les éléments de sa vie. Avant Tom, elle n'avait pas autant de circonstances à manipuler et pouvait se permettre de passer des heures à la salle des machines. Tout était différent avant Tom. Elle passait beaucoup de temps ici parce qu'il le fallait, certes, mais elle s'y retrouvait souvent car elle n'avait rien d'autre à faire et le temps que B'Elanna passait à la salle des machines lui donnait l'illusion de ne pas s'ennuyer.
En épousant Tom, elle ne pouvait plus penser seulement à elle. Pour la première fois, une autre personne devait être considérée. Les deux occupaient des postes importants à bord du Voyager et tous deux s'étaient vus tirés du lit pour cause d'urgence à plusieurs reprises au cours des sept dernières années. Et puis, alors qu'elle venait à peine de s'ajuster à la vie de couple, Miral était arrivée. Maintenant, B'Elanna trouvait qu'elle manquait d'heures pour accomplir ce qu'elle voulait faire en une journée.
B'Elanna sourit doucement. Peut-être les choses étaient-elles plus difficiles, mais elles en valaient la peine, pensait-elle.
Il est peut-être normal pour tous les nouveaux parents de ne pas se sentir à la hauteur, de craindre de ne pas être adéquat. Bien d'autres couples à part elle et Tom ont eu les mêmes doutes, les mêmes interrogations. Oui, elle réagissait sans doute de façon tout à fait normale.
B'Elanna jeta un coup d'oeil au chronomètre. Mince ! Pourquoi se fait-il que le temps joue toujours contre moi alors que j'ai besoin qu'il m'aide ? Aujourd'hui, elle ne pouvait pas perdre de temps à réfléchir sur sa condition parentale. Elle se concentra sur sa console et relégua ses réflexions à un autre moment. Pour le moent, elle avait trop à faire.
Mais elle s'arrêta brusquement et se souvint de la première fois où Harry et elle rencontraient Azuma et les autres Caprijens. Elle se remémora comment le Gardien avait extirpé ses souvenirs d'enfance et puis, plus tard, ses pires cauchemars.
Un frisson lui parcourait le dos chaque fois qu'elle revivait la dernière dispute qu'elle avait eu avec sa mère, juste avant son départ pour l'Académie de Starfleet. Après tant d'années, ces minutes restaient gravées dans son esprit et sa récente expérience n'avait fait que raviver la douleur. Elle se souvint de chaque mot qu'elles s'étaient lancées, sa mère et elle, et savait qu'elle ne pourrait oublier ce moment. Jamais, non, jamais elle ne pourrait oublier.
Elle aurait aimé pouvoir retourner en arrière, revivre ce moment différemment, mais Harry l'avait suivie et l'avait convaincue de ne pas changer le passé, qu'il lui était impossible de réparer son erreur. Peu importait ce qu'il c'était passé, c'était fini, elle devait l'accepter. Changer un événement aussi banal qu'une dispute avec sa mère pourrait avoir des répercussions imprévisibles sur son futur, un futur qu'elle partageait désormais avec son mari et sa fille.
B'Elanna frissonna de nouveau. Elle avait désespérément voulu changer ce moment. Elle avait presque réussi, sans songer aux conséquences que cet acte aurait sur le reste de sa vie. Elle n'aurait jamais pu se le pardonner si ses actions lui avait fait perdre Tom et Miral.
"Vous allez bien, Lieutenant Torres ?"
B'Elanna se retourna et s'aperçut que Vorik était à côté d'elle. "Bien sûr Vorik", lui dit-elle. "Je rêvassais. Voyons si nous nous pouvons préparer cette modification en une demi-heure."
"Oui, Lieutenant Torres", lui répondit-il avant de s'éloigner.
Elle soupira. Ce soir peut-être, elle relaterait à Tom les détails de son expérience sur Caprijen. Il n'en connaissait qu'une partie et B'Elanna n'aimait pas trop en discuter. Elle savait bien qu'Harry n'avait rien dit et ce soir, il serait peut-être temps de tout partager avec son mari.
B'Elanna sourit et se concentra de nouveau sur son travail. Il serait bon d'être avec sa famille ce soir.
 
***
 
A l'infirmerie, le Docteur chantonnait un aria en rangeant soigneusement ses instruments. Il avait été occupé plus tôt, pris d'assaut par diverses entorses et égratignures. Il avait même traité une indigestion liée aux expériences culinaires de Chell. Il semblait que ce serait tout pour aujourd'hui. Le Docteur appréciait ce moment de répit. Il avait tant de choses à faire avant son départ. Il devait s'assurer que l'infirmerie était en ordre puisqu'il serait parti en mission toute la journée du lendemain.
Une simple pensée sur la mission suffisait pour faire sourire le Docteur, alors qu'il retournait minutieusement à leur place des fioles qu'il avait sorti pour réaliser une nouvelle expérience désormais repoussée jusqu'à son retour de mission.
Dès qu'il eut terminé, le Docteur dirigea son regard vers les portes de l'infirmerie. Il brûlait d'envie de discuter avec quelqu'un de sa mission. Non que la mission soit top secret, il était libre d'en parler, mais il était seul à l'infirmerie en ce moment. Il soupira. C'était toujours la même histoire, chaque fois qu'il voulait de la compagnie, il était seul, et chaque fois qu'il voulait se concentrer pour résoudre un problème, c'était la foule à l'infirmerie.
"Tant pis !" se dit-il. Il devait se concentrer maintenant car il avait un grand rôle à jouer au cours de la mission de demain. Il passa en revue la liste des objets dont il aurait besoin au cours de son voyage sur la planète des Ayreths. Il se dirigeait vers son bureau pour consulter sa tablette quand les portes s'ouvrirent pour laisser entrer Seven of Nine.
Le docteur lui sourit. "Seven ! Quelle surprise !"
Elle inclina légèrement la tête. Le Docteur lui semblait particulièrement exubérant. "Docteur", dit-elle. "Puisqu'il est occupé en ce moment, le Lieutenant Kim m'a proposé de déterminer la cause de votre défectuosité de l'autre jour. "Elle se dirigea vers la console centrale et commença à y entrer des données.
"Quelle merveilleuse idée, Seven", répondit le Docteur. "C'était très étrange. J'arrive à peine à me souvenir de ce qui s'est passé. Au début, j'étais sûr que quelqu'un s'était amusé à trafiquer mon programme mais le Lieutenant Kim n'a pas réussi à trouver des preuves pouvant prouver mon hypothèse. Il m'a dit que le tampon de ma mémoire était bourré d'informations corrompues, mais qu'il n'y avait aucune trace de vandalisme."
"J'ai réussi à isoler les informations corrompues, Docteur. Je vais les analyser. Veuillez vous détendre."
Le Docteur arrêta de faire les cent pas et rejoignit Seven. "Je suis emballé que vous soyez ici, Seven. Il est important que mon programme soit optimisé le plus rapidement possible."
"Bien sûr", opina Seven.
"Je veux dire qu'il faudrait qu'il soit réparé avant mon départ en mission demain." Le Docteur ne put s'empêcher de laisser sa fierté teinter dans sa voix. Après tout, il était rare qu'il fut choisi pour faire partie d'une mission d'exploration et plus rare encore était sa participation à une mission diplomatique. Mais le Capitaine lui avait personnellement demandé de faire équipe avec Tom Paris, malgré le fait que la présence d'un médecin ne fut pas nécessaire au cours de cette mission. Bien sûr il avait été flatté par la requête, mais en plus, il aurait la chance de mettre en valeur ses talents de diplomate, talents auxquels il avait consacré beaucoup de temps au cours des dernières années.
"J'ai reçu l'information que le Lieutenant Paris recrutait des membres pour une mission d'exploration. Je n'étais pas au courant que vous faisiez partie de son équipe, Docteur."
"Eh oui, Seven", lui dit-il en souriant. Le Capitaine elle-même est passée me voir plus tôt. Elle est venue personnellement pour me demander si je pouvais me permettre de quitter l'infirmerie pour la journée de demain afin de partir en mission. "Le sourire du Docteur s'élargit tandis que Seven fit rapidement le tour l'infirmerie du regard pour enfin le poser sur le Docteur.
"Je sais, tout semble tranquille ici pour l'instant", saisissant le sens général des observations de Seven. "Mais vous pouvez me croire, c'est le premier répit que j'ai depuis plusieurs jours."
"Bien sûr, Docteur. Veuillez rester tranquille", demanda Seven, ses doigts entrant efficacement les données sur le clavier de la console.
Le Docteur se rendit compte qu'il s'était remis à faire les cent pas et il s'efforça de rester immobile. Il n'aimait pas beaucoup rester immobile. "Je suis enchanté de voir que le Capitaine me respecte au même titre que n'importe lequel de ses officiers", dit-il. "Dès que je suis convaincu qu'elle a oublié jusqu'à mon existence, elle me donne la preuve que j'ai tort. Vous savez, Seven, cette mission est très importante pour moi. C'est une occasion de prouver que je suis beaucoup plus qu'un simple hologramme, bien plus qu'un médecin débrouillard avec une formation imbattable. C'est ma chance d'être... d'être..."
Seven scruta rapidement le Docteur, pensant que son programme était de nouveau en dérangement. Elle se rendit compte qu'il ne faisait que chercher le terme juste, celui qui traduirait parfaitement ce qu'il ressentait. Elle regarda de nouveau vers la console. "Oui, Docteur." Souvent, lorsque l'on transigeait avec le Docteur, il était préférable de paraître intéressé par ce qu'il disait si l'on voulait terminer rapidement la tâche que l'on avait à accomplir.
"Une personne", dit-il enfin. "C'est ma chance d'être une personne. "Il s'arrêta, savourant pour la première fois l'énormité de ce qu'il venait d'exprimer. "Une personne", répéta-t-il doucement. "Seven, vous entendez ça ? C'est une des premières fois que l'on me traite comme une vraie personne !"
"Je ne crois pas que l'on vous ait traité comme étant moins qu'une personne auparavant, Docteur", dit Seven en continuant son travail.
"Non, mais cette fois-ci c'est différent, Seven. On me demande de participer à cette mission non en tant que médecin, mais en tant qu'individu, un représentant diplomatique du vaisseau, du Voyager."
"Je suis persuadée que vous vous acquitterez adéquatement de vos fonctions", dit Seven, ne saisissant pas très bien la source de l'exubérance du Docteur.
"Monsieur Paris et moi allons visiter les Ayreths", continua le Docteur. "Deux officiers de l'équipe de sécurité de Monsieur Tuvok vont nous accompagner. Ce sera pour moi l'occasion par excellence d'observer les Ayreths évoluer dans leur environnement et pour moi d'interagir avec eux dans ce même environnement. Ces choses sont très utiles lorsque l'on cherche à comprendre une espèce et sa culture.
Le Docteur fit une pause, comme s'il s'attendait à une réponse de la part de Seven.
"Bien sûr", dit-elle.
"La mission de demain comprend deux volets", dit-il d'un ton débordant de confiance. "L'ingénierie nous demande de leur fournir d'autres minéraux et les Ayreths, toujours aussi généreux, nous les offrent, voilà pourquoi nous nous y rendons en navette plutôt que par téléporteur. Et", il fit une pause dramatique, "nous avons été invités à partager un repas avec les Ayreths. Seven, vous imaginez ! " Elle lui jeta un coup d'oeil, mais comme il ne semblait pas s'attendre à une réponse, elle retourna à sa console.
Le Docteur jubilait. Il se réjouissait d'avoir enfin un public. "Nous pouvons finalement les étudier, et peut-être même arriver à trouver une solution à notre dilemme."
"Notre dilemme, Docteur ? " demanda Seven.
"Sommes nous dans une Bulle-Univers ? Et si oui, pourquoi ? Comment sommes-nous parvenus à y pénétrer ?"
"Une mine laissée par les Borg... "débuta Seven.
"Oui, oui, je sais tout ça. Mais nous avons un nombre plus élevé de questions sans réponses que de questions avec réponses. Par exemple, comment réussir à sortir d'ici et où aboutirons-nous si nous réussissons ? Depuis combien de temps sommes-nous ici ? D'après nos chronomètres, cinq mois se sont écoulés, mais durant ses cinq mois, le temps s'est-il arrêté à l'extérieur de la Bulle-Univers ? " il fit une pause puis continua de réfléchir à voix haute. "Qui est responsable de la création de cette Bulle-Univers ? Les Ayreths sont-ils au courant ? Peuvent-ils nous donner plus de renseignements ?"
"J'ai cru comprendre que les Ayreths ne sont pas très bavards, Docteur", répliqua Seven of Nine.
"Exact, Seven. Et c'est pourquoi nous retournons sur leur plan&eagrave;te. Le Capitaine veut un nouveau point de vue sur les Ayreths et leur culture, il est possible que Monsieur Paris et moi réussissions à le lui fournir. De plus, elle a ajouté qu'il y avait de fortes chances que nous soyons les seuls capables d'obtenir des réponses à nos questions. Nous accomplirons ce que Chakotay et le Capitaine n'ont pu accomplir. "Il sourit. "...Evidemment, Monsieur Paris n'en est pas à sa première visite. Mais il avait dû écourter sa visite pour rentrer avec Icheb pour une raison quelconque. D'après le Capitaine, Monsieur Paris et moi sommes tous les deux en mesure de quitter nos postes pour superviser la mission. Il semble que ce soit le Voyager qui nécessite des soins médicaux en ce moment, pas son équipage."
"Docteur, comment pouvez-vous tous les deux être chargés de superviser la mission ?, demanda Seven.
"En fait Monsieur Paris est chef de mission. Je suis son second." Il lui sourit, Seven continua son entrée de données.
Le Docteur eut une pensée soudaine et sursauta. "Seven, ma matrice est-elle intacte ? Vais-je pouvoir manger et boire demain lors de notre repas avec les Ayreths ?"
"Bien sûr, Docteur. Aucun de vos sous-programmes n'a été endommagé. Vous n'avez perdu aucun de vos programmes évolués. Vous n'avez perdu que quelques heures de mémoire, et ces heures se situent au même moment dans le temps, au cours d'une même journée. Il est également possible que les dommages aient été causés par la perte de nos amortisseurs d'inertie."
"Vous pouvez réparer les dommages ? " demanda le Docteur. "Les fichiers corrompus que Monsieur Kim a trouvés, ne pouvez-vous pas les corriger ou quelque chose du genre ?!..." Il ne pouvait supporter la perte de quelques heures de mémoire. Des renseignements d'une importance vitale pouvaient se cacher dans ses quelques heures. Peut-être avait-il découvert à son insu la clé du mystère ?... Il se mit de nouveau à arpenter l'infirmerie pendant que Seven continuait sa collecte et son analyse de données.
"Docteur, pour le moment, je suis incapable de réparer les fichiers corrompus", dit-elle.
"Pardon ? Que voulez-vous dire ? Vous êtes incapable de réparer les fichiers ? " Le Docteur se savait quasi hystérique, mais il se sentit soudainement vulnérable.
"J'ai fait une copie des fichiers corrompus, Docteur. Demain matin, quand vous serez parti en mission, je les passerai en mode diagnostique. Soyez sans craintes, vous ne serez aucunement importuné par ces fichiers. Vos facultés diplomatiques n'en seront pas affaiblies."
Le docteur fit une grimace. Seven ne pouvait comprendre. "Mais pourquoi ne pas les passer en mode diagnostique maintenant ? " dit-il en tentant de ne pas trop pleurnicher.
"Je dois me rendre à la salle des machines. On m'a demandé d'aider aux réparations de l'armure isolante", répondit-elle en éteignant la console. Elle se tourna vers le Docteur.
"C'est bon, je comprends parfaitement. L'armure isolante est plus importante que moi ?!...", dit-il d'un ton sarcastique, en se dirigeant vers son bureau.
"Docteur ?"
"Oui, Seven ? " il se tourna vers elle.
"Bonne chance au cours de votre mission. Je suis ravie de voir que l'on vous apprécie à votre juste valeur."
Le Docteur lui sourit. "Ne m'avez-vous pas souvent dit ne pas croire en la chance, Seven ?"
Seven considéra la question du Docteur. "Sans doute une erreur dans ma logique."
"Dans quel sens ? " demanda-il.
"Je croyais que la chance était quelque chose de tangible", répondit-elle. "Mais peut-être est-ce tout simplement la présence d'un voeu de réussite."
"Vous avez sans doute raison, Seven", lui dit-il doucement. "Merci pour vos voeux de réussite."
Après un petit hochement de tête, Seven se tourna vers les portes de l'infirmerie et sortit.
 
