Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle

8.02 Des Serpents dans le Jardin
Dernière mise à jour :12 juillet 2001
Retour a la page d'accueil

..
Retour aux autres épisodes de la saison 8
 
8.02 DES SERPENTS DANS LE JARDIN
Episode précédent    Version Texte    Version originale    Episode suivant
.. Episode 8.02 - Des serpents dans le jardin
Par: Clare009 (clare009@ntlworld.com)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.


Seven of Nine entendait goutter. Elle ne savait pas d'où venait le son ni quel en était la cause, mais il était tout à fait approprié à cet endroit. La lumière tamisée jetait des reflets durs sur les sombres murs métalliques. La pièce était tout en angles droits. Si cette pièce avait été construite pour faire passer un message, c'était la douleur. Justement, la peur commençait à retourner l'estomac de l'ancienne Borg et ses muscles la lançaient de manière inhabituelle sous l'effet de l'adrénaline.
Seven n'avait jamais eu l'occasion d'expérimenter le spectre complet de ses émotions depuis que le docteur avait ôté le système de sécurité anti-émotionnel placé dans ses circuits par les Borgs. Apprendre à les contrôler devenait de plus en plus compliqué. La peur était un sentiment qu'elle connaissait. Quand l'amirale lui avait dit qu'elle était en train de mourir, elle ne s'était pas attendue à l'intense émotion qui l'avait alors submergée. Mais ici, c'était complètement différent. Maintenant, les mains liées très serré et tendues au-dessus de la tête, elle commençait à comprendre ce qu'était réellement la peur de l'inconnu. De nombreux scénarios remplis d'images sanglantes lui traversaient l'esprit. D'un autre côté, la futilité de sa panique l'irritait. Les prochaines heures promettaient de ne pas être agréables.
Les portes droites à l'autre bout de la pièce froide s'ouvrirent en glissant. Un humanoide entra. Il était grand et squelettique. C'était un cardassien, espèce 5731, une race qui avait ajouté une nouvelle dimension en terme de cruauté et de déception au sein du Collectif. Il s'avança jusqu'à Seven et la fixa du regard avec un sourire triste. Il incarnait vraiment les deux traits de caractères auxquels était rattachée son espèce. Quand elle avait entendu parler du contact qu'avait eu le Voyager avec le vaisseau cardassien, elle n'avait pas eu comme les autres ce frisson involontaire ou cette boule au creux du ventre. Maintenant, face à cet être, elle comprenait leur réaction.
"Re-bonjour, drone", dit-il sur un ton de velours. Je n'avais jamais réalisé que les Borgs puissent avoir l'air si... appétissant. Il leva un doigt gris et le fit glisser sur la joue de Seven.
Seven eut un mouvement de recul et le regarda. "Je voudrais parler à mon capitaine", déclara-t'elle fermement, bien qu'ayant l'estomac serré par l'angoisse.
Le cardassien fit claquer sa langue. "Ca n'est pas possible. Devrais-je encore te le dire ?" Sans avertissement, il leva le bras et la frappa sauvagement au visage avec le dos de sa main. Sa peau rude lui déchira la joue, faisant couler le sang écarlate contrastant avec son teint pâle.
Seven endura les coups en silence, mais la douleur physique était encore ce qu'il y avait de plus facile à supporter.
"Nous pouvons le faire avec ou sans ta coopération, mais de toute manière j'obtiendrai ce que je veux." Le cardassien lui prit la tête dans les mains et appuya un pouce dans l'entaille de sa joue. Il se pencha assez près pour qu'elle puisse sentir son souffle acide et l'entendre chuchoter : "personnellement, je préfèrerai sans ta coopération."
Le cardassien n'était pas du tout logique ni cohérent. Seven blêmit. Jusque-là, elle avait pensé qu'il voulait lui soutirer des informations sur des technologies Borg, mais elle commençait à avoir des doutes. Ses motivations semblaient plus sordides.
Le cardassien recula d'un coup et alla jusqu'au mur. Il plaça sa main dessus et un panneau s'ouvrit pour révéler un petit lavabo métallique. Il se lava les mains sous le robinet et laissa l'eau couler pour rincer le sang qu'il avait encore sur le pouce.
Sur la joue de Seven, le sang coagulait et lui engourdissait la face. La douleur la lançait.
"Je serais ravi de continuer notre petite conversation plus tard, mais pour le moment, il faut que j'aille jouer les chevaliers servants auprès de ton capitaine Janeway. Je ne lui transmettrai cependant pas tes amitiés." Son sourire lui donna la chair de poule. Il se retourna et se dirigea vers la porte sans un regard. Seven savait qu'elle passerait la période d'ici à son retour dans un état d'anxiété inapproprié, pensant à ce qu'il était capable de lui faire subir.

Journal de bord du capitaine, date stellaire 55006.2 :
Plus d'une semaine s'est écoulée depuis les événements qui nous ont amené dans ce lieu maudit et nous ne savons toujours pas où nous nous trouvons. Seven of Nine a travaillé sans relâche au laboratoire d'astrométrie, mais nos calculs et nos cartes ne correspondent pas du tout aux étoiles que nous voyons. Je ne sais même pas si nous sommes ou non dans notre propre galaxie, mais dans tous les cas, même les Borgs ne doivent être capable de nous atteindre dans cet endroit reculé de l'Univers.
Mis à part les tunnels de trans-distorsion, notre situation est morne. Je ne me suis pas encore officiellement adressée à l'équipage à propos de notre position actuelle, n'ayant aucune idée sur cette 'position'. Les membres d'équipage sauvés du Pleiades récupèrent autant de la perte de leur vaisseau et de leurs camarades que de leurs blessures. Je voudrais les rassurer, leur dire que tout ira bien, mais j'ai déjà été dans leur situation il y a quelques années et les mots sonnent creux. Mon propre équipage est nerveux, mais j'espère que les lourdes réparations dont le Voyager a besoin les occupent suffisamment. B'Elanna est en arrêt maternité, mais elle réussit quand même à diriger le personnel de l'ingénierie. Mis à part la nouvelle armure de coque isolante, tout est à nouveau en état de fonctionnement, si ce n'est à son niveau de performance maximum.
Nous sommes peut-être perdus, mais au moins nous ne sommes pas seuls. Rencontrer un vaisseau de guerre cardassien était inattendu et en dérange certains, mais je pense que le fait que leur capitaine ait décidé d'adopter une attitude non agressive à notre égard est un bon début. Naturellement, je ne fais pas confiance à Gul Jakat, mais ironiquement, sa présence me met à l'aise. Le fait qu'il y ait un vaisseau cardassien dans cette région pourrait signifier que nous ne sommes pas si loin de l'espace de la Fédération. Gul Jakat désire discuter de manière civilisée, j'ai donc accepté une réunion à bord de son vaisseau. Les décisions seront prises plus tard, mais pour le moment je retiens mon souffle sur la suite des événements.
Fin d'enregistrement.

Janeway s'appuya contre le dossier de son fauteuil et constata comme sa voix était calme. Elle se demandait si, dans des années, des archivistes redécouvriraient cet enregistrement et s'émerveilleraient de l'assurance et du contrôle qui transparaissaient dans sa voix. L'euphémisme était la règle primordiale pour écrire un journal formel, mais en réalité, pour elle l'univers était devenu fou. Elle reprenait à peine son souffle après leur dernière et ultime rencontre avec les Borgs. La victoire lui semblait acquise, apportée sur un plateau d'argent par son double, pas moins, et la Terre était devant eux. Ils en avaient été si proches qu'elle aurait pu sentir le sel des océans.
L'amirale se serait-elle sacrifiée si elle avait su où ils finiraient. Mais comment aurait-elle pu savoir ? Son choix avait été guidé par ce qu'elle connaissait, et où qu'ils soient actuellement, cela ne faisait probablement pas partie du futur de l'amirale. Ou bien était-ce son passé?
Secouant la tête face à ce paradoxe, Janeway saisit sa tasse de café et but une gorgée de l'amer liquide. Leur vie devenait une pilule dure à avaler. Le plan de l'amirale pour sauver sa famille avait quand même réussi sur quelques points : Tuvok, après la fusion mentale avec sa femme, guérissait ; Seven of Nine ne mourrait pas en mission d'exploration dans le quadrant delta. Quant à Chakotay... et bien depuis qu'ils s'étaient sortis du tunnel instable, son premier officier avait une sérieuse tendance à l'éviter. Il y avait simplement trop de questions auxquelles elle n'avait aucune envie de répondre, et bien sûr, Chakotay la pressait d'informer officiellement l'équipage de leur situation.
Elle ne savait pas quelle était leur situation et il n'était pas question qu'elle avoue à l'équipage que le Voyager était perdu, encore une fois. Le côté absurde de la situation la faisait presque rire. Elle n'avait pas du tout ri lorsque Paris avait fait de l'esprit en disant qu'ils étaient entrés dans la quatrième dimension.
Janeway appuya sur son communicateur. "Janeway à Seven of Nine." Il attendit que l'ancienne Borg réponde, mais en vain. Elle demanda avec une pointe d'agacement : "Ordinateur, où se trouve Seven of Nine ?"
"Seven of Nine se trouve dans les quartiers du commandeur Chakotay", annonça la voix synthétique d'une voix monocorde.
Janeway fronça les sourcils. Leur badinage en dehors des heures de service était une chose mais Seven était sensée travailler au labo d'astrométrie. Elle décida qu'il était temps de leur rappeler à tous deux leurs devoirs. Ce n'était certainement pas le moment d'être indulgent envers ces manifestations personnelles sans raison quand il y avait des choses bien plus importantes à faire. Elle pouvait encore comprendre pourquoi Seven, qui était encore émotionnellement immature, ne pouvait pas être blâmée, mais elle aurait pensé que le commandeur se serait montré plus responsable que ça.
Jetant le reste de son café, Janeway posa bruyamment sa tasse puis se dirigea vers la porte de son bureau, en traversant la passerelle sans même s'arrêter. Tuvok était déjà aux commandes.