***
 
B'Elanna enfonça le levier de l'antique grille-pain que Tom avait répliqué quelque temps auparavant. Une des choses qu'elle n'arriverait jamais à comprendre de Tom fût sa conviction que le pain grillé dans cette vieillerie avait meilleur goût que le pain tout droit sorti du réplicateur. Leurs choix d'activité différaient aussi, mais au moins, Miral bénéficierait du choix d'intérêts.
Elle se retourna et sourit à la vue de Tom tenant Miral en lui donnant le biberon. Le docteur avait enseigné à Tom comment utiliser l'ADN de B'Elanna pour répliquer du lait maternel pour Miral. Elle soupira. Ces petits détails technologiques rendaient la vie tellement plus facile. Elle n'était plus obligée de donner le sein à sa fille, Miral pouvait profiter du lait maternel, même si c'était Tom qui donnait le biberon. Les deux parents pouvaient alors profiter de ces moments de tendresse pour créer un lien avec leur fille.
Les tranches grillées remontèrent, B'Elanna les prit et les mit dans l'assiette de Tom. "Le dîner est servi, Papa", dit-elle en portant les assiettes sur la table. Elle approcha le berceau et Tom y déposa tendrement une Miral endormie.
"Regarde-moi ça", dit doucement B'Elanna. "Elle est si grande ! " Les deux admirèrent leur fille. "Voilà bien un meuble qui devra bientôt être remplacé. Elle est déjà presque trop grande pour son berceau maintenant." Elle effleura des doigts le berceau de Miral. Son premier lit.
"Le prochain sera plus grand", lui dit Tom. Les deux se mirent à observer leurs quartiers, remarquant qu'ils allaient bientôt manquer d'espace. B'Elanna soupira et prit place à table.
"C'est tout ce que tu manges ? " demanda Tom en voyant la salade que B'Elanna s'apprêtait à manger.
"C'est une grosse salade, Tom, et j'y ai mis plein de bonnes choses. Je ne vais pas mourir de faim, promis." Elle lui sourit. "Je ne me sens pas très viande-patates aujourd'hui."
"Eh ! Il ne faut pas dénigrer le viande-patate. Le viande-patate est très bon pour la santé. Je n'ai aucune idée d'où Chell puise son inspiration, mais ce plat est délicieux. Et puis, l'usage des réplicateurs est de nouveau rationné, alors ce repas me permet de bien manger, tout en économisant mes rations."
B'Elanna regarda gentiment Tom. "A t'entendre, on te croirait l'homme le plus heureux sur Voyager."
Tom soupira. "Ouais, j'imagine que c'est vrai. Tellement, que je me sens coupable d'être si heureux."
Elle lui sourit. "Je peux comprendre. Comme tout le monde, je travaille très fort pour que le Voyager retrouve la Terre, mais, peut-être ma motivation de rentrer est-elle différente des autres." Après un long moment de silence, B'Elanna reprit. "C'est peut-être le voyage, après tout."
Ils se croisèrent du regard et Tom lui prit la main. "Tu es bien tranquille ce soir, est-ce que ça va ?"
"Juste un peu de fatigue", dit-elle, en retournant à sa salade. "J'ai cru que je n'aurais plus à réparer les moteurs du Voyager, j'essaie moi aussi de me faire à l'idée que nous sommes à nouveau perdus."
"Tu travailles trop dur. Le Docteur..."
"Le Docteur m'a dit que j'étais en parfaite santé. Tom, tu sais, je me portais très bien avant d'avoir Miral. En fait, je me sens si bien que je pourrais te battre à plates coutures si on jouait aux Parrises Squares", lui lança-t-elle avec défi.
"Mais tu exagères, B'Elanna, tu as réussi à me battre seulement deux fois en sept ans", lui répondit Tom d'un air relax. "A ta place, je me garderais de tout espoir de me battre de sitôt."
"Pardon ? " lui demanda-t-elle.
"Quoi ? " Demanda-t-il à son tour, l'air innocent.
"Tout espoir ? Tout espoir ? " Elle s'avança vers lui. "Je vais te dire, Capitaine Proton, tu trouves une gardienne pour demain soir, tu nous réserves un holodeck et je vais te prouver que je suis en meilleure forme maintenant, qu'avant mon accouchement."
Tom sourit. "Tu crois ?"
"Pourquoi, n'ai-je pas l'air en forme ?"
Tom comprenait bien ce qu'impliquait ce ton de voix. "Mais non, B'Elanna, tu es magnifique, ce n'est pas le point où je voulais en venir."
"Réserve-nous le holodeck demain soir et je te montrerai à quel point je veux te tenir tête ! " lui dit-elle.
"Marché conclu ! " dit Tom en souriant. Après tout, il devenait de plus en plus difficile de passer du temps seul avec B'Elanna.
"Parfait ! " Elle aussi souriait. Elle le regardait avec un air qui lui faisait comprendre qu'il avait intérêt à jouer la meilleure partie de Parrises Squares de sa vie.
"Eh ! " dit-il soudainement, en lui prenant de nouveau la main. "Je t'aime. Je vous aime de tout mon coeur, Miral et toi." B'Elanna restait silencieuse alors que Tom cherchait ses mots. "Tu sais, je n'aurais jamais cru que quelqu'un puisse m'aimer un jour." Il fixa B'Elanna des yeux. "Avoir une femme qui m'aime pour ce que je suis, et non pour ce que j'aurais pu être si je n'avais pas tout gâché." Il inspira profondément. "Jamais je n'aurais pensé te trouver."
B'Elanna sentait les larmes lui monter. Elle lui caressa la main.
"J'ai souvent l'impression que je vais encore tout gâcher", continua-t-il, s'efforçant de tout lui dire. "Je m'imagine que je vais faire ou dire quelque chose d'insensé et que je vais te perdre. Ou peut-être est-ce un rêve et que je vais me réveiller pour me rendre compte qu'en fait, nous en sommes à notre troisième année dans le quadrant Delta." Tom aussi avait les larmes aux yeux, il opta pour l'humour. "Et puis je vais à la salle des machines où l'ingénieur en chef me traite de p'tak en me flanquant un bon coup de poing sur le bras."
B'Elanna sourit. "Ne t'en fais pas trop pour la première partie, mais ne va pas croire que tu es si bon que personne ne peut te traiter de p'tak de temps en temps." Les deux souriait.
"J'ai parfois l'impression de ne pas être assez bon pour toi", dit-il simplement.
"Il y a des jours où j'entre ici après une longue et dure journée à la salle des machines et je suis toute surprise de t'y trouver, assis sur le divan, tenant Miral dans tes bras. Je vois tous les jouets et la panoplie pour bébé et je me demande comment ai-je pu avoir autant de chance." B'Elanna fit une pause et avala la boule d'émotion dans sa gorge. "Et, il y a des jours où je pense à Miral et toi au cours de la journée et je réussis à me convaincre qu'à mon retour ici, vous ne serez pas là. Que j'avais tout inventé pour combattre mon ennui." Sa voix était très faible, mais Tom saisissait chaque mot. "Et puis, et puis je te vois, et tout revient à la normale." Sa voix craquait.
Tom se leva et la prit dans ses bras. Ils partageait les mêmes sentiments. Peut-être n'était-il pas cinglé après tout.
"Tom", dit-elle, reculant pour mieux lui faire face. "Depuis la naissance de Miral, je me suis sentie angoissée. J'ai peur de me pas être une bonne mère, mais je sais que tu es là pour compenser là où j'ai des faiblesses."
"B'..."
"Non, il faut que je te le dise." Elle inspira profondément. "Quand je suis allée sur Caprijen avec Harry, le Gardien m'a transporté au moment de ma dernière dispute avec ma mère." Tom hocha la tête, elle le lui avait déjà dit. "J'aurais tellement aimé la rattraper quand elle s'est sauvée, changer ce qui avait été, me réconcilier avec elle. Et je l'aurais fait. Je l'aurais fait, Tom, sans me soucier des conséquences liées au changement d'un seul moment dans le temps." Elle fit une pause. "Et puis je me suis mise à penser à vous deux, Miral et toi. En modifiant ce moment de mon passé, j'aurais risqué changer mon avenir, ce qui vous impliquait, Miral et toi. Je n'aurais peut-être jamais rejoint les rangs des Maquisards, je n'aurais pas été à bord du vaisseau de Chakotay quand le Pourvoyeur nous a catapulté dans le quadrant Delta. Je ne t'aurais peut-être jamais rencontré."
"Nous ne serions pas ensembles. Miral ne serait pas au monde", dit Tom doucement.
Elle hocha la tête et se força à sourire. "Alors je crois que je devrai vivre avec le souvenir de ma dernière dispute avec ma mère et m'assurer que la même situation ne se reproduise entre Miral et moi."
Il lui sourit. "C'est peut-être le voyage."
L'impact des mots que Harry avait prononcés se fit sentir. "C'est peut-être le voyage", chuchota-t-elle. "Et peut-être avons-nous les mêmes inquiétudes que tout le monde. J'étais si habituée à n'avoir qu'à m'occuper de moi-même. Et puis, ce court laps de temps où nous étions tous les deux, suivi de la naissance de Miral."
"Tout ça peut paraître insurmontable parfois", dit Tom. B'Elanna hocha la tête. "Mais", dit-il en souriant", Je ne changerais rien de tout ça."
"Rien ? " demanda-t-elle.
"Rien", lui murmura-t-il. Il se pencha pour l'embrasser tendrement. "Allez, finissons de manger. L'équipe d'ingénierie doit se demander où est son chef et je ne voudrais pas être responsable de son absence prolongée."
Elle rit alors qu'ils prirent place à table pour terminer leur repas. "Parle-moi donc de cette mission demain", dit-elle en changeant le sujet.
"Le Docteur et moi sommes à la tête d'une mission sur la planète des Ayreths. Nous partons à l'aube et nous avons comme priorité de rapporter les minéraux dont tu as besoin."
"Rappelle-moi qu'il faut que je révise cette liste avant ton départ", dit-elle, soudainement en mode ingénierie, pensant aux autres éléments qu'elle pouvait extraire sur la planète sans en décimer les stocks.
"D'accord, mais nous partons à 06H00."
"Parfait. As-tu dit que le Docteur y allait avec toi ?"
"Le Capitaine m'a demandé si je ne serais pas embêté par sa présence. Je crois qu'elle ne peut se permettre d'envoyer trop de personnel. Et puis, le Docteur demande toujours à quitter le vaisseau, et les Sernaix se sont tenus tranquilles."
"Je suis au courant des efforts qu'Harry et Seven font pour réparer le tampon de mémoire du Docteur. Ils espèrent pouvoir réussir à en extraire les informations perdues lorsque nos amortisseurs d'inertie ont lâché."
"Ont-ils eu de la chance ?"
"Je ne le sais pas, mais les dossiers corrompus se situaient seulement dans cette période de la journée. Le Docteur fonctionnera très bien demain."
"C'est bien", dit Tom. "Au cours cette mission, il ne faudrait surtout pas que je me retrouve avec du personnel qui ne peut se comporter correctement."
"Je ne me ferais pas de soucis pour le Docteur", dit B'Elanna, repoussant son assiette. "Et je vais accepter ton offre pour la vaisselle, je dois retourner travailler. "Elle se leva et jeta un coup d'oeil sur Miral qui dormait toujours dans son berceau. "Maman reviendra très vite", chuchota-telle.
Tom attira sa femme vers lui pour l'embrasser. "Ne travaille pas trop tard", dit-il dans ses cheveux en lui faisant un calin.
"Promis." Elle se dirigea vers la porte, mais se retourna. "Eh, beau pilote." Tom se retourna vers elle. "Fais attention demain. N'oublie pas que tu as une famille maintenant."
Tom sourit. "Je n'oublierai pas."
B'Elanna lui sourit à son tour et se rendit à la salle des machines.
 
***
 
Tom Paris entra dans le hangar à navettes en portant un sac dans lequel il avait mis ses effets personnels. Plus tôt le matin, il avait vérifié si tout ce dont ils auraient besoin était prêt à l'embarquement. Les Enseignes Mahoney et Abernathy s'y trouvaient déjà et étaient occupés à charger la navette.
"Bonjour, Messieurs", dit-il en s'avançant vers l'avant de la navette afin d'y effectuer les vérifications avant le décollage.
"Bonjour, Lieutenant", répondit Mahoney, suivi des salutations moins enthousiastes de l'Enseigne Abernathy.
"Quoi, pas heureux d'être debout si tôt, Abernathy ? " demanda Tom.
"J'ai horreur des affectations matinales", se plaigni-il. "Je suis un oiseau de nuit."
"Après toutes ces années ? " dit Tom en ricanant. "Il me semble que tu devrais y être habitué maintenant."
Les portes du hangar s'ouvrirent et le Docteur entra, son émetteur holographique portable au bras, ainsi qu'un sac d'effets personnels. Il affichait un grand sourire en entrant dans la navette et dit "Bonjour tout le monde !"
"Bonjour, Docteur", dit Tom. Les deux Enseignes saluèrent le Docteur à leur tour.
"Je suis ravi de pas être en retard", dit le Docteur. "Monsieur Kim est venu me voir plus tôt. Il avait des douleurs au bras droit."
"Ah ? " dit Tom, en terminant l'entrée de la trajectoire.
"Oui, de toute évidence, il avait trop joué au billard hier soir."
"Ah, oui. B'Elanna devait retourner travailler et Naomi Wildman m'avait demandée si elle pouvait s'occuper de Miral pour quelques heures. Alors, j'en ai profité pour traîner mon vieux pote Harry chez Sandrine pour une partie de billard."
"Une partie ? " demanda le Docteur. "Selon Monsieur Kim, vous avez remporté les six parties que vous avez jouées." Les deux Enseignes, amusés par les propos de Tom et du Docteur, sourirent à l'arrière de la navette. Il était rafraîchissant de voir que le Docteur traitait Tom avait la même condescendance que celle qu'il réservait à tous les autres membres de l'équipage.
"Ce qui n'est pas très difficile, Docteur", dit Tom sur la défensive. "Et puis nous ne sommes restés que quelques heures. Je devais remplacer Naomi et me préparer pour la mission."
"Six parties, Lieutenant", répéta le Docteur, espérant mettre de l'emphase.
"Oui, mais six parties gagnées contre Harry n'en valent pas une seule remportée contre le Capitaine", dit Tom, préoccupé.
"Le Capitaine ? C'est là où vous voulez en venir ? A battre le Capitaine au billard ? " demanda le Docteur.
"Qu'y a-t-il de mal là-dedans, Docteur ? J'y arriverai un jour."
"Vous n'y arriverez pas, Lieutenant", répliqua sèchement le Docteur. "Sur le Voyager, le Capitaine Janeway est notre meilleur joueuse de billard."
"Quoi ? " demanda tom en se tournant vers le Docteur. "Etes-vous au courant de quelque chose que j'ignore ?"
"Rien de bien important, seulement que vous ne battrez jamais Janeway. Plusieurs ont essayé, mais personne n'a réussi", dit-il.
"Alors, j'ai bien droit d'y rêver, Docteur", dit Tom retournant vers sa console. "Et, ne vivons-nous pas pour accomplir nos rêves ? Voilà, nous sommes prêts au décollage", dit-il en complétant la séquence de décollage. Il se tourna vers les Enseignes. "Etes-vous prêts, vous deux ?"
"Prêts", répondirent les deux Enseignes en même temps.
"D'accord. Allons-y", dit Tom. Il tapa sur son communicateur. "Lieutenant Paris à la passerelle."
"Oui, Lieutenant", répondit Janeway.
"Nous sommes prêts pour le décollage", lui répondit Tom.
"Compris, amusez-vous bien, messieurs", dit Janeway avant de couper la communication. Les portes du hangar s'ouvrirent tranquillement.
Tom Paris pilota la navette hors du hangar et activa la séquence qui les mènerait sur la planète.
 
***
 
Après un vol sans incident, Tom posa la navette à la surface de la planète. La position que les Ayreths leur avaient indiquée les mena à un joli terrain plat.
Les quatre membres de l'équipe sortirent de la navette et durent se couvrir les yeux du soleil ardant local, seul le Docteur n'étant pas incommodé. Sa matrice holographique pouvait supporter une très grande intensité de lumière.
Autour d'eux, ils pouvaient voir d'étranges plantes, de magnifiques fleurs de toutes les couleurs et de gros rochers sortis d'on se sait où. Le Docteur en était bouche bée. Même Tom, qui avait déjà visité la planète, en eut le souffle coupé. Il s'approcha des deux Ayreths qui s'approchaient.
"Bonjour", leur dit-il en les accueillant et en leur présentant les mains ouvertes droit devant lui, les doigts légèrement fléchis. Les deux Ayreths firent de même en souriant. Le Docteur les examina et les imita en guise de bienvenue. Les deux Enseignes firent de même. Les Ayreths semblaient apprécier le geste.
"Bonjour à vous tous, et bienvenue dans la demeure éternel des Ayreths. Je suis Toram", dit le premier Ayreth. "Et voici Hamus. Nous avons reçu votre demande de minéraux, Lieutenant Paris, et avons pris l'initiative d'envoyer certains d'entre nous pour préparer votre commande."
"Excellente idée. Merci", dit Tom.
"Vous êtes les bienvenus, Lieutenant Paris du Voyager", répondit Toram.
"Voici le Docteur, notre médecin en chef", dit Tom en guise de présentation. "Et voici les Enseignes Mahoney et Abernathy, deux membres de notre équipe de sécurité."
"Vous n'aurez nul besoin de gardes du corps, nous sommes de nature paisible, Lieutenant Paris", dit Hamus. Sa voix était plus grave que celle de Toram, mais tout aussi plaisante.
"C'est notre coutume", dit Tom amicalement. "Notre chef de la sécurité insiste, nous devons avoir quelques gardes lorsqu'il ne fait pas partie de la mission. Notre Capitaine, quand à elle, lui permet cette surprotection.
"Bien sûr, Lieutenant Paris. Veuillez nous suivre", dit Toram, alors que Hamus et lui prirent place devant la délégation pour s'engager dans un sentier bien usé. "Nous allons rejoindre les mineurs à quelque deux cents mètres d'ici."
Ils suivirent leurs hôtes en écoutant quelques contes concernant leurs terres sacrées. Le Docteur, très intéressé par la culture des Ayreths, posa plusieurs questions, mais Toram préféra poursuivre son récit pour l'équipe, en y incluant la légende des piliers de pierre. Ce dernier contourna les questions du Docteur et ramena à tout coup la conversation aux histoires ancestrales.
"Et voici", dit Toram en indiquant l'entrée d'une mine; "l'entrée de la caverne où nous avons extrait les minéraux dont vous avez besoin. Trois des minéraux sur la liste de votre Ingénieur en chef se trouvent dans cette caverne, le quatrième, une sorte de zinc, ne se trouve pas sur notre planète, mais nous croyons que ce substitut saura combler vos besoins."
"Merci pour vos efforts", dit Tom. Avec les trois autres membres de son équipage et les deux Ayreths, il regardait une poignée de mineurs s'affairer à la collecte des minéraux pour les empiler dans quatre simple chariots.
Tom prit mentalement ce détail en note. La tablette qu'il tenait était le seul endroit où l'on pût trouver un quatrième item sur la liste. B'Elanna lui avait demandé très tôt ce matin d'ajouter du lithium aux minéraux qu'il devait venir chercher. Et pourtant, Tom n'eut qu'à jeter un coup d'oeil sur les piles de minéraux pour savoir que le dernier ajout de sa liste faisait déjà partie de la cargaison.
"C'est très intéressant, Monsieur Paris", murmura le Docteur à Tom. "Je n'étais pas au courant que nous avions besoin de lithium."
"B'Elanna m'a demandé ce matin même de l'ajouter à liste", dit Tom. "De toute évidence, nous commençons à en manquer, suite aux attaques Sernaix que nous avons subies dernièrement." Le Docteur le regarda d'un regard interrogateur, mais Tom l'ignora.
"Je vois", répliqua le Docteur. Tom fut soulagé de voir que le Docteur avait saisi sa non-réponse. Il l'interrogerait à ce sujet plus tard.
"Tout est parfait, Toram et Hamus", dit Tom. "Vous semblez nous avoir donnée une quantité plus que suffisante de minéraux pour subvenir à nos besoins. Notre Ingénieur en chef et notre Capitaine seront ravies."
"Oui", répondit Hamus. "Nous sommes conscients de vos besoins, et nous nous sommes efforcés de vous donner une quantité plus importante des minéraux demandés. "Il sembla donner un signal muet aux ouvriers qui s'empressèrent de préparer les chariots pour leur remontée vers la surface.
"Nous sommes prêts pour le transport vers votre navette", dit Toram, en se tournant pour les guider.
"Par transport, je n'ai pas l'impression qu'il veut dire téléporteur", chuchota Mahoney à Abernathy.
"On dirait qu'ils vont se rendre à la navette avec les chariots", lui répondit doucement Abernathy.
Les ouvriers suivirent le petit groupe vers la navette. Deux heures plus tard, grâce à la force et à l'efficacité des ouvriers, les minéraux étaient chargés à bord de la navette. Tom savait qu'une navette remplie de minéraux était le plus beau cadeau qu'il pourrait faire à B'Elanna.
"Toram, nous apprécions tout ce que vous faites pour nous", dit Tom.
"Nous sommes vos humbles serviteurs", dit Toram en inclinant la tête
"Nous avons rencontré des gens qui, contrairement aux Ayreths, ne semblent vivre que pour la discorde et la guerre. Ils attaquent sans provocation", dit Tom.
"Nous sommes un peuple paisible", dit Toram.
"Oui, et nous l'apprécions", dit Tom à son tour. "Mais, il se passe des choses autour de nous qui nous intriguent. Par exemple..."
"Nous sommes aussi d'excellents mineurs", dit Hamus.
"Et vous avez certainement l'air de savoir ce que vous faites", opina Tom. "Nous ne pouvions prévoir que nous aurions besoin de tant de minéraux. Nous étions en route pour la Terre quand une explosion nous a catapulté... ici. Et comme nous ne savons toujours pas où nous sommes, nous pensions que vous pourriez nous éclairer à ce sujet."
"Les Aînés savent plus que nous ce qui existe et ce qui n'existe pas", répondit Hamus.
"Oui", dit Toram à son tour. "Les Aînés sont les membres les plus savants de notre société. Ils se joindront à nous au cours de notre déjeuner."
"Parfait", dit Tom. "Merci."
"Venez, il est temps de se joindre à eux", dit Hamus. Toram et lui se dirigèrent vers le sentier principal et Tom et le reste de l'équipe emboîtèrent le pas.
"Monsieur Paris", murmura le Docteur, en s'approchant de Tom. "Ne trouvez-vous pas étrange qu'ils n'aient aucune réponse aux questions portant sur où nous sommes ? " demanda le Docteur à Tom, alors qu'ils suivaient les deux Ayreths devant eux.
"Il n'y a plus grand-chose qui me surprenne", rétorqua Tom. "Mais j'ai faim, pas vous Docteur ?"
"Bien sûr, Monsieur Paris. J'ai hâte de casser la croûte", dit sarcastiquement le Docteur. "Naturellement, il n'est pas important de savoir où nous sommes et comment nous y sommes arrivé. Par contre, il est beaucoup plus important de déjeuner."
"Calmez-vous Docteur", dit Tom. "Les Aînés seront présents lors du déjeuner. Nous verrons s'ils pourront répondre à nos questions."
"Et si nous n'obtenons que les mêmes non-réponses, alors, que ferons-nous ?"
"Je ne sais pas, Docteur", dit Tom. "Je ne sais vraiment pas."
 
***
 
Le Capitaine Janeway entra dans l'ingénierie et se mit à la recherche de son Ingénieur en chef. B'Elanna travaillait dans un coin éloigné, passant un panneau en mode diagnostique alors que Vorik, à ses côtés, tenait maladroitement Miral dans ses bras. Pour le moment, Miral semblait tout à fait à l'aise à dévisager le Vulcain qui la tenait.
"Je vois que l'ingénierie est entre de bonnes mains", dit le Capitaine en souriant.
B'Elanna se retourna. "Pardon, Capitaine", dit-elle, faisant allusion à la présence de sa fille. "Je devais m'occuper d'un détail ici et l'une des Wildman est en classe tandis que l'autre est de service. Mon mari est en mission et je n'avais pas d'autre choix, je devais l'amener avec moi."
"N'y pensez plus, B'Elanna", dit le Capitaine, en prenant Miral et en lui souriant. Malgré le fait que les Vulcain ne manifestent pas leurs émotions, elle aurait pu jurer lire un certain soulagement dans le visage de Vorik. "Je comprends votre dilemme. Comment vont les réparations ?"
"J'aimerais vous dire que tout va bien, Capitaine. Je crois avoir trouvé, mais la reconfiguration va prendre quelque temps. "Elle regarda Miral et soupira.
"B'Elanna, le Commandeur Chakotay est sur la passerelle pour le quart Alpha et je me dirigeais vers mes quartiers pour terminer quelques rapports. Si vous voulez, je peux emmener Miral avec moi pour m'en occuper jusqu'à ce que vous ayez terminé ici".
B'Elanna réussit à ne pas montrer sa surprise. "J'apprécie, Capitaine, mais je ne peux pas vous garantir que Miral restera aussi sage."
"C'est bon, Lieutenant, j'en prends le risque", dit Janeway en faisant des petites grimaces à Miral. "Si vous êtes d'accord, bien-sûr", ajouta-t-elle.
"Euhhh, d'accord, si ce n'est pas trop gênant pour vous, Capitaine. "B'Elanna pouvait facilement s'imaginer Miral hurlant tout le temps qu'elle serait avec le Capitaine.
"Nous irons très bien, B'Elanna, ne vous inquiétez pas. "Catherine Janeway interpréta l'expression sur le visage de B'Elanna et lui dit à voix basse", Et si elle pleure et hurle, je vous promets de ne pas vous en vouloir."
B'Elanna sourit. "Bien compris, Capitaine. "Elle réussit à prendre une grande respiration. "Merci !"
"Vous n'avez pas à me remercier. Je dois avoir un vaisseau en parfait état et, du coup, je peux passer du temps avec le membre le plus jeune de mon équipage pendant que sa mère répare notre armure isolante", dit le Capitaine.
"Alors c'est d'accord", dit B'Elanna. Le Capitaine se chargeait de tout, elle s'en voyait soulagée.
"Je vais demander à T'Pel de m'accompagner à vos quartiers afin d'y récupérer les effets de Miral", dit le Capitaine Janeway.
"Vous risquez de regretter votre offre, Capitaine", dit rapidement B'Elanna. "Miral n'est pas toujours aussi tranquille. "Elle remarqua que sa fille était complètement captivée par le Capitaine et se demanda, non pour la première fois, ce que Catherine Janeway avait de si captivant. B'Elanna soupira. Elle aussi avait été fascinée par Janeway, et elle l'était toujours. Elle ne connaissait aucun autre Capitaine qui aurait pu diriger un vaisseau sans relâche pendant sept ans et être toujours en mesure de s'occuper personnellement des gens qui y habitaient.
"Je suis sûre que nous allons nous entendre à merveille. Continuez votre travail, Lieutenant", dit Janeway, en quittant la salle des machines, portant Miral en lui souriant.
 