***
"Que puis-je faire pour vous, enseigne ?" dit le Hologramme Médical d'Urgence en sortant de son bureau. Harry Kim se tenait au milieu de la pièce principale de l'infirmerie, l'air légèrement distrait. "Encore une récidive de cette grippe vulcaine qui traîne en ce moment ? ou bien une indigestion quelconque ?"
Harry sursauta légèrement en entendant le docteur. Le HMU n'était pas ce qui se faisait de mieux en guise de conseiller mais avec les années, le programme de l'hologramme s'était assez étoffé pour montrer de la sympathie et une touche de tact envers ses patients. C'étaient des sous-programmes qu'il semblait oublier ces derniers temps. En fait, docteur, je cherchais Seven."
Parmi tous les mots du dictionnaire, Harry avait réussi à choisir la pire combinaison et le visage du docteur se durcit de plus belle. "Je suis docteur, pas médium", dit-il. "Elle avait rendez-vous il y a quelques temps avec un de mes tricordeurs médicaux mais elle doit être trop occupée désormais pour se déranger pour une visite de courtoisie."
"Elle ne s'est pas montrée ?" demanda Harry.
"Non, enseigne. Elle n'est pas venue. Mais qui suis-je pour la critiquer ? Visiblement, elle avait des priorités plus importantes qu'une simple réunion avec un docteur. Je suis désolé, monsieur Kim, j'adorerais bavarder avec vous, mais j'ai du travail à l'infirmerie. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser..." Le docteur tourna les talons pour retourner dans son bureau, mais Harry le rattrapa et le saisit par le bras.
"Attendez une minute. Vous voulez dire que vous ne l'avez pas vue de la journée ?"
Le HMU regarda Harry en levant un sourcil acerbe. "Je croyais avoir été clair."
Harry fronça les sourcils, son cerveau fonctionnant à toute allure. "C'est étrange, doc, j'aurais juré que l'ordinateur l'avait localisée ici. Mais si elle n'est pas venue ici de la journée..."
Haussant les épaules, le docteur ajouta "Comment le saurais-je ? Lancez un diagnostic ou quelque chose du genre."
"Naturellement", dit Harry, "Puis-je accéder aux systèmes informatiques depuis cette pièce ?"
Le docteur haussa les sourcils en signe de résignation. "Allez-y ! de toute manière, vous le feriez quand même." Harry ouvrait déjà une interface.


***
Chakotay passait ses heures de repos à écrire un rapport sur le moral de l'équipage. Il réalisa d'un seul coup comme Neelix savait mieux s'occuper de leur moral par son action bénévole. L'étrange extra-terrestre allait vraiment leur manquer, même si Chakotay devait admettre que la cuisine de Chell semblait partiellement faire office d'ersatz à cette absence. Les plats aux noms extravagants du Bolien donnaient l'eau à la bouche et Chakotay se demandait pourquoi ils n'avaient jamais affecté Chell au mess auparavant. Ses talents avaient été gâchés dans l'équipe des réparations mineures. Il aurait raté quelque chose s'il n'avait jamais pu manger des racines de leola avant de mourir.
Ses pensées culinaires lui rappelèrent subitement son cinquième rendez-vous manqué. Chakotay était encore perplexe de ce qui s'était passé entre Seven of Nine et lui. Il avait été flatté quand elle l'avait approché la première fois pour lui proposer 'd'améliorer' leurs relations sociales. Il avait immédiatement compris que sa demande avait des sous-entendus romantiques et cela avait regonflé son ego. Il n'allait pas en rajeunissant et était trop modeste pour admettre qu'il pouvait encore faire tourner la tête d'une belle enseigne, dans le cas présent une ancienne drone Borg.
Cette 'amélioration' était rapidement devenue une tornade, et Chakotay avait suivi dans ce sens. Il savait que l'intérêt de Seven envers lui avait quelque chose d'expérimental - une étape dans sa quête pour regagner son humanité - et cela lui convenait parfaitement. Cela semblait temporaire et sans danger. Mais la vue de la Terre, même si ce n'était que sur les senseurs à longue portée, avait remis beaucoup de choses en cause. La grande question sur ce qu'il voulait faire de son futur avait resurgi et il n'arrivait pas à l'imaginer dans ses plans. Chakotay avait commencé à se poser des questions sur ses motivations et ce qu'il avait trouvé le troublait.
Mais, en véritable Borg, sans aucun tact ni préoccupation des sentiments de l'autre, Seven avait rapidement dressé ses propres conclusions et l'en avait informé à la première occasion. Elle n'avait plus besoin de lui et, très franchement, il ne ferait que la gêner. La culpabilité et peut-être la douleur du rejet en tête, il avait tenté de la faire changer d'avis. Mais il avait toujours eu le chic pour fréquenter des femmes incroyablement obstinées. Elle n'avait en rien changé sa position, et maintenant, elle l'évitait tant qu'elle pouvait, hors du travail.
Heureusement, cela lui donnait du temps pour mieux y réfléchir. Une relation entre eux deux n'aurait jamais pu durer. A ce stade, Chakotay était soulagé que les choses ne soient pas allées plus loin que quelques fleurs et des baisers. A long terme, cela serait vite oublié et ne laisserait pas de traces.
Ce qui était arrivé était... intéressant, mais maintenant, il était temps de redescendre sur Terre.
La sonnerie de la porte interrompit le cours de ses pensées. "Entrez", dit-il.
Le capitaine Janeway entra dans ses quartiers, le front plissé et l'air désapprobateur. Ca n'avait pas l'air d'aller. Sans lui adresser la parole, elle fouilla la pièce du regard. N'arrivant visiblement pas à trouver ce qu'elle était venue chercher, elle se tourna vers lui et lui lança: "Où est Seven ?"
"Je ne sais pas, capitaine. Pourquoi ne demandez-vous pas à l'ordinateur ?" Chakotay se leva de son bureau et laissa de côté la tablette sur laquelle il était en train de rêver.
Janeway le foudroya du regard. "Ne soyez pas ridicule. L'ordinateur a dit qu'elle se trouvait ici."
"Et bien, visiblement, ce n'est pas le cas", lui dit-il. Il savait qu'il avait été quelque peu désinvolte, mais l'humeur du capitaine l'irritait. Quand elle était dans cet état, il n'y avait rien qu'il puisse dire ou faire pour l'en sortir et cela l'ennuyait. Il savait très bien qu'elle luttait pour que la situation actuelle du Voyager s'améliore, mais si elle prenait seulement la peine de lui en parler, ils pourraient peut-être trouver ensemble un moyen de s'en sortir. Mais Catherine Janeway était un tant soit peu plus têtue que son protégé et sa rencontre avec sa version amirale lui avait fait comprendre qu'elle ne changerait jamais. Ils s'étaient tenu tête en de nombreuses occasions, mais il savait qu'il ne serait pas son premier officier, à bord du Voyager, si elle n'était pas tellement obstinée. Il était fort probable, même, qu'aucun d'entre eux ne soit vivant aujourd'hui sans cela. Il fallait parfois accepter les mauvais côtés en même temps que les bons.
"Chakotay, je le vois très bien", dit Janeway avec un soupir d'exaspération. "Pour des raisons évidentes, j'ai besoin d'elle au labo d'astrométrie. Maintenant, pourriez-vous me dire où elle est allée ?"
Décidant qu'il valait mieux ne pas l'énerver plus que nécessaire, Chakotay répondit "Je ne peux pas vous le dire, elle ne c'est jamais retrouvée seule dans mes quartiers, Catherine. Elle m'évite, même. Je ne pense pas l'avoir vue plus de quelques fois durant la dernière semaine."
Catherine leva un sourcil à cette remarque. "Je vois" fut sa seule réponse.
Chakotay n'était pas sûr de savoir exactement ce qu'elle savait sur ses 'rendez-vous' avec Seven. Il ne pouvait pas vraiment appeler cela une relation. Catherine semblait en savoir beaucoup plus que ce qu'il lui avait raconté et se demanda si elle n'était pas la confidente de Seven. Cette pensée le mis légèrement mal à l'aise et se retourna pour ne plus subir son regard. "Si vous tenez à le savoir, rien ne s'est encore passé entre nous. Seven est pour le moment dans une phase d'exploration."
"Ce que vous faites de vos heures de repos ne me concerne pas, commandeur, mais Seven a déjà vécu des moments de distraction dans son travail à cause de ses activités personnelles. J'ai besoin d'elle en astrométrie et je n'ai absolument pas besoin qu'elle soit distraite. Me suis-je bien fait comprendre ?"
A ces mots, il se retourna et la regarda avec incrédulité.
"Avez-vous seulement écouté un traître mot de ce que j'ai dit ?"
D'un geste tout à fait habituel, elle porta les mains à sa tête pour se masser les tempes. Une expression de douleur passa sur son visage. "Chakotay, je n'ai vraiment pas le temps de m'occuper de cela en ce moment. J'ai un vaisseau au milieu de nulle part, un équipage prêt à me remplacer par quelqu'un qui nettoie les injecteurs de plasma et un groupe de cardassiens sournois à ma porte. J'ai vraiment besoin de vous, et maintenant."
"L'équipage n'est pas prêt de vous remplacer!"
"Quoi ?"
"Ils ne vous détestent pas, Catherine. Si seulement vous parliez avec eux." Il savait parfois ce qu'elle pensait et actuellement, il voyait qu'elle était effrayée. "Nous allons nous en sortir. Nous sommes sans aucun doute les plus expérimentés dans ce domaine." Chakotay essayait d'égayer la conversation, mais son humour ne marchait pas.
"Tout ce que je veux de votre part est l'assurance que Seven fera son travail quand et si j'ai besoin d'elle."
Chakotay soupira. Leur conversation, si on pouvait appeler cela une conversation, tournait en rond. Comment en étaient-ils arrivés à ce point ? "C'est quelque chose qu'il vous faudra lui demander vous-même." Il se crispa en voyant sa bouche devenir une fine ligne et ses mains descendre sur ses hanches. Juste au moment où Chakotay se préparait pour une inévitable confrontation, une voix sortit du communicateur du capitaine. "Kim à Janeway."
Harry, je vous embrasserais pour cette interruption si je pouvais, pensa Chakotay.