***
 
Une demi-heure plus tard, Janeway et Miral entrèrent dans les quartiers du Capitaine. Les deux avaient dû faire un petit détour par le mess pour rassurer Chell, car ce dernier croyait que ses recettes la faisaient fuir. Elle lui avait simplement dit qu'elle avait beaucoup de travail.
Elle avait entendu au travers des conversations que Chell se plaignait de l'absence du Capitaine et qu'elle ne semblait pas visiter le mess aussi souvent que lorsque Neelix en était le chef. Catherine éprouvait le besoin de lui dire qu'il faisait un excellent travail.
Le Capitaine soupira. Parfois, un capitaine devait accomplir de bien petites tâches. Quand elle oubliait que son équipage manquait de réconfort de sa part, elle pouvait toujours compter sur Chakotay pour le lui rappeler. Heureusement, Chakotay sentait bien le pouls de l'équipage.
Catherine réussit à poser le couffin près du bureau sans réveiller Miral. Elle y déposa doucement l'enfant endormie. "Regarde comme tu grandis", dit-elle à l'enfant endormie. "J'ai peine à croire que tu as presque cinq mois", chuchota-t-elle en se rendant compte que sa voix manquait. "D'ici un mois, tu seras trop grande pour ce couffin."
Capitaine Janeway soupira et détourna son regard du couffin pour regarder par le hublot. Cinq mois. Cinq mois depuis qu'ils étaient presque rentrés sur Terre. Cinq mois depuis que cette mine laissée par les Borg les avait catapultée en Enfer. Ce n'était peut-être pas le quadrant Delta, mais presque. Si seulement elle savait où se trouvait cet Enfer, cette fois-ci.
Elle soupira à nouveau. Elle s'assied à son bureau pour travailler. Elle tira sa console vers elle et prit une des nombreuses tablettes sur son bureau. Elle se risqua à jeter un coup d'oeil rapide vers Miral.
Miral émit des petits pleurs et le Capitaine posa sa tablette pour s'occuper d'elle. Après un court moment, les pleurs se firent plus insistants et Catherine la prit dans ses bras en la cajolant. "Shhh...", dit-elle. "Tout va bien ma chérie, ta maman travaille à l'ingénierie. Tu es avec le Capitaine maintenant, et nous allons très bien nous entendre jusqu'à ce qu'elle revienne te chercher. Tout va bien aller."
Miral pleurnicha encore un moment et puis se mit à observer le Capitaine. Les larmes s'arrêtèrent de couler.
"Tu es bien sage, Miral", dit le Capitaine. "Regardons ce qu'il y a dans ton coffre à jouets, veux-tu ?"
Le Capitaine porta Miral vers le divan et l'installa dans un coin. Elle l'entoura de coussins pour la garder droite et la protéger et alla chercher le coffre à jouets. Elle l'ouvrit et le vida en y sortant les doux jouets colorés un par un. Elle mit la main sur un petit jouet de peluche rose et le huma. Le jouet avait l'odeur d'un nouveau-né. En fait, tous les jouets de Miral avaient cette odeur.
Catherine soupira. Au diable la douzaine de rapports sur son bureau. Peut-être avait-elle plus besoin de temps passé à faire autre chose que lire des rapports. Un répit des inquiétudes de l'équipage, des questions (surtout les siennes) sur où se trouvait le Voyager en ce moment, ou bien quand ils seraient de retour sur Terre. Elle devait s'éloigner du sujet, faire autre chose.
Miral sourit. Elle ressemblait tellement à sa mère quand elle souriait. Catherine lui sourit aussi.
Peut-être une pause des Sernaix, des Ayreths et des Inryeths était ce dont elle avait le plus besoin. Oui, un temps d'arrêt pour ré-évaluer la situation, pour en avoir une nouvelle perspective.
Alors qu'elle tendait à Miral un chien en peluche, au grand bonheur de cette dernière qui criait de joie à la vue du jouet, Catherine Janeway ne pût s'empêcher de penser à Tom et au Docteur, et s'ils auraient plus de chance pour obtenir des informations des Ayreths qu'elle et Chakotay en avaient eu.
 
***
 
"Et maintenant", dit Hamus à Tom et au reste de l'équipe", il est bientôt l'heure de notre déjeuner. L'Orateur Mateth se joindra à nous", ajouta-t-il d'un ton qui laissait sous-entendre que cela ne se produisait pas tous les jours.
Tom et les autres membres de son équipe suivirent les deux Ayreths dans un endroit qui semblait être le lieu de rassemblement général, une sorte de grande salle de conférence. On pouvait y voir quatre grande tables sur lesquelles le couvert et la nourriture étaient déjà en place. De longues flûtes de verres contenaient un liquide bleu. Jeunes et Aînés prirent leurs places habituelles.
"Voilà", dit Hamus, leur pointant vers la table la plus éloignée. "Voici notre salle des repas. Ce fut un honneur de vous prêter assistance aujourd'hui. "Hamus et Toram saluèrent rapidement l'équipage du Voyager de la tête et disparurent.
Il y avait quatre couverts devant eux, et les membres de l'équipage y prirent place. Le Docteur observa le liquide bleu et se demanda quelle atrocité cette civilisation aurait pu concocter pour mettre au défi le système digestif des humains. Eh bien, il y avait trois humains en sa compagnie, et ces derniers semblaient bien prêts à tenter l'expérience. Il soupira. Heureusement, il était bon médecin et avait réussi à guérir bien des maladies que ni lui, ni les membres de l'équipage n'avaient vues auparavant. Il était aussi heureux que Monsieur Kim ait pu modifier sa matrice holographique avant son départ. Il pouvait désormais ingérer une variété d'aliments et de breuvages sans endommager son programme.
Tom regardait la pièce où ils se trouvaient. Les Ayreths avaient pris place et avaient commencé à manger. Les seules places inoccupées étaient les six couverts devant eux. Juste au moment où il allait demander qui y serait assis, six Aînés firent leur entrée dans la pièce et prirent place devant eux.
Tom reconnut l'Aîné devant lui, c'était l'Orateur Mateth. Il ne connaissait pas les cinq autres. "Orateur Mateth", dit-il en se levant et en lui présentant les mains comme le voulait leur coutume. Les trois autres membres de l'équipe firent de même.
L'Orateur Mateth parut enchanté et hocha doucement la tête. Tom et les autres reprirent place sur leurs sièges.
"Il nous fait plaisir de vous recevoir pour notre déjeuner", dit l'Orateur. Puis, il leur présenta les cinq autres Aînés.
Après les présentations, L'Orateur Mateth se servit une tranche de ce que Tom croyait être du pain. Dès que l'Orateur eut pris sa part, les autres se servirent, en bavardant doucement.
Le Docteur ne tarda pas à remarquer que l'intensité de la couleur verte de la peau des Ayreths changeait, devenant tantôt plus foncée, tantôt plus pâle. Cette particularité semblait refléter leurs émotions.
"Merci de nous avoir invités à partager ce repas avec vous, Orateur", dit Tom. "Nous vous sommes également reconnaissants pour les minéraux que vous nous avez offerts."
"Encore une fois, il nous fait plaisir de vous aider. Notre planète est riche en minéraux et en minerais. Et, il est si rare que nous ayons des visiteurs."
"Oui, vous avez dit la même chose à notre Capitaine", dit Tom en se servant une tranche de pain.
"Votre Capitaine. Je dois m'excuser de n'avoir pas pu passer plus de temps avec elle lors de sa visite. Elle m'a par contre envoyé une charmante lettre de remerciements, disant combien elle avait apprécié ce moment passé en notre compagnie."
"Elle a beaucoup aimé votre planète", dit Tom. Les six Aînés en furent ravis. "Dites-moi, Orateur, savez-vous qu'il y a une race qui vous ressemble sur une autre planète ?"
A ces mots, les Ayrethans se turent, ou presque, mais l'Orateur Mateth ne sembla pas dérangé par la question. Il versa du liquide bleu dans son verre. "Bien des races sont similaires, Lieutenant Paris du Voyager."
"Oui, j'en conviens, Orateur, mais nous avons constaté que les races qui se ressemblent ont souvent un héritage commun. "Il fit une pause, mais personne ne prit la parole. "Dans ce cas-ci, nous avons récemment fait connaissance avec les Inryeths qui vous ressemblent beaucoup. Les différences entre eux et vous se font sentir au point de vue technologique."
"Une race n'est pas supérieure à une autre à cause de ses avancements technologiques, et la technologie ne nous garantit pas la victoire sur un ennemi", répliqua l'orateur.
"C'est bien vrai", dit Tom. Il voyait bien que cette conversation ne le mènerait nulle part. Peut-être les Ayrethans n'aimaient pas répondre directement aux questions, mais il avait la conviction qu'ils en savait beaucoup plus. "Mais, connaissez-vous les Inryeths ? " Tom n'aimait pas beaucoup insister, mais il ne disposait pas des quelques jours requis pour obtenir une réponse claire et précise. Il espérait seulement que les Ayrethans verraient son insistance comme étant une idiosyncrasie de l'espèce humaine.
Le silence autour de la table se faisait très pesant. Finalement, l'Orateur Mateth déposa ses ustensiles et regarda Tom. Son teint vert parut un peu plus intense. "Lieutenant Paris du Voyager, nous connaissons cette race dont vous parlez. Les Inryeths sont des Ayrethans qui nous ont quittés, il y a de cela bien longtemps. Il y a quelques centaines d'années, une secte des Ayrethans, les Inryeths, est partie suite à un malentendu. Avant que vous en parliez, aucun Ayrethan contemporain ne connaissait les Inryeths. Nous n'avons plus rien en commun et je ne puis répondre à vos questions. "Il reprit ses ustensiles et se remit à manger, mettant fin à la discussion. Tranquillement, les autres convives se remirent également à manger, en bavardant.
Tom ouvrit la bouche pour poser une autre question et se ravisa. Il ne voulait pas irriter l'Orateur Mateth et il était très clair que le sujet était clos.
"Je dois avouer", dit le Docteur, "que ce rafraîchissement est très... rafraîchissant. Puis-je demander ce que c'est ?"
"C'est un mélange de genu et de fontanu, deux plantes qui poussent près de l'eau", répondit l'Orateur. "C'est une de nos boissons favorites. Je vous ferai envoyer la recette avec une sélection de plantes."
"Merci, Orateur. Je suis certain que l'équipage aimera cette boisson", dit le Docteur en souriant. Le docteur se demandait bien ce que Chell ferait de ce breuvage amer. La seule chose qui pourrait l'empirer serait l'ajout d'extrait de racines de leola. A cette idée, le Docteur eut presque un haut-le-coeur et regretta d'avoir demandé qu'on ajoute le sens du goût à son programme.
"Il y a une autre question à laquelle j'ai de la difficulté à obtenir une réponse", demanda Tom à la légère.
"Nos jeunes étudient un domaine en particulier", répondit l'Orateur Mateth. "Ils vous répondront si la question porte sur leur sujet."
"Je comprends", dit Tom. Une autre non-réponse Ayrethienne. "Mais le Voyager a mis sept ans à retrouver la Terre. Nous venions tout juste de regagner le quadrant Alpha quand une mine Borg nous a catapulté ici." Personne ne parlait. "Nous aimerions bien savoir où nous sommes."
"L'endroit et le temps sont relatifs à ceux qui y habitent", répondit l'Orateur.
"Alors", demanda le Docteur, "où est cet espace-temps, Orateur ? Comment appelez-vous cet endroit ?"
Tous se turent. "Mais nous sommes dans le présent", répondit l'Orateur. Il se remit à manger et les autres firent de même.
Tom et le Docteur se croisèrent du regard. "Le présent de qui ?"
"Le nôtre, bien-sûr, et le vôtre aussi", dit l'Orateur. De toute évidence, il serait le seul à leur adresser la parole durant le repas.
"Tout porte à croire que nous sommes dans une bulle de temps", dit Tom. "Mais c'est la seule conclusion à laquelle nous sommes arrivés. Nous ignorons pourquoi cette bulle existe, où elle se trouve et comment nous pouvons en sortir pour rentrer chez-nous. "Encore ce silence, mais du moins, l'Orateur n'avait pas nié la théorie d'une bulle temporelle. "Savez-vous comment nous pouvons rentrer chez-nous, Orateur ? " demanda Tom. Et comme prévu, tous se turent et arrêtèrent de manger.
"Vous êtes dans la demeure éternelle des Ayrethans, qui sera dorénavant la demeure éternelle du Voyager", répondit doucement l'Orateur.
"Mais, Orateur, nous n'avons pas choisi de faire de cette bulle notre demeure éternelle", dit Tom.
"Nous non plus, mais cela aura été un bon choix pour nous", dit l'Orateur.
Tom soupira. Pourquoi fallait-il tourner en rond de la sorte. "Orateur, je ne comprends pas comment ou pourquoi cette bulle a été choisie pour être votre demeure, mais nous devons retourner sur Terre. Il doit certainement avoir un moyen de sortir d'ici, mais nous n'avons pas rencontré une seule personne qui puisse nous indiquer comment y arriver et personne ne semble avoir d'informations sur cette région."
Soudainement, un jeune Ayrethan nommé Sokmal se leva. Il était assis près de l'Orateur Mateth et avait suivi la conversation depuis le début du repas. "Personne ne peut vous renseigner car ils ignorent tout du sujet. Ils ne sont au courant que de leur existence ici. Notre Dieu a créé cet espace pour nous protéger de la déesse maléfique qui veut contrôler la galaxie", s'exclama-t-il.
"Chut, Sokmal ! " dit l'Orateur avec véhémence. Temporairement, le teint de l'Orateur se fit plus intense. "Tu vas immédiatement quitter la table du repas", dit-il plus calmement.
Tous gardèrent le silence alors que Sokmal quittait la table, s'enfonçant dans le sentier pour disparaître. Le Docteur remarqua que tous les Ayrethans étaient désormais d'un vert un peu plus foncé. Seul le teint des Aînés semblait ne pas avoir changé.
Les Aînés, ayant terminé leur repas, repoussèrent leur chaise. Les Ayrethans des autres tables se levèrent, ramassèrent vaisselle et ustensiles et, en rang d'oignon, quittèrent le lieu de rassemblement, y laissant les Aînés et les quatre membres du Voyager. Quelques instants plus tard, une dizaine de jeunes Ayrethans arrivèrent pour nettoyer la table d'honneur.
L'Orateur Mateth prit la parole. "Permettez-moi de vous présenter mes excuses pour les paroles déplacées de notre jeune Sokmal", dit-il. "La bulle temporelle est un sujet tabou. Les Aînés connaissent bien la valeur du silence, mais les jeunes ont tendance à oublier les leçons apprises par les autres."
"Des leçons qui viennent des erreurs du passé ? " demanda Tom.
"Les erreurs commises par d'autres générations d'Ayrethans, bien avant aujourd'hui."
Tom comprit qu'il n'y aurait plus de questions à poser et ne voulut pas offenser les Aînées en poursuivant une conversation qui était à toute fin pratique terminée. "J'aimerais vous remercier, Orateur Mateth, vous et tous les Aînés, de nous avoir reçu pour votre déjeuner."
"Ce fut un honneur, Lieutenant Paris du Voyager", dit l'Orateur. "Et maintenant, l'Aîné Ipthar vous fera visiter nos jardins et nos terres sacrées avant de vous conduire à votre navette. Les trois autres membres de votre équipage n'ont pas eu la chance de les voir et je suis persuadé qu'ils apprécieront cette promenade enrichissante." Il fit un signe de la tête à l'Aîné à sa droite qui salua les visiteurs. "Je vous reverrai à votre navette, avant votre départ", dit-il en terminant.
"Merci", dit Tom. L'Orateur Mateth et les autres Aînés quittèrent les lieux. Ils étaient seuls avec l'Aîné Iphtar.
"Je suis sûr que vous brûlez d'envie de voir nos terres sacrées", dit Iphtar. Sa voix était calme et posée, un trait que partageait tous les Aînés.
"Avec plaisir ! " dit le Docteur. "On m'en a beaucoup parlé. "Il prit place aux côtés de Iphtar.
Bien que Tom ait déjà visité les jardins et les terres sacrées, une bonne marche lui ferait grand bien après un si copieux repas. Peut importe le nom de ce qu'il avait mangé, c'était délicieux.
Les deux Enseignes fermèrent la marche. Le repas avait été un vrai régal, malgré l'étrangeté du liquide bleu. Ils étaient bien heureux de suivre, laissant la parole à Tom et au Docteur. Le Lieutenant avait bien prouvé qu'il était difficile d'avoir une conversation avec les Ayrethans.
 