***
"Ca a intérêt à être important, Harry, j'ai beaucoup de choses sur le feu en ce moment."
Janeway se précipita à l'infirmerie. Immédiatement, des alarmes se déclenchèrent en Harry. Il devait cependant lui dire ce qu'il avait trouvé, ou bien elle en aurait après sa tête. Le docteur se tenait aux côtés de Harry et tous les deux la regardaient d'un air sinistre.
"Pourquoi ais-je l'impression que je ne vais pas apprécier vos nouvelles ?" Elle les regarda à tour de rôle.
Harry, qui n'avait plus rien d'un bleu, avait l'air inquiet mais déterminé. S'ils avaient atteint la Terre, il serait Lieutenant à l'heure actuelle. Elle avait envoyé une recommandation à Starfleet et une cérémonie surprise l'attendait durant les célébrations de bienvenue données à l'occasion de leur retour. Elle se sentait coupable quand elle pensait que ses parents devaient être présents.
Le docteur semblait également inquiet, mais il y avait quelque chose d'autre dans son attitude qu'elle n'arrivait pas à cerner. Ils méritaient mieux que sa mauvaise humeur. Elle mit donc de côté la colère que sa conversation avec Chakotay avait provoquée, et dit d'un ton plus calme, "Qu'y a-t-il ?"
Commençant sa démonstration, Harry activa le terminal sur lequel il travaillait et pointa certains algorithmes qui défilaient sur l'écran. "Regardez ces codes dans le réseau interne de senseurs de l'ordinateur."
Janeway s'approcha et regarda l'écran. "Cela n'est pas sensé se trouver là ! Quelle est sa fonction ?"
Harry poursuivit sur un second écran. "Ca envoie de fausses informations à l'ordinateur principal. Regardez ça." Il pointa du doigt les données pertinentes.
"La signature biologique de Seven... Le signal de son communicateur ?"
"Exactement. Le programme est relativement intelligent. Il est fait pour tromper l'ordinateur en lui faisant croire que quelqu'un est à bord alors qu'il ne l'est pas", expliqua Harry. "Il est aussi fait pour nous tromper tous." Il demanda à l'ordinateur "Où se trouve Seven of Nine ?"
"Seven of Nine se trouve dans le laboratoire d'astrométrie."
Avant même que Janeway ne puisse répondre, Harry l'arrêta et demanda à nouveau "Ordinateur, où se trouve Seven of Nine ?"
"Seven of Nine se trouve dans le mess."
"Vous voyez, il utilise les banques de données de l'ordinateur pour générer les endroits les plus probables. Il la situe aussi dans l'infirmerie, l'ingénierie et la passerelle. Bizarrement, il a aussi mentionné plusieurs fois les quartiers du commandeur Chakotay."
Janeway l'arrêta avant qu'il n'aille plus loin. "J'ai compris, Harry. Maintenant, dites-moi pourquoi c'est là."
Le docteur s'interposa entre eux et déclara, "Capitaine, n'est ce pas évident ? Seven a été enlevée !"
"Attendez une minute, docteur", rétorqua Janeway en lui saisissant le bras. "Je sais que cela paraît coller, mais n'écartons aucune possibilité."
"Quelles possibilités ?" explosa le docteur. "Seven jouant à cache-cache avec Naomi Wildman ?"
"Je suis simplement en train de dire qu'il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions. Passons à nouveau les faits en revue. A quel endroit a-t-elle été vue pour la dernière fois ?"
"J'ai travaillé tard avec elle au laboratoire d'astrométrie", dit Harry. "Je l'ai vue avant qu'elle aille se régénérer, hier soir."
Janeway regarda le docteur l'air interrogateur. "Je ne l'ai pas vue aujourd'hui", dit-il rudement.
"Moi non plus", dit le capitaine. "Montrez-moi encore ces algorithmes, Harry, j'ai une petite idée."
Harry obéit et ils détaillèrent les informations sur l'écran. Janeway fit plusieurs fois dérouler certaines parties du programme par Harry jusqu'à ce que quelque chose ne retienne son attention. "Ici", dit-elle, en pointant du doigt la pièce qu'elle cherchait.
"Qu'est ce que c'est ?" fit Harry en fronçant les sourcils. Pour lui, cela ressemblait à n'importe quelle autre partie du programme.
"Si je ne me trompe pas, c'est la signature. Quelque chose laissé par l'auteur de ce code supplémentaire. Faites le exécuter par l'ordinateur pour voir s'il trouve quelque chose de connu."
Les résultats de la recherche arrivèrent avec des dizaines de références. Harry siffla. "C'est cardassien, sans l'ombre d'un doute. Ils ont capturé Seven."
"Il semble bien", dit Janeway sinistrement. "C'est une bonne chose que je n'ai pas entièrement voulu leur faire confiance, en tout cas."
Le docteur ne pu se retenir plus longtemps. "Capitaine ! Il faut que nous la ramenions à bord ! Vous savez que les cardassiens ont des méthodes peu orthodoxes pour obtenir ce qu'ils veulent savoir, et je peux imaginer ce qu'ils veulent de Seven."
"Oh, mais nous la ramènerons... et docteur, je suis parfaitement au courant de ce qu'ils sont capables de faire", dit-elle fermement, lui cinglant les mots au visage.
"Oui, capitaine, bien sûr", bégaya-t-il.
Harry se dirigea vers le couloir. "Mieux vaudrait réunir les officiers supérieurs maintenant, capitaine."
Les paroles de Janeway l'arrêtèrent. "Attendez, monsieur Kim. J'ai un autre plan. Je veux que vous trouviez Tom et que vous soyez tous les deux au mess dans une heure. Et à part ça, je ne veux pas un mot de tout cela à quiconque, est-ce bien compris ?"
L'enseigne la regarda d'un air ébahi, mais le respect de la hiérarchie lui fit répondre "oui, capitaine."
"Bien. Je vous vois donc dans une heure."
Harry savait quand il devait se retirer. Il quitta l'infirmerie avec un fort pressentiment en partant à la recherche de son collègue et ami, Tom Paris.
Aussitôt Harry parti, le docteur se tourna vers Janeway.
"Dites ce que vous avez sur le coeur et n'y revenez plus ensuite", lui dit-elle en voyant son expression.
"Je ne sais pas comment le dire poliment, capitaine, alors si vous voulez bien m'excuser, je parlerai franchement." Janeway acquiesça et le HMU continua. "Je pense vous connaître suffisamment pour vous rappeler que, quel que soit le jeu auquel vous êtes en train de vous livrer, la vie de Seven est entre vos mains."
"Je ne savais pas que vous aviez été promu premier officier, docteur", dit Janeway l'air aigri.
"Il faut bien que quelqu'un se charge de ce travail, puisque vous ne voulez pas laisser le commandeur le faire", dit calmement le docteur. Les mots restèrent en l'air et le visage de Janeway se fit plus froid. Elle allait parler lorsque le docteur reprit "Je suis désolé, ce ne sont pas du tout mes affaires."
"Oh que oui, ce ne sont pas vos affaires !" Elle était à deux doigts d'exploser.
"C'est aussi au-delà de mes intentions", soupira le docteur. "Je voudrais juste que vous me promettiez que vous ne laisserez rien lui arriver."
"Je vois que nous sommes d'accord, dans ce cas."
"Et si vous me connaissiez mieux, docteur, vous sauriez que je me bats pour protéger mes cubes."
Le docteur sourit à l'allusion, même si elle n'était pas du meilleur goût.
"Je la ramènerai, mais je voudrais que vous vous prépariez au pire, si vous voyez ce que je veux dire."
Le docteur acquiesça sans être sûr de comprendre la réponse. Alors qu'elle partait, l'espace d'un instant, il put voir l'expression de son visage. Pendant une nanoseconde, il eut pitié des cardassiens.


***
Tuvok avançait vers le mess aux côtés de son capitaine. "Pensez-vous qu'il soit sage de cacher cela à l'équipage ?"
"Je sais ce que vous pensez, mon vieil ami, mais ils sont à la limite de craquer. Quelque chose de ce genre pourrait finir le travail. Si nous réglons rapidement le problème, Seven sera de retour à bord avant que quiconque d'autre ne s'aperçoive de son absence, et nous pourrons alors décider de ce que nous faisons à propos de nos 'amis'. Si bataille il y a, ce n'est pas un vaisseau de classe Galor qui nous arrêtera. Jakat va regretter le jour où il a décidé de jouer avec moi."
"Et pour le commandeur ?"
Janeway marqua un arrêt et leva les yeux vers le vulcain. Pendant un instant, elle ne fut plus sûre de ce dont il parlait. Puis elle réalisa qu'il faisait référence à sa question précédente. Elle lui répondit alors à voix basse "J'ai des doutes sur les capacités du commandeur à réagir rationnellement dans cette affaire." L'expression de Tuvok resta stoique. "Vous désapprouvez ?"
Le vulcain gardait les yeux sur leur destination. "Le commandeur a une longue expérience dans l'exorcisme de fantômes. Ce n'est plus le même homme qu'il y a sept ans."
"Peut-être", répondit Janeway l'air détaché tandis qu'ils atteignaient l'entrée du mess. Les deux officiers pénétrèrent dans la pièce partiellement déserte. Quelques membres d'équipage prenaient un repas rapide entre deux rotations et étaient attablés seuls ou par deux. Tout au fond, sur leur demande, une table leur était réservée. La lumière des étoiles filtrait par la baie et éclairait doucement le plan de table étincelant dans la pénombre de la pièce. Trois personnes étaient là et attendaient l'arrivée de Janeway.
Tuvok et Janeway avancèrent jusqu'à eux. Le capitaine fit des signes amicaux en passant près des hommes qui l'avaient remarquée, mais ces derniers replongèrent sitôt après leurs regards dans leur plateau ou reprirent leurs conversations.
"Tom, Harry, prenez un siège, je vous prie", dit Janeway en arrivant près d'eux. Elle se tourna vers Chell, qui s'était porté volontaire pour s'occuper du mess après le départ de Neelix.
"Personne ne vous dérangera, capitaine", annonça ce dernier.
"Merci. Je vous préviendrai si nous avons besoin de quoi que ce soit."
Le bolien jovial ne saisit pas l'allusion. "J'ai aussi préparé du café tout frais 'garanti sans réplicateur' spécialement pour vous."
"Laissez-le sur la table, Chell."
"Et, si vous avez faim, j'ai un nouveau menu du jour, avec des lasagnes 'aux mille et une façons', que vous pouvez accompagner de gaufres 'de nulle part' avec une glace."
"Chell..." la voix de Janeway s'était changée en un faible grognement. Elle savait que le bolien jouait juste les désinvoltes, mais elle n'appréciait pas son humour.
"D'accord, capitaine, je m'en vais. Regardez, je suis parti." L'homme bleu fila, sous le regard furieux de son capitaine, en affichant un sourire effronté.
Une fois Chell retourné dans sa cuisine, le domaine réservé de Neelix pendant si longtemps, Janeway s'assit enfin à la table avec les autres. "Messieurs, nous avons des affaires à régler, et cela doit être fait rapidement et discrètement."


***
Tom revint sur ses pieds pour observer le duo endormi: une mère et sa fille. C'était la scène la plus paisible qu'il avait eu l'occasion de voir entre elles depuis que Miral était née. B'Elanna était allongée sur la couche. Elle avait jeté sa veste d'officier à terre sur le côté, mais n'avait pas poussé l'effort jusqu'à retirer ses bottes. Sur le sol, à côté du grand fauteuil, il y avait une couverture sur laquelle dormait sa fille, entourée par des oreillers. Miral n'était âgée que d'une semaine, mais elle avait déjà prouvé qu'elle avait une très forte voix. Parfois, la seule solution pour la calmer était de la prendre à bras et de faire les cent pas avec elle à travers la pièce tout en lui tapotant dans le dos. Au début, ils s'étaient aussi inquiétés de sa santé, mais le docteur les avait assurés qu'elle se portait aussi bien qu'un kazon et que ses coliques étaient classiques chez certains nouveau-nés.
Globalement, le tempérament de Miral déteignait sur ses parents. Tom sentait que B'Elanna et lui étaient en train de changer. Avant, il pouvait la regarder toute la nuit, lui passer le bébé puis aller s'occuper de son travail. Dormir ne faisait pas forcément partie de leur emploi du temps.
Mais maintenant, B'Elanna tombait de sommeil à s'occuper de Miral et n'avait plus une minute à elle pendant ses repos. Tom, de larges cercles noirs sous les yeux, l'enviait. Il ne la réveilla pas, mais se pencha sur elle et déposa délicatement un baiser au sommet de sa tête.
Alors qu'il atteignait la porte de ses quartiers, il entendit une petite voix lui murmurer : "Qu'est ce que tu fais, pilote ?"
"Désolé, B'E, je ne voulais pas te réveiller", dit tristement Tom.
Elle s'assit et se frotta les yeux. "Ca va, j'ai réussi à me libérer une heure de plus. Ca devrait me permettre de tenir quarante-huit heures de plus."
Tom était sur le point de lui dire qu'ils devraient trouver quelqu'un pour les aider à s'occuper de Miral, mais il savait où cette conversation le mènerai et il n'avait absolument pas le temps de discuter de cela maintenant. "Je serai de retour dans quelques heures, je pense. On pourrait dîner ensemble plus tard, ce soir ?"
B'Elanna n'avait pas l'air très enthousiaste à cette idée. "Nous verrons. Qu'est ce que Janeway te fait faire, en ce moment ?"
Tom, crispé, n'aimait pas le ton que prenait B'Elanna. Elle était devenue très possessive envers lui, ces derniers temps. "Je ne peux pas t'en parler", dit-il calmement. "C'est confidentiel."
Elle se leva et alla jusqu'au réplicateur. "Je n'aime pas l'allure que ca prend, Tom", dit-elle tout en se commandant une boisson chaude.
"Ce sont les ordres du capitaine, B'E, elle ne veut pas que l'équipage entende parler de cette affaire."
Elle lui jeta un regard furieux. "Je ne suis l'équipage, Tom, je suis le chef ingénieur. Si quelque chose tourne mal avec les cardasses, je suis en droit de le savoir."
Tom vit Miral qui soupirait dans son sommeil. "Tu vas réveiller le bébé, parle moins fort."
Elle ne pouvait pas le croire. Sans changer de ton, elle poursuivit : "C'est cela, n'est-ce pas ? Janeway est bien contente de me voir faire tout le travail à l'ingénierie, mais maintenant que j'ai un enfant, elle croit que je ne suis plus capable de m'occuper de choses sérieuses !"
Tom se précipita vers sa femme. Il voulait la secouer, mais au lieu de cela, il se retrouva à lui tenir les épaules pour la rassurer. "Ce n'est pas cela du tout ! Ecoute, Seven a été kidnappée et nous voulons la récupérer avant que tout le monde ne cède à la panique. Le capitaine va aller à un dîner diplomatique et elle va essayer de localiser Seven. Quand elle y sera parvenue, elle me transmettra les coordonnées et je la téléporterai hors de leur vaisseau. Avant que quiconque ne puisse dire 'Toute résistance est futile', je l'aurai ramenée à bord du Flyer."
Le visage de B'Elanna passa par une série d'expressions avant qu'elle ne puisse finalement sourire. "Nous devrions la leur laisser."
Tom ria et la serra dans ses bras. "Tu penses à tout ce qui irait de travers si nous faisions cela ? Comment le Voyager pourrait-il survivre sans la réputation géniale si spéciale de Seven ?"
B'Elanna tourna sa langue dans sa bouche pour s'empêcher de dire ce qui lui venait à l'esprit. Elle se recula un peu pour mieux observer Tom. "Et qu'est ce que c'est que ce plan, de toute façon ? Les cardassiens doivent bien avoir un plan de secours pour ce genre de scénario. Tu sais comme ils peuvent être sournois. Qu'a dit Chakotay à propos de cela ?" Tom se figea à cette question. Il la regarda, mal à l'aise et sans dire un mot. "Arrêtons ça, Tom. Que se passe t'il réellement ici ?"
"Chakotay n'est pas dans la confidence", dit-il à contre coeur. Il savait très bien que B'Elanna lui aurait arraché l'information, de toute manière.
Elle était silencieuse, maintenant, ce qui était pire. Il pouvait imaginer ce à quoi elle pensait. Cela devait ressembler à ce qu'il pensait lorsqu'il avait exprimé ses objections durant leur réunion informelle au mess.
Miral commença à gazouiller pour signifier à ses parents qu'elle était réveillée et B'Elanna en profita pour fuir le regard interrogateur de Tom. Elle se dirigea vers sa fille pour la prendre. "Tu ne devrais pas les faire attendre", dit-elle d'une voix monotone, mais où Tom percevait quand même une pointe de sarcasme.
"B'Elanna", dit-il sur un ton alarmé. "Si cela peut t'aider, sache que je n'étais pas d'accord avec elle."
"Vas-y", soupira-t-elle.
Tom n'aimait pas du tout ce qu'il voyait sur son visage, mais il sortit quand même. Si jamais Janeway apprenait ce qu'il lui avait raconté, il était fichu.


***
Le ruissellement venait de derrière, elle en était certaine. Avec son ouie Borg, Seven était capable de localiser avec précision la source du bruit, mais durant ces dernières heures, cela n'avait pas arrêté de se déplacer. Elle pouvait sentir les vibrations de chaque goutte qui tombait au sol à travers ses pieds. Chacune avait une fréquence et une durée différentes. Il n'y avait aucune logique à cela. C'était exaspérant.
Essayant d'oublier le rythme aléatoire du bruit, Seven avait tâché de se libérer de ses liens. Gul n'était plus revenu depuis sa première visite, laissant en place ses subordonnés chargés de jeter un oeil sur elle aussi souvent que possible. Pendant ce temps, elle avait réussi à desserrer ses liens, en prenant bien soin de conserver la position dans laquelle ils l'avaient laissée pour ne pas éveiller leurs soupçons.
Elle serait prête à l'affronter quand il reviendrait.
L'attente était en fait la véritable torture, ne sachant pas le moment où quelque chose se produirait mais obligée de garder ses sens en alerte continuellement et ses muscles prêts à passer à l'action.
Ce moment arriva sans prévenir. Gul pénétra dans la pièce, le même regard sournois que la première fois. Seven of Nine savait exactement où se trouvaient ses points faibles. Comme il s'avançait plus près, elle utilisa sa connaissance précise de la physiologie cardassienne pour lui asséner un coup de pied là où cela faisait le plus mal. Ensuite, tandis qu'il se pliait de douleur, elle lui envoya son poing dans la figure. Il tomba à terre. Avant qu'il ne puisse appeler à l'aide, elle mit un pied sur son cou et le regarda l'air de dire 'Criez et je coupe votre arrivée d'oxygène'. Elle se pencha pour récupérer son arme, la régla sur étourdissement, et tira sur son tortionnaire.
Enfin, tout cela était dans ses plans, car juste quand elle allait tirer, une main se leva et la saisit aux poignets en serrant. Quand elle sentit les os et les cartilages se ses poignets commencer à craquer, elle gémit de douleur et tira au hasard avec son arme. Le rayon d'énergie du phaseur se dissipa vainement sur le sol et le cardassien utilisa sa force pour lui faire lâcher le phaseur de sa main.
Il était bien plus rapide qu'elle ne l'avait réalisé et bien plus agile. D'un seul mouvement, il fut sur pieds. Il utilisa son corps pour la coincer contre le mur le plus proche. Seven sentit ses doigts froids se resserrer autour de son cou et se retrouva paralysée durant un moment. Les doigts continuaient de serrer son cou et elle commençait à avoir des difficultés à respirer.
"Ce n'était pas une bonne idée", dit Gul. Le ton de sa voix était menaçant, mais son expression était avide. "Il est temps de voir à combien votre capitaine évalue votre personne. Certainement pas à plus de la moitié de mon estimation. Malheureusement, nous ne pouvons pas vous permettre de courir partout et de faire échouer nos plans, pas plus que je ne peux vous garder prisonnière ici..." D'un seul coup, il tira la tête de Seven en avant puis la cogna contre le mur. Avec juste assez de force pour lui faire perdre connaissance.