***
 
Le Capitaine fixait la console dans ses quartiers. Les mêmes données, les mêmes informations. Rien ne changeait, même après moult calculs et reconfigurations.
Elle soupira et dirigea son regard vers le couffin où dormait Miral. Elle ne put s'empêcher de sourire.
On sonna à la porte. "Entrez", dit-elle.
Le Commandeur Chakotay entra et se dirigea instinctivement vers le bureau où il savait qu'il trouverait le Capitaine. Il apportait plusieurs tablettes qu'il déposa sur le bureau, à proximité de l'ordinateur.
"Capitaine", dit-il en guise de salutation. "Voici les informations recueillies au cours des douze dernières heures."
"Je vois", dit elle amicalement. "Les avez-vous lues, Commandeur ?"
"Non", dit-il. "Je les ai reçus au cours de la dernière heure et je savais que vous voudriez les voir immédiatement."
Très bien, Chakotay, pensa-t-elle. Elle prit la pile de tablettes. "J'aurais probablement besoin de votre aide plus tard pour les déchiffrer".
"D'accord, je serai là, mais je vois que vous avez déjà de l'aide", dit-il en apercevant Miral.
"Je m'occupe d'elle pendant que sa mère répare nos boucliers", dit le Capitaine.
"Je comprends, Capitaine", dit l'officier en souriant.
Le Capitaine lui lança un de ses regards qui signifiait 'Faites attention, Monsieur', et préféra ignorer la lueur enjouée dans les yeux de Chakotay. "Alors, dites-moi, Commandeur", dit-elle en s'appuyant sur ses coudes, "même si vous n'avez pas lu le contenu de ses tablettes, que disent-elles ?"
Il soupira. "Personne n'est parvenu à une conclusion."
"Je vois."
"Vous ne semblez pas surprise, Capitaine."
"Je ne le suis pas. Avez-vous des nouvelles de la mission ? " demanda-t-elle.
"Pas dernièrement, mais ils devaient partager le déjeuner avec les Ayrethans. C'est leur repas le plus important de la journée. L'équipe d'exploration doit se présenter au rapport d'ici quelques heures", ajouta-t-il.
"J'espère qu'ils auront plus de succès que nous, Chakotay", dit-elle. "Asseyez-vous, je vais nous chercher du café." Elle lui présenta la chaise devant son bureau puis se dirigea vers le réplicateur.
Chakotay observa Miral Paris pendant que le Capitaine commandait deux cafés.
"Elle semble si bien et confortable", dit-il alors que le Capitaine déposait les deux tasses fumantes.
"Elle sait bien qu'elle se trouve dans les quartiers du Capitaine", dit Janeway sournoisement. Elle s'assied.
"Je peux comprendre", dit Chakotay toujours en souriant.
Après un moment en silence à savourer le petit mot d'humour, Catherine reprit un ton plus sérieux. "Sommes-nous assez prudents, Chakotay ? " demanda-t-elle. "Devrions-nous nous inquiéter pour Tom et le Docteur ? Sont-ils assez en sécurité avec seulement deux des officiers de Tuvok ?"
"Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, Catherine", dit Chakotay. "Donnez-leurs du temps. D'après ce que nous savons des Ayrethans, tout leur prend plus de temps." Elle hocha la tête. Chakotay réfléchit un moment. "Je ne me souviens pas que vous m'ayez posé une question pareille, Catherine", dit-il d'un ton plus Chakotay que premier officier.
Elle le regarda en prenant une gorgée de café. "Je tente de faire des modifications à ma personnalité", dit-elle en souriant, enjouée.
Chakotay lui sourit. "Ne changez pas trop, Catherine", dit-il doucement.
Catherine le regarda de façon furtive, touchée par ses mots et sa tonalité. Mais, ce n'était guère le temps de l'admettre, se dit-elle en se rappelant à l'ordre. Elle devait encore ramener son équipage à bon port et ce devait être sa priorité. Elle regarda les tablettes devant elle, sur son bureau.
"Prenez-vous le temps de bien manger, Capitaine ? " demanda-t-il, changeant amicalement de sujet.
"Pardon ? " Elle n'était plus concentrée sur la conversation.
"Manger. De la nourriture. En avez-vous consommé dernièrement ?"
"Bien sûr", dit-elle. Elle prit la tablette la plus près. "...étiez sérieux quand vous m'avez offert votre aide avec ces rapports ?"
Chakotay ignora la question. "Voulez-vous dîner avec moi ce soir ?"
Elle soupira fortement. "Chakotay, j'ai beaucoup de travail."
"Mais vous devez manger", dit-il. "Et puis, si vous dînez avec moi ce soir, vous n'aurez plus à subir d'interrogatoires sur vos repas."
"Vraiment ? " dit elle, sachant très bien qu'elle ne pouvait le croire.
"Au moins pour deux jours ", dit-il.
"Oui, Mais quand vous me suggérez un dîner, vous impliquez toute la soirée. Et c'est ce que nous faisons, nous mangeons et buvons toute la soirée. Et si nous prévoyons de travailler au cours de la soirée, nous nous rendons rarement à la partie travail."
Il sourit. "Mais nous sommes pleins de bonnes intentions."
Elle secoua la tête et sourit, en résistant désespérément à la tentation. Miral se réveilla et se mit à chigner dans son couffin. Catherine se pencha et caressa sa joue. "Shhhh, tout va bien ma chérie", chuchota-t-elle. "Tu vas très bien, tu peux te rendormir." Catherine remonta la couverture de quelques centimètres et repositionna le lapin de peluche rose.
Chakotay regarda Catherine intensément. Qui airait cru que Catherine Janeway, Capitaine du Voyager, aurait été si éprise de Miral ? Il l'avait observé prendre le bébé et la cajoler à plusieurs reprises au cours des dernières semaines et il en était tout aussi surpris que ravi. Ce qui était tout aussi intéressant que la conviction qu'il avait que Miral se savait en sécurité avec le Capitaine. "Alors, qu'en dites-vous ?"
"Pardon, m'avez-vous parlé ? " Elle se tourna vers lui, maintenant que Miral s'était rendormie.
Il sourit. Il savait bien qu'elle se trouvait dans une autre galaxie. "On dîne ensemble ?"
"Chakotay, nous avons récemment partagé plusieurs repas ensemble. N'est-ce pas assez pour vous convaincre que je ne vais pas mourir de faim."
"Non", dit-il. "Si vous vous souvenez, ces repas ont été écourtés ou interrompus. Nous n'avons pas eu la chance de passer une soirée de réflexion depuis bien longtemps."
"Mais nous avons mangé. "C'était bien la vérité, mais ils n'avaient pas passé de soirée à se reposer et à bavarder tranquillement. C'est au cours de ces soirées qu'ils avaient pondu leurs meilleures stratégies.
"Nous n'avons jamais réussi à atteindre le café et le dessert", lui remémora-t-il.
Elle rit. "C'est vrai." Elle fit une pause et le regarda. "Ce que vous dîtes au sujet de nos soirées tranquilles est aussi vrai. Je ne me souviens pas de la dernière fois où nous avons passé une soirée ensemble." Il ne répondit pas, mais la regarda. "D'accord", dit-elle d'un ton plus léger. "J'accepte l'invitation si je ne suis pas obligée de préparer le repas."
"Je n'y pensais même pas, Capitaine", dit-il. "J'avais l'intention de vous inviter."
"Vos rations de réplicateur ?"
"Seulement pour le café et le dessert, je reste, je le préparerai moi-même", dit Chakotay.
Janeway sourit. "J'espérais vous l'entendre dire. Un repas cuisiné maison, voilà un luxe que je ne me suis pas permis depuis un bon moment." En effet, le dernier repas-maison qu'elle avait mangé était le dernier repas qu'il avait cuisiné. Elle fut soudainement soulagée de ne plus pouvoir lire dans ses pensées. Le souvenir des moments passés sur Ayrethia lui revient à la mémoire et elle en eut des frissons. Elle repoussa le souvenir hors de sa pensée.
"Alors, si c'est tout pour le moment, il me ferait plaisir de prendre quelques-unes de ces tablettes pour vous en faire un résumé", dit-il en se levant.
Catherine lui sourit et lui tendit la moitié des tablettes. "J'espérais vous l'entendre dire aussi", dit elle en se levant à son tour.
Chakotay la salua de la tête et se dirigea vers la porte. "Dix-neuf heures trente, mes quartiers ?"
"J'y serai", répondit-elle. "Dois-je apporter quelque chose ?"
"Votre appétit", dit-il en souriant.
"Je crois pouvoir en trouver. A plus tard."
Le Capitaine réfléchit un moment. Comme il avait été facile de retrouver la camaraderie d'antan. Ils n'avaient même pas fait d'efforts pour que la conversation soit agréable. Elle savait qu'il en avait été de même pour Chakotay. Ils se connaissaient assez bien pour le savoir.
Oui, très agréable, et même peut-être un peu plus.
 
***
 
"Et comment se nomme celle-ci ? " demanda le Docteur en pointant vers une grande plante d'une jaune-orangé vif qui grimpait très haut au-dessus de leurs têtes.
L'Aîné Iphtar observa la plante et hocha la tête. "C'est une plante médicinale", dit-il. "Nous l'utilisons pour guérir plusieurs malaises."
"Fascinant", dit le Docteur. "Quels types de malaises ?"
"Je ne suis pas médecin, Docteur du Voyager, et je ne puis répondre à cette question. Mais, nous entretenons cette plante, et bien d'autres."
J'ai bien l'impression que le Docteur s'amuse, pensa Tom. Et Iphtar semble plus ouvert que les autres Ayrethans, mais Tom savait bien qu'on ne lui avait pas posé de questions bien importantes.
"Nous sommes un peuple fier", dit Iphtar.
"Et vous avez raison de l'être", dit le Docteur alors que le groupe avançait dans les jardins secrets.
"Eh, Lieutenant", dit l'Enseigne Mahoney à voix basse.
Tom se retourna et attendit que Mahoney le rejoigne. "Oui ? " lui demanda-t-il en suivant les autres qui avaient pris de l'avance.
"Pensez-vous que nous réussirons à savoir où nous sommes ? " demanda Mahoney.
"Bien sûr que oui", dit Tom. "Il nous faut simplement plus du temps pour trouver la solution."
Mahoney soupira. "J'aimerais le voir de la même façon, Lieutenant. J'ai tellement hâte de rentrer à la maison."
Tom s'arrêta et regarda Mahoney. "Ne te sens pas coupable de vouloir rentrer, Pete. Ta famille est sur Terre. Ma famille à moi est à bord du Voyager, je peux donc me permettre le luxe d'être plus patient."
"Bien sûr, Lieutenant. Merci", répondit l'Enseigne. Tom inclina la tête et pressa le pas pour rejoindre le Docteur, Iphtar et l'Enseigne Abernathy. Mahoney hocha doucement la tête. Le Lieutenant Paris ne semblait pas considérer l'Amiral Paris comme un membre de sa famille. Mais après tout, s'il avait l'Amiral Paris comme père, il en ferait peut-être de même.
"Cette autre race", dit le Docteur, "s'appelaient les Inryeths. Ils..."
"Docteur du Voyager", dit l'Aîné, s'arrêtant subitement. "Il y a beaucoup de races ici en ce moment. Les Ayrethans préfèrent mener une vie solitaire, sous leur propre gouverne. L'Orateur Mateth vous l'a dit, cette autre race est désormais séparée de nous. Ils sont de notre passé maintenant. Les différences entre nous n'ont pu êtres résolues par la parole et, il y a bien longtemps, ils ont amélioré leurs armes et leurs vaisseaux pour partir combattre l'ennemi."
"L'ennemi ? " demanda Tom.
Ipthar fit une pause. "Il y a des ennemis que vous ne connaissez pas encore, Lieutenant Paris du Voyager. Il y en a que vous connaissez déjà. Les Inryeths sont désormais notre ennemi, mais un ennemi que nous préférons ne pas affronter. Mais, nous vous aiderons à les combattre."
"En nous fournissant les minéraux dont nous avons besoin pour réparer notre vaisseau", dit Tom, distrait.
"Bien sûr. Vous êtes bons et votre Capitaine est juste. Mais vous êtes humanoïdes. Cet ennemi n'est pas très clément envers les humanoïdes."
"Vous parlez des Sernaix", dit Tom.
"Nous devons continuer notre visite des jardins sacrés", dit Ipthar, il se tourna pour poursuivre la route. "De plus, il est bientôt l'heure pour vous de regagner votre navette."
"Attendez", dit Tom. "Aîné, il est très important pour nous d'en savoir plus sur cette bulle temporelle. "Le teint d'Ipthar se fit plus intense quelques instants, mais retourna rapidement à son vert émeraude.
"Comme nous vous l'avons dit, nous ne sommes pas en mesure de discuter de ce sujet", dit Ipthar.
"Tout ce que nous cherchons à savoir est comment nous pouvons quitter cet endroit pour regagner le quadrant Alpha", dit Tom.
Pendant un long moment, Ipthar regarda Tom. Il semblait vouloir se faire une idée et, finalement, brisa le silence. "Votre vaisseau ne quittera pas cet espace-temps, Lieutenant Paris. Cet espace-temps existe depuis 100 000 de vos années Terrestres. Personne ne peut quitter cet endroit. Un départ mettrait le futur de cet espace-temps en danger."
Tom comprit le sens des paroles d'Ipthar. Il relégua ses paroles plus loin dans son esprit, afin de pouvoir y réfléchir plus longuement une fois revenu à bord de Voyager. Pour le moment, il lui fallait obtenir le plus de renseignements possible. "Mais nous y sommes parvenus, Ipthar. Nous sommes sortis momentanément de cette bulle. Nous étions dans un autre endroit, un autre temps, et puis une déchirure dans le sub-espace nous a à nouveau projetés dans la bulle, dans ce temps."
En quelques secondes, le teint d'Ipthar changea trois fois d'intensité et retourna à la normale. Sa voix haute, par contre, trahissait son émotion. "Vous vous trompez. Vous avez mal interprété vos données. Personne ne peut quitter cet endroit." Il fit une pause et sa voix retrouva sa douce tonalité apaisante. "Ce que vous avez vu n'était qu'une illusion, Lieutenant Paris du Voyager."
Tom et le Docteur se regardèrent furtivement. Tom voyait bien que le Docteur n'en croyait pas ses oreilles, pas plus que lui. "Les données du Voyager ne peuvent être faussées à ce point, Aîné", dit Tom rapidement et avec fermeté en regardant Ipthar droit dans les yeux.
Ipthar tenait ferme. "Personne n'a quitté cet endroit. Il ne serait pas permis de le faire. Quitter irait à l'encontre du Destin, Lieutenant Paris, et il ne faut pas mettre le Destin à l'épreuve. Ce temps et cet espace sont désormais la demeure éternelle du Capitaine Janeway et du Voyager. Votre Capitaine se doit d'accepter son Destin et celui de son équipage. Elle doit comprendre que c'est un choix qui a été pris pour elle, le Destin en a décidé ainsi."
Tom soupira. Toutes ces paroles le fatiguait. "Ipthar, j'apprécie vos paroles, mais le Capitaine Janeway n'est pas du genre à accepter une décision qu'elle n'a pas prise elle-même."
"Cette fois-ci", dit Ipthar calment", elle n'a pas le choix."
Tom hocha doucement la tête. Ipthar considéra la chose comme de l'acceptation ou de la compréhension, car il s'engagea à nouveau dans le sentier qui s'ouvrait devant eux. Après un moment, le Docteur se mit à le suivre. Tom fit signe aux Enseignes Mahoney et Abernathy de les suivre.
Tom ferma la marche en réfléchissant aux propos confus qu'il venait de partager avec Ipthar. Finalement, il prit la résolution de ne plus y penser pour le moment. Il donnerait au Capitaine le peu d'informations qu'il avait pu recueillir et elle prendrait une décision. Si quelqu'un pouvait donner un sens à tout ce qui leur arrivait, c'était Janeway.
Après tout, ce ne serait pas la première fois que Catherine Janeway se persuaderait qu'elle n'avait pas le choix.
 