***
Les explications de Tom trottaient dans la tête de B'Elanna très désagréablement pendant qu'elle s'occupait de son bébé. Elle ne savait que penser de ce qu'il lui avait appris. Elle décida d'en parler avec quelqu'un d'impartial, et Miral ne lui était pas d'une grande aide dans ce domaine. Elle habilla l'enfant et sortit de ses quartiers pour chercher la femme de Tuvok.
B'Elanna trouva la vulcaine dans un salon d'observation désert. Les pleurnichements de Miral interrompirent T'Pel en pleine contemplation des étoiles. Elle se retourna pour voir qui venait de la déranger.
"Excusez-moi", dit B'Elanna. Elle était un peu effrayée par T'Pel, qui semblait aussi sage et mystérieuse que le jour où elle avait rejoint l'équipage du Voyager. "La bienvenue, B'Elanna Torres", l'accueillit T'Pel. "La bienvenue à votre enfant aussi."
"L'ordinateur m'a dit que vous vous trouviez ici." B'Elanna n'était pas très sûre de la façon d'aborder le sujet qui l'intéressait.
T'Pel pencha la tête sur le côté. "Voulez-vous savoir pourquoi je suis venue ici ?"
"Je veux bien", répondit B'Elanna en faisant taire Miral. Pour une raison inconnue, la présence de T'pel avait un effet apaisant sur elle et sur Miral.
"J'ai utilisé mon accès limité à l'ordinateur et découvert que ce salon était peu employé par les membres d'équipage. Il me semble qu'il devrait être employé à une autre fonction." T'Pel retourna jusqu'à la baie d'observation. "La vue est reposante."
B'Elanna fronça les sourcils. "Que pensez-vous qu'on devrait faire de cet endroit ? C'est juste un salon."
T'Pel exprimait presque de la mélancolie. "Je commence à regretter le jardin laissé derrière moi sur Vulcain, bien que ce soit illogique quand je viens de retrouver un mari. Je pense cependant qu'il serait bénéfique d'aménager des endroits particuliers dans le Voyager avec des choses qui nous rappelle ce que nous avons laissé derrière."
"Si vous voulez des plantes, il y a la baie hydroponique."
Regardant B'Elanna avec franchise, T'Pel dit: "La fonction d'un jardin est totalement différente de celle de cultures hydroponiques. Le second est utilisé pour subvenir à nos besoins physiques. Le premier permet d'élever notre état spirituel et mental."
B'Elanna haussa les épaules. "En avez-vous parlé à Tuvok ?"
"Bien sûr, mais mon mari n'a pas perçu la logique de ce raisonnement." B'Elanna aurait pu jurer qu'elle avait aperçu un sourire sur le visage de la Vulcaine.
Elle répondit par un sourire et ajouta : "Je pourrais toujours le proposer pendant une réunion des officiers supérieurs."
T'Pel inclina la tête. "Cela serait apprécié, B'Elanna Torres. Maintenant, dîtes-moi ce dont vous vouliez m'entretenir ?"
Beaucoup plus détendue, et peut-être même un peu manipulée, B'Elanna commença à révéler à T'Pel ce que Tom lui avait appris. Elle espérait que parler avec la femme de Tuvok apporterait un semblant de clarté à toute cette histoire.


***
"Capitaine Janeway, c'est un plaisir de vous rencontrer en personne !"
La voix lui donna des frissons dans le dos tandis qu'elle descendait de la version cardassienne d'un plot de téléportation. Regarder l'intérieur d'un tel vaisseau lui rappela des souvenirs. Mais cela n'avait rien d'agréable et ne servirait qu'à la distraire de sa tâche. Elle eut soudain plus peur pour elle que pour Seven. Janeway s'était déjà faite assimiler volontairement par les Borgs, mais cela n'était rien comparé à cette ancienne terreur. Les cardassiens avaient été un cauchemar d'enfant devenu réalité une fois adulte.
Redressant le dos et montrant sa résolution, Janeway leva le menton et regarda le cardassien devant elle droit dans les yeux. "Laissez-moi mettre les choses au point dès maintenant. Il n'y a jamais eu d'amour perdu entre nos deux peuples et j'espère qu'il n'y en aura jamais."
Le cardassien avait le culot propre de sa race à sourire. "Et bien, j'avais espéré que nous pourrions mettre nos différends de côté, capitaine. Je vois que vous êtes aussi rustres que tous les autres humains que j'ai rencontrés."
Janeway inclina la tête. "Je n'aime pas les flatteries et les jolis discours. C'est une perte de temps, qui doit plutôt être employé à discuter de notre situation actuelle."
"Peut-être, mais je ne crois pas que vous vous permettriez de manquer à nos coutumes, capitaine. Ce n'est pas dans la nature de Starfleet d'ignorer ce qui est culturellement important."
Cette fois, ce fut au tour de Janeway de sourire. Ses lèvres se plissèrent sur les côtés, mais ses yeux restèrent froids. Elle n'avait pas l'intention de révéler à Gul Jakat qu'elle avait été tellement éloignée de Starfleet pendant si longtemps qu'elle avait modifiée les règles du jeu pour son propre usage. "Que reste-t-il donc d'important pour les cardassiens de nos jours ?"
Pensant qu'il avait gagné cette petite bataille, Gul Jakat offrit son bras au capitaine. "Commençons par rompre la glace. Nous pourrions nous connaître un peu mieux autour d'un repas. C'est une règle, les cardassiens ne font pas leur lit avec des étrangers."
"Montrez-nous le chemin de la salle à manger. Et j'ajouterais que j'ai faim." Se tournant vers son officier de la sécurité, Janeway lui fit signe de la tête. "Voici mon officier de sécurité vulcain, Tuvok. Il se joint à moi."
Jakat le salua rapidement. "Naturellement."
A contrecoeur, Janeway prit le bras de Gul. Tuvok resta derrière elle tandis que Jakat les emmenait à travers les couloirs de son vaisseau.


***
Harry avait l'oeil sur la console des opérations. Janeway l'avait laissé en charge de la coordination de la mission de secours et il n'en était pas heureux. Ce n'était pas qu'il redoutait d'échouer, au contraire il pensait que c'était un bon plan, mais c'était le regard du premier officier qui le hantait.
Incapable de rester dans son fauteuil, le commandeur Chakotay avait décidé que ce serait une bonne idée d'observer le travail du personnel de la passerelle par dessus leurs épaules. Cela convenait à Jenkins, dont le seul travail consistait à maintenir le Voyager à portée du vaisseau cardassien. Ayala n'était pas trop occupé non plus, mais Harry, au contraire, essayait subrepticement de maintenir une localisation de téleportation sur le capitaine et Tuvok tout en envoyant régulièrement des rapports sur la situation à Tom, qui à ce moment même se trouvait hors du vaisseau dans le Flyer. C'était une autre chose qu'il avait dû cacher à la curiosité de Chakotay - le départ de la navette de Tom et sa position actuelle derrière eux, hors de vue des cardassiens. Harry faisait de son mieux, suivant les instructions du capitaine, pour garder Chakotay loin de ce qu'il faisait, mais si leur plan venait à capoter, il ne pensait pas que Chakotay apprécierait beaucoup ce qu'il était en train de faire. Cela n'était pas la première fois que Harry avait l'impression de se retrouver au milieu d'une dispute familiale.
Chakotay continuait de l'observer, mais Harry réussit tout de même à envoyer un rapport à Tom pour lui signifier que le capitaine était à bord du vaisseau cardassien et qu'il devait attendre les coordonnées de Seven.
"Torres à Chakotay", annonça le communicateur de Chakotay.
Le commandeur appuya sur son insigne pour répondre. "Qu'y a-t-il, Torres ?"
"J'ai besoin de te parler."
Passant une main dans ses cheveux, il dit "Est-ce que ca peut attendre ? Nous sommes en pleine opération, ici."
"Cela a probablement assez attendu, monsieur." La voix de B'Elanna montrait des signes d'énervement.
Chakotay hésita puis dit "Rejoins-moi dans le bureau du capitaine". Il se retourna vers Harry pour ajouter "Gardez bien la localisation sur les nôtres, je n'ai aucune confiance en ces serpents."
Harry manqua de tomber de sa console de surprise en voyant Chakotay sur le point d'utiliser le bureau du capitaine.


***
Gul Jakat fronça les sourcils pour se moquer. Janeway était assise en face de lui autour d'un simple cube faisant office de table, dans une pièce au mobilier austère. Les décorateurs de Gul semblaient préférer le noir et le gris et les meubles inconfortables. Son dossier de chaise était dur et rester assis pendant tout le repas à écouter le cardassien exposer ses nombreux exploits, dont certains contre la Fédération, était une véritable torture.
"Vous avez à peine touché à votre ragoût de sem'hal, capitaine. Vous voulez peut-être un peu plus de sauce yamok pour l'accompagner ?" Jakat fit signe à l'un de ses serviteurs d'apporter la soupière à Janeway, mais elle secoua la tête.
"Le ragoût est très bon. Je me demandais juste quand nous pourrions en venir aux questions qui me concernent."
Chaque chose en son temps, capitaine. Nous n'avons même pas encore commencé le cinquième plat." Jakat ignora de manière éhontée le regard irrité de Janeway et se tourna vers Tuvok. "Commandeur, quelles sont les nouvelles de Vulcain ces derniers temps ? J'ai manqué tellement d'informations interplanétaires, ici."
Tuvok souleva involontairement l'un de ses sourcils tout en ingurgitant ce que Gul appelait de la nourriture. Entre deux cuillérées, il répondit "Vulcain est inchangée."
"Oui", dit Jakat l'air détaché, "j'en suis certain. Dites moi, que pensez-vous de l'alliance entre la Fédération et nous ?"
Janeway redressa la tête de surprise, mais par chance Tuvok avait la tête dans son plat et les yeux de Jakat étaient fixés sur lui. "Je n'ai aucune opinion sur la question."
"Bien sûr, vous n'en n'avez pas. Je crois que c'est beaucoup trop stratégique, n'est ce pas ?" Il jeta un regard vers Janeway. "Je crois que vous avez déjà exprimé assez clairement votre opinion sur nous."
Reposant sa cuillère, Janeway se pencha en avant. Elle n'allait pas dire à ce cardassien que l'alliance était en lambeaux et que Cardassia premier était en ruine. "Mes convictions personnelles n'ont aucune importance. Je m'en tiendrai aux positions de la Fédération. Mais juste par curiosité, depuis combien de temps errez-vous dans ce coin ?" Où que soit ce 'coin', ajouta-t'elle silencieusement.
Jakat s'adossa sur sa chaise. "Pas si longtemps, capitaine, quelques mois. Et vous ?"
Si elle avait été en train de manger, elle se serait étouffée. Janeway fit quelques calculs rapides, mais aucun ne collait. Elle laissa ce paradoxe de côté pour plus tard. "Nous venons juste d'arriver."
Les yeux du cardassien s'illuminèrent. "Dites m'en plus sur votre navire. Vous semblez avoir quelques modifications intéressantes pour un vaisseau de Starfleet."
Janeway décida de ne rien dévoiler à cet homme. Avec d'extrêmes précautions, elle fit semblant d'avoir un malaise et glissa de sa chaise sur le sol. Instantanément, Tuvok et Gul se levèrent. Tuvok se précipita jusqu'à Janeway et s'agenouilla à côté d'elle. Il retira une fiole de sa pochette et la passa devant son visage. Quelques secondes plus tard, elle toussait et se remettait péniblement debout.
"Que se passe-t'il ?" dit Jakat qui se tenait devant eux l'air peiné.
Les regardant, Tuvok leur répondit : "mon capitaine n'est pas bien. Elle est sujette à des évanouissements depuis que nous sommes arrivés ici. J'ai insisté pour qu'elle reste sur le Voyager, mais elle pensait qu'il ne serait pas approprié que quiconque d'autre assiste à cette réunion à sa place.
Les yeux de Jakat se rétrécirent. "Nous devrions peut-être poursuivre cet entretien à un moment ultérieur ?"
Secouant la tête, Janeway dit "non, je vais bien. Donnez-moi juste quelques minutes pour reprendre mes esprits. Il y a trop de choses importantes dont nous devons discuter pour nous permettre de prendre du retard." Tuvok l'aida à se relever. Dans le mouvement, il lui glissa la fiole.
"Naturellement, capitaine" dit courtoisement Jakat. "Voulez-vous utiliser les installations d'une salle de repos ? Glinn Kajarel sera enchanté de vous escorter." Il fit signe à l'un de ses officiers qui se tenait en garde contre le mur.
"J'en serais ravie, Gul. Votre hospitalité est des plus remarquables."
Gul souri à ce compliment. "Pendant ce temps, votre Vulcain pourra s'entretenir avec moi en attendant votre retour."
Janeway acquiesça. Elle suivit Kajarel hors de la pièce en jetant un regard dérobé à Tuvok. Priant pour qu'Harry et Tom aient l'oeil sur la scène, elle savait qu'elle allait devoir agir rapidement.


***
Miral dans les bras, B'Elanna se sentait mal à l'aise devant son ami penché sur le bureau du capitaine. Chakotay avait l'air calme, si on considérait ce qu'elle venait de lui dire. Mais B'Elanna le connaissait bien. Elle savait qu'il était en train de bouillir de l'intérieur. C'était quelqu'un qui ne montrerait jamais sa colère, sauf dans des situations de stress extrême. Dans le cas présent, on pouvait voir de la rage dans ses yeux.
Les yeux de Chakotay lançaient des éclairs. "Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ? Tu aurais dû venir me trouver à l'instant où tu l'as appris", dit-il.
B'Elanna repositionna le bébé de façon plus confortable dans ses bras. Miral était réveillée, mais était calme, satisfaite d'être tout contre sa mère. "Je ne pensais pas avoir le droit d'interférer dans cette histoire. C'est le capitaine, elle a le droit de décider ce que bon lui semble."
"Non, B'Elanna. Non, elle n'a pas tous les droits !" Chakotay se leva précipitamment du bureau et se mit à faire les cent pas dans la pièce. Il atteignait un niveau d'énervement que B'Elanna avait rarement eu l'occasion d'observer. "Nous avons un système, un ordre dans lequel les choses doivent être faites à bord de ce navire. Et cela pour une raison simple. Elle est sur la brèche depuis longtemps, et elle a réussi à tenir mentalement le coup. Mais aujourd'hui, elle a finalement perdu la tête."
"Elle n'agit pas toute seule, Chakotay", lui fit remarquer B'Elanna. "Tuvok est aussi sur le coup. De même que Tom et Harry, bien que Tom est désapprouvé l'opération, d'ailleurs."
Chakotay s'immobilisa et la regarda dans les yeux. "Je ne peux pas croire que Tuvok la soutienne. Il n'a aucune raison de vouloir me tenir à l'écart; il n'a aucune envie de prendre ma place. La vérité est qu'elle a décidé de ne plus me faire confiance."
"C'est ridicule", explosa B'Elanna. "Il y a longtemps que nous ne sommes plus des maquisards. Elle a vraiment un problème si elle pense ne pas pouvoir te faire confiance pour t'occuper sérieusement des cardassiens. Même moi, je sais très bien qu'il est capital de sortir Seven de leurs griffes en douceur, même si j'adorerais répandre des molécules de cardassiens sur plusieurs années-lumière."
Hésitant, Chakotay se frotta les yeux. Il avait soudainement mal à la tête. Il se demandait s'il l'avait attrapé rien qu'à se trouver dans le bureau du capitaine. "Je ne crois pas qu'elle ait pensé à mon manque d'affection pour les cardassiens, dans ce cas." Catherine avait toujours pensé que les émotions compromettaient le jugement.
"Alors, qu'est ce que c'est ?"
Il secoua la tête et lui raconta un doux mensonge. "Je n'en sais absolument rien. La question serait plutôt de savoir ce que je dois faire face à son comportement ?"
"Quoi que tu fasses, Chakotay, tu sais que je te soutiendrai à cent pourcents, et les autres aussi", dit fermement B'Elanna.
Souriant tristement, Chakotay tendit le bras pour lui tapoter l'épaule. "Nous ne sommes pas en train de préparer une mutinerie. Je vais juste devoir m'entretenir avec elle de cette situation. Même si elle doit m'en vouloir pour ça." Il descendit sa main pour toucher la joue de Miral. "Elle est plus grande à chaque fois que je la vois."
B'Elanna grommela. "Tu changes de sujet."
"Nous sommes une famille, B'Elanna. Je ne vais pas abandonner aussi facilement. De toute manière, je ne peux plus rien faire maintenant que le plan du capitaine est engagé. Espérons simplement qu'elle n'ait pas sous-estimé les gens avec lesquels elle fait affaire." Et il ne faisait pas référence qu'aux cardassiens.
"Kim à Chakotay", les interrompit la voix d'Harry.
"Qu'y a t'il, Harry", demanda Chakotay.
"Il y a quelque chose qui ne va pas. Les cardassiens viennent juste de lever leurs boucliers."
Chakotay jeta un regard alarmé à B'Elanna. "Je crois que nous savons ce que cela signifie. Miral et toi devriez aller sur un pont plus sûr", dit-il en se dirigeant rapidement vers la passerelle.


***
Dès que Kajarel eut emmené Janeway assez loin dans le passage sombre, elle écrasa la petite fiole que Tuvok lui avait glissée dans la main. Il n'y avait personne autour, elle en profita pour se retourner en un instant et couvrit le visage du cardassien avec sa main. La fiole contenait une substance chimique qui étouffa et aveugla le second de Jakat. Pendant que Kajarel tentait de réagir face à l'attaque de Janeway, cette dernière lui pris rapidement son arme et recula pour la pointer sur lui.
"Ne respirez même plus", menaça-t'elle. Glinn Kajarel avait déjà assez de mal à le faire à ce moment-là. "Faites un pas de travers et je tire. Vous savez si votre arme est réglée pour seulement étourdir, mais moi, je ne prendrais aucun risque."
"Faites cela et l'alarme sonnera dans tout le vaisseau", dit Kajarel entre deux bouffées d'air.
Janeway haussa les épaules. "Vous seriez quand même mort." Glinn sembla préférer la vie et resta silencieux. Avançant vers le mur, l'arme cardassienne à la main, elle dit "Ouvrez ce panneau."
A contrecoeur et en gardant un oeil sur le phaseur pointé dans sa direction, Kajarel s'approcha du mur et obéit.
"Maintenant, reculez." Tandis que Kajarel s'éloignait lentement du mur, Janeway saisit son tricordeur de sa main libre. Elle scanna les circuits et souria. Les technologies du futur arrivent parfois à point nommé, remarqua-t-elle, et les systèmes de ce vaisseau sont quelque peu antiques." Elle garda les yeux sur le tricordeur, qu'elle utilisait comme interface avec le système environnemental du navire.
Soudain, ses yeux brillèrent. "Janeway à Paris."
"Je vous attendais, capitaine", reçu t'elle en réponse.
"J'ai la localisation. Je vous envoie les coordonnées par le canal de communication. Tenez-vous prêt à la téléporter hors d'ici." Elle coupa la communication vocale avec Paris et s'apprêta à interfacer son tricordeur du futur avec son communicateur. Elle ne remarqua pas le sourire de Kajarel.


***
"Alerte rouge", cria Chakotay en courant dans la passerelle. "Pouvez-vous téléporter nos gens hors de là ?" Sa question s'adressait directement à Harry.
"Non, monsieur, pas tant que leurs boucliers sont levés." Harry ne tenait plus en place et finit par dire "Commandeur, il y a quelque chose que vous devriez savoir..."
Le commandeur lui imposa le silence d'un geste du bras. "Ont-ils réussi à localiser Seven ?"
Harry ne voulait pas savoir comment il était au courant. Il répondit de manière logique. "Tom a reçu les coordonnées. Cependant, il n'a pas pu la téléporter, leurs boucliers ont coupé la communication."
"Raffraichissez-moi donc la mémoire, enseigne", dit Chakotay avec un regard sombre. "Où exactement se trouve monsieur Paris ?"
"Euh, il est sorti avec le Flyer, monsieur. Il est caché dans l'ombre du Voyager."
Chakotay acquiessa. "Naturellement c'est là qu'il devait être. Il vaudrait mieux que vous répondiez à cet appel, Harry", dit-il du tac au tac, se référant au clignotement visible sur la console des opérations.
Kim rougit un peu, mais réussit à retrouver son calme. "Les cardassiens nous appellent, monsieur."
Soupirant, Chakotay dit "Je ne suis pas vraiment d'humeur à discuter. Passez-le sur l'écran."
L'écran principal passa d'une vue externe du vaisseau de classe Galor à une vue interne. L'équipage de la passerelle du Voyager, Chakotay en son centre, regarda l'image du cardassien Gul Jakat et de leur officier de sécurité, le lieutenant commandeur Tuvok.
Avant que Gul n'ait le temps d'ouvrir la bouche, Chakotay demanda "Où se trouve le capitaine Janeway ?"
"Elle sera là dans un petit moment", dit Jakat avec une trace d'irritation. "Vous n'avez vraiment aucune manière, commandeur. Je comprends pourquoi Janeway ne voulait pas que vous veniez."
Les yeux du commandeur s'enflammèrent. Il savait que ce n'était pas sensé, mais il avait une envie soudaine de bondir sur l'écran et d'arracher le sourire vicieux du visage écaillé du cardassien.
"Il est temps de débuter les négociations sérieuses", continua Jakat. Il se tourna vers tuvok qui se tenait à ses côtés, la mine sinistre. "Qu'en pensez-vous, mon ami vulcain ?"
Au lieu de répondre à Gul, Tuvok dit à Chakotay "Ne tentez rien d'imprudent, commandeur. Il se passe ici plus de choses que vous n'en avez connaissance."
"Désolé, Tuvok, mais je n'ai pas le temps d'en discuter." Chakotay signala à Kim de couper la transmission. "Levez les boucliers", ordonna-t'il en se dirigeant délibérément vers la console tactique. "Jenkins, préparez une manoeuvre d'évasion, et Harry, je veux que vous préveniez Paris que ca va chauffer par ici."
Harry et Jenkins, officier de navigation, répondirent en coeur "Oui, monsieur."
Ayala céda sa console tactique après un seul regard de la part du commandeur. Sans préavis, Chakotay arma les systèmes d'armement puissant du Voyager et tira sur les cardassiens.