***
 
Icheb marchait d'un pas ferme vers le bureau du Capitaine. Il s'arrêta dans le couloir, juste devant l'entrée arrière du bureau, et regarda aux alentours pour s'assurer que personne n'était témoin de son hésitation. Que ferait-il si elle disait non à sa requête ? Icheb se rendit soudainement compte combien il voulait qu'elle accepte. Il prit une grande respiration et sonna à la porte.
"Entrez", dit immédiatement le Capitaine. Icheb sentit son coeur battre plus vite. Quelle sensation étrange... Il se dit qu'il étudierait la question de son rythme cardiaque un peu plus tard.
Le Capitaine leva la tête est fut surprise de voir un Icheb nerveux devant elle. Elle lui sourit et se leva derrière son bureau. "Icheb", dit-elle en l'accueillant.
"Je suis désolé de vous déranger, je sais que vous avez beaucoup de travail, Capitaine", dit poliment Icheb.
"N'y pensez plus, Icheb. De toute façon, j'avais besoin d'une pause. Voulez-vous vous asseoir ? " Elle lui désigna une chaise devant son bureau.
Icheb avala nerveusement. "Non. Merci, Capitaine, je n'en ai que pour quelques minutes."
Le Capitaine Janeway hocha la tête. "Ben entendu", dit-elle en s'appuyant sur son bureau. "Que puis-je pour vous ?"
"Capitaine, j'aimerais avoir votre permission de suivre des cours de pilotage avec le Lieutenant Tom Paris."
Elle attendit la suite, mais il ne semblait pas en avoir. "Je vois", dit-elle.
"Capitaine, si vous m'accordez cette requête, Je ferai en sorte que mes cours ne dérangent en aucun point mes responsabilités", dit Icheb. "Je ne suis pas en retard dans mes études et mes résultats académiques sont au même niveau que les premiers cinq pourcents des étudiants de première année de l'Académie Starfleet", dit-il, inspirant profondément.
"Icheb, je ne suis pas inquiète de vos résultats. Vous faites un travail exemplaire et vos études vont très bien. "Elle fit une pause. "Choisir un métier n'est pas facile et un cadet, ou un cadet en herbe, ne fait pas habituellement ce choix si tôt", dit-elle. "Etes-vous certain de votre choix ?"
"Oui, Capitaine", dit-il. "Je souhaite étudier avec le Lieutenant Paris et obtenir un poste au sein de la patrouille Nova lors de ma deuxième année à l'Académie. Le Lieutenant Paris m'a dit que la majorité des étudiants ne sont pas assez bon pilote pour faire partie de cette patrouille, et qu'ils réussissent seulement après leur deuxième essai. Cependant, avec l'aide du ieutenant, je crois pouvoir réussir à mon premier essai."
"Je ne me ferai pas de souci pour ce qui peut se passer dans un futur si éloigné, Icheb", dit doucement Janeway. "Les temps changent et les gens aussi." C'est bien vrai, ce dit-elle.
"Oui, Capitaine."
"Qu'en pense Seven ? " demanda-t-elle.
"Seven of Nine est occupée et n'a pas pu passer beaucoup de temps dernièrement à m'aider dans mes études. Le Commandeur Chakotay m'a suggéré d'explorer d'autres champs d'intérêt. "Il se remémora un temps où il n'accordait aucune importance à ce qui aurait pu être intéressant.
"Je vois", dit le Capitaine.
"Capitaine ?"
"Oui, Icheb."
"Je suis certain de vouloir apprendre à piloter et devenir, un jour, pilote dans Starfleet. Je m'appliquerai pour devenir un grand pilote, comme Tom Paris", dit Icheb, la voix pleine d'admiration.
Le Capitaine sourit. "Je suis certaine que Monsieur Paris sera flatté", dit-elle. Fut un temps où elle aurait parié un mois de rations que ce jour n'arriverai jamais.
"Le Commandeur Chakotay m'a demandé de discuter de cette possibilité avec le Lieutenant Paris. Je lui en ai parlé et il a accepté de me donner des cours. Il m'a même accompagné à quelques simulations holographiques, simulations que j'ai su maîtriser. Maintenant, le Commandeur est d'avis que je dois obtenir votre permission afin de poursuivre mes cours à bord d'une navette", dit Icheb.
"Je vois", dit-elle à nouveau, elle se sentait comme un vieux disque qui saute. Mais la parole était à Icheb, elle lui répondrait en temps et en heure.
"Puis-je préparer un horaire d'entraînement à bord d'une navette, Capitaine ? " demanda Icheb.
"Vous êtes certain de vouloir devenir pilote, Icheb ?"
"Oui, Capitaine", dit Icheb.
"Et vous suivrez les instructions du Lieutenant Paris à la lettre ?"
"Oui, Capitaine."
Le Capitaine Janeway hocha la tête en réfléchissant. "Alors, concentrez-vous à apprendre tout ce que vous pouvez sur les navettes, Icheb. Lisez les banques de données du Voyager et étudiez tous les plans sur lesquels vous mettrez la main. Quand Monsieur Paris aura terminé sa mission et m'en aura fait le rapport, nous verrons où en sont les choses. Peut-être le Lieutenant vous permettra-t-il de l'accompagner pour une ou deux leçons à bord d'une navette, si vous promettez de ne pas vous éloigner du Voyager."
"Oui, Madame", dit Icheb. "Je veux dire, oui, Capitaine."
Elle sourit et lui pardonna son enthousiasme flagrant. "Nous sommes toujours sous la menace d'une attaque Sernaix, Icheb. Je ne peux prendre le risque de vous avoir loin du vaisseau s'ils décident de nous faire une visite surprise. Si je vous accorde la permission de prendre une navette, vous devez rester à proximité."
"Oui, Capitaine", dit Icheb.
Elle soupira pour la gouverne d'Icheb. "Je considérerai votre requête. Je discuterai de la situation avec le Commandeur Chakotay et le Lieutenant Paris, et si nous sommes tous en accord, je vous accorderai votre requête. Compris ?"
"Oui, Capitaine ! " Icheb semblait plus impatient qu'il ne l'aurait voulu, mais tout ce qui comptait était que si tout allait bien et que la situation le permettait, il aurait la chance de piloter une navette !
"Bien, vous pouvez disposer", dit-elle, derrière sa façade réservée de Capitaine.
"Merci, Capitaine", dit Icheb, avant de quitter la pièce.
Le Capitaine sourit. Icheb était un étudiant exceptionnel. Avec une bonne main pour le guider et quelques années de maturité, il deviendrait un excellent pilote. Elle rigola, pensant à l'admiration qu'avait Icheb pour Tom. Le Lieutenant Paris aussi avait changé au cours des ses dernières années, il avait démontré qu'il était digne de ce respect.
Chakotay avait également eu un rôle à jouer dans cette affaire. Il avait poussé Icheb dans la bonne direction. Elle se dit qu'elle devrait féliciter Chakotay de s'être impliqué dans l'affaire.
Le Capitaine regagna son siège et fit l'inventaire de tout ce qu'elle avait à accomplir. Elle avait toujours le sourire quand elle se remit au travail.
C'est sans doute le voyage qui compte, pensa-t-elle soudainement, se rappelant les paroles de Kim. Paroles prononcées ailleurs, dans un autre temps.
 
***
 
L'Aîné Ipthar leur avait fait faire le tour et ils étaient de nouveau devant leur navette, chargée à bloc des minéraux que les Ayrethans leur avaient fournis. Tom se trouvait chanceux. Peu importe les informations, ou les non-informations, qu'ils avaient réussi à obtenir, au moins ils allaient rentrer avec assez de minéraux pour combler B'Elanna quelques jours.
Alors que le groupe de visiteurs s'approchait de la navette, l'Orateur Mateth et les autres Aînés s'approchèrent, ayant emprunté un autre sentier pour les rejoindre.
"Lieutenant Paris du Voyager", dit l'Orateur Mateth, je vois que vous êtes prêts à retourner à bord de votre vaisseau."
"Oui, Orateur, nous le sommes", dit Tom, inclinant la tête vers l'Orateur alors qu'un autre Aîné, Nethma, qu'ils avaient rencontré lors du déjeuner, fit son apparition parmi eux. "Merci de votre accueil", dit Tom. L'Orateur lui fit un signe de la tête.
Tom remarqua les lys d'un bleu profond qui poussaient à quelques mètres de lui. Il se rappela la petite fille avec les fleurs. Ces fleurs étaient les mêmes qu'il avait vues lors de son étrange expérience vécue alors que lui et B'Elanna visitaient la planète. Cette fois où ils étaient entrés en transe, quand la lumière intense les avaient enveloppés. "Pardon, Orateur, quelles sont ces fleurs ? " demanda Tom en pointant les fleurs du doigt.
Les Aînés se retournèrent pour voir. "Ce sont des fleurs sacrées", dit l'Orateur. "Ce sont des Hermionnes Eternelles. Pourquoi cette question ?"
"Simple curiosité", dit Tom. Il n'avait pas repensé à ces fleurs et les voir le rendait plus nerveux qu'il n'aurait pensé. Puisque tous les regards étaient sur lui, il crut bon de s'expliquer. "Je les ai vues auparavant. La première fois que je vous ai rendu visite. Après les avoir vu, je me suis senti tout drôle... comme dans un rêve."
"Un rêve ? " demanda l'Orateur Mateth et Tom remarqua que les autres Aînés parurent très intéressés.
"Oui, enfin il me semble que c'était un rêve", dit Tom. "Rien de bien particulier, simplement une vision d'une petite fille avec ces fleurs. C'est tout."
"Plusieurs membres de l'équipage font d'étranges rêves ces temps-ci, Orateur", dit le Docteur. "Certains viennent me voir au beau milieu de la nuit pour me demander un somnifère."
"Vraiment ? " demanda l'Orateur.
Tom remarqua que les Aînés Ipthar et Nethma s'échangèrent un regard.
"Pardonnez-moi, Docteur du Voyager", demanda l'Orateur Mateth, "mais de quel genre de rêves s'agit-il ?"
"Oh, rien de bien particulier", dit le Docteur, heureux de donner son avis. "Mais je dois vous avouer, il y en a beaucoup plus qu'auparavant et mes patients me disent qu'ils sont différents des rêves qu'ils ont l'habitude de faire. De plus, un nombre important de membres d'équipage se plaint de faire des rêves étranges, très réels." Le Docteur fronça les sourcils, rassemblant les informations emmagasinées dans sa mémoire.
"Pourquoi nous posez cette question, Orateur ? " demanda Tom.
L'Orateur Mateth fit une pause avant de répondre. "Nous croyons que les rêves sont les fenêtres par lesquelles nous pouvons observer le nula, ce que vous appelez l'âme. Quand nous avons ces... rêves... nous utilisons la dahtelnula, un type de méditation pour les déchiffrer. Nous croyons également que ces rêves doivent être étudiés. Ils ont souvent une forte raison d'être. "L'Orateur Mateth fit une autre pause, cherchant Nethma du regard. Il semblait demander son avis avant de poursuivre sa réponse.
Après un moment, l'Orateur reprit la parole. "Lieutenant et Docteur du Voyager, quelques-uns d'entre nous, les plus âgés des Aînés, sommes capables à l'occasion de voir des parcelles de ce que vous appelez le futur. Mais nous considérons que ce sont des indices sur ce qui pourrait ce passer dans notre présent. Nous les appelons visions car elles nous montrent ce à quoi nous pouvons nous attendre, ou encore, elles nous montrent les choses que nous devons prendre en considération."
"Vous pouvez voir le futur ? Vous savez ce qui va se passer ? " demanda Tom.
"Au cours de ces rares et précieuses occasions, oui", répondit l'Orateur.
"Mais nous ne partageons pas ceci avec nos plus jeunes", dit rapidement l'Aîné Nethma. "Ils ne font pas l'expérience de ces visions, et nous ne leur dévoilons pas les nôtres."
"Mais vous êtes télépathes, non ? " demanda Tom. Il semblerait qu'il était temps de dévoiler la vérité.
"Nos jeunes sont au courant de notre télépathie", dit l'Orateur Mateth. "Bon nombre d'entre eux possèdent cette capacité, mais ils n'ont pas de visions."
"Quand, et si, un de nos jeunes a une Vision", poursuit Ipthar", nous leur enseignons ce qu'ils doivent savoir, mais pas avant qu'ils aient eu une vision, et jamais, s'il n'en font pas l'expérience."
Le Docteur fronça des sourcils. "Notre Commandeur Tuvok a également eu une vision", dit-il. "Les ingénieurs qui se trouvaient avec lui lors de son expérience ont rapporté qu'il y avait eu une surcharge de radiations de chronitrons. Par contre, les niveaux étaient revenus à la normale quand le Commandeur s'est rendu à l'infirmerie.
"Vous pouvez suggérer au Commandeur Tuvok du Voyager d'utiliser un dahtelnula", dit l'Aîné Ipthar.
"Le Commandeur Tuvok médite bien assez à mon goût", dit sarcastiquement le Docteur.
Tom intervint puisqu'il voyait que les Aînés ne comprenaient pas le sarcasme du Docteur. "Orateur Mateth, existe-t-il un moyen pour nous de comprendre le sens de ses visions ? " demanda-t-il.
"Les visions sont le propre de ceux qui en font l'expérience", dit l'Orateur. "Elles apportent leur message particulier, mais nous laissons à l'individu le choix d'en chercher le sens. Et maintenant", dit-il en changeant le sujet", il est temps pour vous de regagner le Voyager et votre Capitaine. "Il fit un signe vers la navette.
Tom savait qu'on leur indiquait la porte, de façon diplomate, bien-sûr. Ils n'obtiendraient plus de réponses de la part des Ayrethans aujourd'hui, si l'on pouvait considérer les réponses cryptiques de leurs hôtes comme des informations. "Merci encore", dit Tom, en leur donnant leur signe d'adieu, le même que leur signe de bienvenue. Les trois autres membres de son équipage firent de même et tous montèrent à bord de la navette pour préparer le décollage.
Les trois Aînés restèrent sur place pour voir la navette décoller et prendre le chemin du retour vers Voyager. L'Orateur Mateth poussa un soupir. "Maintenant, tout ira dans un sens ou dans l'autre", dit-il gravement. Ses paroles s'adressaient à lui-même plus qu'aux autres Aînés présents.
 