***
"Paris, l'avez-vous récupérée ?" appela Janeway par le canal de communication. Elle appuya une nouvelle fois sur son communicateur après un moment de silence. "Paris ? Tom, êtes-vous là ?" Elle se retourna vers un Glinn Kajarek souriant.
"Il semble que votre technologie ne soit pas compatible avec ces installations trompeusement vieux style." Il bondit sur elle.
Les réflexes de Janeway étaient rapides et elle brandit son arme sur le cardassien. Elle tira alors qu'il s'élancait.
Quelque chose alla de travers. L'énerge du phaseur ne se dirigea pas vers le cardassien comme ca aurait dû, mais ondula à la surface de l'arme pour venir frapper la main de Janeway. Reculant, elle laissa tomber l'arme avec un gémissement de douleur. Aussitôt, le cardassien se servit de son corps comme d'un bélier et la plaqua au sol.
Janeway cria tandis que le poids de son adversaire lui écrasait la poitrine. Sans effort, Kajarel la maintint au sol. Subitement, le vaisseau vacilla sous eux. Profitant de cette opportunité, Janeway commença à se tortiller pour se dégager du cardassien, mais il fut assez rapide pour lui saisir les poignets. Se redressant sur ses pieds, il l'entraina avec lui.
Le vaisseau fit une nouvelle embardée, manquant de les faire retomber. Mais Kajarel la tenait encore fermement. Il la traîna en arrière dans le passage, mais cette fois en direction de la passerelle.
"Que diable se passe-t'il ici, Jakat ?" grommela Janeway alors que Kajarel la poussait sur la passerelle du navire cardassien, une main cramponnée à sa taille et l'autre lui tirant les cheveux pour lui maintenir la tête en arrière.
"Je vois que vous avez récupéré de votre petite indisposition, capitaine. Voulez-vous un siège ?" Jakat pointa son propre siège d'un air moqueur. Tuvok se tenait à côté de lui les mains attachées.
Janeway se débatit avec rage. "Quel genre de jeu jouez-vous ?"
Claquant la langue, Jakat répondit "Je n'y suis pour rien là-dedans. C'est votre gâchette facile de commandeur qui a décidé de nous tirer dessus, sans aucune provocation de notre part. Je n'ai pas eu d'autre choix que de défendre mon vaisseau."
"Ca ne ressemble pas du tout à mon premier officier. Vous l'y avez poussé. Laissez-moi vous prévenir d'une chose : votre vaisseau n'est pas de taille à lutter avec le Voyager. Vous allez perdre cette bataille."
Jakat jeta un regard de mort vers Janeway. "Si cela était le cas, alors vous perdriez aussi, capitaine. Nous mourrons tous les deux avec ce vaisseau, si cela est nécessaire."
Le regard de Janeway se durcit à l'extrème. "N'y comptez pas, Jakat. Mon premier officier est plein de ressources."
"Moi aussi, capitaine. Quand c'est nécessaire."


***
Le message de Harry atteignit Tom Paris juste à temps. Avec des réflexes prompts, Tom rapprocha le Flyer alors que le Voyager plongeait pour éviter les tirs du vaisseau cardassien. S'il pouvait rester dans l'ombre du grand navire, il y aurait encore une possibilité pour que les cardasses ne s'aperçoivent pas de sa présence. Tom aimait toujours disposer d'un élément de surprise dans une bataille spatiale.
Le Voyager se débrouillait très ben tout seul, nota-t-il. Les boucliers de l'autre vaisseau n'allaient plus tenir bien longtemps, mais Tom ne pensait pas que le commandeur voulait détruire le navire cardassien pour le moment.
"Harry", appela Tom par le canal de communication. "Dis à Chakotay de désactiver le générateur de leur bouclier principal. Je vais les aborder et sortir Janeway, Tuvok et Seven de là avant qu'ils passent sur les boucliers de secours."
Après un moment, Harry répondit "Il dit que c'est exactement ce qu'il avait l'intention de faire."
"Il aurait pu me le dire lui-même", grommela Tom.
Soudain, le Flyer fut balloté par un tir de phaseur venant de derrière. Tom regarda, secoué, le rayon d'énergie orange le frôler par babord et frapper le Voyager. Tom réalisa qu'ils s'étaient trop concentrés sur leurs boucliers avant pour se préoccuper de leurs arrières.
"Qu'est-ce que...?" murmura-t-il tandis qu'un autre éclair fusa près de lui pour aller frapper l'arrière du Voyager. S'éloignant rapidement du Voyager, Tom se positionna pour observer d'où venaient ces tirs. "Harry, vous avez un autre vaisseau de classe Galor derrière vous. Ils sont comme sortis de distorsion de nulle part! Je vais essayer d'attirer leur attention."
"Je ne veux pas d'action héroique, Paris." Cette fois, c'était Chakotay qui s'adressait à lui.
"Occupez-vous de vos propres arrières, Chakotay, je sais me débrouiller tout seul." Mais Tom n'était plus tout à fait sûr de cela lorsqu'il fonça sur le nouvel arrivant.


***
"Nos boucliers sont à quarante-trois pourcents, monsieur. Nous ne triendrons pas longtemps sous les tirs croisés de leurs deux vaisseaux," rapporta Ayala à Chakotay, qui avait repris sa place sur le siège de commandement pour laisser le lieutenant reprendre sa place à la console tactique.
"L'autre vaisseau essaye de pénétrer nos boucliers pour désactiver le couplage des phaseurs primaires. Tom fait de son mieux pour faire diversion, mais s'ils concentrent leurs tirs sur lui, il n'aura aucune chance", annonça Harry.
Tenant compte de toutes ces informations, Chakotay appuya sur son insigne. "Ingénierie", aboya-t-il, "pouvons-vous ré-activer l'armure Borg ?"
"Excusez-moi, monsieur, je ne suis pas sûr de comprendre à quoi vous faites allusion", répondit d'une voix monotone l'enseigne Vorik depuis l'ingénierie.
"La nouvelle armure, Vorik ! Il va nous falloir quelque chose pour prévenir notre destruction imminente par les cardassiens une fois nos boucliers classiques hors service." Chakotay arpentait nerveusement la passerelle.
"Nous n'avons pas pu remettre en fonction l'armure isolante, monsieur" fut la réponse de Vorik.
"Ce n'est pas du tout ce que je veux entendre", grommela Chakotay. "Passez-moi Nicoletti, je veux lui parler."
"Elle est trop occupée à essayer d'augmenter la puissance des générateurs de boucliers pour vous parler, monsieur."
Harry vit l'expression de Chakotay à cette réponse. Il était heureux de ne pas être Vorik en cet instant précis, bien que dans ce cas, cela n'aurait pas eu autant d'effet sur lui s'il avait été vulcain.
Avant que le commandeur n'ait eu le temps de répondre, une seconde voix résonna dans son communicateur. "Ca va, Chakotay, je suis là, maintenant. Nous devrions être capable de donner plus de puissance aux boucliers classiques dans les prochaines minutes et je vous promets l'activation de l'armure dans les meilleurs délais."
Ce n'était pas la voix de Suzanne Nicoletti. "B'Elanna! Je vroyais t'av miracle."
Harry gardait un oeil sur le Flyer. "Commandeur, il a réussi à détourner leur attention. Il se prépare à les éperonner."
"Quoi ?" explosa Chakotay. "Cela ne nous aidera en aucune façon. Paris ? Qu'est ce que vous croyez pouvoir faire ?"
"Il ignore notre appel", dit Harry.
"Passez le sur l'écran", ordonna Chakotay.
Ils regardèrent tous deux le Delta Flyer, qui ne représentait rien d'autre qu'un léger dérangement pour le second vaisseau cardassien, mais qui les harcelait cependant avec hargne. "Il vise leur couplage de puissance primaire", commenta Harry. "Il n'est pas suicidaire, il essaye juste de les forcer à battre en retraite."
"Il l'est, s'ils le touchent de leurs tirs."
Subitement, le second vaisseau explosa dans une grande boule de feu. Le Flyer fut jeté en arrière par l'onde de choc et les débris de l'explosion se dispersèrent rapidement depuis le centre. Le cercle d'éclats atteignit le Voyager et ricocha sur ses boucliers.
"Intégrité des boucliers à vingt-sept pourcents... ile tiennent", annonça Ayala.
"Tom", cria Harry, "Qu'est ce que c'était que ce tir ?"
La voix du lieutenant était toute tremblante. "J'aimerais en être l'auteur. Ils ont du avoir une défaillance interne ou quelque chose de ce genre. Ce n'est certainement pas moi qui est fait ça."
Jenkins se retourna de sa console. "Monsieur, le premier vaisseau a cessé le feu."
"Agissons vite", ordonna Chakotay. "Paris, préparez vous à téléporter nos gens. Harry, je veux que vous donniez toute la puissance disponible à nos phaseurs. Débarassons-nous des derniers vestiges de leurs boucliers. Repassez-les sur l'écran."
Harry détourna la puissance vers les phaseurs tandis qu'Ayala s'occupait de contacter les cardassiens.
"Feu !"


***
"Nos boucliers sont hors service, monsieur", annonça l'un des membres d'équipage cardassien à son capitaine.
Jakat se précipita pour lui faire face. "Que c'est-il passé ? Je croyais que nous avions l'avantage dans cette bataille ?"
"Je n'en suis plus sûr, monsieur. Notre autre vaisseau a été détruit."
Se retournant vers Janeway, qui avait observé toute la scène depuis la passerelle cardassienne, il dit "votre vaisseau ne peut pas être capable de cela, capitaine."
Janeway leva un sourcil et lui dit avec désinvolture "ce fut un plaisir de faire votre connaissance, Jakat, j'espère que..." ses mots se perdirent tandis qu'elle et Tuvok furent enveloppés de la lumière bleue caractéristique du rayon de téléportation de la Fédération.
"Où se trouve le drone Borg ?" demanda Jakat en colère.
Glinn Kajarel alla jusqu'à un panneau pour accéder à l'ordinateur du navire. "Ils l'ont emmenée aussi, monsieur", dit-il avec gêne.
Les lèvres de Jakat se rétrécirent en se rendant compte de son échec, mais il n'allait pas se blâmer pour son avidité et son désir de posséder le Voyager en plus du drone. "Il est temps de se retirer."
"Monsieur, un vaisseau se démasque au-dessus de nous."
Gul Jakat éprouva un sentiment peu familier. Les cardassiens n'éprouvaient pas facilement de la crainte, mais le vaisseau qui s'était dévoilé, lisse et noir, aurait inspiré de la terreur même à un klingon. "Sortez-nous de là, maintenant ! Laissons le Voyager s'occuper d'eux."
"Trop tard, monsieur. Ils ont lancé une torpille..."