***
 
"Et c'est tout ce qu'ils ont dit ? " demanda le Capitaine, alors qu'elle regardait par le hublot de la salle de réunion.
Le Commandeur Chakotay était assis à la table, de même que le Commandeur Tuvok et les quatre membres de la mission d'Ayrethia.
Tom Paris soupira. "C'est tout ce dont je peux me souvenir, Capitaine", dit-il. "Est-ce que l'un d'entre vous peut ajouter quelque chose ? " demanda-t-il au Docteur et aux Enseignes Mahoney et Abernathy.
Tous secouèrent la tête. "Non", dit le Docteur, "et nous étions ensemble presque tout le temps, Capitaine. Je crois qu'à nous quatre, nous avons réussi à tracer un portrait précis de notre visite."
Le Capitaine Janeway sourit, mais elle était fatiguée et ce qu'elle venait d'entendre n'avait pas réussi à lui remonter le moral. "Je suis sûre que vos rapports seront tout aussi détaillés", dit-elle, par habitude.
"Bien-sûr, Capitaine", dit le Docteur, composant déjà son rapport mentalement.
"Et il a vraiment dit que je n'avais pas le choix, Tom ? " demanda-t-elle encore.
"Vraiment, Capitaine", lui répondit Tom.
"En bien, on m'a déjà dit ça", dit-elle, à personne en particulier. "Je n'aime pas cette réponse, et je ne l'accepte pas."
"C'est ce que je lui ai répondu", dit Tom en souriant. A ces propos, il reconnaissait vraiment le Capitaine Janeway.
"C'est bien, vous pouvez disposer", dit elle aux membres de la mission. Alors qu'ils se dirigeaient vers la porte, Janeway interpella Tom. "Monsieur Paris, vous pouvez rester quelques instants ?"
Il se retourna et attendit que les autres aient quitté la pièce. Les Commandeurs Chakotay et Tuvok étaient toujours assis. Tom s'avança. "Capitaine ?"
"Monsieur Paris, Icheb m'a demandé la permission de suivre des cours de pilotage avec vous. "Tom s'efforça de ne pas sourire. "Vous croyez-vous capable de lui enseigner vos prouesses, Lieutenant, vous qui venez d'avoir un bébé ?"
"Oui, Madame", dit-il.
Le Capitaine réfléchit un moment. "Etre le héros de quelqu'un n'est pas une chose facile."
"Capitaine ? " demanda Tom.
"De toute évidence, Icheb veut vous ressembler en tout points. "Tom ne savait pas trop comment répondre, alors il ne dit rien. "Monsieur Paris ?"
"Oui, Capitaine ? " Il l'observa.
"Allez enseigner à Icheb comment être un bon pilote. Soyez ferme, mais soyez juste aussi. Ne lui laissez pas faire ce qu'il peut, mais ce qu'il doit faire."
"Oui, Madame", dit-il doucement.
Le Capitaine s'approcha de lui. "S'il parvient à être la moitié du pilote que vous êtes, je serai heureuse."
Tom avala la boule qu'il avait dans la gorge. "Merci, Capitaine, je le ferai."
"Bien, vous pouvez disposer", dit-elle. Alors que Tom quitta la salle de réunion, Janeway s'avança vers Chakotay et Tuvok. "Alors, Messieurs, qu'avons-nous appris de nouveau aujourd'hui ? " demanda-t-elle.
"Rien de neuf, Capitaine", répondit Chakotay. "Les Ayrethans aiment parler sans rien dire."
"Tout à fait vrai", dit Tuvok. "Par contre, nous savons maintenant qu'ils ne nient pas l'existence de cette bulle et qu'ils en connaissent l'origine."
"C'est vrai", dit-elle, en réfléchissant à ce qu'il venait de dire. "Et ils semblent bien connaître les Sernaix."
"Et ils reconnaissent que les Inryeths sont à la base des Ayrethans", dit Chakotay.
"Oui", dit-elle. "Je ne sais pas si je dois croire en ces visions", ajouta-t-elle. Chakotay et Tuvok s'échangèrent un regard. Les deux officiers partageaient une ouverture sur le monde spirituel, le Capitaine Janeway, quand à elle, était beaucoup plus scientifique. "Mais pour l'instant, ce qui m'intéresse est de savoir où nous nous trouvons, où sommes nous par rapport au reste de l'univers et comment nous pouvons regagner le quadrant Alpha", dit-elle doucement. La dernière question semblait être la plus importante, la seule à laquelle il fallait une réponse immédiate.
Finalement, le Capitaine se tourna vers ses deux Commandeurs. "Donnons-nous un temps de réflexion. Demain matin, nous nous rencontrerons afin de faire la lecture des rapports de mission, peut-être y aura-t-il de nouveaux détails, un renseignement qui aurait été oublié. "Les deux officiers hochèrent la tête. "Vous pouvez disposer", dit-elle en se retournant à nouveau vers le hublot. Chakotay et Tuvok quittèrent la salle de réunion pour vaquer à leurs occupations sur la passerelle.
"Alors je n'ai pas le choix... nous verrons bien", dit-elle à voix basse, regardant son reflet dans le hublot.
 
***
 
Le Capitaine Janeway sonna à la porte du Commandeur Chakotay à dix-neuf heures précises. Les deux avaient eu une journée bien remplie et elle avait à peine pris de temps de prendre un bain et de changer d'uniforme.
"Entrez", dit Chakotay, et Janeway s'exécuta.
Elle regarda autour d'elle. Elle n'avait pas rendu visite à Chakotay depuis un bon moment, mais tout lui semblait quand même familier. "Ce n'est que moi", dit-elle.
Il entra dans la pièce en souriant. "Je m'occupais du dîner", dit-il.
"Ca sent très bon", dit-elle en fermant les yeux, humant les odeurs qui lui faisaient monter l'eau à la bouche.
"Ce sera prêt dans quelques minutes ". Il se dirigea vers la bouteille de vin qui chambrait et leur versa chacun un verre.
"Délicieux ! " dit elle après en avoir pris une gorgée. "Combien vous reste-t-il de bouteilles dans votre cachette ? " demanda-t-elle.
Il sourit. "Tant que nous en aurons besoin, enfin, espérons", dit-il en prenant une gorgée à son tour et en pensant que Icheb était le seul à connaître sa cachette et son contenu. Et il était certain qu'il ne dévoilerait rien.
Elle sourit à son tour. Elle espérait bien ne pas trop épuiser ces stocks avant de regagner le quadrant Alpha. Elle s'installa confortablement sur le divan au fond de la pièce. Il était bon de respirer, de se relaxer et de discuter de leur situation avec la seule personne à bord avec qui elle pouvait être elle-même. "Avez-vous du nouveau ?"
"A propos de ?"
"De tout, de rien", dit-elle. "Des Sernaix, des Ayrethans."
"Tout comme vous, je suis persuadé que les Ayrethans connaissent les Sernaix", dit-il. "Mais depuis combien de temps et dans quelles circonstances ils se connaissent, nous ne le saurons peut-être jamais."
"Je suis d'accord. Mais je crois que nous devons continuer à chercher les réponses. Il nous manque des morceaux du casse-tête, et les morceaux manquants pourraient bien nous éclairer..."
"C'est vrai. Mais je suis d'avis que nous devons mettre en priorité les questions les plus importantes."
"Telles que ?"
"Où sommes-nous ? Comment sommes-nous arrivés ici ?"
Elle soupira. "Et pourquoi sommes-nous ici, comment sommes-nous parvenus à sortir et qu'est-ce qui nous y a ramené... ?
"Alors vous ne croyez pas que notre sortie de cette bulle soit le fruit de notre imagination ?"
"Une illusion serait peut-être un terme plus... juste", dit-elle. "Mais non, je ne crois pas que notre sortie ait été une illusion. Vous avez toujours le fusil Maquis que nous avons trouvé sur cette planète, alors dîtes-moi, ce fusil est-il une illusion ?"
"Non, il est bien réel", dit-il en prenant place dans un siège face à elle.
"Alors pourquoi nous dire que notre sortie de la bulle n'était qu'une illusion ? " demanda-t-elle en s'approchant de lui.
Il fit une pause. "Ils veulent que nous arrêtions de chercher un moyen d'en ressortir", dit-il. "Ils veulent que nous acceptions que cette bulle soit désormais notre demeure éternelle." Ils se regardèrent.
"Exactement. Et je suis supposée accepter la décision du destin."
Chakotay lui sourit et secoua la tête. "Catherine, si vous aviez accepté la décision du destin, il y a bien des années que nous aurions trouvé une jolie planète sur laquelle nous installer dans le quadrant Delta."
"Je trouverai le moyen de rentrer à la maison, Chakotay", dit-elle doucement. Il se tourna vers elle. Il connaissait bien ce regard déterminé qu'elle avait.
"Vous réussirez, Catherine, j'en suis convaincu." Il se leva et alla vérifier si le dîner était prêt. Catherine, elle, se disait qu'il était bon d'exprimer le fond de sa pensée. Elle renversa la tête sur le divan et ferma les yeux. Elle s'était bien ennuyée de ces petites soirées tranquilles qu'ils partageaient auparavant.
Plus jamais elle ne pourrait s'en passer.
 
***
 
Le Docteur était occupé à terminer son rapport de la journée quand Seven of Nine fit son entrée à l'infirmerie. Il l'aperçut de la fenêtre de son bureau et s'empressa d'aller l'accueillir. "Seven, bonsoir !"
"Bonsoir, Docteur", dit-elle.
"Je suis bien heureux de vous voir ! Je me suis bien amusé au cours de ma mission aujourd'hui. Le Lieutenant Paris..."
"Docteur, je suis ici pour poursuivre les réparations de votre mémoire", dit-elle en se dirigeant vers la console.
"Voilà une excellente nouvelle, Seven, mais je vais très bien. Je m'apprêtais à compléter mon rapport pour le Capitaine, peut-être aimeriez-vous le lire ? " Il était si fier de sa participation à la mission. Il est vrai que le Lieutenant Paris en était le chef, mais son rapport allait démontrer à quel point sa participation avait été cruciale. Il jubilait.
"Vous pourrez terminer votre rapport quand j'aurai récupéré et réparé les parties manquantes de votre programme."
"Récupérer des parties manquantes de mon programme, Seven ? " demanda le Docteur, intrigué. "Etes-vous en train de me dire que vous avez réussi à trouver comment vous allez procéder aux réparations et à la récupération des heures manquantes ?"
"Je crois que mon idée pourrait fonctionner, Docteur. Je suggère de prendre une copie de votre matrice d'hier matin, avant que l'enregistrement des nouvelles mémoires ait été effacé. Puis, nous allons également faire une copie de votre matrice actuelle, en effacer les données de la journée. En superposant les deux copies, nous arriverons peut-être à déterminer quels sont les fichiers manquants."
"Superposer les deux copies, vous croyez réussir, Seven ?"
"Oui. J'ai découvert un mur d'origine inconnue à l'intérieur de votre programme. Ce mur semble isoler les fichiers corrompus à l'intérieur de votre mémoire."
"Un mur, Seven ?"
"C'est le terme le plus précis que je puisse vous donner, Docteur", dit Seven, en continuant son travail. "Quand nous aurons trouvé exactement où se trouve ce mur, nous pourrons déterminer un moyen de le supprimer de votre programme."
Le Docteur se sentit tout drôle.
"Vous allez bien, Docteur ? " demanda Seven, en remarquant son état sur la console.
"Je crois que oui, Seven", dit lentement le Docteur. "Je me sens si... violé."
"Je vous comprends, Docteur", dit-elle avec plus d'empathie qu'à son habitude. "Mais je vous en prie, essayez de contrôler vos émotions pour le moment. Votre programme est intact. Nous devons déterminer la cause de la perte de données et puis, nous pourrons peut-être récupérer tous les fichiers endommagés."
"Le Docteur hocha la tête. "Je l'espère, Seven. Dites-moi en quoi je peux vous être utile."
 