***
L'équipage stupéfait de la passerelle du Voyager regarda le vaisseau démasqué envoyer une boule rouge d'énergie vers le vaisseau cardassien restant. Le navire de Jakat sembla absorber la charge puis, de la même manière que son partenaire, se transforma en une boule de feu et de débris.
Chakotay prit plaisir à observer toute la scène. "Paris ?"
"Je les ai, commandeur. Je nous ramène au vaisseau maintenant, mais nous devrions transporter Seven directement à l'infirmerie. Elle n'est pas très en forme."
"Procédez", ordonna Chakotay, puis se retournant vers Harry. "Appelez le nouveau vaisseau et envoyez-lui nos remerciements."
Harry acquissea tout en procédant aux opérations sur sa console. Après un moment, il annonça "Je ne reçois aucune réponse. En fait, nos scanners ne détectent absolument rien de ce vaisseau, pas de signes vitaux, pas de signature énergétique, rien du tout!"
"Mais nous pouvons les voir ?"
"C'est uniquement parce qu'ils le veulent bien, commandeur. Ils étaient masqués auparavant, et cela ne les a cependant pas empêchés de faire feu sur les cardassiens."
Chakotay regarda le vaisseau sur l'écran. On aurait dit un trou sur le fond étoilé. "S'ils nous avait considérés comme une menace, ils nous auraient fait subir le même sort que les cardassiens. Continuez de les appeler sur toutes les fréquences. Je descends jusqu'au hangar aux navettes. La passerelle est à vous, enseigne."
Avant qu'Harry n'ai pu protester, Chakotay était déjà sorti.


***
La scène dansait devant les yeux de Seven, puis sa vision s'éclaircit pour dévoiler les murs clairs de l'infirmerie. Elle ressentait une douleur lancinante mais supportable à la tête et ses membres semblaient compressés dans un liquide visqueux. Essayant de se débarasser de son impression de désorientation, elle se força à bouger.
Une main appuya doucement sur son épaule. "Reposez-vous, maintenant. Vous êtes passée par une épreuve difficile."
Elle n'avait aucune envie de se reposer. Elle voulait pouvoir bouger librement, contrôler ses propres mouvements. "Je suis en bon état. Laissez-moi partir."
Le visage de l'HMU du Voyager entra dans son champ de vision. "Au contraire, Seven, vous avez plusieurs contusions que je dois soigner ainsi qu'un méchant coup à la tête. Je ne vais pas vous laisser sortir de si tôt, et même jamais si vous persistez à laisser d'étranges personnages vous enlever." Il s'éloigna pour prendre un régénérateur dermique. "Soignons cette mauvaise coupure que vous avez à la joue, voulez-vous ?"
Seven recula alors qu'il approchait l'instrument près de son visage. La docteur s'arrêta, surpris, et vit le regard effrayé dans ses yeux. "Docteur, je veux que vous replaciez le dispositif anti-émotionnel dans mes micro-circuits.
Soupirant, le docteur dit "La procédure ne peut pas être inversée, Seven."
"Vous devez réparer cela! Je ne peux pas fonctionner dans cet état." Le visage de Seven se tordit étrangement alors qu'elle essayait de cacher son anxiété.
Le docteur, ressentant de la culpabilité et de la douleur pour elle, approcha sa main avec hésitation pour lui toucher l'épaule. "Que vous ont-ils faits ?"
Respirant rapidement, Seven montrait des signes caractéristiques de détresse. "J'ai peur..." murmura-t'elle.
"Ils ne pourront plus vous faire de mal, désormais, Seven. Ils ont été détruits."
Elle le regarda avec dureté. "Tant mieux", dit-elle.
Malgré toutes les tensions qu'il y avait eu entre eux deux dernièrement, surtout à cause de lui, le docteur savait qu'il lui pardonnerait n'importe quoi, même le fait qu'elle ne lui ait pas retourné ses sentiments. Il y avait quelque chose en elle qui le forçait à prendre soin d'elle et la réconforter dans toutes les occasions. Il s'avança vers elle pour la serrer dans ses bras, mais elle ne réagit pas aux bras qui entouraient ses épaules. Son esprit résonnait encore du son des gouttes qui s'écoulaient.


***
Chakotay attendait à l'extérieur du hanger aux navettes qu'il soit re-pressurisé. Le Delta Flyer venait juste de rentrer et il était impatient de parler à son capitaine. Une véritable tempête se déchaînait en lui. Dès que les portes s'ouvrirent, il se précipita dans le hangar. Il avançait encore vers le Flyer lorsque l'écoutille s'ouvrit.
Le premier à sortir fut Tuvok, le regard impassible comme d'habitude. L'officier de sécurité vulcain nota l'expression du commandeur et se déporta sur le côté.
Tom suivait Tuvok, tout excité. Un seul regard vers Chakotay suffit à couper court à tous les commentaires qu'il allait faire. A la place, il regarda Tuvok et indiqua la sortie. "Je crois que nos femmes doivent se demander où nous étions passés. Nous devrions peut-être aller leur montrer que nous allons bien."
Tuvok leva un sourcil. "J'approuve, monsieur Paris. La paternité vous a rendu sage." Les deux hommes sortirent rapidement du hangar aux navettes, à peine remarqués par Chakotay.
Après un moment, Janeway apparut. Elle savait qu'il l'attendait et qu'il serait en colère. Elle descendit sur le sol du hangar et le regarda, sans appréhender leur inévitable discution. Du moins était-ce ce qu'elle s'était dit. Elle était le capitaine. Mais elle savait cependant que cela ne justifiait en rien ses actions envers lui.
Le temps passait, mais ni l'un ni l'autre ne bougeaient ni ne parlaient.
Chakotay fut le premier à tourner la tête. "Je ne veux plus jamais me retrouver dans ce genre de situation. Vous n'aviez aucun droit de me faire ca, Catherine."
Le visage de Janeway devint de pierre. "J'avais mes raisons, commandeur. Je mérite peut-être des reproches, mais j'aimerais penser que j'ai encore votre respect."
"Si vous voulez parler de respect, je dirais que vous l'avez perdu lorsque vous avez cessé de me faire confiance", dit-il amèrement. "J'ai dû aller sur la passerelle et prendre en charge une situation dont Harry avait plus l'habitude de s'occuper que moi. Cela n'était pas seulement dégradant, ça a mis notre équipage en danger !"
Continuant à voix basse, Janeway gromela. "Et qu'auriez-vous fait si vous aviez eu connaissance de l'enlèvement de Seven ? Vous auriez risqué votre propre vie ainsi que la sienne et par là-même compromis le Voyager."
Chakotay secoua la tête. "Je n'arrive pas à y croire, Catherine. C'est exactement ce que vous avez fait et maintenant vous m'accusez de..." Il la regarda avec exaspération. "Je ne suis même pas certain de savoir de quoi vous m'accuser !"
Catherine jouait nerveusement avec ses mains et gardait les yeux au sol. Elle se mordit la langue pour ne pas dire ce qu'elle avait en tête. "Vous ne me faites plus confiance, désormais," dit-il. "Nous ne formons plus une équipe de commande si vous ne faites plus confiance. Je ne peux plus faire mon travail correctement."
"Je connais vos sentiments envers les cardassiens", dit promptement Catherine.
Chakotay la regarda attentivement. "Ca n'a pas absolument rien à voir avec toute cette histoire, n'est-ce pas ?"
Avant que Janeway ne puisse répondre, la voix de Harry les interrompit. "Capitaine, Harry, vous feriez mieux de venir sur la passerelle. Nous recevons un message du vaisseau alien."
"Nous arrivons, Harry", répliqua Janeway. Elle passa devant son premier officier pour se diriger vers la porte. Avant qu'elle ne l'atteigne, elle se retourna et le regarda d'un air interrogateur. "Etes-vous avec moi ?"
"Oui", fit-il de la tête. Il se mit en marche vers elle, mais il n'y avait aucune assurance dans sa voix.


***
Janeway pénétra à grands pas sur la passerelle, Chakotay juste derrière elle. Tuvok était déjà là et avait repris son poste à la console tactique. Paris s'installait à la navigation. L'écran principal montrait une image de leurs sauveteurs. Janeway nota l'élégant design de leur vaisseau. Il était plus petit que ne l'était le Voyager, plus compact. Sa coque noire ne présentait absolument aucune aspérité.
Se tournant vers Harry à la console des opérations, Janeway demanda "Que veulent-ils ?"
"Je n'en suis pas sûr, capitaine", dit Harry. "Ils ont envoyé un message codé, et je n'arrive pas à en tirer une quelconque signification."
"Avez-vous essayé de les appeler ?"
Harry acquiessa. Ses tentatives pour recontacter le vaisseau alien étaient restées vaines. "Sur toutes les fréquences possibles, et même d'autres en plus."
Janeway se retourna à nouveau vers l'écran. Comme Harry finissait sa phrase, l'image du vaisseau noir se dissolva pour faire place au visage d'un alien.
"Ce n'est pas moi qui ait fait cela..." expliqua Harry. Mais ses mots se perdirent alors qu'il regardait l'écran.
Un frisson involontaire descendit le long de la colonne vertébrale de Janeway tandis que l'alien la fixait du regard. Sa peau était d'un bleu brut et des cornes blanches pointues sortaient de son visage tel un diable ancien. Les yeux qui la regardaient étaient totalement inhumains, des trous noirs coupés par des fentes jaunes, et ils semblaient vouloir la dévorer.
Le silence régnait sur la passerelle. Chaque membre présent était envouté par l'apparence de l'alien.
Alors, la créature parla. Les sonorités graves de sa voix furent traduites à leur intention.

"Nous sommes les Sernaix, gardiens de ce royaume."
--------

Ecrit par: Clare009
version française: Laurent Denis, stvoyager online
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: KateF et NiekeWing (version originale), Aquiel (v. française).

..
Retour aux autres épisodes de la saison 8
    Episode précédent    Version texte    Version originale    Episode suivant

Star Trek and all its related marks are trademarks of Paramount Pictures. No Infringement Intended.