***
 
Tom Paris porta son plateau vers les tables du Mess. Rien ne lui paraissait particulièrement appétissant. Il faut dire qu'il avais mis près de sept ans à trouver les mets de Neelix appétissants. Il devrait s'habituer aux recettes de Chell.
Tom leva la tête et aperçut Samantha Wildman assise seule, concentrée sur une tablette tout en mangeant mécaniquement.
"Puis-je me joindre à vous ? " demanda Tom.
L'Enseigne Wildman leva la tête et lui sourit. "Mais, bien sûr, Lieutenant", dit elle en posant sa tablette près de son plateau. "Une présence humaine me changera des données sur une tablette."
Tom prit place. "Il me semble que tout le monde porte une tablette à la main ces temps-ci", dit-il en poussant la chose bleue sur le côté de son assiette. "Ce n'est pas étonnant que les données nous paraissent toutes les mêmes, nous ne prenons pas le temps de digérer l'information."
Sam sourit. "Alors, vous nous suggérez de demander au Capitaine de ralentir les recherches ?"
"Quoi, vous voulez rigoler ? " dit Tom. "En ce qui me concerne, ce que Capitaine veut, Dieu le veut."
Sam rit. "Je suis d'accord. Nous voulons tous savoir où nous sommes et comment rentrer à la maison, et le Capitaine travaille plus fort que nous tous pour trouver à la solution."
"C'est bien vrai", dit-il. "Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Vous le savez ? " demanda-t-il en pointant du doigt la chose rose en forme d'étoile dans son assiette.
"Aucune idée, mais c'est délicieux. On dirait des pâtes", dit-elle.
Tom goûta. En effet, on dirait bien des pâtes. "Sam, je voulais vous demander quelque chose."
"Quoi ?"
"Comment avez-vous réussi à vous occuper de Naomi tout en continuant de travailler ?"
"Que voulez-vous dire, comment, Tom", demanda-t-elle. "Je l'ai fait, c'est tout. C'est ce que fait un parent. On s'en sort toujours. Même lorsque la situation semble désespérée, qu'on a l'impression de ne pqs être à la hauteur et de manquer à son rôle de parent, on arrive à s'en sortir."
Tom soupira. "Oui, je réussis à tout faire, mais chaque matin, quand je me réveille, je me demande si j'y arriverai encore une fois."
"Vous réussirez, Tom. Chaque jour, vous réussirez à faire tout ce que vous avez à faire et vous serez tout à fait épuisé. Mais chaque soir où vous irez embrasser votre fille alors qu'elle dort, que vous verrez sur son visage reposé à quel point elle est heureuse, vous vous direz que tout en valait la peine. Et tout en vaudra encore la peine le lendemain", dit Samantha.
"Mais vous étiez seule, Samantha. J'ai B'Elanna qui m'aide à partager la responsabilité d'élever notre fille. Quand Naomi était bébé, comment y êtes-vous parvenue toute seule ?"
Samantha réfléchit un moment, mais le regard qu'elle porta sur Tom laissait voir qu'elle était surprise de la question. "Je ne me suis jamais sentie seule, Tom. Pas une seule fois. Je pouvais toujours compter sur vous, sur B'Elanna, le Capitaine, le Commandeur Chakotay et Neelix, de même que tant d'autres membres du Voyager. Naomi a grandi avec tous les membres du Voyager comme parains, ils étaient tous des membres de sa famille. Je suis si comblée de vous avoir eu et je vous en suis si reconnaissante, Tom." Elle fixa sa tasse de café un moment. "Je vous en serai toujours reconnaissante", dit elle doucement.
Tom ne disait pas un mot, il réfléchissait à ce qu'elle venait de dire. "A vous entendre, on dirait que Naomi était la fille des tous les membres du Voyager."
"Il en sera de même pour Miral. Elle grandira avec des gens exceptionnels", dit-elle en souriant. "Ne vous inquiétez pas, Tom."
"M'inquiéter de quoi ? " demanda-t-il.
"Vous serez un excellent père."
Tom leva la tête. "Est-ce si évident ? " demanda-t-il.
Elle sourit à nouveau. "Ce que vous ressentez, vous et B'Elanna, est tout à fait normal, je crois. Vous vous demandez si vous serez de bons parents, si vous accordez assez de temps à Miral, si vous vous occupez bien d'elle. Mille et une questions que vous vous posez tous les jours."
"Ca, c'est bien vrai ! " dit Tom.
"Tous les jours je me posais les mêmes questions. Même aujourd'hui, j'ai des inquiétudes", dit-elle. "En passant, vous ne vous êtes pas servi un verre de jus bleu ?"
Tom regarda dans son verre et y vit le liquide amer qu'il avait bu sur Ayrethia. "Oh que non ! " dit-il.
"C'est délicieux !"
"Vraiment ? " dit Tom, incrédule.
"Oui, c'est fantastique, vous devriez y goûter", dit elle en vidant son verre. "Ne vous inquiétez pas, Tom. Vos questions sont normales et saines. Je vous verrai plus tard, Lieutenant", dit-elle en souriant. Elle se leva et quitta le Mess.
Tom prit une grande respiration. D'accord, peut-être que ses inquiétudes étaient normales. Il se sentit soudait bien mieux.
Il se sentit si bien, qu'il se risqua à prendre une bouchée de tarte à la racine de léola.
 
***
 
"Demeurez en place, Docteur", répéta Seven.
Le Docteur arrêta de faire les cent pas. Il prit une grande respiration et croisa les bras devant lui. Il se rendit compte à quel point il avait le même comportement que les humains lorsqu'ils étaient impatients. Il décroisa les bras et reprit sa pose professionnelle. "Alors, Seven, du nouveau ? " demanda-t-il, en se forçant de rester calme.
"Docteur, ce mur est dans votre holomatrice, Je crois avoir trouvé un moyen de le démolir afin de reconstituer votre mémoire."
"C'est merveilleux, Seven ! " dit le Docteur en s'approchant de la console pour voir les données.
"Docteur..."
"Je sais, je sais. Je dois me tenir tranquille", souffla-t-il en croisant à nouveaux les bras. Cette fois-ci, il se moquait bien des apparences.
"Je dois vous désactiver soixante secondes afin d'effectuer la réparation, Docteur."
"Mais..."
"Avec de la chance, quand je vous réinitialiserai, vous aurez accès à toutes vos mémoires", dit Seven en entrant des données additionnelles à la console.
"Avec de la chance ? " demanda le Docteur. "Avez-vous dit..." Il se dématérialisa. Seven soupira. Le Docteur pouvait s'énerver si facilement.
Après exactement soixante secondes, Seven appuya sur une touche de la console", Ordinateur, active le Hologramme Médical d'urgence", dit-elle.
Le Docteur se matérialisa à nouveau au même endroit où il se trouvait, il y a une minute. "Précisez la nature..." commença-t-il. "Oh ! laissez tomber. Seven..." dit-il. Il écarquilla soudainement les yeux et la dévisagea. "Je me souviens", dit-il lentement. "Je me souviens de tout !"
"De quoi vous souvenez-vous, Docteur", demanda Seven en s'éloignant de la console pour s'approcher de lui.
"L'analyse. J'analysais un échantillon de sang Sernaix." Il s'efforça de se rappeler tous les menus détails. "Je voulais examiner l'énergie bio-électrique des mitochondries cellulaires, alors j'ai pensé utiliser un objet Sernaix qui se trouvait à l'ingénierie."
"Je suis surprise d'entendre que le Lieutenant Torres vous ait donné l'autorisation de sortir un objet de l'ingénierie, Docteur", dit Seven en fronçant les sourcils.
"Et bien, elle n'est pas vraiment au courant, Seven... je l'ai pris sans sa permission." Il réussit à avoir l'air coupable quelques secondes. "C'était une petite boîte noire..." Soudainement, il se souvint qu'il avait toujours la boîte en sa possession et quitta brusquement Seven pour la récupérer d'un tiroir de son bureau. Il retourna auprès de Seven et lui montra. "La voici, Seven", dit-il, tout excité. "C'est avec cette boîte que je réalisais mon analyse."
"Intéressant", dit Seven.
"En fait, je n'y vois rien d'intéressant", dit le Docteur. "Je venais à peine de commencer mon analyse quand... quand... c'est étrange, c'est tout ce dont je me souviens. Ensuite, je me rappelle de quelqu'un qui m'informais que les stabilisateurss'étaient arrêtés, sans que je ne m'en aperçoive." Il réfléchit un moment. "Au début, je croyais qu'on s'était amusé à trafiquer mon programme. J'ai donc demandé à Monsieur Kim de vérifier ce qu'il en était. En attendant qu'il vienne me passer en mode diagnostique, j'ai nettoyé les échantillons de sang et j'ai rangé la boîte Sernaix."
"Vous n'avez aucun souvenir de votre analyse de la boîte ? " demanda Seven.
"Non. Bizarre." Le Docteur demeura perplexe. Peut-être y avait-il vraiment un problème avec son programme.
Seven of Nine prit la boîte, la porta vers la console et la passa en mode diagnostique.
"Qu'y a-t-il, Seven ? " demanda le Docteur.
"Cette boîte est bien particulière, Docteur. Il s'agit d'un nodule d'interconnexion, très similaire à ceux qu'utilisent les Borg pour se connecter à la ruche central."
"Quoi ?!? " demanda le Docteur. "Comment se fait-il que je ne m'en sois pas rendu compte ?"
"Je crois qu'en effet, vous vous en êtes aperçu, Docteur. Vous n'en êtes pas conscient en ce moment car c'est à ce moment que le dommage à votre mémoire s'est produit", dit-elle. Elle continua d'entrer des données à la console, étudia les résultats.
Le Docteur soupira. "Alors, nous venons de nous heurter à un autre mur, n'est-ce pas ?"
"Non, Docteur. Votre mémoire s'est simplement arrêtée à ce point, et a repris alors que vous traitiez la fracture aux métatarses de l'Enseigne Siddik."
"Oui", dit-il, se souvenant du moment où il avait demandé à l'Enseigne si elle s'était blessée en jouant au Hoverball sur le Holodeck. "Seven, voulez-vous dire que je n'ai aucune mémoire de ce qui s'est passé entre ces deux événements ?"
"C'est exact. Un trou de six minutes, Docteur", dit Seven.
"Je n'y comprends rien", dit le Docteur.
"Je crois comprendre ce qui s'est produit", dit Seven. "Si ce nodule Sernaix fonctionne en utilisant les mêmes principes que les modules Borg, je crois que nous pourrons recréer votre analyse et découvrir pourquoi votre programme a perdu six minutes."
"Commençons avec l'échantillon de sang Sernaix, Seven. J'ai nettoyé la tache sur le tapis en utilisant un aspirateur sonique. Peut-être en reste-t-il assez dans le filtre pour en extraire un échantillon.
Le Docteur et Seven se mirent à reconstituer les événements, espérant découvrir la raison pour ce mystérieux trou mnémonique.
 
***
 
"Alors, Icheb", dit Tom. "Le Capitaine m'informe que tu désires t'inscrire au programme de pilotage de l'Académie."
"Oui, Lieutenant", dit Icheb. "Je désire devenir pilote, comme vous."
"Voilà une excellente idée ! " dit Tom.
"Oui, Lieutenant."
"Il n'y a rien de mieux que de piloter un vaisseau spatial. Tu sais, Icheb, quand le Voyager a quitté la Terre, il y a plus de sept ans, nous étions à la fine pointe de la technologie, avec de nouvelles améliorations tout à fait uniques", dit Tom une fierté à laquelle Icheb était indifférent.
"Et vous étiez le pilote du Capitaine Janeway quand vous avez été projetés dans le quadrant Delta ?"
"Euh... Pas tout à fait, Icheb. Au début, j'étais à bord à titre d'observateur. J'ai occupé le poste de pilote seulement après notre arrivée dans le quadrant Delta. Mais c'est une longue histoire, Icheb", dit Tom. Une longue histoire qu'il n'aimait pas souvent conter.
"C'est alors que le Capitaine vous a confié le poste, car elle savait que vous étiez le meilleur pilote ? " demanda un Icheb plein d'admiration.
"Ouais, quelque chose dans le genre..." dit Tom. Aujourd'hui, il ne voulait pas particulièrement discuter ses débuts à bord du Voyager. "Concentre-toi sur ce que tu as à faire, Icheb."
"Entendu, Lieutenant", dit Icheb. Il fit faire demi-tour à la navette. "Icheb à la passerelle", dit-il après avoir activé son communicateur.
"Oui, Icheb", dit le Capitaine.
"Nous approchons du Voyager", dit-il.
"Très bien, nous vous attendons", dit Janeway. Elle fit signe à Harry pour qu'il ouvre les portes du hangar. "Bon atterrissage, messieurs", dit-elle avant de couper la communication. Elle se tourna vers Chakotay et lui sourit.
Icheb gara la navette dans le hangar et coupa les moteurs. Il exécuta les vérifications d'après-vol. Tom et lui sortirent et fermèrent le sas d'entrée. Il quittèrent le hangar. "Lieutenant ? " dit Icheb.
"Oui, Icheb ?"
"Je me demandais si vous voudriez bien me montrer comment jouer au billard ?"
"Au billard ? J'ignorais ton intérêt pour ce jeu, Icheb", dit Tom.
"Le billard m'intrigue, Lieutenant", dit Icheb. "Et j'ai entendu dire qu'après le Capitaine Janeway, c'était vous le meilleur joueur à bord."
Tom soupira, malgré l'intention qu'Icheb avait de le féliciter de ses talents au billard. Il semblait que tout le monde à bord du vaisseau était au courant de sa défaite de l'autre soir. Il sourit. En donnant des cours à Icheb, il aurait la chance de pratiquer pour ensuite demander à Janeway de disputer un match de revanche. Un jour il parviendrait à battre le Capitaine. Il devait y arriver. "Icheb, suivons quelques cours de pilotage de plus avant d'attaquer le billard", dit-il à Icheb en lui donnant une bonne tape dans le dos.
"Oui, Lieutenant", répondit Icheb en souriant.
"Mais pour le moment, j'ai une femme et un enfant qui m'attendent", dit Tom.
"Bonsoir, Lieutenant, et merci pour la leçon", dit Icheb.
"A ton service, Icheb. Tu as fait en excellent travail", dit Tom. Icheb lui sourit et poursuivit sa route.
Tom emprunta l'ascenseur pour se rendre au niveau de ses quartiers. Il sortit et circula dans le couloir en chantonnant, une tablette à la main. En tournant un coin, il faillit foncer dans l'Enseigne Siddik. Il s'excusa et poursuivit sa route.
Il réalisa soudainement que Siddik lui avait jeté le même regard que les autres membres de l'équipage lui donnaient ces derniers jours. Un regard qui disait qu'il était anormal d'être si heureux alors que tous n'avaient qu'un seul désir. Retourner sur Terre.
Tom soupira. Il savait qu'ils étaient tous tristes, qu'ils voulaient retrouver leurs familles. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que le Voyager retourne dans le quadrant Alpha, mais il ne ferait pas d'efforts pour avoir l'air moins heureux. Il avait une femme exceptionnelle et une fille tout à fait charmante, et il les aimait de tout son coeur.
Tom Paris avait de quoi presser le pas pour se rendre à ses quartiers. Il était chez lui à bord du Voyager. Depuis sept ans, le Voyager était sa demeure. Il allait profiter du voyage.
 
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Ecrit par: DA Kent
version française: Michou
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: KateF (version originale), Laurent (version française).

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